[Kingsolver, Barbara] On m'appelle Demon Copperhead
2 participants
Page 1 sur 1
votre avis ?
[Kingsolver, Barbara] On m'appelle Demon Copperhead
Titre : On m'appelle Demon Copperhead (Demon Copperhead)
Auteur : Barbara KINGSOLVER
Traduction : Martine AUBERT
Parution : en anglais (Etats-Unis) en 2022, en français (Albin Michel) en 2024
Pages : 624
Présentation de l'éditeur :
« Déjà, je me suis mis au monde tout seul. Ils étaient trois ou quatre à assister à l’événement, et ils m’ont toujours accordé une chose : c’est moi qui ai dû me taper le plus dur, vu que ma mère était, disons, hors du coup. » Demon Copperhead
Né à même le sol d’un mobil-home au fin fond des Appalaches d’une jeune toxicomane et d’un père trop tôt disparu, Demon Copperhead est le digne héritier d’un célèbre personnage de Charles Dickens. De services sociaux défaillants en familles d’accueil véreuses, de tribunaux pour mineurs au cercle infernal de l’addiction, le garçon va être confronté aux pires épreuves et au mépris de la société à l’égard des plus démunis. Pourtant, à chacune des étapes de sa tragique épopée, c’est son instinct de survie qui triomphe. Demon saura-t-il devenir le héros de sa propre existence ?
Comment ne pas être attendri, secoué, bouleversé par la gouaille, lucide et désespérée, de ce David Copperfield des temps modernes ? S’il raconte sans fard une Amérique ravagée par les inégalités, l’ignorance, et les opioïdes – dont les premières victimes sont les enfants –, le roman de Barbara Kingsolver lui redonne toute son humanité. L’auteur de L’Arbre aux haricots et des Yeux dans les arbres signe là un de ses romans les plus forts, couronné par le prestigieux prix Pulitzer et le Women’s prize for fiction.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Née en 1955, Barbara Kingsolver est l’une des grandes voix de la littérature américaine contemporaine. Son œuvre, qui compte des romans tels que L’arbre aux haricots, Les yeux dans les arbres, ou Un autre monde (Prix Orange du Livre), reflète ses préoccupations sur le monde et la société : la place des femmes, les inégalités sociales, la relation au vivant, et la protection de l’environnement. Barbara Kingsolver vit aujourd’hui en Virginie.
Avis :
De David Copperfield à Demon Copperhead… C’est après avoir visité la maison de Charles Dickens que Barbara Kingsolver s’est décidée à écrire sur ce sujet qui la hante : la pauvreté endémique qui, combinée aux ravages des opioïdes, décime la population rurale de sa région des Appalaches, laissant sur le carreau, comme le garçon au coeur de ce roman, des ribambelles d’orphelins promis à l’enfer sur terre.
« Tout le monde vous le dira, les enfants de ce monde sont marqués dès la sortie, tu gagnes ou tu perds. » Pour Demon Copperhead, le jeune narrateur contraint « de se mettre au monde tout seul » par une mère junkie gisant inconsciente sur le sol de son mobil-home, la naissance devait en effet s’avérer la prémonition de toute une vie à se battre seul contre le sort d’un monde méprisé et incompris : celui des « rednecks » ou culs-terreux, ces Américains pauvres et blancs des zones rurales, en particulier du Sud et des Appalaches, caricaturés par l’Amérique des métropoles en dégénérés ignares, alcooliques et violemment intolérants, dans les faits abandonnés par les pouvoirs publics à l’existence invisible de laissés-pour-compte de l’Histoire.
« Tout ce qui pouvait être pris a disparu. Les montagnes avec leurs sommets explosés, les rivières qui coulent noires. » Depuis que l’exploitation forestière, la culture du tabac et l’industrie du charbon ont entamé leur déclin, laissant derrière elles chômage, absence de perspectives et pauvreté, la région des Appalaches est exsangue. « Il n’y a plus de sang à donner ici, juste des blessures de guerre. La folie. Un monde de douleur, qui attend qu’on l’achève. » Alors, au marasme socio-économique est venu s’ajouter une catastrophe sanitaire. Attirés comme des vautours par la vulnérabilité d’une population, marquée dans sa chair par des emplois souvent usants et accidentogènes, mais sans guère d’accès aux soins médicaux, les fabricants d’opioïdes ont inondé la région d’« inoffensifs » anti-douleur, usant, comme les procès récents ont commencé à le révéler, de tous les stratagèmes pour promouvoir des produits éminemment addictifs, portes d’entrée aux drogues dures. Aujourd’hui, la Virginie occidentale bat le record des morts par overdose aux Etats-Unis. Environ un enfant sur quatre doit y grandir sans ses parents détruits par les stupéfiants.
