[Kerangal, Maylis (de)] Réparer les vivants
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Algue
joëlle
Cassiopée
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[Kerangal, Maylis (de)] Réparer les vivants
Titre : Réparer les vivants
Auteur :Maylis de Kerangal
Éditions : Gallimard
Collection Verticales,
Parution : 02-01-2014
Nombre de pages : 288
ISBN : 9782070144136
Quatrième de couverture
«Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps.»
« Réparer les vivants » est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.
Mon avis :
Abandonner pour offrir....
Accepter l'idée de l'irréversibilité, de l'impossible retour en arrière.... Il y aura un avant et un après. Le temps a suspendu sa course et il est reparti ... sans lui.... ou avec lui autrement ...
C'est un livre qui palpite entre les mains, où, comme pour un cœur, parfois le rythme s'emballe, d'autres fois explose, ou traîne...
L'auteur a cette force d'adapter la cadence de ses mots à ce qu'elle veut nous faire vivre...
Son style est indéfinissable, ses phrases longues, très longues, contiennent autant de ramifications que le réseau veineux dans notre corps.... Ça s'étire, se tortille, se resserre, s'allonge à nouveau... Nos yeux restent accrochés aux points, aux virgules....notre souffle est suspendu....
Et puis quatre ou cinq fois, une réplique, fuse, claque dans toute sa brutalité car là, le style redevient direct.
A la ligne, un tiret:
- Et pan
C'est court, sec, clair, précis, comme un couperet, c'est la réalité, la cruelle réalité, celle que l'on veut réfuter, repousser loin, très loin. C'est Marianne, la mère qui la reçoit la première en pleine face, puis Sean, le père, lui qui a transmis à leur fils l'amour du surf....et qui se sent coupable.
Car c'est au retour d'une série de vagues merveilleuses (dont la description est un régal de poésie ) que l'accident a eu lieu... Comment ne pas s'en vouloir de lui avoir donné le goût de ce sport? Comment ne pas en vouloir à la terre entière, à la vie, à la mort? Mais c'est ainsi, il faut accepter le fait que Simon, le fils, ne soit plus, bien qu'il respire... Alors va se poser le choix du don d'organes alors que le jeune n'a rien exprimé de son souhait de donner ou pas de son vivant...
C'est là que Thomas, à la tessiture qui sort de l'ordinaire, amoureux du chardonneret de Baïnem, au nom de famille prédestiné puisqu'il s'appelle Rémige, va entrer dans la vie de cette famille. Un homme humain, simple, qui fait le lien entre les familles de donneurs potentiels et les équipes qui s'occupent des futurs greffés. Il parle peu, occupe l'espace avec délicatesse pour que les parents cheminent, accompagnés jusqu'au bout de leur choix, quel que soit ce que sera la résolution .... Il faut prendre une décision et vite car le temps presse....
C'est avec un vocabulaire ciblé, recherché, documenté sans aucun doute pour la partie médicale que Maylis de Kerangal va au fond des actes liés à la mort clinique pouvant entraîner un don d'organes, fouillant les âmes, plongeant au fond des cœurs aussi.... Tout est dévasté autour de cette famille, Simon les rassemble mais de quelle façon.... Dans la douleur, le chagrin, l'horreur de la situation....
Certains esprits chagrins trouveront que l'auteur a trop décrit, qu'elle en a trop fait sur la partie "hôpital" et que tous les détails n'ont pas lieu d'être, pas plus que ceux donnés sur le quotidien des uns ou des autres qui croiseront la route de Simon ou de ses parents durant ces vingt-quatre heures. Je crois, au contraire, qu'il le fallait pour montrer l'opposition entre la vie qui continue, qui avance, et celle qui s'est figée....
Ce roman sera pour moi un coup de cœur. D'abord pour l'écriture si singulière mais qui m'a parlé au coeur, ensuite pour la façon dont ce douloureux sujet est abordé, sans voyeurisme, sans pathos, et enfin pour l'humanité dont fait preuve l'auteur, posant les phrases, les gestes, comme une délicate évolution vers l'espoir, fil ténu reliant les vivants et les morts, maintenant la vie comme seule réponse à tous les conflits intérieurs face aux questions incessantes qui hantent ceux qui restent....
Cassiopée- Admin
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Re: [Kerangal, Maylis (de)] Réparer les vivants
Quel joli billet, j' aime beaucoup votre critique et votre analyse.
joëlle- Modérateur
-
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Date d'inscription : 30/09/2013
Re: [Kerangal, Maylis (de)] Réparer les vivants
Cassiopée : quelle belle critique de livre !!!!!!
Invité- Invité
Re: [Kerangal, Maylis (de)] Réparer les vivants
Qu'ajouter à la critique de Cassiopée ? Rien, sinon qu'elle dit vrai !
Re: [Kerangal, Maylis (de)] Réparer les vivants
Merci pour cette belle découverte je l'ajoute dans ma LAL!
