[Martinez, Carole] La terre qui penche
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[Martinez, Carole] La terre qui penche
[Martinez, Carole] La terre qui penche
[Martinez, Carole]
La terre qui penche
Galimard 20 août 2015
ISBN 978-2 0701 4992 6
Quatrième de couverture
Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent…. L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend…..Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais? ….Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois.
Ma petite chronique
Deux voix dans ce roman, l’une est une petite fille, l’autre est la vieille âme, qui partagent la même tombe, ensemble elles nous disent : Nous sommes mortes à l’âge de douze ans et depuis j’ai vieilli, infiniment, à regarder le monde sans en être…Nous retrouvons ce que fut l’univers de la petite fille, cela avec des textes ou la petite fille revit avec sa voix mélodieuse sa courte existence, tandis que la vieille âme n’est qu’émerveillement en l’écoutant se raconter au présent et lui dit : Si je me souviens de ma vie charnelle, c’est grâce à toi, mon enfance, ton sommeil nous protège de l’oubli. Et oui, dit la fillette, je dois me méfier de ces souvenirs qui n’en sont pas, il se peut que je m’invente une mémoire, que, n’ayant plus ni aiguille, ni tissus, ni mains, j’aie brodé cette histoire dans mon esprit, puisque c’est tout ce qu’il me reste. Il est terrible de vieillir par-delà la vie et de ne plus parvenir à démêler le vrai du faux, réplique la vieille âme…
Mon avis
Que l’on ne s’y trompe pas, ce roman n’est pas triste, bien sûr on y retrouve un univers singulier à la limite du rêve, de la magie côtoyant la violence, une certaine truculence, l’enfance dans l’imaginaire, une belle écriture poétique et somptueuse. Le lecteur se trouve au carrefour imaginaire de l’au-delà et du monde des vivants. Lors de ma lecture, j’ai rêvé et imaginé et me suis sentie bien sur cette terre qui penche….5/5
La terre qui penche
Galimard 20 août 2015
ISBN 978-2 0701 4992 6
Quatrième de couverture
Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent…. L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend…..Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais? ….Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois.
Ma petite chronique
Deux voix dans ce roman, l’une est une petite fille, l’autre est la vieille âme, qui partagent la même tombe, ensemble elles nous disent : Nous sommes mortes à l’âge de douze ans et depuis j’ai vieilli, infiniment, à regarder le monde sans en être…Nous retrouvons ce que fut l’univers de la petite fille, cela avec des textes ou la petite fille revit avec sa voix mélodieuse sa courte existence, tandis que la vieille âme n’est qu’émerveillement en l’écoutant se raconter au présent et lui dit : Si je me souviens de ma vie charnelle, c’est grâce à toi, mon enfance, ton sommeil nous protège de l’oubli. Et oui, dit la fillette, je dois me méfier de ces souvenirs qui n’en sont pas, il se peut que je m’invente une mémoire, que, n’ayant plus ni aiguille, ni tissus, ni mains, j’aie brodé cette histoire dans mon esprit, puisque c’est tout ce qu’il me reste. Il est terrible de vieillir par-delà la vie et de ne plus parvenir à démêler le vrai du faux, réplique la vieille âme…
Mon avis
Que l’on ne s’y trompe pas, ce roman n’est pas triste, bien sûr on y retrouve un univers singulier à la limite du rêve, de la magie côtoyant la violence, une certaine truculence, l’enfance dans l’imaginaire, une belle écriture poétique et somptueuse. Le lecteur se trouve au carrefour imaginaire de l’au-delà et du monde des vivants. Lors de ma lecture, j’ai rêvé et imaginé et me suis sentie bien sur cette terre qui penche….5/5
lalyre- Grand sage du forum
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Re: [Martinez, Carole] La terre qui penche
J'ai du mal à comprendre... Ce récit parle en quelque sorte de " la réincarnation " ou du vécu intérieur d'un fantôme ?
