[Soljénitsyne, Alexandre] L'Archipel du goulag
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[Soljénitsyne, Alexandre] L'Archipel du goulag
L'archipel du Goulag 1918-1956 : Essai d'investigation littéraire. Edition abrégée.
• Auteur Alexandre Soljénitsyne
• Editeur Points
• Date de parution 05/06/2014
• Collection Points
• EAN 978-2757843260
• ISBN 2757843265
900 pages.
4ème de couverture -
Immense fresque de l'univers concentrationnaire soviétique, l'Archipel du Goulag a été écrit dans la clandestinité. Les milliers de lettres et témoignages reçus par Alexandre Soljénitsyne après la publication de son roman, "une journée d'Ivan Denissovitch" constituent la base de cette oeuvre, qu'il qualifie d'" investigation littéraire " ; ces documents font de lui le dépositaire du malheur de tout un peuple. Secrètement sorti d'URSS, ce texte explosif suscite, lors de sa parution en Occident en 1974, une prise de conscience des réalités du régime soviétique. Alexandre Soljénitsyne, magistral chroniqueur, redonne une voix aux détenus du Goulag, cet " archipel " où des millions de zeks sont morts.
Mon avis :
Pas facile d’écrire mon avis sur ce livre, il est tellement touffu et complexe. Je veux dire le livre. Mais mon avis l’est aussi. Dix fois, j’ai failli abandonner ma lecture, dix fois je me suis acharnée.
Au début, j’ai été vraiment déçue. J’attendais de découvrir le quotidien des prisonniers politiques. De nombreux passages, poignants d’ailleurs traitent ce sujet. Malheureusement, une large part du texte est destinée à convaincre l’occident de l’horreur de la réalité soviétique, ce dont maintenant nous sommes pratiquement tous convaincus. Ces passages m’ont donc semblé longs et inutiles.
Dans d’autres parties, l’auteur compare à longueur de pages l’histoire de la Russie au début du XXème siècle avec celle d’autres pays. Soljénitsyne s’acharne à démontrer que rien n’a pu être pire. Je le crois volontiers, même si la Chine ou le Cambodge, entre autres, se sont également distingués à ce niveau. Mais j’ai trouvé que cette démonstration à rallonge n’apportait rien à ma lecture. Parfois même, il m’a semblé que la vision qu’avait l’auteur des autres pays était exagérément optimiste et même erronée. Je doute fortement que les prisonniers français et anglais dans les camps allemands aient été nourris par les organisations caritatives de leurs pays et par leurs proches. Les prisonniers non-russes n’auraient pas touché au pain allemand… Si ce détail est inexact, d’autres peuvent l’être également. C’est très gênant.
Cependant, Soljénitsyne a pris grand soin d’étayer ses descriptions des conditions de vie des « zeks » tels qu’étaient surnommés les prisonniers politiques, par des témoignages et des dates. Il cite le nom de tous ses témoins, des passages des discours de Staline et décrit par le menu l’article 58 de la législation soviétique (eh oui), celle qui concerne « la lutte contre la « contre-révolution ». Les chiffres qu’il avance sont approximatifs (et pour cause, de nos jours les chiffres exacts restent inconnus), mais il le précise systématiquement. D’autre part, la troisième partie est beaucoup plus intéressante. Elle traite des révoltes des zeks, et de leur retour à la vie civile. Les 300 dernières pages m’ont captivée (et oui, il s’agit d’une version abrégée de 900 pages)
Si je fais abstraction du tiers environ du texte qui ne m’a pas plu, et m’a même franchement ennuyée, je peux affirmer que cette lecture m’a vraiment plu. Parce qu’elle m’a effectivement permis de découvrir la vie quotidienne des zeks et l’étendue de cette horreur qu’a été « l’Archipel du goulag ». D'autre part, l’auteur pose des questions brûlantes et toujours d’actualité. Comment et surtout pourquoi un dirigeant peut-il faire cela à son peuple ? Comment des hommes peuvent-ils traiter leurs semblables de cette façon ?
Même si je n’ai pas toujours été d’accord avec les réponses qu’il a apportées, j’ai trouvé ce récit réellement enrichissant. Maintenant, je sais que je ne serai pas toujours d’accord avec l’auteur, que je devrai lire certains passages en diagonales, mais j’en redemande. J’ai envie de lire « le pavillon des cancéreux » et peut-être même un jour, « une journée d’Ivan Denissovitch ». En attendant, je vais rester dans l’univers carcéral soviétique, je vais relire « Kolyma » de Tom Rob Smith, excellent roman sur le même thème.
• Auteur Alexandre Soljénitsyne
• Editeur Points
• Date de parution 05/06/2014
• Collection Points
• EAN 978-2757843260
• ISBN 2757843265
900 pages.
4ème de couverture -
Immense fresque de l'univers concentrationnaire soviétique, l'Archipel du Goulag a été écrit dans la clandestinité. Les milliers de lettres et témoignages reçus par Alexandre Soljénitsyne après la publication de son roman, "une journée d'Ivan Denissovitch" constituent la base de cette oeuvre, qu'il qualifie d'" investigation littéraire " ; ces documents font de lui le dépositaire du malheur de tout un peuple. Secrètement sorti d'URSS, ce texte explosif suscite, lors de sa parution en Occident en 1974, une prise de conscience des réalités du régime soviétique. Alexandre Soljénitsyne, magistral chroniqueur, redonne une voix aux détenus du Goulag, cet " archipel " où des millions de zeks sont morts.
