[Thonont, Raphaëlle] L'art des liens
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[Thonont, Raphaëlle] L'art des liens
Titre : L’art des liens
Auteur : Raphaëlle Thonont
Éditions : Écorce (Septembre 2013)
Collection : Noir
Nombre de pages : 203
ISBN : 978-2-9535417-5-5
Quatrième de couverture
« Comme un boxeur sonné, je m’endormirai dans tes cordes », se récite Léo Harossian face au tableau : un dos, sans visage, ligoté avec science.
Lui-même n’aurait pas su peindre aussi bien ses terreurs. Sous les liens, il perçoit la pulsation lancinante de l’attente.
Sept ans qu’il s’épuise à espérer le retour de Sofia.
Sept ans qu’il se racornit dans sa chrysalide de cordes, sous les yeux de sa fille Anouk.Sofia Harossian, née Ellman, écrivain, disparue le 22 juin 2004.
Dans son berceau, leur fille Anouk n’avait que vingt jours.Octobre 2011. Un message laissé par deux gamins sur le répondeur de Léo affirme que Sofia est vivante et a besoin d’aide.
Secondé par son ami Stephen Holmlund, ex-flic, Léo entraîne Anouk dans une quête sombre.
Pour que les chairs parlent à l’âme, il faut connaître les liens. C’est la voie du shibari et la leçon de la femme ligotée.
Mon avis
Sept ans…le temps de se faire une raison comme l’âge qui va avec … Ce pourrait être le choix de Léo… Sauf que ce n’est pas ce qu’il décide… Anouk avait vingt jours lorsque sa mère Sofia, écrivain, a disparu…Léo a pris les rênes, il le devait à leur fille (« L’enfance de sa fille est devenue son marathon »), il le devait à sa femme, il se le devait… Comme un devoir, comme une raison d’exister, de poursuivre, d’avancer …. A tâtons sur la corde raide, en équilibre précaire, instable, avec parfois le soutien de «l’herbe », d’autres fois celui des amis….
Mais connaît-on vraiment ses amis ?
Vaste réseau de liens qui se tissent, se sont tissés, s’étirent, s’écartent, se referment, autour de lui…Plus Léo avance dans la compréhension de l’éloignement, délaçant l’un après l’autre les secrets dont sa femme s’est entourée, plus un autre étau se resserre …
Le lecteur sent monter en lui insidieuse cette peur que tout vire au drame, car Léo va toujours plus loin dans sa recherche…
« Avec Sofia Ellman, le travail se tissait avec la légèreté d’une épeire à sa toile. »
Sofia, sa femme, il pensait tout savoir d’elle (ou presque) mais ce n’est pas le cas… La quête qu’il (re)commence, des années après sa disparition (car il n’a jamais vraiment baissé les bras) est à double tranchant : défaisant le nœud gordien dans lequel elle s’est engouffrée, il s’englue dans un autre, s’oubliant pour mieux la retrouver…. Ce « jeu » d’attaches qui n’en est pas un est troublant, captivant, bluffant …. scotchant le lecteur sous les mots qui l’engluent comme le fardeau qui alourdit Léo en appuyant de plus en plus sur ses épaules. Et ce qu’il découvre ne l’allège pas …loin de là…
« On ne peut pas toujours prendre de la hauteur. Depuis sa disparition, je patauge. Je m’envase. »
Les cordes sont présentes, lien invisible des pages de cet opus. A travers le shibari et l’hojōjutsu, purs produits de la culture japonaise, considérés comme des arts mais très dérangeants dans leurs styles, le lecteur, emporté dans les rets de Raphaëlle Thonont, sera subjugué, attiré, révolté, mais rarement indifférent…
L’art, il en est beaucoup question, Léo est peintre et ses œuvres sont bien supérieures depuis qu’il lutte contre le silence, contre l’absence, contre le doute…
Pourquoi ? Pour ne pas sombrer ? Pour donner le meilleur de lui-même en attendant le retour de l’aimée ? Pour exister ? Pour tenir debout ?
Mais l’art dans ce livre transpire dans les mots de l’auteur…
Son écriture est tour à tour
poétique :
« Le temps des questions vient après la tempête, celui des réponses avec la vieillesse. Quant à la colère, elle gonfle tes voiles et t’envoie sur les récifs. »
« tendue » et brève :
« Léo attend.
Udo s’endort. »
crue :
« Artiste, c’est pas une caution, c’est juste un moyen d’échapper aux autres, de se cacher derrière sa propre merde. »
et bien d’autres styles encore…
Lorsqu’on voit le visage souriant de l’auteur, on se demande où elle a puisé la force d’écrire une œuvre comme celle-ci…. Et puis on se souvient…Chacun de nous a une part d’ombre, une face cachée …. Et pour Raphaëlle Thonont, le noir lui va si bien….
Mais connaît-on vraiment ses amis ?
Vaste réseau de liens qui se tissent, se sont tissés, s’étirent, s’écartent, se referment, autour de lui…Plus Léo avance dans la compréhension de l’éloignement, délaçant l’un après l’autre les secrets dont sa femme s’est entourée, plus un autre étau se resserre …
Le lecteur sent monter en lui insidieuse cette peur que tout vire au drame, car Léo va toujours plus loin dans sa recherche…
« Avec Sofia Ellman, le travail se tissait avec la légèreté d’une épeire à sa toile. »
Sofia, sa femme, il pensait tout savoir d’elle (ou presque) mais ce n’est pas le cas… La quête qu’il (re)commence, des années après sa disparition (car il n’a jamais vraiment baissé les bras) est à double tranchant : défaisant le nœud gordien dans lequel elle s’est engouffrée, il s’englue dans un autre, s’oubliant pour mieux la retrouver…. Ce « jeu » d’attaches qui n’en est pas un est troublant, captivant, bluffant …. scotchant le lecteur sous les mots qui l’engluent comme le fardeau qui alourdit Léo en appuyant de plus en plus sur ses épaules. Et ce qu’il découvre ne l’allège pas …loin de là…
« On ne peut pas toujours prendre de la hauteur. Depuis sa disparition, je patauge. Je m’envase. »
Les cordes sont présentes, lien invisible des pages de cet opus. A travers le shibari et l’hojōjutsu, purs produits de la culture japonaise, considérés comme des arts mais très dérangeants dans leurs styles, le lecteur, emporté dans les rets de Raphaëlle Thonont, sera subjugué, attiré, révolté, mais rarement indifférent…
L’art, il en est beaucoup question, Léo est peintre et ses œuvres sont bien supérieures depuis qu’il lutte contre le silence, contre l’absence, contre le doute…
Pourquoi ? Pour ne pas sombrer ? Pour donner le meilleur de lui-même en attendant le retour de l’aimée ? Pour exister ? Pour tenir debout ?
Mais l’art dans ce livre transpire dans les mots de l’auteur…
Son écriture est tour à tour
poétique :
« Le temps des questions vient après la tempête, celui des réponses avec la vieillesse. Quant à la colère, elle gonfle tes voiles et t’envoie sur les récifs. »
« tendue » et brève :
« Léo attend.
Udo s’endort. »
crue :
« Artiste, c’est pas une caution, c’est juste un moyen d’échapper aux autres, de se cacher derrière sa propre merde. »
et bien d’autres styles encore…
Lorsqu’on voit le visage souriant de l’auteur, on se demande où elle a puisé la force d’écrire une œuvre comme celle-ci…. Et puis on se souvient…Chacun de nous a une part d’ombre, une face cachée …. Et pour Raphaëlle Thonont, le noir lui va si bien….
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