Hortensia- Grand sage du forum
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Re: [Martinez, Carole] La terre qui penche
- Spoiler:
- Je dirai que cela peut-être l'un et l'autre puisque la vieille âme est celle de la petite fille morte à douze ans
lalyre- Grand sage du forum
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Hortensia- Grand sage du forum
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Re: [Martinez, Carole] La terre qui penche
Mon avis
Comme dans son précédent roman Du Domaine des Murmures, Carole Martinez nous entraîne dans cette région de l'est de la France où la terre penche : dans ce même château des Murmures situé au bord de la Loue, sur les coteaux abrupts où pousse la vigne, non loin de Mouthier. Cette fois-ci nous sommes deux cents ans plus tard, au XIVème siècle. Blanche a douze ans et son père la conduit chez son futur époux Aymon, guère plus âgé qu'elle. La noce aura lieu dans deux ans et d'ici là, Blanche sera éduquée au côté du garçon ; elle apprendra à lire et à écrire, ce que son père lui a toujours refusé car " (le) diable ...entre dans les âmes des filles qui savent lire". Une fois la surprise passée quand elle s'apercevra qu'Aymon est simple d'esprit, elle va vite éprouver beaucoup d'amitié et de tendresse pour ce garçon étrange qui se prend tantôt pour un oiseau, tantôt pour un poisson. Elle va vite se trouver à sa place dans ce foyer où elle se sent aimée, où elle peut assouvir ses besoins d'apprendre et où elle jouit d'une grande liberté.
Mais Blanche est morte à l'âge de douze ans. C'est elle qui nous raconte au présent sa vie de petite fille comme elle l'a vécue, avec ses propres souvenirs. Mais son âme continue à vieillir au fil des siècles, elle a pris du recul avec tous ces événements, elle est devenue "la vieille âme". Elle aussi veut faire entendre sa voix et son récit alterne avec celui de la petite fille pour nous livrer une image d'ensemble de cette vie.
J'avais déjà beaucoup aimé Du Domaine des Murmures, j'ai encore plus aimé La Terre qui penche. Carole Martinez nous entraîne ici dans un monde qui oscille sans cesse entre la réalité et le fantastique. Un monde où la peste décime les population, où les serfs souffrent, où les petites filles n'ont pas leur mot à dire sur leur avenir de femme, mais où on peut voir courir les loups de sable du blason dans la forêt, rire les fantômes des fillettes victimes de l'ogre, où l'on peut rencontrer la Vouivre et se réfugier dans la maison de la cuisinière, dans un autre univers, là où personne ne pourra nous trouver. Les personnages sont pour la plupart doux et attachants. On voyage dans le temps et dans l'espace autant que dans l'imaginaire, porté par l'écriture à la fois poétique et magique de l'auteure.
Comme dans son précédent roman Du Domaine des Murmures, Carole Martinez nous entraîne dans cette région de l'est de la France où la terre penche : dans ce même château des Murmures situé au bord de la Loue, sur les coteaux abrupts où pousse la vigne, non loin de Mouthier. Cette fois-ci nous sommes deux cents ans plus tard, au XIVème siècle. Blanche a douze ans et son père la conduit chez son futur époux Aymon, guère plus âgé qu'elle. La noce aura lieu dans deux ans et d'ici là, Blanche sera éduquée au côté du garçon ; elle apprendra à lire et à écrire, ce que son père lui a toujours refusé car " (le) diable ...entre dans les âmes des filles qui savent lire". Une fois la surprise passée quand elle s'apercevra qu'Aymon est simple d'esprit, elle va vite éprouver beaucoup d'amitié et de tendresse pour ce garçon étrange qui se prend tantôt pour un oiseau, tantôt pour un poisson. Elle va vite se trouver à sa place dans ce foyer où elle se sent aimée, où elle peut assouvir ses besoins d'apprendre et où elle jouit d'une grande liberté.
Mais Blanche est morte à l'âge de douze ans. C'est elle qui nous raconte au présent sa vie de petite fille comme elle l'a vécue, avec ses propres souvenirs. Mais son âme continue à vieillir au fil des siècles, elle a pris du recul avec tous ces événements, elle est devenue "la vieille âme". Elle aussi veut faire entendre sa voix et son récit alterne avec celui de la petite fille pour nous livrer une image d'ensemble de cette vie.
