[Lovecraft, H.P. & Derleth, A.] Les papiers du Lovecraft club - Tome 4: L'ombre venue de l'espace

Je traînai le cercueil et son infernal contenu jusqu'au bûcher. Je regardai le feu consumer le tout ; j'entendis seul le hurlement strident, le glapissement de rage que les flammes crachèrent comme autant de blasphèmes. Toute la nuit, je regardai rougeoyer et décroître les cendres du bûcher. C'est alors qu'un chat noir apparu sur le seuil de ma porte et me lança un mauvais regard. Et je me souvins du sentier que j'avais suivi à travers le marais, des empreintes boueuses, de la fange sur mes souliers. Je me souvins du coup de griffe à mon poignet, du Livre Noir que j'avais signé... Je me tournai vers le chat tapi dans l'ombre et l'appelai doucement par son nom. Il s'approcha, s'assit sur son derrière. Je sortis mon revolver du tiroir du bureau et tirai posément. Le chat me regardait toujours. Pas un poil de sa moustache n'avait bougé.

A noter que les récits de ce recueil ont en fait été écrits par August Derleth à partir des notes laissés par Lovecraft avant sa mort, conformément à ses volontés testamentaires. N’étant pas suffisamment familière des écrits de Lovecraft, je ne peux pas dire si le style de l’auteur a été respecté. Ce que je peux dire, en revanche, c’est que l’ambiance y est sombre et angoissante à souhait.

Dès la première page tournée, la Terre n’est plus le foyer rassurant des l’espèce humaine mais le terrain de jeu, ou le champ de bataille, d’êtres antédiluviens, malveillants, et dont la nature même défie l’imagination, surgis des profondeurs de l’espace et du temps. Et l’Homme n’est plus le roi de la création (s’il l’a jamais été) mais le jouet de ces puissances et de leurs serviteurs.
Dans une ambiance onirique, faite de courses sans fin dans des labyrinthes mystiques, de plongées dans des dimensions indicibles, on frissonne avec les protagonistes qui découvrent, peu à peu, l’atroce réalité. L’intrigue devient alors clairement secondaire, car souvent transparente ou très linéaire. C’est l’une des faiblesses de ce recueil, l’autre étant que l’on tombe assez rapidement dans la répétition, la structure, les thèmes et les dénouements des différents récits se ressemblant toujours beaucoup.

Un recueil intéressant, donc, même s’il n’est pas indispensable.