[Carrère d'Encausse, Marina] Une femme blessée
4 participants
Page 1 sur 1
Qu'en pensez vous ?
[Carrère d'Encausse, Marina] Une femme blessée
Titre : Une femme blessée
Auteur : Marina Carrère d'Encausse
Éditions : Pocket
Date de sortie : 16 juin 2016
Nombre de pages : 208
ISBN : 978-2266258814
Résumé :
Admise à l'hôpital de Souleymaneh, dans le Kurdistan irakien, Fatimah préfère taire les circonstances qui l'ont vu brûler vive. Accident domestique ? Chacun au village, à commencer par son mari et sa famille, feint de le croire... Sur l'horreur, sur les blessures, le silence s'est abattu. Jusqu'à ce que Fatimah, poussée par l'inextinguible désir de vivre, recouvre la parole, les mots pour raconter son histoire, et retrouve, enfin, sa dignité de femme...
Mon avis :
Fatimah se retrouve à l'hôpital suite à un "accident domestique" qui lui a causé des brûlures graves. On ne sait ce qu'il lui est arrivé. De plus elle cache une nouvelle grossesse, elle le cache à ses proches et au corps médical qui la soigne. L'histoire est racontée alternativement par Fatimah du point de vue de l'hôpital et par sa fille aînée qui ne comprend pas l'absence de sa mère et pourquoi personne ne veut lui dire ce qu'il s'est passé. Ces deux personnages sont très touchants et on veut rapidement savoir la suite pour comprendre ce qui est arrivé dans la vie de cette jeune femme, dans le secret de cette famille. Dans la deuxième partie, on commence également à avoir le point de vue du mari de Fatimah et on découvre un homme incapable d'exprimer ses sentiments mais qui souhaite comprendre et aider.
Le crime d'honneur trop loin de notre culture occidentale nous paraît tellement affreux mais semble si banal pour ces personnes. Ce livre très touchant m'a énormément plu, c'est un coup de cœur pour moi même si c'est un livre dur.
Invité- Invité
Re: [Carrère d'Encausse, Marina] Une femme blessée
Jolie critique, Lucie. Dans " l'esprit " , ce livre me fait un peu à " Jamais sans ma fille ". Un livre dur mais très touchant aussi.
Hortensia- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 1611
Age : 33
Localisation : La Lothlórien
Emploi/loisirs : Lecture, voyage et sieste.
Genre littéraire préféré : Tout ! ( sauf la poésie )
Date d'inscription : 08/01/2012
[Carrère d'Encausse, Marina] Une femme blessée
Mon avis :
Un livre touchant poignant! La condition de ces femmes qui nous ramène face à la réalité de ces pays avec leurs cultures et traditions, sur les pratiques barbares utilisées au nom de l’honneur!
J’ai éprouvé beaucoup d’empathie pour Fatimah qui m’a bouleversée
Un livre qui se lit facilement et au final où on se dit ce n’est pas forcément ce que l’on croyait!
Invité- Invité
Re: [Carrère d'Encausse, Marina] Une femme blessée
Mon avis
Avec une écriture infiniment délicate, Marina Carrère d'Encausse nous présente un drame et ce qu’on peut nommer la victoire de la dignité sur les blessures. C’est l’histoire d’une femme qui vit au Kurdistan irakien, elle n’a pas choisi sa vie. Ce sont les parents qui décident puis le mari. La femme, elle subit, se tait, enfante, cuisine, obéit et si par malheur elle ne suit pas le chemin qu’on a tracé pour elle, la violence arrive….
Fatimah a été grièvement brûlée, un accident domestique…Enfin, c’est la version donnée. On la suit dans son combat à l’hôpital et en parallèle, on découvre la vie dans le village. Sa fille aînée pense à elle, la grand-mère lui demande de ne pas en parler…. Il y a des non-dits, des secrets, le lecteur le sent très vite. Et petit à petit, la parole se délie, Fatimah trouvé une amie en la personne de Malika, qui souffre comme elle et elle se confie…. Et nous découvrons l’indicible…
En écrivant ce roman, l’auteur exprime la douleur de ces femmes humiliées, maltraitées, incomprises. Peut-on blesser ou tuer au nom de l’honneur ? A-t-on le droit de juger la vie des autres, leurs désirs, leurs envies ? La famille a-t-elle tous les pouvoirs?
Ce livre est court, percutant, en peu de mots, tout est dit. C’est une lecture poignante, marquante qu’on ne peut pas oublier.
