[Saramago, José] L'autre comme moi
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[Saramago, José] L'autre comme moi
Titre : L'autre comme moi
Auteur : José Saramago
Éditions : Points
Nombre de pages : 348
ISBN : 978-2-7578-4900-2
Date de parution 2005 Août 2014 pour cette édition
Quatrième de couverture
Tertuliano Máximo Afonso aperçoit dans un film son double parfait. Horrifié, il visionne d’autres vidéos qui confirment son intuition. Aidé de sa maîtresse, il part à la recherche d’António Claro, cet autre lui-même. Mais deux êtres semblables ne peuvent coexister… Et du désordre de l’identité naît la tragédie.
Traduit du portugais par Geneviève Leibrich
Mon avis
J'ai par curiosité recherché la définition du prénom que le héros de Saramago porte, il semble que "débatteur" soit sa traduction française. Ce qui ne m'a pas surpris. L'intrigue, partir à la recherche d'un "double", d'un "clone" peut-être est tout à fait passionnante. Le rencontrer, savoir ce qu'on partage, en lisant la quatrième de couverture, j'ai eu envie d'aller plus loin. Depuis ma lecture de "Caïn", je voulais aussi retrouver Saramago, Nobel de littérature 1998.
Le style est tout à fait surprenant, des dialogues non mis en forme, des phrases très longues, des digressions… Il m'a fallu une centaine de pages pour entrer totalement dans la tête de Tertuliano, ou plutôt de Saramago…J'ai du relire, revenir sur certaines pages, me demandant ce que j'avais pu rater…Puis la magie a opéré, j'ai eu envie de poursuivre cette aventure. Les digressions m'ont fait sourire, étonnée, enrichie aussi…
J'ai particulièrement aimé quand au cours d' une réunion, notre professeur d'histoire pose cette question "À mon avis, dit-il, la seule option valable, la seule décision sérieuse qu'il conviendrait de prendre en ce qui concerne la connaissance de l'Histoire serait de déterminer si nous l'enseignerons d'arrière en avant ou, comme je le pense d'avant en arrière…etc.". C'est aussi ce genre de pensée qui a donné à ma lecture une toute autre dimension.
Pour conclure, il a fallu que je fasse un effort pour entrer dans ce roman, mais l'effort a été récompensé par le plaisir éprouvé une fois la musique, le tempo mis en place.
Je remercie Partage lecture et les éditions Points pour ce partenariat.
Les lectures de Joëlle.
Dernière édition par joëlle le Lun 17 Avr 2023 - 11:32, édité 1 fois
joëlle- Modérateur
-
Nombre de messages : 9709
Localisation : .
Date d'inscription : 30/09/2013
Re: [Saramago, José] L'autre comme moi
Mon avis:
Je suis très partagée sur ce livre, d'un auteur que je connaissais pas, et qui a (tout de même) obtenu le prix Nobel de littérature en 1998.
Je pense que j'essaierais de découvrir d'autres livres de cet auteur, pour savoir si la forme est identique ou s'il ne s'agit que d'une particularité attribuée à ce roman. Je reste épuisée par la lecture mais rassasiée par le fond, une histoire bien menée, sans évidences et qui résonne après l'avoir lue.
Merci au forum et aux éditions Points pour cette désarmante et puissante découverte.
Ma note:6.5/10
Je suis très partagée sur ce livre, d'un auteur que je connaissais pas, et qui a (tout de même) obtenu le prix Nobel de littérature en 1998.
Nous suivons l'histoire de Tertuliano Màximo Afonso, professeur d'histoire, dépressif, divorcé et froid avec sa petite amie actuelle, Maria sa Paz, qui, sous le conseil de son collègue, visionne un film et découvre qu'un figurant est son sosie parfait. S'en suit une quête de cet homme qui le mènera dans la pénombre la plus opaque.On rencontre toujours, immanquablement, tôt ou tard, un de ces esprits forts que les faiblesses humaines, surtout les plus subtiles, font rire aux éclats. Certains sons inarticulés qui nous sortent parfois involontairement de la bouche ne sont en vérité que les gémissements irrépressibles d'une douleur ancienne qui se rappelle soudain à nous, à l'instar d'une cicatrice.