J'avais déjà beaucoup aimé Du Domaine des Murmures, j'ai encore plus aimé La Terre qui penche. Carole Martinez nous entraîne ici dans un monde qui oscille sans cesse entre la réalité et le fantastique. Un monde où la peste décime les population, où les serfs souffrent, où les petites filles n'ont pas leur mot à dire sur leur avenir de femme, mais où on peut voir courir les loups de sable du blason dans la forêt, rire les fantômes des fillettes victimes de l'ogre, où l'on peut rencontrer la Vouivre et se réfugier dans la maison de la cuisinière, dans un autre univers, là où personne ne pourra nous trouver. Les personnages sont pour la plupart doux et attachants. On voyage dans le temps et dans l'espace autant que dans l'imaginaire, porté par l'écriture à la fois poétique et magique de l'auteure.
Invité- Invité
Re: [Martinez, Carole] La terre qui penche
Lu dans le cadre du challenge PL 2016/2017
J'ai commencé par presque détester ce roman, je me suis vraiment forcée pour avancer, ligne après ligne, page après page.
L'écriture est magnifique mais très lourde pour moi, j'avais l'impression d'étouffer. Le début est bien plus sombre que la fin, certaines choses révoltantes sont décrites sans s'y attarder.
Pour l'écriture, encore une fois, magnifique (c'est le genre de livre où vous auriez envie de faire une citation par page, ce qui est bien... mais trop), j'ai continué et à un moment, mon rythme s'est accéléré. Lecture plus légère ? Habituée désormais à ce style si particulier ?
Je ne sais pas, mais j'en suis venue à bout, presque avec du plaisir à la fin.
Je vote moyennement apprécié.
J'ai commencé par presque détester ce roman, je me suis vraiment forcée pour avancer, ligne après ligne, page après page.
L'écriture est magnifique mais très lourde pour moi, j'avais l'impression d'étouffer. Le début est bien plus sombre que la fin, certaines choses révoltantes sont décrites sans s'y attarder.
Pour l'écriture, encore une fois, magnifique (c'est le genre de livre où vous auriez envie de faire une citation par page, ce qui est bien... mais trop), j'ai continué et à un moment, mon rythme s'est accéléré. Lecture plus légère ? Habituée désormais à ce style si particulier ?
Je ne sais pas, mais j'en suis venue à bout, presque avec du plaisir à la fin.
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Dernière édition par Nisa le Lun 19 Sep 2016 - 5:16, édité 1 fois
Re: [Martinez, Carole] La terre qui penche
Lecture dans le cadre du challenge partage lecture 2016/2017
Je rejoins totalement l'avis de Nisa... c'est très bien écrit avec beaucoup de poésie et d'images mais c'est pour moi le seul point positif de cette lecture. je n'ai pas été sensible à l'univers mystique développé, ni à l'histoire, ni enfin à l'atmosphère pesante qui s'en dégage. En quelques mots, ce fût un lecture laborieuse pour moi, je le crains.
Je vote "moyennement apprécié" mais tout juste.
ma note : 4/10
Je rejoins totalement l'avis de Nisa... c'est très bien écrit avec beaucoup de poésie et d'images mais c'est pour moi le seul point positif de cette lecture. je n'ai pas été sensible à l'univers mystique développé, ni à l'histoire, ni enfin à l'atmosphère pesante qui s'en dégage. En quelques mots, ce fût un lecture laborieuse pour moi, je le crains.
Je vote "moyennement apprécié" mais tout juste.
ma note : 4/10
Fleya- Grand expert du forum
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Re: [Martinez, Carole] La terre qui penche
Lu dans le cadre du challenge partage lecture 2016/2017 :
Et bien tout comme Fleya je rejoins l'avis de Nisa. Belle écriture mais j'ai cru que je n'arriverais pas à le finir, au début je lisais seulement 4-5 pages tellement cela me plaisait peu. Puis j'ai quand eu envie de savoir la suite quand j'ai eu atteint le milieu du roman. Pourtant j'aime bien le côté mystique mais vraiment j'ai eu du mal à accrocher.
Je ne pense pas que je lirai un autre livre de cette auteur.
J'ai voté moyennement apprécié.
Et bien tout comme Fleya je rejoins l'avis de Nisa. Belle écriture mais j'ai cru que je n'arriverais pas à le finir, au début je lisais seulement 4-5 pages tellement cela me plaisait peu. Puis j'ai quand eu envie de savoir la suite quand j'ai eu atteint le milieu du roman. Pourtant j'aime bien le côté mystique mais vraiment j'ai eu du mal à accrocher.
