[Pyper, Andrew] Lost girls
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[Pyper, Andrew] Lost girls
Lost girls
Editeur : Archipel (9 novembre 2011)
Broché: 350 pages
Collection : Suspense
22€
Présentation de l'éditeur
Bartholomew Crane, jeune avocat de Toronto sans scrupules, est envoyé par sa firme dans une petite ville du nord, Murdoch, pour y défendre Thomas Tripp, un professeur accusé d'avoir assassiné deux de ses élèves.
Les corps des jeunes filles n'ont pas été retrouvés, mais tout prête à penser qu'elles ont été noyées dans le lac voisin.
Crane arrive donc à Murdoch, bien décidé à innocenter son client, même si les habitants de cette petite ville, hostiles au défenseur du meurtrier, lui font bien sentir qu'il n'est pas le bienvenu.
Alors que Crane rassemble les éléments de sa défense, il commence à être la proie d'hallucinations. Les disparues lui parlent...
L'avocat refuse d'abord de prêter attention aux voix qui le tourmentent, mais les événements font remonter à la surface un drame de jeunesse qu'il a tout fait pour oublier...
Mon avis
Ce polar inclassable du canadien anglophone Andrew Pyper, connu en France pour son roman le marchand de sable va passer, est une curiosité dans le monde du thriller. Non parce qu’il mêle plusieurs genres (suspense, fantastique, intrigue policière), ce qui est un parti pris de plus en plus courant dans le polar. Mais plutôt à cause de son ton unique, de son atmosphère particulière, ainsi que d’une écriture forte qui manifeste une indifférence inhabituelle aux codes du genre.
Le narrateur, Bartholomew Crane, est un jeune avocat qui vit dans l’Ontario où il travaille dans un grand cabinet d’avocats. Apprécié par sa compétence, considéré par comme une valeur sûre de l’entreprise, le lecteur le perçoit rapidement comme un individu sans scrupule, cynique, solitaire, camé jusqu’à la moelle, incapable d’empathie et qui a –évidemment avec de tels traits de caractères– une conception de son métier d’avocat dominée par son goût du lucre et son désir extrême de réussite sociale. Pour tout arranger, il est un tantinet misanthrope :
« (…) Le contraire serait trop compliqué, puisqu’il faut inévitablement solliciter les autres pour obtenir quoi que ce soit. Je me suis contenté de les mépriser avec une force telle qu’ils ne me virent même pas. Un tour de passe-passe. Ou alors un miracle de la science. L’équation est suffisamment simple : à condition de haïr suffisamment longtemps le reste du monde, on finit par provoquer sa disparition. Ou on disparait soi-même. Si ce n’est pas l’un, c’est l’autre.»
Bref, Bart est le genre de type dont personne n’a vraiment envie d’être le copain ! Rien du héros positif, donc, et pourtant l’auteur parvient au fil des pages à nous le rendre sinon sympathique, en tout cas remarquablement intéressant, signe palpable de la qualité de son écriture !
Crane est expédié dans une petite ville du nord de l’Ontario (autant dire : dans le trou du cul du monde ), où il doit assurer la défense d’un enseignant accusé d’avoir assassiné deux de ses élèves, qu’il aurait noyées dans un lac. Problème : les corps n’ont jamais été retrouvés.
Arrivé à ce point de l’histoire, le lecteur se dit que le schéma est familier, et même classique : un thriller judiciaire dans lequel le jeune avocat brillant va démontrer l’innocence de son client et dans la foulée démasquer le véritable coupable, après qu’un ou des méchants de service lui aient placé moult bâtons dans les pattes. Par la même occasion, cette expérience sera pour lui une sorte de parcours initiatique salvateur qui le révèlera à lui-même.
Or, comme vous le devinez, mis à part pour le dernier point, nous ne serons pas du tout dans ce registre, qui aurait été plutôt convenu, et même tristement banal. L’auteur, méprisant les intrigues alambiquées, les fausses pistes plus ou moins crédibles ainsi que l’indispensable histoire d’amour entre le héros et une autochtone aussi intelligente que séduisante (tant qu’à faire..), a centré son histoire sur la psychologie, l’histoire et les relations qui s’établissent entre les deux personnages principaux : Barth Crane l’avocat et Thomas Tripp le présumé tueur.
Tous les deux semblent avoir quelques points communs : leur passé est aussi trouble que leur personnalité, leur vie est délabrée et ils connaissent (même si c’est de façon différente) des difficultés de communication. Au fil des pages, la part cachée de ces deux personnages va se révéler à nous, éclairer notre lecture.