Mon avis :
Pas facile d’écrire mon avis sur ce livre, il est tellement touffu et complexe. Je veux dire le livre. Mais mon avis l’est aussi. Dix fois, j’ai failli abandonner ma lecture, dix fois je me suis acharnée.
Au début, j’ai été vraiment déçue. J’attendais de découvrir le quotidien des prisonniers politiques. De nombreux passages, poignants d’ailleurs traitent ce sujet. Malheureusement, une large part du texte est destinée à convaincre l’occident de l’horreur de la réalité soviétique, ce dont maintenant nous sommes pratiquement tous convaincus. Ces passages m’ont donc semblé longs et inutiles.
Dans d’autres parties, l’auteur compare à longueur de pages l’histoire de la Russie au début du XXème siècle avec celle d’autres pays. Soljénitsyne s’acharne à démontrer que rien n’a pu être pire. Je le crois volontiers, même si la Chine ou le Cambodge, entre autres, se sont également distingués à ce niveau. Mais j’ai trouvé que cette démonstration à rallonge n’apportait rien à ma lecture. Parfois même, il m’a semblé que la vision qu’avait l’auteur des autres pays était exagérément optimiste et même erronée. Je doute fortement que les prisonniers français et anglais dans les camps allemands aient été nourris par les organisations caritatives de leurs pays et par leurs proches. Les prisonniers non-russes n’auraient pas touché au pain allemand… Si ce détail est inexact, d’autres peuvent l’être également. C’est très gênant.
Cependant, Soljénitsyne a pris grand soin d’étayer ses descriptions des conditions de vie des « zeks » tels qu’étaient surnommés les prisonniers politiques, par des témoignages et des dates. Il cite le nom de tous ses témoins, des passages des discours de Staline et décrit par le menu l’article 58 de la législation soviétique (eh oui), celle qui concerne « la lutte contre la « contre-révolution ». Les chiffres qu’il avance sont approximatifs (et pour cause, de nos jours les chiffres exacts restent inconnus), mais il le précise systématiquement. D’autre part, la troisième partie est beaucoup plus intéressante. Elle traite des révoltes des zeks, et de leur retour à la vie civile. Les 300 dernières pages m’ont captivée (et oui, il s’agit d’une version abrégée de 900 pages)
Si je fais abstraction du tiers environ du texte qui ne m’a pas plu, et m’a même franchement ennuyée, je peux affirmer que cette lecture m’a vraiment plu. Parce qu’elle m’a effectivement permis de découvrir la vie quotidienne des zeks et l’étendue de cette horreur qu’a été « l’Archipel du goulag ». D'autre part, l’auteur pose des questions brûlantes et toujours d’actualité. Comment et surtout pourquoi un dirigeant peut-il faire cela à son peuple ? Comment des hommes peuvent-ils traiter leurs semblables de cette façon ?
Même si je n’ai pas toujours été d’accord avec les réponses qu’il a apportées, j’ai trouvé ce récit réellement enrichissant. Maintenant, je sais que je ne serai pas toujours d’accord avec l’auteur, que je devrai lire certains passages en diagonales, mais j’en redemande. J’ai envie de lire « le pavillon des cancéreux » et peut-être même un jour, « une journée d’Ivan Denissovitch ». En attendant, je vais rester dans l’univers carcéral soviétique, je vais relire « Kolyma » de Tom Rob Smith, excellent roman sur le même thème.
Pistou 117- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 4087
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Localisation : LILLE
Genre littéraire préféré : De tout, partout...
Date d'inscription : 09/06/2010
Re: [Soljénitsyne, Alexandre] L'Archipel du goulag
Merci pour cet avis que j'attendais depuis que je connaissais ta lecture! 👍
joëlle- Modérateur
-
Nombre de messages : 9709
Localisation : .
Date d'inscription : 30/09/2013
Re: [Soljénitsyne, Alexandre] L'Archipel du goulag
Bravo pour cette lecture et cette critique.
Invité- Invité
Re: [Soljénitsyne, Alexandre] L'Archipel du goulag
Merci pour cette belle critique, Pistou !
Hortensia- Grand sage du forum
-
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Genre littéraire préféré : Tout ! ( sauf la poésie )
Date d'inscription : 08/01/2012
Re: [Soljénitsyne, Alexandre] L'Archipel du goulag
Merci pour ton avis riche et étayé, Pistou.
Fleya- Grand expert du forum
-
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Age : 44
Localisation : Sud de la France
Emploi/loisirs : Cadre
Genre littéraire préféré : je lis de tout...
Date d'inscription : 11/09/2011
Re: [Soljénitsyne, Alexandre] L'Archipel du goulag
Merci pour votre passage
Pistou 117- Grand sage du forum
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Date d'inscription : 09/06/2010
Re: [Soljénitsyne, Alexandre] L'Archipel du goulag
Pistou 117 a écrit:Merci pour votre passage
euh bon, désolée, ce message est une erreur C'est le kir de Tite Puce, ne le dites à personne, surtout !
Pistou 117- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 4087
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Date d'inscription : 09/06/2010
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