[Canesi, Michel & Rahmani, Jamil] Alger sans Mozart
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[Canesi, Michel & Rahmani, Jamil] Alger sans Mozart
[Canesi, Michel & Rahmani, Jamil] Alger sans Mozart
Alger sans Mozart
Michel Canesi et Jamil Rahmani
Editions Naïve
Mars2012
456 pages
ISBN : 9782350212890
4ème de couverture :
Algérie, été 1954. Dernier été de paix. Louise est en vacances chez sa soeur à Bougie. Une Cassandre noire, au décours d’une transe, lui dévoile sa destinée : sa vie appartient à cette terre qu’elle ne quittera jamais. Elle y sera heureuse puis malheureuse, plus qu’aucune autre.... Louise se mariera à un indigène contre l’avis de sa famille pied-noir, et après l’indépendance, vivra à Alger. Elle connaîtra le bonheur puis le lent délitement de l’amour de Kader.
Elle vieillira seule dans une Algérie appauvrie et tourmentée, abandonnée de tous. Sofiane, un gamin algérien, s’attachera à elle et l’aidera à survivre. Elle lui transmettra la langue française et les valeurs qui ont guidées sa vie. Marc, son neveu cynique, metteur en scène parisien célèbre en quête de publicité, lui rendra visite et, tel un cygne noir, saccagera sa relation avec Sofiane. Alger sans Mozart est un roman choral, un hommage à tous ceux qui ont quitté l’Algérie, à ceux de tous bords qui y ont souffert, broyés par l’histoire.
C’est un murmure d’espoir pour une relation apaisée entre la France et l’Algérie
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« La tragédie de ma vie s’est jouée dans un décor somptueux. Une ville si blanche qu’elle éblouit dans le soleil, si blanche qu’elle brûle les yeux de ses murs immaculés en procession immobiles vers la mer si blanche qu’elle boit, les jours de pluie, tout le ciel et sa lumière. »
Face à sa fenêtre, Louise se souvient de la jeune cassandre qui dévoile, à sa sœur, la mort de son fils et à elle, sa vie inexorablement liée à cette terre algérienne « Toi, grâce à Dieu, tu vas rester là, tu vas te marier ici, tu seras heureuse et puis tu seras malheureuse, très malheureuse, plus que tout le monde, mais tu ne pourras jamais partir, sauf pour mourir. Cette terre, ta vie lui appartient ! » Nous sommes en 1954, « dernier été de paix »
Louise épouse Kader, algérien, ancien combattant du FLN. Elle connaîtra un grand bonheur, les plaisirs de l’ascension sociale de Kader. « J’ai traversé les premières années de l’Algérie indépendante en voiture décapotable, à deux cents à ‘heure. Kader travaillait le matin à l’hôpital et l’après-midi dans son cabinet rue Diduche Mourad, ex-Michelet. Il gagnait beaucoup d’argent… Il me comblait : bijoux, fourrures, restaurants, voyages ». Petit à petit la dégradation, sociale et physique, arrive, surtout après sa séparation d’avec Kader. Elle est entière, insoumise….. mais écartelée entre sa famille française et sa belle-famille algérienne. Jamais à sa place, jamais totalement acceptée voire rejeter. « Je parle Kabyle et arabe, j’ai la nationalité algérienne, mais je me sens étrangère. Je n’ai rien de commun avec les autres habitants de la ville. »
Marc, jeune cinéaste cynique. Au début je ne le situe pas, mais petit à petit, il entre dans le cercle de la vie de Louise ; C’est le frère de Paul, son cousin tant aimé, mort accidentellement ainsi que l’avait prédit une jeune voyante algérienne et qui porte le poids de cette mort. « C’est fou comme tu as grandi, un vrai petit homme…. C’est fou comme tu lui ressembles ! Ainsi pensai-je la mort dans l’âme, lors de mon dernier séjour, je ressemble à un mort ! »
Sofiane, petit voisin de Louise prends la place de Marc et la suite de Paul dans la vie de la vieille femme. Son souhait, partir en Europe l’Eldorado pour de nombreux algériens. Louise va lui parler de son Algérie et il la questionne sans cesse « Des français, on en voit plus qu’à la télé depuis qu’on les a mis dehors. "Tu dois être la seule qui reste avec Madame Paule, la concierge du 99.
