[Somoza, José Carlos] La théorie des cordes

Isolée sur un atoll de l'océan Indien, la fine fleur de la physique mondiale est en quête du Graal. Elle oeœuvre à un ambitieux projet fondé sur la théorie des cordes, qui permettrait d'ouvrir le temps. S'ils parviennent avec ravissement à contempler le passé de l'humanité - la crucifixion du Christ ou la terre à l'ère jurassique -, les scientifiques perçoivent rapidement que ce programme, financé par de mystérieux fonds privés, pourrait connaître des applications moins angéliques. Un drame conduit à la suspension immédiate des recherches, dispersant aux quatre vents les apprentis sorciers.
Dix ans plus tard, clans une université de Madrid, Elisa Rohledo déplie un journal pour étayer une thèse de physique théorique. Une fraction de seconde lui suffit à comprendre qu'elle est en danger de mort.
Aux côtés d'un confrère, depuis toujours intrigué par la modestie des aspirations professionnelles de la séduisante physicienne au regard de son cursus académique, Elisa et ses anciens acolytes retournent aux origines de la tragédie, sur cet îlot où ils avaient profané le temps.
Intensité, profondeur, puissance narrative : José Carlos Somoza porte les énigmes de la physique au cœur d'un roman dont l'efficacité fait frémir.

Mon avis :

José Carlos Somoza est devenu pour moi un auteur dont je suis quasiment certaine d'apprécier chaque nouveau roman que je découvre y compris avec le troisième « La théorie des cordes ».

Le résumé de l'éditeur en révèle déjà un peu trop sur l'intrigue et vous en dire plus gâcherait certainement le plaisir de découvrir cette « histoire ».

Le thème que choisi Somoza dans ce roman pourrait sembler ambitieux. En effet comment « accrocher » un lecteur sans bases précises sur la physique théorique ? Comment « l 'embarquer » dans une intrigue « atypique » mais réellement passionnante ?


L'auteur y parvient avec son style si personnel, si reconnaissable, il nous entraîne dans un genre peu consensuel , où « Thriller », théories physiques, mystiques et psychologiques se côtoient sans jamais totalement basculer dans un des genres et surtout tenir en haleine le lecteur.

Somoza sait interpeller, appuyer là où ça pourrait faire mal ! Chez cet auteur certaines scènes sont parfois atroces, inimaginables, mais elles sont toujours décrites froidement, rapidement, avec un certain recul, comme une photo qu'on ne verrait que quelques secondes mais qui laisserait une empreinte.

Le roman malgré son titre ne traite pas précisément de la théorie des cordes mais d'une variante de celle-ci « la théorie du Séquoia « , sur laquelle porte les travaux du Professeur Blanes, un des personnage du roman. Cette théorie permettrait d'ouvrir des cordes de temps à la lumière visible et de transformer l'image présente en image du passé. Impossible?! Aberrant ?! Science -fiction ?!
On peut pourtant contempler des images vieilles de plusieurs millions d'années tous les jours, vous comme moi ! La lumière des étoiles met des millions d'années avant d'arriver sur terre. Certaines n'existent plus et pourtant nous continuerons à les voir pendant longtemps. Chaque fois que nous admirons le ciel étoilé nous reculons de millions d'années. Ce n'est pas de la science-fiction cela s'explique par la physique.

Mais le groupe de physiciens protagonistes du roman, vont hélas contempler tout autre chose du passé. Et tels des apprentis sorciers ils vont dépasser une limite au delà de laquelle ils n'auraient pas d'autre choix que d'affronter leur découverte. Peut-on jouer avec le "temps" ? Peut-on maîtriser l'avenir en domestiquant le temps ?

Cette lecture accapare, la profondeur des personnages engendre une empathie naturelle. Les précisions sur les théories physiques ou psychologiques donnent une effrayante sensation de réalité à l'intrigue qui du coup se détache de la « science-fiction ».

Je ne suis pas du tout « calée » en physique pour juger du bien fondé des explications sur la physique théorique que donne Somoza, mais il le fait de façon attrayante , de manière à subjuguer l’esprit du lecteur.

Extrait du roman :

« La science est la seule à savoir, la seule à emettre un verdict sans elle nous croirions toujours que le soleil tourne autour de nous et que la terre ne bouge pas . «

Ce serait une excellente façon de conclure .

J'ai adoré, un nouveau coup cœur pour Somoza.