Véronique M.- Grand sage du forum
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Réparer les vivants - Un éloge de la vie
Inqualifiable...
Voilà ce qu'on peut dire sur cette oeuvre. Une oeuvre qui se trouve entre le roman et la poésie, entre la vie et la mort, entre l'espoir et le doute...
On se retrouve plonger dans un monde merveilleux, celui de la vie, celui de notre vie. Quand on passe de l'autre coté 3 pages plus loin, dans celui de la mort, mais d'une mort qui permettra de redonner la vie.
On navigue dans ce labyrinthe de la vie et de la survie. L'auteur nous convie à partager la douleur de cette famille, ses doutes, ses souvenirs... à partager la vie de leur fils qui se remémore si brutalement, eux qui s'étaient peu à peu perdu de vue dans l'exigence de vie quotidienne, avec le boulot et le stress, eux qui habitaient ensemble mais qui finissaient par se croiser sans prendre le temps de se parler.
Ce récit c'est celui de vous, de moi, de tout un chacun qui peut demain se retrouver dans cette situation, car elle n'arrive pas qu'aux autres...
Un éloge de la vie, c'est ainsi que je le perçois. Ce livre nous balance la réalité en pleine tête, nous ramenant à ce qui est essentiel, le fait d'avoir la chance d'être en bonne santé. Il nous rappelle combien nous sommes chanceux, et combien la vie peut être parfois plus compliquée.
Une plongée dans le monde de la santé, dans l'univers des médecins, ces hommes aussi sensibles que techniciens. Voilà enfin un portrait juste, du monde médical avec toute sa complexité. Celle de médecins, infirmiers, aide-soignants, tiraillés entre leur vie d'hommes et de femmes et leur devoir professionnel.
Je vous invite à vous plonger dans cet univers, dans cette plongée dans le monde médical, et dans la nature, dans la mer et dans nos doutes. Il illustre à merveille la complexité de ces moments, et vous fera voyager dans toutes sortes d'émotions. Car ce qui est sur c'est que ce livre ne peut vous laisser indifférent !
Pour ma part c'est la première fois que j'attribue un 10/10 à un récit... Captivé je le reste près de 3 heures après avoir fermé le livre...
Venez vous régaler !
Antoine
Voilà ce qu'on peut dire sur cette oeuvre. Une oeuvre qui se trouve entre le roman et la poésie, entre la vie et la mort, entre l'espoir et le doute...
On se retrouve plonger dans un monde merveilleux, celui de la vie, celui de notre vie. Quand on passe de l'autre coté 3 pages plus loin, dans celui de la mort, mais d'une mort qui permettra de redonner la vie.
On navigue dans ce labyrinthe de la vie et de la survie. L'auteur nous convie à partager la douleur de cette famille, ses doutes, ses souvenirs... à partager la vie de leur fils qui se remémore si brutalement, eux qui s'étaient peu à peu perdu de vue dans l'exigence de vie quotidienne, avec le boulot et le stress, eux qui habitaient ensemble mais qui finissaient par se croiser sans prendre le temps de se parler.
Ce récit c'est celui de vous, de moi, de tout un chacun qui peut demain se retrouver dans cette situation, car elle n'arrive pas qu'aux autres...
Un éloge de la vie, c'est ainsi que je le perçois. Ce livre nous balance la réalité en pleine tête, nous ramenant à ce qui est essentiel, le fait d'avoir la chance d'être en bonne santé. Il nous rappelle combien nous sommes chanceux, et combien la vie peut être parfois plus compliquée.
Une plongée dans le monde de la santé, dans l'univers des médecins, ces hommes aussi sensibles que techniciens. Voilà enfin un portrait juste, du monde médical avec toute sa complexité. Celle de médecins, infirmiers, aide-soignants, tiraillés entre leur vie d'hommes et de femmes et leur devoir professionnel.
Je vous invite à vous plonger dans cet univers, dans cette plongée dans le monde médical, et dans la nature, dans la mer et dans nos doutes. Il illustre à merveille la complexité de ces moments, et vous fera voyager dans toutes sortes d'émotions. Car ce qui est sur c'est que ce livre ne peut vous laisser indifférent !
Pour ma part c'est la première fois que j'attribue un 10/10 à un récit... Captivé je le reste près de 3 heures après avoir fermé le livre...
Venez vous régaler !
Antoine
Invité- Invité
Re: [Kerangal, Maylis (de)] Réparer les vivants
J'ai trouvé ce roman extraordinaire !
Dès les premières phrases, je suis tombée amoureuse (carrément) de ce roman qui mélange un style très lyrique et poétique à un récit très émouvant.