Je ne pense pas que je lirai un autre livre de cette auteur.
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plume44- Grand expert du forum
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Re: [Martinez, Carole] La terre qui penche
Lu dans le cadre du challenge PL 2016/2017
Je fais partie des lectrices qui ont moyennement apprécié ce livre.
Dès le début l'écriture m'a heurtée, lourde, ampoulée, j'ai pourtant vaillamment continué avec la petite fille et la vieille âme, mais je n'ai pu entrer dans l'histoire.
J'ai pourtant apprécié certaines descriptions, la vie au XIVè siècle qui me rend mon siècle si doux par comparaison.
La description de la condition féminine si difficile, elles n'étaient que des objets reproducteurs, et pourtant par moment l'amour tout de même est là. Et une certaine révolte féminine tout de même.
Les superstitions qui s'invitent à chaque page, comme "le filou, le malin" si présent.
Le récit a deux voix, un récit fantastique ou la rivière Loue, la forêt, l'ogre, les êtres monstrueux le peuple.
Mais ce n'est vraiment pas pour moi une découverte d'auteur....Ni un coup de cœur comme j'en ai eu dans ce challenge.
Je vote moyennement apprécié. 5/10
Je fais partie des lectrices qui ont moyennement apprécié ce livre.
Dès le début l'écriture m'a heurtée, lourde, ampoulée, j'ai pourtant vaillamment continué avec la petite fille et la vieille âme, mais je n'ai pu entrer dans l'histoire.
J'ai pourtant apprécié certaines descriptions, la vie au XIVè siècle qui me rend mon siècle si doux par comparaison.
La description de la condition féminine si difficile, elles n'étaient que des objets reproducteurs, et pourtant par moment l'amour tout de même est là. Et une certaine révolte féminine tout de même.
Les superstitions qui s'invitent à chaque page, comme "le filou, le malin" si présent.
Le récit a deux voix, un récit fantastique ou la rivière Loue, la forêt, l'ogre, les êtres monstrueux le peuple.
Mais ce n'est vraiment pas pour moi une découverte d'auteur....Ni un coup de cœur comme j'en ai eu dans ce challenge.
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Re: [Martinez, Carole] La terre qui penche
J'ai tant aimé "Du domaine des murmures" et "Le coeur cousu" que c'est sans hésiter que j'ai plongé dans ce roman, retrouvant avec bonheur l'écriture poétique de Carole Martinez.
Petite fille ou vieille âme, la vie et le souvenir!
Il y a de la magie dans ce récit… Les personnages sont tous atypiques… La beauté des lieux bien décrite.
Les lectures de Joëlle.
Petite fille ou vieille âme, la vie et le souvenir!
Il y a de la magie dans ce récit… Les personnages sont tous atypiques… La beauté des lieux bien décrite.
Les lectures de Joëlle.
joëlle- Modérateur
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Re: [Martinez, Carole] La terre qui penche
Quand elle est morte en 1361, Blanche n’avait que douze ans. Le récit de son existence nous parvient au travers de deux voix réunies dans la même tombe, celle de l’enfant qu’elle fut et qui se raconte au présent, avec la vivacité fraîche et naïve du jeune âge, et celle de la vieille âme qu’elle est devenue de nos jours, son fantôme lesté d’une sagesse de six cents ans et qui, se souvenant de ce passé consécutif à une terrible épidémie de peste, lui donne une perspective évocatrice du long et difficile chemin parcouru par l’humanité au travers des siècles.
Privée dès le plus jeune âge de sa mère, morte de la pestilence qui, succédant à la Guerre de Cent ans au mitan du XIVe siècle, a emporté une personne sur trois et vidé en quelques années le pays de ses forces vives, Blanche ne connaît que l’autorité brutale d’un père rendu plus paillard et soudard encore par sa puissance seigneuriale. Elle qui rêve tant d’apprendre à lire et de courir librement comme les garçons de son âge – toutes actions interdites au sexe faible et déraisonnable qu’il faut préserver de ses penchants pervers – se retrouve à onze ans arrachée à ses sœurs et emmenée dans un fief voisin, au château des Murmures, y faire son apprentissage de promise au doux mais débile Aymon.
