[Mokeddem, Malika] Les Hommes qui marchent

Quatrième de couverture:

Derrière la dune, au-delà du Grand Erg occidental, c'est le désert, sa lumière aveuglante, sa chaleur et ses vents de sable, son ciel immense qu'ont oublié les citadins, les sédentaires. Mais aussi ceux qui ne marchent plus.

Zohra, hier nomade, a dû arrêter cette marche éternelle qui était sa raison de vivre, le contraire d'une errance. Avec une partie de son clan, elle s'est installée là, au pied de la dune, à la frontière des deux mondes, où elle est devenue l'inoubliable conteuse des temps anciens, le pilier de la sagesse et des traditions bédouines. Les nombreux enfants qui l'entourent l'écoutent, fascinés, entretenir la magie de la route du sel et des longues caravanes qui sillonnent le Sahara - tandis que l'Algérie bascule dans la guerre contre les roumis.

Sa petite-fille Leïla, l'une des premières jeunes filles de la tribune à maîtriser l'écriture, est aussi la plus rebelle à la condition de recluse qu'on veut lui réserver. Elle puisera dans ses racines nomades la force de s'opposer à son destin, au poids des coutumes d'un autre âge.

A travers ce roman, véritable chant d'amour à la gloire des femmes du désert et des sables, c'est toute l'histoire récente d'une jeune nation qui se dessine. Entre guerre d'indépendance et terreur d'aujourd'hui, entre libération et intégrisme, l'Algérie apparaît sous son jour le plus vrai et le plus romanesque : féminin et pluriel.

Mon avis:

J'ai adoré ce livre qui nous transporte en Algérie. Nous vivons la guerre d'Algérie, en retrouvant de grandes similitudes dans ce récit avec celui des résistants français.
Dans cette culture qui enferme les femmes, nous les suivons, ces femmes qui font leur pays.
Cette lecture mêle plusieurs sentiments, exotisme mais aussi révolte (comme quand on lit certains romans sur le Moyen-Age et les pratiques de l'époque). Certains personnages sont ambigus, tel Tayeb. En tant qu'homme Algérien, il se doit se contrôler les femmes (mère, femme, filles voir soeur, cousines...) qui sont chez lui. Il frappe sa femme. Mais en même temps, il ose refuser de marier sa fille lorsque les seins pointent pour qu'elle fasse des études. Alors certes ce n'est pas toujours de bon coeur, mais pour son pays et son époque, il est précurseur. Pourtant, comment aimer cet homme violent?
Malika Mokeddem dépeint son pays avec amour, du pays, de ses dunes mais aussi des gens qui le peuple. Que ce soit des roumis ou des Algériens, ce qui compte pour elle, c'est le coeur. Mais elle pointe aussi du doigt ses traditions qui l'étouffe et l'enferme.
Le seul bémol que je pourrais mettre sont les nombreux mots arabes. Alors, ils sont traduits une fois mais c'est un peu limite pour moi. J'en ai retenu quelques uns tel que grand-mère, oncle chéri, fils de... mais d'autre... Malgré tout, grâce à ça, on est encore plus en Algérie avec les personnages. J'aurais juste aimé un petit lexique à la fin (il n'y en a pas tant que ça).

Je vote très apprécié et j'ai hâte de lire le second volet: La transe des insoumis.

Merci Nisa, je l'ajoute à ma liste!