[Staal, Eva Maria] Trafiquante
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[Staal, Eva Maria] Trafiquante
Titre : Trafiquante
Auteur: Eva Maria Staal
Traduit du néerlandais par Yvonne Pétrequin.
Éditions du Masque (mars 2014)
287 pages
ISBN: 978-2702439357
Quatrième de couverture
Il y a dix ans, Eva Maria gardait toujours une arme dans son sac à main. Un cadeau de Jimmy Liu, son patron, marchand d armes fantasque d origine chinoise ayant un faible un peu trop prononcé pour les jeunes escort-boys.
Islamabad, Pékin, Karachi: l improbable duo parcourt le monde pour conclure des contrats de plusieurs millions de dollars. Leurs interlocuteurs: seigneurs de guerre sans pitié et chefs d État corrompus.
Rattrapée par sa mauvaise conscience après une mission qui tourne mal, Eva Maria décide de raccrocher et se réfugie dans une vie paisible, sans armes mais avec mari, maison et bébé. Dix ans plus tard, le souvenir de son ancienne vie revient la hanter. À travers ses réminiscences, Eva Maria nous entraîne alors dans les turpitudes de son passé, l occasion pour elle de se livrer à un véritable travail d’introspection et à une profonde réflexion sur le monde qui l entoure.
Mon avis
Eva Maria Staal est le pseudonyme d’une auteur néerlandaise à succès qui a travaillé dans la vente d’armes pendant plus de quinze ans.
Il vaut mieux ne pas chercher à connaître la part d’autobiographie dans ce roman…
Alternant passé et présent (les chapitres sont numérotés pour l’un, portent un titre pour l’autre), nous allons découvrir les deux facettes d’une même personne «Eva Maria ».
Eva Maria trafiquante d’armes, dans un monde louche, flou et dangereux et Eva Maria en couple, mère de famille « rangée des voitures » ou du moins essaie-t-elle de s’en persuader ou de le faire croire tant le passé lui colle à la peau.
Le milieu des trafiquants d’armes est sec, rigoureux, pointilleux, on ne peut rien laisser au hasard tant on risque sa vie. Et si un grain de sable se glisse dans le rouage, tout peut voler en éclats. Quand on côtoie Eva Maria dans ses affaires » (elle est le bras droit d’un grand ponte, sa confidente, son « indispensable »), les scènes de l’auteur sont précises, ciblées, décrivant les faits, les éléments dans un style expéditif, du « vécu » sans fioritures. Une écriture composée de phrases courtes, de mots secs comme si l’urgence était de dire les choses comme elles sont sans chercher à analyser, à composer, à développer. L’action, rien que l’action et les écrits en pleine figure brutalement …
Que l’on soit au passé ou dans l’instant, la narration est la même : tout au présent et des phrases de peu de termes. Cela donne un effet particulier car on prend ce qui a été vécu auparavant comme des événements se déroulant « en direct ». L’urgence est donc omniprésente. Urgence de survivre dans cet entourage périlleux mais porteur d’adrénaline, où les rencontres et les événements sont surprenants lorsqu’Eva Maria trafique. Urgence de vivre dans le présent, de profiter de sa fille, de la vie quotidienne plus calme, plus posée, lorsqu’on la découvre dans sa nouvelle existence…Comme si la peur que les antécédents, cette autre vie qu’Eva Maria n’a pas pu oublier, ne se pointent et ne gâchent l’équilibre précaire dans lequel elle est maintenant installée.
Elle prend peu de recul, elle n’a pas le temps ou ne souhaite pas se poser et le rythme est soutenu, sans arrêt. On dirait qu’elle court, qu’elle « vole » d’un lieu à l’autre et avec elle les vocables glissent, sautent, s’en vont sous nos yeux … Cela dépose en nous un sentiment indéfinissable, l’envie de lui dire « stop », assieds-toi et offre toi la possibilité de parler, d’expliquer… Mais…lorsqu’on sait que ce livre est inspiré d’une histoire vraie, on peut légitimement se poser la question de savoir s’il n’est pas préférable de ne pas creuser, de ne pas aller trop loin, d’ignorer certaines choses… Est-ce un choix de l’auteur d’avoir opté pour cette « forme » ou est-ce que cela est dû au fait que certains passages de ce roman ont déjà été publiés et qu’il fallait faire court et incisif?
On pourrait penser que cet opus est froid et qu’on ne ressentira aucune empathie pour la femme qui hante les pages. Je ne crois pas. En effet, il me semble qu’il est nécessaire de s’approcher un peu d’elle (bien qu’elle se tienne à distance) et on découvre de temps à autre, dans le texte et entre les lignes, une femme fragile qui se pose des questions sur le monde où elle a vécu et celui où elle vit…Tout n’est-il que corruption, violence (sa fille harcelant une camarade reproduit-elle à son échelle, la cruauté des hommes ?) Il appartiendra à chacun de se faire son opinion…..
Cassiopée- Admin
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