[Robbe-Grillet, Alain] Le voyeur

On ne lit pas Alain Robbe-Grillet comme un lit un roman ordinaire.
Il faut accepter d’être dans une espèce d’incertitude permanente car l’auteur va et vient.
Se mélangent sans cesse ce qui est, ce qui a été, ce qu’il imagine, ce qui sera, ce qui aurait pu être. Parfois des détails se contredisent (le carrelage blanc et noir change de couleur). On ne sait plus ce qui est vrai, ce qui est faux…De pages en pages, certaines situations semblent « rejouées» avec des précisions en plus. Tout cela semble déstructuré mais en fait, tout est organisé.

Dans ce roman, on suit Mathias, représentant en montres, sur une île où il a vécu autrefois.
C’est tout ce qu’on saura, pas de repère dans le temps, pas de descriptions physiques.
C’est lui, le Voyeur, celui qui observe, décortique, noie le lecteur sous les précisions (pour mieux nous occuper l’esprit et nous empêcher de voir l’essentiel ?). Cet homme a des rites, des rituels (il aime les cordelettes …), il a besoin de repères. Sa journée est organisée, comme s’il devait tout maîtriser et ne laisser aucune place au hasard. Il examine l’intérieur des maisons, décortique les emplois du temps (le sien, ceux des autres), s’égare, nous égare….

Que fait-il sur cette île hormis vendre des montres ? Est-il l’assassin de la jeune fille morte ? Connaît-il l’assassin ?

Si vous voulez des réponses, ne lisez pas ce roman !
Si vous voulez découvrir le mouvement littéraire « Le Nouveau Roman » des années 1953-1970, alors allez-y !