[Selby, Hubert Jr] Le démon
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[Selby, Hubert Jr] Le démon
Auteur : Hubert Selby Jr
Editeur : 10/18
Collection : Domaine étranger
Nombre de pages : 350
Présentation :
Où l'on découvre qu'il y a plusieurs formes de littératures coup de poing chez Selby.
Ceux qui ont adoré Last Exit To Brooklyn y retrouveront un Selby mordant, noir, cynique et provocateur.
Ceux qui reprochent à Last Exit sa brutalité y découvriront une écriture tout en tension sous-jacente et en subtilité, mais non moins audacieuse et efficace.
Quant à ceux qui approcheront Selby pour la première fois, ils seront sans doute désorientés par cette chronique du quotidien de Harry White, jeune cadre new-yorkais brillant dont l'équilibre est progressivement menacé par un démon intérieur. À la fois ravis et dégoûtés, tout comme Harry lui-même, ils seront entraînés à sa suite dans une spirale enivrante et monstrueuse où il est question de sexe, de pouvoir et de défi, et où la mort est envisagée dans son rapport dialectique avec la délivrance. Le Démon est un roman qui oblige à se remettre en question.
Le Démon est un chef-d'oeuvre. De loin le plus accompli des romans de Selby. Pour un monsieur qui a reçu une éducation classique, c'est l'oeuvre parfaite. Avec des scènes familiales absolument magnifiques. Et cette tension déchirante, à l'intérieur... Le mouvement dramatique doit aboutir là où il aboutit à la fin du livre. Pas une page de plus. C'est splendide, achevé... Le Démon, c'est le Don Juan de Mozart, le seul que je connaisse parfaitement. Et le cri de Don Juan, au bout, n'est pas un cri de détresse, attention ! C'est " Merde ", jusqu'au bout ! Avec ça, d'un point de vue stylistique, Selby reste très classique : mais dans ce cadre classique, ce qu'il raconte est terriblement nouveau. Ça fait du Démon un roman fabuleux, tellement fort...
Mon avis :
Depuis le temps que je voulais découvrir ce livre, souvent présenté comme un chef d'œuvre. Voila, c'est chose faite. Eh bien, j'ai été terriblement déçu par ce dernier. Peut être que ce n'était pas le bon moment pour le lire, je ne sais pas. Mais j'ai trouvé cette lecture très ennuyeuse. Je n'ai pas trouvé d'intérêt à cette histoire rageuse, malsaine et pour le moins pessimiste. Ce n'est pas ma came, tout simplement.
2/10
Sarfre- Grand expert du forum
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Nombre de messages : 505
Age : 48
Localisation : Metz
Emploi/loisirs : Informatique
Genre littéraire préféré : Romans classiques, contemporains; Sciences humaines; Fantasy; Policier, Thriller.
Date d'inscription : 14/01/2011
Re: [Selby, Hubert Jr] Le démon
Merci pour cette présentation Sarfre !
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 13271
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Selby, Hubert Jr] Le démon
Merci de ta présentation Sarfre, mais pas envie de le lire
lalyre- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 9623
Age : 92
Localisation : Liège (Belgique )
Emploi/loisirs : jardinage,lecture
Genre littéraire préféré : un peu de tout,sauf fantasy et fantastique
Date d'inscription : 07/04/2010
Re: [Selby, Hubert Jr] Le démon
J'en ai entendu parler à plusieures reprises et les critiques étaient plus ou moins négatives, mais visiblement il a eu un certain succès à son époque ( 1976).
J'aimerai quand même le découvrir et tu m'y refais penser Sarfre merci pour cette présentation .
J'aimerai quand même le découvrir et tu m'y refais penser Sarfre merci pour cette présentation .
Sara2a- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 3030
Age : 54
Localisation : Porto-Vecchio
Genre littéraire préféré : Thrillers, fantastiques et un peu de tout ce qui peut me tomber sous les yeux .
Date d'inscription : 24/01/2010
Re: [Selby, Hubert Jr] Le démon
Je viens de le lire (je lis beaucoup en ce moment). J'ai trouvé cette came de très bonne qualité ! (Bon, en même temps, je n'y connais rien en came, ne m'étant jamais droguée...donc je parle en amateur ^^...)