Le côté positif de ce roman c'est l'écriture, riche, belle et orale; c'est l'utilisation d'un fait déjà abordé dans l'art -la duplicité d'un être humain- avec brio; c'est la crainte de ce qui pourrait suivre mais qui n'arrive pas, la détente qui nous envahit alors que la sentence ressurgit. Il y a des réflexions superbes sur la vie, notamment par le biais de l'apparition du sens commun et avec les nombreuses digressions de l'auteur, qui sont à relever.L'on ne répétera jamais assez cette autre banalité qui veut que les petites causes produisent parfois de grands effets.
D'où le côté négatif: ces fameuses digressions alourdissent le récit, en tout cas, demandent une attention poussée pour ne pas se perdre dans les idées. Les phrases sont (extrêmement) longues, et doivent être lues comme si l'on bavardait sinon on ne peut pas maîtriser le flux des mots. L'auteur ne fait pas de paragraphes, les phrases font bloc, ce qui rend la lecture régulièrement éprouvante. Je trouve que le scénario est, avec une certaine tension, trop long a démarrer, finalement les deux premiers tiers n'ont pas la même force que la suite. Peut être cela fait-il partie de la montée en crescendo, montée réussie à ce titre. La narration nous inclut puisque le narrateur parle à la première personne du pluriel, comme si nous assistions en temps réel aux événements, et que, lorsqu'il fait une parenthèse dans le récit, nous manquions l'action en cours.Si l'astre-roi avait porté le nom de Sens Commun l'esprit humain serait aujourd'hui bien plus éclairé, de jour comme de nuit, car personne n'ignore que ce que nous disons être la lumière de la lune ne vient pas de la lune, mais toujours et uniquement du soleil. Il y a tout lieu de penser que si les cosmogonies conçues depuis la naissance du langage et de la parole ont été si nombreuses, c'est par ce que toutes autant qu'elles sont, les unes après les autres, ont échoué lamentablement, ce qui n'augure rien de bon de celle qui, à quelques variations près, nous régit par consensus.
Je pense que j'essaierais de découvrir d'autres livres de cet auteur, pour savoir si la forme est identique ou s'il ne s'agit que d'une particularité attribuée à ce roman. Je reste épuisée par la lecture mais rassasiée par le fond, une histoire bien menée, sans évidences et qui résonne après l'avoir lue.
Merci au forum et aux éditions Points pour cette désarmante et puissante découverte.
Ma note:6.5/10
Invité- Invité
Re: [Saramago, José] L'autre comme moi
merci Joëlle et Anaïs pour ces présentations, un film que j'aurai aimé voir au cinéma
Pinky- Grand sage du forum
-
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Emploi/loisirs : Educatrice spécialisée, peinture, dessin, bricolage, ballade, baignade, tricot, couture
Genre littéraire préféré : Je lis de tout en littérature mais j'ai beaucoup de mal avec les policiers... j'en lis 1 ou 2 dans l
Date d'inscription : 04/06/2008
Re: [Saramago, José] L'autre comme moi
Et bien cet Autre comme moi n'aura pas fait long feu ! Merci à Partage Lecture et aux éditions Points pour cette lecture.
Après avoir lu il y a quelques années La lucidité, j'avais très envie d'explorer le reste de l’œuvre de José Saramago.
Je m'étais donc déjà confrontée à son écriture si particulière. Profusion de virgules, dialogues rapportés au fil de l'eau, apartés du narrateur : le texte est dense et exige de la concentration. L'apparition du sens commun, ce savoir populaire qui s'incarne de temps en temps pour faire la leçon au héros, constitue une autre bizarrerie.
Est-ce pour qu'on ait le temps de s'habituer à son style que l'auteur fait progresser l'intrigue si lentement au début du livre ? En tous cas, pendant la première centaine de pages, il y a assez peu d'action. Le héros, professeur d'histoire déprimé, se découvre un sosie et décide - bravant les conseils du sens commun - de partir à sa recherche. Pendant cette première moitié du livre, nous faisons plus ample connaissance avec lui, découvrant ses théories sur l'éducation, ses relations sentimentales.
