[Buhl, Marc] Courir le monde

par Véronique M. Sam 9 Mar 2013 - 13:00

Titre: Marc BUHL
Auteur: Courir le monde
Editions PHEBUS
2007
210 pages
ISBN 978-2-75-290253-5

[Buhl, Marc] Courir le monde Courir10

Quatrième de couverture:

Qu'est-ce qui faisait courir Mensen Ernst, le plus grand marathonien du XIX° siècle, aujourd'hui oublié? Dans ce roman biographique aux allures de conte, Marc Buhl s'attache à faire revivre ce coureur hors du commun, globe-trotter et militant. Il dresse aussi le portrait sensible d'un homme blessé, mû par une quête d'absolu.
Né dans un petit village norvégien en 1795, Mensen Ernst grandit privé de son père, un marin français qu'il n'a pas connu, et bientôt de sa mère. Avant de disparaître, ce père trop épris de liberté a sillonné l'Egypte, attiré par la légendaire source du Nil, où se trouverait le Paradis. L'orphelin retrouve dans un coffre lui ayant appartenu une carte d'Egypte et des instruments d'orientation. Sur les traces de son père, Mensen, qui ne tient pas en place, s'engage dans la Marine. La rapidité, son atout maître, lui permet ensuite de devenir messager à Londres, puis de participer à des courses à spectacle, et de distribuer des tracts politiques à travers toute l'Europe. Mais toujours, son regard reste rivé vers l'Egypte...

Mon avis:
Ce livre est un coup de coeur!
C'est un roman construit autour d'une quête d'identité. Mensen est un petit garçon puis un homme décalé par rapport à la société qui l'entoure. Son besoin de mouvement, sa rapidité de perception sont à la fois un atout et un handicap qui le séparent des autres. Privé de sa famille, victime des clivages de classes, soumis à un irrépressible besoin de mouvement, il a du mal à tisser des liens affectifs profonds ou durables. Marc Buhl nous décrit un personnage sensible,attachant et néanmoins mystérieux et insondable. Et c'est peut-être ce sentiment d'étrangeté qui nous attire et nous incite à vouloir le suivre. Homme de convictions, d'une loyauté à toute épreuve, il force l'admiration. Mensen a peu à peu appris à mettre son talent de coureur au service de ses idées. D'employé au service des autres, il est passé à son propre compte avant de courir vers son destin. Quant à ses exploits physiques, ils paraissent impossibles tant ils sont incroyables! Ils participent à donner à ce texte une dimension imaginaire renforcée par le style de l'auteur. En effet Marc Buhl utilise beaucoup le discours indirect, insère des héros populaires nimbés de fantastique comme les coureurs turcs et nous maintient ainsi dans une sphère apparemment hors du temps bien qu'ancrée dans la réalité du XIX°.
Bref, je suis impressionnée par le style de cet auteur, très fort et particulier, propre à créer une atmosphère originale. De plus, de nombreux passages sont très beaux, poétiques, philosophiques et incitent à la relecture. J'ai adoré.