Alors mon avis : le début ne m'a pas plu. C'était la première fois que je lisais un roman de Selby junior. Or il y avait le verbe "enculer" dans la première phrase et un anti-héros qui baise toutes les femmes qu'il croise...Je me suis dit qu'est-ce que c'est que ce truc ? Ensuite, description d'un match de softball. Bon...Bof bof...La sodomie et le softball, ce n'est pas ma came (ou ma tasse de thé...).
Puis ça s'anime un peu...ça prend une tournure définitivement intéressante quand le monde de l'entreprise est décrit. J'ai trouvé que ça me rappelait American Psycho, mais sans le sang (même crudité au niveau du sexe, mais pas de la violence physique. Le Démon est plus supportable). J'ai vérifié la date : 1976. J'ai été surprise : le Démon a bien vieilli, mieux qu'American Psycho (plus daté, d'abord à cause de la mention de Whitney Houston, etc. Là où Bret Easton Ellis ancre son récit dans les années 80, Selby junior ne l'ancre pas vraiment). Mais au final, c'est la même histoire : la déshumanisation totale d'un jeune cadre dynamique (au point que son "démon", bien que monstrueux, est plus vivant que son monde en plastique, en toc, sa femme Barbie parfaite dans leur grande maison parfaite...tout ce rêve américain clinquant avec autour de lui le métro, les ouvriers, l'envers du décor que le roman montre aussi...).
Donc, pour moi, chef-d'oeuvre, et ce pour trois raisons :
1- Après un premier chapitre que j'ai peu aimé, j'ai dévoré la suite en deux jours ;
2 - Ce roman fait date : il marque le début de la "trash litterature", et il est finalement plus puissant, selon moi, qu'American Psycho, car cherchant beaucoup moins l'esbrouffe, la violence
pour la violence, le toujours plus écoeurant...Non, pas de ça ici ! On est au coeur du malaise. Le personnage porte un nom symbolique : Harry White. Une belle surface proprette et en dessous, le démon (qui habite le rêve américain). Certes, il y a une gradation, mais orchestrée différemment : on va crescendo dans la folie plus que dans la violence, et l'amour n'est pas absent du roman (Linda, poupée Barbie en bikini, au début, devient progressivement touchante...Harry lui-même, dissocié de son démon, n'est pas qu'un monstre : c'est même surtout un homme). Tout est affaire de style (en tout cas, si vous avez lu le roman de Bret Easton Ellis, vous verrez qu'au niveau de la trame principale, il y a quand même bien des ressemblances...).
3- Et justement ! Le traducteur, dans la postface, compare ce roman à la Sonate de Vinteuil.
Et bien ce n'est pas du Proust...Mais c'est musical. Aucun guillemet, aucun tiret dans ce roman. Des alinéas plus ou moins éloignés, des mots en majuscules, des répétitions...On entre dans la conscience des protagonistes. Les pensées et les paroles se mêlent. On sent l'influence de Faulkner, sauf que c'est beaucoup plus clair que Faulkner. Limpide même. Quand on est dans la conscience de Harry White, à la fin, les phrases sont souvent nominales, courtes, hâchées, mimant la folie du personnage, avec parfois, à l'inverse, de longues phrass complexes où l'on se perd. Mais dès qu'on en revient aux pensées de Linda, sa femme, les phrases redeviennent bien construites. C'est ce travail sur la prose qui m'a impressionnée (parce qu'ici, pas de "dit-il", de dialogues, de facilités...Mais on s'en rend à peine compte finalement.).
Bref : 9/10 (un point en moins parce que le niveau est souvent familier...pas toujours un problème, mais là, ça ne m'a pas toujours plu.)
PS : Et désolée si j'ai écrit un pavé, mais je défends ce roman parce qu'il le vaut bien (même si je comprends qu'on puisse ne pas l'aimer. Ce n'est pas l'histoire qui vaut le détour, mais la façon dont on est happé par les phrases, leur rythme...ou pas. En tout cas, sur moi, ça a bien fonctionné. C'est un style très graphique qui tranche dans le vif des perceptions...En tout cas, pas vu ça ailleurs. Très original et intéressant.)