L’imagination et le fort tempérament de Blanche colorent son récit, par ailleurs d’une grande précision historique, d’une magie onirique empruntant au conte merveilleux et à la fable fantastique qui, alliée à une langue poétique d’une envoûtante beauté, ensorcelle le lecteur sitôt la lisière des premières pages franchies et son étonnement enjambé. Et tandis qu’autour de cette période charnière, frappée d’une crise d’une telle ampleur qu'entre mauvaises conditions climatiques, famines, épidémies, razzias dévastatrices perpétrées par les grandes compagnies – ces bandes de mercenaires privés d’employeurs par la fin de la guerre –, elle devait sonner la mort du Moyen Age et le début d’un long processus de sortie de la féodalité, tandis donc que les regards de Blanche enfant et de Blanche vieille âme se renvoient en miroir ce qu’elles furent et ce qu’elles devinrent, c’est toute l’évolution du pays qui transparaît métaphoriquement, entre l’époque médiévale, son ignorance, ses peurs et ses superstitions pleines de magie, et celle d’aujourd’hui, plus rationnelle mais nostalgique de sa fantaisie perdue.
Traversé par les grandes peurs primitives liées à la mort et peuplé de figures, ogres ou fées, directement inspirées de l’imaginaire des contes et des légendes, le récit fait aussi la part belle à cette terre franc-comtoise qui penche de toute la hauteur de ses coteaux en terrasses, péniblement façonnés au détour d’épaisses forêts, en surplomb de la Loue, cette rivière-femme aussi traîtresse qu’enchanteresse qui avale les hommes venus s’y mirer. Un livre d’une grande richesse historique et poétique, au charme si puissant qu’il vous laisse éperdu d’admiration pour son écriture si imaginative et si belle. Au-delà du coup de coeur. (6/5)
Privée dès le plus jeune âge de sa mère, morte de la pestilence qui, succédant à la Guerre de Cent ans au mitan du XIVe siècle, a emporté une personne sur trois et vidé en quelques années le pays de ses forces vives, Blanche ne connaît que l’autorité brutale d’un père rendu plus paillard et soudard encore par sa puissance seigneuriale. Elle qui rêve tant d’apprendre à lire et de courir librement comme les garçons de son âge – toutes actions interdites au sexe faible et déraisonnable qu’il faut préserver de ses penchants pervers – se retrouve à onze ans arrachée à ses sœurs et emmenée dans un fief voisin, au château des Murmures, y faire son apprentissage de promise au doux mais débile Aymon.
L’imagination et le fort tempérament de Blanche colorent son récit, par ailleurs d’une grande précision historique, d’une magie onirique empruntant au conte merveilleux et à la fable fantastique qui, alliée à une langue poétique d’une envoûtante beauté, ensorcelle le lecteur sitôt la lisière des premières pages franchies et son étonnement enjambé. Et tandis qu’autour de cette période charnière, frappée d’une crise d’une telle ampleur qu'entre mauvaises conditions climatiques, famines, épidémies, razzias dévastatrices perpétrées par les grandes compagnies – ces bandes de mercenaires privés d’employeurs par la fin de la guerre –, elle devait sonner la mort du Moyen Age et le début d’un long processus de sortie de la féodalité, tandis donc que les regards de Blanche enfant et de Blanche vieille âme se renvoient en miroir ce qu’elles furent et ce qu’elles devinrent, c’est toute l’évolution du pays qui transparaît métaphoriquement, entre l’époque médiévale, son ignorance, ses peurs et ses superstitions pleines de magie, et celle d’aujourd’hui, plus rationnelle mais nostalgique de sa fantaisie perdue.
Traversé par les grandes peurs primitives liées à la mort et peuplé de figures, ogres ou fées, directement inspirées de l’imaginaire des contes et des légendes, le récit fait aussi la part belle à cette terre franc-comtoise qui penche de toute la hauteur de ses coteaux en terrasses, péniblement façonnés au détour d’épaisses forêts, en surplomb de la Loue, cette rivière-femme aussi traîtresse qu’enchanteresse qui avale les hommes venus s’y mirer. Un livre d’une grande richesse historique et poétique, au charme si puissant qu’il vous laisse éperdu d’admiration pour son écriture si imaginative et si belle. Au-delà du coup de coeur. (6/5)
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