Ces gens qui sont ses voisins, Barbara Kingsolver nous fait pénétrer dans leur tête et dans leur peau. Crédible et réaliste jusque dans la langue gouailleuse oscillant entre la naïveté et la trop grande lucidité d’un jeune garçon privé d’enfance, la narration de son parcours par Demon Copperhead nous confronte de l’intérieur au rouleau compresseur de l’injustice, de la souffrance et du désespoir. Laissé orphelin par la violence et la drogue, il va devoir se battre pour tenter de se construire malgré les défaillances du système de placement familial et les pièges de l’addiction. Heureusement, entre ses mauvaises rencontres et fréquentations d’une part, ses propres béances intérieures d’autre part, il trouvera aussi sur son chemin suffisamment de personnages magnifiques de force et de générosité pour contrer les préjugés et changer le regard sur ceux que l’on présente habituellement en bloc comme un affreux ramassis d’indécrottables arriérés.
Un grand, riche et très long roman, couronné du prix Pulitzer, qui fait comprendre l’humiliation de cette Amérique-là, emmurée dans ses difficultés au point de voir en sa peau blanche le seul dernier vestige de sa fierté et, en un certain Trump, l’espoir d’être enfin compris. (4/5)
Re: [Kingsolver, Barbara] On m'appelle Demon Copperhead
Mon avis
Le roman débute par cette phrase qui d’emblée m’a attirée vers cette lecture, ( Déjà je me suis mis au monde tout seul ) il s’appelle Demon Copperhead, il est né dans la caravane ou sa très jeune mère habite, hors du monde elle vit complètement sous l’emprise d’amphétamine, de gin et de vicodine. Dans cette histoire, Demon, personnage très attachant, avec une certaine verve, déroule sa vie avec innocence, ironie et un élan espiègle. Il faut dire que Barbara Kingsolver avec un élan narratif, parvient remarquablement à travers maintes péripéties, à emporter notre curiosité à travers un flot de mots avec plein de détails, elle parvient à utiliser l’esprit de Demon pour éclairer les recoins sombres des Etats-Unis, de la même façon que Dickens décrivait une peinture de la condition enfantine et l’autrice fait un examen féroce de la pauvreté contemporaine, et l’on sent qu’elle est animée d’idéalisme, de colère et de souci de justice sociale. Avec elle, nous évoluons à hauteur d’enfant, puis d’adolescent et de jeune homme, sans oublier que les épreuves qu’il doit affronter sont terribles (misère, drogue, défaillance des institutions de protection et de santé et multiples deuils) Cependant Demon poursuit sa quête pour une vie meilleur avec une énergie et une dignité qui pourrait le faire avancer vers un équilibre à conquérir, on peut l’imaginer, car la fin est très belle Je n’ai rien écrit sur ceux ou celles qui le côtoient car mon résumé serait trop long…Il faut dire que du début jusqu’à la fin l’histoire de Demon est vraiment surprenante…4,5/5
lalyre- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 9623
Age : 92
Localisation : Liège (Belgique )
Emploi/loisirs : jardinage,lecture
Genre littéraire préféré : un peu de tout,sauf fantasy et fantastique
Date d'inscription : 07/04/2010
Sujets similaires
» [Kingsolver, Barbara] Des vies à découvert
» [Kingsolver, Barbara] Un été prodigue
» [Kingsolver, Barbara] Les yeux dans les arbres
» [Kingsolver., Barbara] L'arbre aux haricots
» [Kingsolver, Barbara] Une rivière sur la lune
» [Kingsolver, Barbara] Un été prodigue
» [Kingsolver, Barbara] Les yeux dans les arbres
» [Kingsolver., Barbara] L'arbre aux haricots
» [Kingsolver, Barbara] Une rivière sur la lune
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum