[Aubry, Gwenaëlle] Partages
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[Aubry, Gwenaëlle] Partages
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Partages
Gwenaëlle Aubry
Editions Mercure de France
185 pages
30/08/2012
ISBN : 9782715233072
4ème de couverture :
Posé contre un mur, devant une échoppe, il y avait un grand miroir, je me suis arrêtée pour me voir tout entière, de la tête aux pieds. Devant moi une fille, une touriste ou une juive, je ne sais pas, se regardait dans un miroir plus petit accroché à côté. Elle portait une robe qui dénudait ses jambes et ses bras mais soudain elle a sorti un foulard de son sac et l'a noué sur ses cheveux, j'ai trouvé ça bizarre, j'ai cherché son reflet. Et là, un instant, j'ai vu dans le cadre étroit deux visages si semblables que je n'ai plus su qui je regardais. Cela m'a fait peur, vite je suis partie, je me suis effacée.
En 2002, c'est la seconde Intifada. Sarah, Juive d'origine polonaise, née et élevée à New York, est revenue vivre en Israël avec sa mère après les attentats du 11-Septembre. Leïla a grandi dans un camp de réfugiés en Cisjordanie. Toutes deux ont dix-sept ans. Leurs voix alternent dans un passage incessant des frontières et des mondes, puis se mêlent au rythme d'une marche qui, à travers les rues de Jérusalem, les conduit l'une vers l'autre.
Partages est un roman sur la communauté et sur la séparation, sur ce qui unit et divise à la fois. Sœurs ennemies, Leïla et Sarah sont deux Antigone dont le corps est la terre où border et ensevelir leurs morts.
Gwenaëlle Aubry, philosophe et écrivain, est l'auteur d'essais et de cinq romans dont Personne (prix Femina 2009).
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Leïla et Sarah, Sarah et Leïla ; deux héroïnes des deux côtés du miroir, des deux côtés de la frontière, des deux côtés de la haine et de la mort… une de Shaar HaArayot, l’autre de Bab al-Asbat. Elles habitent la même terre, la même ville, Jérusalem, mais tout les sépare, elles prient leurs Morts, mais ils sont ennemis.
Pourtant, elles se ressemblent. Elles étouffent pareillement dans leur carcan respectif de tradition, de haine. Elles s’en nourrissent de cette haine, que ce soit pour la vomir ou pour l’adopter, la dompter ou l’exploser.
La mise en page de Gwenaëlle Aubry est très intéressante ; le livre alterne les monologues des deux jeunes filles. A la fin, les deux récits s’embrouillent pour nous amener au point de chauffe ultime, au point de rupture. Pour une meilleure mise en scène, à l’une les pages paires, à l’autre les pages impaires, l’une est vraiment le miroir de l’autre.
Le miroir joue un grand rôle. Le livre est construit en miroir ; c’est également devant cet objet que Leïla et Sarah vont s’entrapercevoir. Elles sont le reflet l’une de l’autre. Leurs amies servent de contrepoint. C’est aussi le miroir brisé de toutes ces vies perdues.
Ce conflit est une vraie tragédie, ancré non seulement dans l’Histoire récente de la seconde guerre mondiale, mais également dans l’Histoire ancienne des religions. Lorsque Gwenaëlle Aubry recopie les extraits des manuels d’histoire des deux parties, ou lorsque les enfants jouent à l’intifada, ou « au Martyr et au Juif » il y a de quoi être pessimiste.
C’est un livre fait de la chair, du sang et des tripes des vivants et des morts, un livre qui vous prend et ne vous lâche plus. A aucun moment l’auteur ne prend partie pour l’un ou l’autre camp. Elle donne chair à Leïla et Sarah, elle donne les mots pour les peurs, la mémoire, ce que l’on ne peut oublier. Toutes ces choses qui font que les deux jeunes filles, à l’instar de leurs pays sont inconciliables (pour l’instant j’aimerais l’espèrer).
Quelques extraits :
Quand j’étais petite, avec les autres filles, on jouait à l’Intifada. On ramassait des petits cailloux dans les rues et on se les lançait pendant la récréation. On en avait toujours plein les poches de nos blouses. Puis nous avons grandi et nos frères nous ont autorisées à jouer pour de vrai.
Tous ici, Israéliens et Palestiniens, Arabes et Juifs, comme tu voudras, nous partageons la même folie, c’est elle qui, comme la terre, nous divise et nous réunit. Nous partageons une même hantise, tous, nous sommes habités par des cohortes de morts.
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