Je suis algérienne comme toi, Sofiane.
Mais non t’es pas arabe !
Ça ne veut rien dire, on peut être européen et algérien. Ce pays est autant à moi qu’à toi, j’y suis née et je compte bien y mourir. »
« Tu comprends, ces arriérés voudraient me faire sortir dans la rue en pingouin et m’empêcher d’écouter Mozart… Tu imagines Alger sans Mozart ! La vie, c’est la liberté : la liberté de croire, de voir, d’entendre et d’aimer sans contraintes, des le respect de soi et des autres. Pas cet ersatz de religion qui veut fixer un cadre à tout et rythmer la vie avec des règles du Moyen-âge. L’islam de ton cousin est un islam d’interdit, d’abêtissement et d’anéantissement qui privilégie l’étiquette et jette à la poubelle le spirituel »
Dans ce livre, les 3 garçons sont les 3 phases importantes de ce pays. Paul représente l’insouciance et la colonisation ; Marc, le deuil et celui qui se trouve entre deux rives ; Sofiane, le renouveau de l’Algérie qui regarde outre-méditerranée.
Les vies de Louise, Marc, Sofiane s’entrecroisent comme les fils d’une tresse, s’emmêlent, se défont, se recroisent. Louise aimera, de façon différente, ces 3 garçons. Marc vampirisera Louise et Sofiane pour son film et se retrouver. Sofiane se nourrit de Louise et Marc pour avancer.
Au milieu de ces 3 vies ; l’Algérie depuis la colonisation jusqu’à nos jours. Quelle leçon d’histoire que ce livre. Je suis d’une époque où on ne parlait pas de ces « évènements » et j’étais beaucoup trop jeune pour comprendre, alors j’ai apprécié cette découverte où les auteurs relatent sans concession l’histoire des 50 dernières années de l’Algérie. L’histoire se nourrit de l’Histoire.
Ce Roman polyphonique coécrit pas deux auteurs est un véritable hymne à l’Algérie. Un livre superbe, d’amour – haine, fascination – rejet, et comme les rapports entre la France et l’Algérie, indubitablement lié. Comme dit Louise : « je suis à l’image d’Alger, ruinée ».
Tout est dit dans cet extrait :
« C’est l’histoire d’une jeune femme aux prises avec l’histoire, qui est broyée par elle. Louise, ma tante, va jusqu’au bout de ses convictions. Par amour, elle renie ses racines puis se rend compte qu’on ne peut le faire impunément…
Patricia lâche ma main et prend la parole :
-C’est plus que ça, c’est une histoire d’amour trahi… une histoire d’amour et de haine entre un homme et une femme, entre une femme et sa terre, entre l’Algérie et la France… l’histoire de la colonisation et de la décolonisation au travers de plusieurs destins, l’Histoire avec un grand H écrite avec le sang des personnages. »
Merci messieurs pour ce magnifique livre. J’ai lu ce livre dans le cadre du Salon du livre historique de Levallois-Perret. C’est un livre-voyageur que je vais devoir le rendre, je pense l’acheter pour l’avoir sur mes étagères et le relire.
Quelques extraits :
« Après mon mariage avec Kader, je n’ai plus fêté Noël. Le rituel de la nativité l’exaspérait. C’était, à son sens, le dernier et plus fort symbole de la colonisation française. Le sabre, affirmait-il, est indissociable du goupillon. Abolir Noël, c’était porter l’estocade à la France ».
« Pourtant, la libéralisation qui avait suivi les émeutes de 1988 avait suscité un immense espoir. Un long printemps avait suivi les évènements sanglants d’octobre : le multipartisme avait été autorisé, la presse libérée. Le vent de mai soixante-hui soufflait sur Alger, les idées foisonnaient, une impensable liberté de ton avait gagné les ondes et la télévision. La première démocratie du monde arabe était en marche.
Comme en juillet 1962, tout semblait permis.
Hélas, des hordes fanatiques sorties d’un Moyen-âge obscur confisquèrent la deuxième révolution algérienne. »
Dernière édition par alexielle63 le Ven 23 Nov 2012 - 15:28, édité 3 fois (Raison : hébergement de l'image !)
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