Une légende court dans le village de Murdoch, une légende basée peut-être sur une certaine réalité. Une « dame du lac » emporterait, au plus profond de ses eaux troubles, des enfants ou des adolescents qui disparaitraient ainsi à jamais : des noyades sans corps, comme cela s’est (semble-t-il) passé pour les deux jeunes filles disparues, Krystal et Ashley, sur lesquelles Bart va centrer ses recherches.
Cette légende va jouer un rôle dans notre histoire. Elle perturbe la vie des deux protagonistes principaux que sont Crane et Tripp et surtout, pour une raison que le lecteur tente de comprendre, provoque chez l’avocat des visions étranges et des cauchemars liées à la dame du lac. Ces visions sont si fortes, si prégnantes, qu’elles vont compliquer ses relations avec la plupart des habitants de Murdoch, au point de mettre en péril la défense de son client. Celui-ci, prof de littérature anglaise, psychopathe que tout semble accuser mais sans aucune preuve à l’appui, est terriblement perturbé. Bart Crane va commencer une recherche dans plusieurs directions : la légende sur la dame du lac, le passé et la personnalité de Tripp ainsi que les relations des deux jeunes filles avec leur famille.
Pour Bart, placé devant l’alternative : « en haïssant suffisamment fort, les autres disparaissent ou bien on disparait aux autres », ce sont bien les autres qui ont disparu. Or les rencontres qu’il va faire vont provoquer l’émergence progressive de ces autres qui n’existaient plus pour lui. Le livre n’est au fond qu’une longue révélation, le surgissement du douloureux passé du narrateur qui nous permettra de comprendre le sens de cette haine s’est développée en lui. La réponse viendra du plus profond des eaux du lac, métaphore à peine voilée de l’inconscient qu’il faut fouiller jusqu’à plus soif pour qu’émerge enfin, des eaux noires d’une mémoire occultée, une sérénité depuis longtemps perdue.
Ce livre, d’une grande force, contient des pages d’une étrange noirceur. Il tranche sur les romans au suspense haletant, aux rebondissements incessants. Pourtant, il ne se quitte pas, car le suspense est ailleurs : dans l’esprit et le cœur des personnages qu’Andrew Pyper nous dévoile progressivement, en nous plongeant dans son univers comme la dame du lac entraine ses victimes : sans espoir de retour.
Les corps des jeunes filles n'ont pas été retrouvés, mais tout prête à penser qu'elles ont été noyées dans le lac voisin.
Crane arrive donc à Murdoch, bien décidé à innocenter son client, même si les habitants de cette petite ville, hostiles au défenseur du meurtrier, lui font bien sentir qu'il n'est pas le bienvenu.
Alors que Crane rassemble les éléments de sa défense, il commence à être la proie d'hallucinations. Les disparues lui parlent...
L'avocat refuse d'abord de prêter attention aux voix qui le tourmentent, mais les événements font remonter à la surface un drame de jeunesse qu'il a tout fait pour oublier...
Mon avis
Ce polar inclassable du canadien anglophone Andrew Pyper, connu en France pour son roman le marchand de sable va passer, est une curiosité dans le monde du thriller. Non parce qu’il mêle plusieurs genres (suspense, fantastique, intrigue policière), ce qui est un parti pris de plus en plus courant dans le polar. Mais plutôt à cause de son ton unique, de son atmosphère particulière, ainsi que d’une écriture forte qui manifeste une indifférence inhabituelle aux codes du genre.
Le narrateur, Bartholomew Crane, est un jeune avocat qui vit dans l’Ontario où il travaille dans un grand cabinet d’avocats. Apprécié par sa compétence, considéré par comme une valeur sûre de l’entreprise, le lecteur le perçoit rapidement comme un individu sans scrupule, cynique, solitaire, camé jusqu’à la moelle, incapable d’empathie et qui a –évidemment avec de tels traits de caractères– une conception de son métier d’avocat dominée par son goût du lucre et son désir extrême de réussite sociale. Pour tout arranger, il est un tantinet misanthrope :
« (…) Le contraire serait trop compliqué, puisqu’il faut inévitablement solliciter les autres pour obtenir quoi que ce soit. Je me suis contenté de les mépriser avec une force telle qu’ils ne me virent même pas. Un tour de passe-passe. Ou alors un miracle de la science. L’équation est suffisamment simple : à condition de haïr suffisamment longtemps le reste du monde, on finit par provoquer sa disparition. Ou on disparait soi-même. Si ce n’est pas l’un, c’est l’autre.»
