[Rushdie, Salman] Les versets sataniques

Un livre dont je connaissais le titre, pour en avoir beaucoup entendu parler il y a une vingtaine d’années, mais que je n’avais jamais lu. L’occasion faisant le larron, il s’est glissé dans mon sac à l’occasion d’une brocante, et je ne le regrette pas.
Le pavé peut paraître indigeste : 752 pages, ce n’est pas rien. D’autant que l’on tombe, c’est le cas de le dire, dans l’intrigue dès la première ligne et que l’on met à peu près vingt pages à s’en remettre.

Une fois passé le premier choc, ou plutôt les premiers chocs - Qui sont ces gens ? Où sommes-nous ? Qu’est-ce qu’ils font ? Quel rapport avec les extraterrestre ? Où commence cette phrase ? Et finit cette autre ? Qui me parle ? - on rentre peu à peu dans l’histoire - compliquée - et dans l’univers - loufoque - de l’auteur avec une certaine délectation. On découvre des personnages improbables - un méchant attachant, un gentil insupportable - dans un monde à la fois réaliste et totalement irréel, où le surnaturel dérange plus qu’il étonne. Et on se délecte, à chaque ligne, à chaque pas, d’une fine allusion, d’une critique caustique, d’un jeu de mots que même la traduction ne parvient pas à affadir.
Quant à l’histoire, loin d’un récit linéaire, il s’agit de plusieurs destins, de plusieurs récits, se croisant, se mêlant, s’ouvrant sur des réflexions parfois difficiles et revenant essentiellement vers un thème : l’usage des mots, de la parole, du verbe, pour façonner le monde, en bien ou en mal.

A la fois profond et léger, cynique et joyeux, ce livre mérite décidément d’être lu.