D'un coup, ensuite, tout s'accélère. Cela devient alors difficile, pour ne pas dire inenvisageable, de lâcher le livre. L'intrigue est par construction symétrique puisqu'elle met en jeu deux personnages en tous points identiques, mais les renversements de situation s'enchaînent. Le héros et son double sont jeunes, ils n'ont pas 40 ans, mais ils semblent si convaincus que leur coexistence est impossible qu'une fin violente semble inéluctable, et qu'on attend le cœur battant le dénouement d'une situation qui, si l'on y réfléchit, pourrait tout aussi bien demeurer telle quelle pendant des décennies.
Jusqu'à cette fin que je ne dévoilerai pas pour ne pas gâcher le plaisir des futur lecteurs, mais ... quelle fin ! Ce n'est pas une fin en queue de poisson et pourtant elle éveille mille questions, qui donnent envie de formuler des hypothèses et reprendre le livre au début pour voir si elles tiennent debout.
Ce livre a inspiré au réalisateur Denis Villeneuve le film Enemy, sorti en 2013. Pour ma part, je pense que je ne le visionnerai pas de sitôt, car le roman m'a laissé une impression trop forte, mais j'imagine que cette histoire est un scénario de rêve pour le cinéma.
Bref, ce livre a été un très beau moment de lecture, même si j'ai préféré La lucidité pour sa dimension politique.
Après avoir lu il y a quelques années La lucidité, j'avais très envie d'explorer le reste de l’œuvre de José Saramago.
Je m'étais donc déjà confrontée à son écriture si particulière. Profusion de virgules, dialogues rapportés au fil de l'eau, apartés du narrateur : le texte est dense et exige de la concentration. L'apparition du sens commun, ce savoir populaire qui s'incarne de temps en temps pour faire la leçon au héros, constitue une autre bizarrerie.
Est-ce pour qu'on ait le temps de s'habituer à son style que l'auteur fait progresser l'intrigue si lentement au début du livre ? En tous cas, pendant la première centaine de pages, il y a assez peu d'action. Le héros, professeur d'histoire déprimé, se découvre un sosie et décide - bravant les conseils du sens commun - de partir à sa recherche. Pendant cette première moitié du livre, nous faisons plus ample connaissance avec lui, découvrant ses théories sur l'éducation, ses relations sentimentales.
D'un coup, ensuite, tout s'accélère. Cela devient alors difficile, pour ne pas dire inenvisageable, de lâcher le livre. L'intrigue est par construction symétrique puisqu'elle met en jeu deux personnages en tous points identiques, mais les renversements de situation s'enchaînent. Le héros et son double sont jeunes, ils n'ont pas 40 ans, mais ils semblent si convaincus que leur coexistence est impossible qu'une fin violente semble inéluctable, et qu'on attend le cœur battant le dénouement d'une situation qui, si l'on y réfléchit, pourrait tout aussi bien demeurer telle quelle pendant des décennies.
Jusqu'à cette fin que je ne dévoilerai pas pour ne pas gâcher le plaisir des futur lecteurs, mais ... quelle fin ! Ce n'est pas une fin en queue de poisson et pourtant elle éveille mille questions, qui donnent envie de formuler des hypothèses et reprendre le livre au début pour voir si elles tiennent debout.
Ce livre a inspiré au réalisateur Denis Villeneuve le film Enemy, sorti en 2013. Pour ma part, je pense que je ne le visionnerai pas de sitôt, car le roman m'a laissé une impression trop forte, mais j'imagine que cette histoire est un scénario de rêve pour le cinéma.
Bref, ce livre a été un très beau moment de lecture, même si j'ai préféré La lucidité pour sa dimension politique.
Re: [Saramago, José] L'autre comme moi
à vous pour ces avis, pas une lecture de vacances
Invité- Invité
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