Bref, Bart est le genre de type dont personne n’a vraiment envie d’être le copain ! Rien du héros positif, donc, et pourtant l’auteur parvient au fil des pages à nous le rendre sinon sympathique, en tout cas remarquablement intéressant, signe palpable de la qualité de son écriture !
Crane est expédié dans une petite ville du nord de l’Ontario (autant dire : dans le trou du cul du monde ), où il doit assurer la défense d’un enseignant accusé d’avoir assassiné deux de ses élèves, qu’il aurait noyées dans un lac. Problème : les corps n’ont jamais été retrouvés.
Arrivé à ce point de l’histoire, le lecteur se dit que le schéma est familier, et même classique : un thriller judiciaire dans lequel le jeune avocat brillant va démontrer l’innocence de son client et dans la foulée démasquer le véritable coupable, après qu’un ou des méchants de service lui aient placé moult bâtons dans les pattes. Par la même occasion, cette expérience sera pour lui une sorte de parcours initiatique salvateur qui le révèlera à lui-même.
Or, comme vous le devinez, mis à part pour le dernier point, nous ne serons pas du tout dans ce registre, qui aurait été plutôt convenu, et même tristement banal. L’auteur, méprisant les intrigues alambiquées, les fausses pistes plus ou moins crédibles ainsi que l’indispensable histoire d’amour entre le héros et une autochtone aussi intelligente que séduisante (tant qu’à faire..), a centré son histoire sur la psychologie, l’histoire et les relations qui s’établissent entre les deux personnages principaux : Barth Crane l’avocat et Thomas Tripp le présumé tueur.
Tous les deux semblent avoir quelques points communs : leur passé est aussi trouble que leur personnalité, leur vie est délabrée et ils connaissent (même si c’est de façon différente) des difficultés de communication. Au fil des pages, la part cachée de ces deux personnages va se révéler à nous, éclairer notre lecture.
Une légende court dans le village de Murdoch, une légende basée peut-être sur une certaine réalité. Une « dame du lac » emporterait, au plus profond de ses eaux troubles, des enfants ou des adolescents qui disparaitraient ainsi à jamais : des noyades sans corps, comme cela s’est (semble-t-il) passé pour les deux jeunes filles disparues, Krystal et Ashley, sur lesquelles Bart va centrer ses recherches.
Cette légende va jouer un rôle dans notre histoire. Elle perturbe la vie des deux protagonistes principaux que sont Crane et Tripp et surtout, pour une raison que le lecteur tente de comprendre, provoque chez l’avocat des visions étranges et des cauchemars liées à la dame du lac. Ces visions sont si fortes, si prégnantes, qu’elles vont compliquer ses relations avec la plupart des habitants de Murdoch, au point de mettre en péril la défense de son client. Celui-ci, prof de littérature anglaise, psychopathe que tout semble accuser mais sans aucune preuve à l’appui, est terriblement perturbé. Bart Crane va commencer une recherche dans plusieurs directions : la légende sur la dame du lac, le passé et la personnalité de Tripp ainsi que les relations des deux jeunes filles avec leur famille.
Pour Bart, placé devant l’alternative : « en haïssant suffisamment fort, les autres disparaissent ou bien on disparait aux autres », ce sont bien les autres qui ont disparu. Or les rencontres qu’il va faire vont provoquer l’émergence progressive de ces autres qui n’existaient plus pour lui. Le livre n’est au fond qu’une longue révélation, le surgissement du douloureux passé du narrateur qui nous permettra de comprendre le sens de cette haine s’est développée en lui. La réponse viendra du plus profond des eaux du lac, métaphore à peine voilée de l’inconscient qu’il faut fouiller jusqu’à plus soif pour qu’émerge enfin, des eaux noires d’une mémoire occultée, une sérénité depuis longtemps perdue.
Ce livre, d’une grande force, contient des pages d’une étrange noirceur. Il tranche sur les romans au suspense haletant, aux rebondissements incessants. Pourtant, il ne se quitte pas, car le suspense est ailleurs : dans l’esprit et le cœur des personnages qu’Andrew Pyper nous dévoile progressivement, en nous plongeant dans son univers comme la dame du lac entraine ses victimes : sans espoir de retour.
Invité- Invité
Re: [Pyper, Andrew] Lost girls
Un roman qui à l'air intéressant, et qui mêle plusieurs genre que j'aime, je me le note donc ...
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