Alors mon avis : le début ne m'a pas plu. C'était la première fois que je lisais un roman de Selby junior. Or il y avait le verbe "enculer" dans la première phrase et un anti-héros qui baise toutes les femmes qu'il croise...Je me suis dit qu'est-ce que c'est que ce truc ? Ensuite, description d'un match de softball. Bon...Bof bof...La sodomie et le softball, ce n'est pas ma came (ou ma tasse de thé...).
Puis ça s'anime un peu...ça prend une tournure définitivement intéressante quand le monde de l'entreprise est décrit. J'ai trouvé que ça me rappelait American Psycho, mais sans le sang (même crudité au niveau du sexe, mais pas de la violence physique. Le Démon est plus supportable). J'ai vérifié la date : 1976. J'ai été surprise : le Démon a bien vieilli, mieux qu'American Psycho (plus daté, d'abord à cause de la mention de Whitney Houston, etc. Là où Bret Easton Ellis ancre son récit dans les années 80, Selby junior ne l'ancre pas vraiment). Mais au final, c'est la même histoire : la déshumanisation totale d'un jeune cadre dynamique (au point que son "démon", bien que monstrueux, est plus vivant que son monde en plastique, en toc, sa femme Barbie parfaite dans leur grande maison parfaite...tout ce rêve américain clinquant avec autour de lui le métro, les ouvriers, l'envers du décor que le roman montre aussi...).
Donc, pour moi, chef-d'oeuvre, et ce pour trois raisons :
1- Après un premier chapitre que j'ai peu aimé, j'ai dévoré la suite en deux jours ;
2 - Ce roman fait date : il marque le début de la "trash litterature", et il est finalement plus puissant, selon moi, qu'American Psycho, car cherchant beaucoup moins l'esbrouffe, la violence
pour la violence, le toujours plus écoeurant...Non, pas de ça ici ! On est au coeur du malaise. Le personnage porte un nom symbolique : Harry White. Une belle surface proprette et en dessous, le démon (qui habite le rêve américain). Certes, il y a une gradation, mais orchestrée différemment : on va crescendo dans la folie plus que dans la violence, et l'amour n'est pas absent du roman (Linda, poupée Barbie en bikini, au début, devient progressivement touchante...Harry lui-même, dissocié de son démon, n'est pas qu'un monstre : c'est même surtout un homme). Tout est affaire de style (en tout cas, si vous avez lu le roman de Bret Easton Ellis, vous verrez qu'au niveau de la trame principale, il y a quand même bien des ressemblances...).
3- Et justement ! Le traducteur, dans la postface, compare ce roman à la Sonate de Vinteuil.
Et bien ce n'est pas du Proust...Mais c'est musical. Aucun guillemet, aucun tiret dans ce roman. Des alinéas plus ou moins éloignés, des mots en majuscules, des répétitions...On entre dans la conscience des protagonistes. Les pensées et les paroles se mêlent. On sent l'influence de Faulkner, sauf que c'est beaucoup plus clair que Faulkner. Limpide même. Quand on est dans la conscience de Harry White, à la fin, les phrases sont souvent nominales, courtes, hâchées, mimant la folie du personnage, avec parfois, à l'inverse, de longues phrass complexes où l'on se perd. Mais dès qu'on en revient aux pensées de Linda, sa femme, les phrases redeviennent bien construites. C'est ce travail sur la prose qui m'a impressionnée (parce qu'ici, pas de "dit-il", de dialogues, de facilités...Mais on s'en rend à peine compte finalement.).
Bref : 9/10 (un point en moins parce que le niveau est souvent familier...pas toujours un problème, mais là, ça ne m'a pas toujours plu.)
PS : Et désolée si j'ai écrit un pavé, mais je défends ce roman parce qu'il le vaut bien (même si je comprends qu'on puisse ne pas l'aimer. Ce n'est pas l'histoire qui vaut le détour, mais la façon dont on est happé par les phrases, leur rythme...ou pas. En tout cas, sur moi, ça a bien fonctionné. C'est un style très graphique qui tranche dans le vif des perceptions...En tout cas, pas vu ça ailleurs. Très original et intéressant.)
Invité- Invité
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