J'ai adoré le fait que ce roman ne soit pas un plaidoyer pour le don d'organes. Marlis de Kerangal n'essaye de nous convaincre de rien du tout. Elle n'écrit pas pour nous parler d'une douleur qu'elle a peut-être vécue, ou d'une transplantation qui lui a peut-être sauvé la vie. Elle écrit... parce que c'est beau. Chaque phrase est remplie d'humanité, d'empathie mais pas de compassion.
Ce texte est écrit avec une grande délicatesse. Il parle de chair, de corps, de vie, d'émotions...
J'ai voté "coup de coeur".
Dès les premières phrases, je suis tombée amoureuse (carrément) de ce roman qui mélange un style très lyrique et poétique à un récit très émouvant.
J'ai adoré le fait que ce roman ne soit pas un plaidoyer pour le don d'organes. Marlis de Kerangal n'essaye de nous convaincre de rien du tout. Elle n'écrit pas pour nous parler d'une douleur qu'elle a peut-être vécue, ou d'une transplantation qui lui a peut-être sauvé la vie. Elle écrit... parce que c'est beau. Chaque phrase est remplie d'humanité, d'empathie mais pas de compassion.
Ce texte est écrit avec une grande délicatesse. Il parle de chair, de corps, de vie, d'émotions...
J'ai voté "coup de coeur".
Re: [Kerangal, Maylis (de)] Réparer les vivants
C'est un dimanche de la vie d'un cœur...celui de Simon qui va devenir celui de Claire. C'est un passage, un "transfert de vie", rendu possible par différents acteurs, dont on entrevoit un petit bout de vie. On croise brièvement Cordelia l'infirmière, le chirurgien, la petite amie de Simon, Claire qui reçoit le greffon...Chacun n'est qu'un maillon de ce processus.
J'ai ressenti une fascination intense pour ce cœur, les larmes me sont venues à plus d'une reprise. Les scènes au bloc opératoire sont notamment très fortes, limite violentes.
"Enterrer les morts et réparer les vivants". C'est sombre et beau à la fois.
J'ai ressenti une fascination intense pour ce cœur, les larmes me sont venues à plus d'une reprise. Les scènes au bloc opératoire sont notamment très fortes, limite violentes.
"Enterrer les morts et réparer les vivants". C'est sombre et beau à la fois.
Invité- Invité
Re: [Kerangal, Maylis (de)] Réparer les vivants
J'ai été un peu déçu car on parle plus du côté médical que du ressenti de la famille.Je m'attendais pas à ça. Mais il nous fait réfléchir sur le don d'organe.
Note:6/10
Note:6/10
angele13127- Grand sage du forum
-
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Age : 46
Localisation : Vitrolles
Emploi/loisirs : aide soignante,moto,sport,marche
Genre littéraire préféré : un peu de tout sauf fantasy
Date d'inscription : 11/06/2010
Re: [Kerangal, Maylis (de)] Réparer les vivants
Une famille au grand cœur.
Comment accepter la mort d’un être aimé alors que son cœur continue de battre ?
Simon est un jeune homme qui croque la vie à pleine dent, jusqu’à ce qu’un accident de la route le plonge en état de mort cérébrale.
Un choix s’impose alors : est-on suffisamment altruiste pour faire don de la vie ?
Ce roman est le premier que je lis de Maylis de Kerangal. Elle y traite d’un sujet très sensible : le don d’organe. Elle retrace le trajet d’un cœur, depuis son propriétaire, jusqu’à son receveur ; en passant par la famille, les amis, et tous les intervenants.
On est bouleversé par Simon, dont la vie s’achève, et par ses parents, confrontés à une si cruelle épreuve. Mais on est touché, également, par l’équipe soignante et par les receveurs.
Réparer les vivants est une lecture difficile mais qui apporte un regard d’ensemble sur un acte d’une infinie générosité : le don pour la vie.
Comment accepter la mort d’un être aimé alors que son cœur continue de battre ?
Simon est un jeune homme qui croque la vie à pleine dent, jusqu’à ce qu’un accident de la route le plonge en état de mort cérébrale.
Un choix s’impose alors : est-on suffisamment altruiste pour faire don de la vie ?
Ce roman est le premier que je lis de Maylis de Kerangal. Elle y traite d’un sujet très sensible : le don d’organe. Elle retrace le trajet d’un cœur, depuis son propriétaire, jusqu’à son receveur ; en passant par la famille, les amis, et tous les intervenants.
On est bouleversé par Simon, dont la vie s’achève, et par ses parents, confrontés à une si cruelle épreuve. Mais on est touché, également, par l’équipe soignante et par les receveurs.
Réparer les vivants est une lecture difficile mais qui apporte un regard d’ensemble sur un acte d’une infinie générosité : le don pour la vie.
lili78- Grand sage du forum
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Nombre de messages : 2660
Age : 52
Localisation : chez moi
Emploi/loisirs : Bibliothécaire / lecture, cuisine, jardinage, balades
Genre littéraire préféré : un peu de tout suivant mes humeurs
Date d'inscription : 14/10/2011
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