[Benameur, Jeanne] Otages intimes

Otages intimes / Jeanne Benameur, Ed Actes Sud, 176 p.


Description de l'éditeur : Photographe de guerre, Etienne a toujours su aller au plus près du danger pour porter témoignage. En reportage dans une ville à feu et à sang, il est pris en otage. Quand enfin il est libéré, l'ampleur de ce qu'il lui reste à ré-apprivoiser le jette dans un nouveau vertige, une autre forme de péril. De retour au village de l'enfance, auprès de sa mère, il tente de reconstituer le cocon originel, un centre duquel il pourrait reprendre langue avec le monde. Au contact d'une nature sauvage, familière mais sans complaisance, il peut enfin se laisser retraverser par les images du chaos. Dans ce progressif apaisement, se reforme le trio de toujours. Il y a Enzo, le fils de l'Italien, l'ami taiseux qui travaille le bois et joue du violoncelle. Et Jofranka, l'ex petite fille abandonnée, avocate à La Haye, qui aide les femmes victimes de guerres à trouver le courage de témoigner. Ces trois-là se retrouvent autour des gestes suspendus du passé, dans l'urgence de la question cruciale : quelle est la part d'otage en chacun de nous ? De la fureur au silence, Jeanne Benameur habite la solitude de l'otage après la libération. Otages intimes trace les chemins de la liberté vraie, celle qu'on ne trouve qu'en atteignant l'intime de soi.

Mon avis : Lire un livre de Jeanne Benameur c’est accepter de se laisser transporter par l’écriture, quelque soit le sujet qu’elle aborde. C’est toujours beaucoup de sensibilité et d’émotion, le tout porté par une jolie écriture, poétique même parfois. C’est encore le cas avec “Otages intimes”. Ici c’est l’histoire d’Etienne qui nous est contée. Photographe de guerre, après des mois passés comme otage, il est enfin libéré et cette libération qui devrait n’être que joie n’est pas si simple... Etienne se questionne sur lui, sur ce qu’il a vu, sur le sens de sa vie. Comment peut-on se reconstruire après une telle épreuve ? Etienne commence par rentrer au pays, dans la maison de sa mère, dans le bureau de son père disparu, avec son ami Enzo, l’ami de toujours puis avec Jofrenka, la troisième de leur trio d’enfance. On suit Etienne, mais on suit également ceux qui lui sont proches, on rentre dans leurs pensées et ils nous accompagnent bien après la dernière page. Un joli petit récit.

Merci pour ta critique, yaki.
Tu sembles bien connaitre cet auteur. Quel livre d'elle as-tu préféré ?

Merci Yaki, encore un beau livre que je note

Zia a écrit:Merci pour ta critique, yaki.
Tu sembles bien connaitre cet auteur. Quel livre d'elle as-tu préféré ?

Je pense que mon préféré est Profanes (et celui que j'ai le moins aimé c'est Reliques, j'ai eu plus de mal à rentrer dans l'univers des personnages...).

Merci Yaki pour ta critique  

Pour ma première lecture d'un écrit de Jeanne Benameur j'ai été bouleversée et je me suis beaucoup interrogée.
En effet, que sait-on de la vie d'un otage après sa libération ? Rien
Jeanne Benameur en nous contant le retour d'Etienne après une captivité, un enfermement de plusieurs mois nous amène à nous questionner au plus profond de nous-mêmes.
L'enfermement physique de ce photographe de guerre a laissé place à l'enfermement mental, emprisonnant les mots du ressenti.
Sa reconstruction sera longue et difficile, malgré la présence de ses proches amis de son enfance et le retour dans son village où tout lui parle pourtant.

Je ne connaissais pas le style de Jeanne Benameur mais je n'ai qu'une hâte c'est de parcourir des yeux ses mots si joliment alignés.

Etienne est photographe de guerre, il aime montrer la réalité à travers ses images, il aime capter ce petit moment qu’il est seul à voir pour le transmettre. C’est dans cette situation qu’il est enlevé et gardé captif pendant une longue période. A sa libération, il retrouve son pays natal, sa mère, ses proches. Mais après la libération il faut se reconstruire, pour redevenir humain et retrouver sa place.

Otage intime est un roman très intéressant, il décrit la captivité, avec ses peurs, ses doutes, sa déshumanisation, puis le bonheur, l’euphorie de la libération, et enfin le retour à la vie, comment reprendre pied et retrouver sa place dans la société. Combat difficile puisqu’il est semé d’angoisses et de questionnement.

L’écriture de Jeanne Benameur est très belle.
J’ai beaucoup aimé ce retour aux sources salvateur, ce trio d’amis et cette mère, toujours présente, mais dans l’ombre, en toute discrétion.