[London, Jack] La croisière du Snark

par Invité Sam 19 Jan 2013 - 22:41

Genre : Roman autobiographique
Editions : Récit tiré du volume Romans et récits autobiographiques aux éditions Robert Laffont (Collection Bouquins)
ISBN : 22121113985
171 pages

Résumé (FNAC) :

Il y a tout juste un siècle, Jack London faisait construire à San Francisco un navire qu'il baptisait Le Snark en l'honneur de Stevenson auquel il se référera si souvent lors de son voyage. La construction allait être retardée par le fameux tremblement de terre qui secoua la ville, mais l'équipage qui changera maintes fois d'effectif appareille finalement pour Hawaï. Ce périple homérique, dans l'esprit de London, devait durer sept ans. Il dura en réalité vingt-sept mois, mais vingt-sept mois de difficultés, de découragements, de bravoure, d'émerveillements et… de création. Car, outre les articles qu'il fait parvenir à flux tendu à divers périodiques américains et dans lesquels il conte avec humour et ferveur son odyssée dans le Pacifique - composant ainsi peu à peu ce qui est devenu La Croisière du Snark - il écrit L'Aventureux, Contes des mers du sud, L'Ile des lépreux, Radieuse Aurore, quantité d'articles, et ce qui est considéré par beaucoup comme son chef-d'œuvre : Martin Eden.
Hawaï, la léproserie de Molokai, les Marquises, Tahiti, les Samoa, les Fidji, les Nouvelles-Hébrides, les Salomon, Guadalcanal, Australie, Tasmanie… London parcourt tout le Pacifique à la poursuite des grands aînés Melville et Stevenson - comment ne pas songer au couple Stevenson et à leur Voyage aux Samoa en suivant Jack et Charmian -, du paradis ensauvagé qu'ils ont connu et fait vivre sous leur plume. Il découvre un monde certes splendide mais déjà gangréné par les maladies importées et l'idéologie du progrès qui, bientôt, désenchantera les îles…

Mon avis :

Un récit qui tranche agréablement dans l’humeur plutôt sombre de ce recueil.

En effet, même si petites et grandes malédictions semblent poursuivre ce malheureux Snark et son équipage, l’ambiance du roman est agréablement légère et décomplexée. On ressent, à travers une écriture toujours aussi mordante, une véritable plénitude de l’auteur, plénitude que l’on ne ressent que rarement dans ses autres récits.  
Est-ce le fait que London écrit cette fois sur la réalisation d’un rêve qui, certes, trébuche, mais se réalise malgré tout ? Est-ce la présence de sa compagne Charmian ou de son ami Roscoe ? Est-ce la nécessité de se préoccuper non pas de vagues concepts intangibles mais de problèmes bien réels - se nourrir, dormir, soigner ses ulcères, ne pas mourir dans une tempête ? Ou tout simplement la satisfaction profonde d’un drogué à la liberté, qui ne survit qu’en mouvement ?
Toujours est-il que son écriture en semble apaisée, sans pour autant perdre de sa vitalité.

Découverte somptueuse d’un monde déjà en danger et qui, sûrement, n’existe plus. Périple tragi-comique d’un auteur qui sait amuser le lecteur par ses propres mésaventures. Roman qui allie un humour et une lucidité dévastateurs : la construction du Snark, à elle seule, est une pépite ; l’épisode du «médecin malgré lui» a tout pour plaire ; quant à «la Genèse», en fin de récit, elle est tout simplement magique.

En bref, à découvrir absolument.

Ma note : 9/10