Avec une écriture infiniment délicate, Marina Carrère d'Encausse nous présente un drame et ce qu’on peut nommer la victoire de la dignité sur les blessures. C’est l’histoire d’une femme qui vit au Kurdistan irakien, elle n’a pas choisi sa vie. Ce sont les parents qui décident puis le mari. La femme, elle subit, se tait, enfante, cuisine, obéit et si par malheur elle ne suit pas le chemin qu’on a tracé pour elle, la violence arrive….
Fatimah a été grièvement brûlée, un accident domestique…Enfin, c’est la version donnée. On la suit dans son combat à l’hôpital et en parallèle, on découvre la vie dans le village. Sa fille aînée pense à elle, la grand-mère lui demande de ne pas en parler…. Il y a des non-dits, des secrets, le lecteur le sent très vite. Et petit à petit, la parole se délie, Fatimah trouvé une amie en la personne de Malika, qui souffre comme elle et elle se confie…. Et nous découvrons l’indicible…
En écrivant ce roman, l’auteur exprime la douleur de ces femmes humiliées, maltraitées, incomprises. Peut-on blesser ou tuer au nom de l’honneur ? A-t-on le droit de juger la vie des autres, leurs désirs, leurs envies ? La famille a-t-elle tous les pouvoirs?
Ce livre est court, percutant, en peu de mots, tout est dit. C’est une lecture poignante, marquante qu’on ne peut pas oublier.
_________________
Cassiopée- Admin
-
Nombre de messages : 16860
Localisation : Saint Etienne
Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: [Carrère d'Encausse, Marina] Une femme blessée
J'ai découvert avec intérêt ce roman d'actualité - non pas si récent, puisqu'il date de 2016, mais encore prégnant dans l'actualité, avec ces faits-divers parfois horribles, même en France, qui entachent encore la condition féminine. Marina Carrère d'Encausse donne vie à un témoignage de ces crimes d'honneur (un petit dossier explique à la fin du roman ce qu'il en est et donne des chiffres), souvent le fait des familles, de décisions prises par des proches qui ne supportent pas une supposée perte de leur réputation.
Nous entrons de plain-pied dans l'hôpital des grands brûlés, l'arrivée de Fatimah aux urgences, les premiers soins, la longue patience qu'il faudra pour réparer sa peau, et même la sauver, elle qui est encore entre la vie et la mort. Lorsque la jeune femme émerge du coma, le plus difficile reste à faire : accepter son nouvel état, surmonter le traumatisme de l'agression. Choisir de vivre... Ce n'est qu'ensuite qu'elle pourra raconter ce qui lui est arrivé.
Les récits sont alternés, nous découvrons en parallèle les réactions de sa fille aînée Farah, sur qui pèsent bien des responsabilités à présent que sa mère n'est plus là. Personne ne lui parle d'elle, ne lui donne de nouvelles, elle est perdue et terrorisée. Jalal, de son côté, le mari de Fatimah, entame une difficile remise en question et décide d'en avoir le cœur net. Il ne croit plus sa famille et veut connaître la version de Fatimah. Ainsi la vérité se met en marche, par la bouche d'une femme, la souffrance devient amour et espoir d'une vie nouvelle...
L'écriture journalistique, au présent, m'a un peu dérangée, me paraissant sèche et parfois maladroite. J'ai trouvé en certains endroits la construction des personnages assez incohérente. L'évocation du sort des femmes, de ce qu'elles peuvent espérer en sortant de l'hôpital, reprendre leur vie comme avant dans une famille maltraitante, voire pire, m'a semblé inhumaine. Comment cela peut-il être une perspective d'avenir ?
L'ensemble aurait pu être mieux mené, l'intrigue m'a paru davantage un squelette servant de prétexte, même si l'exemple reste fort et douloureux, j'ai eu au mieux l'impression de lire un honnête dossier dans Marie-Claire. 3,5/5
Citations :
C’est un hôpital de brûlés, peut-être la pire des blessures que le corps et l’esprit puissent endurer. Et ici, ce sont les femmes qui souffrent. (page 10)
Ce qui est courageux, c’est d’accepter… la vie qui a basculé, les souffrances, et surtout l’avenir, transformé à jamais, et un très long chemin vers la reconstruction. (page 33)
Le feu n’a pas tout ravagé, il lui a laissé un peu de ce qu’elle était. (page 50)
Ses yeux délaissent ses compagnes d’infortune, font le tour du jardin à la recherche d’une image reposante. Elle en a toujours besoin avant de remonter dans sa chambre. Un jour, c’est le mouvement d’un oiseau, un autre, le dessin d’une plante. Parfois c’est la contemplation de la fontaine qui l’apaise. (page 60)
« Même si cela ne doit pas durer, ni même exister complètement, la possibilité d’un amour, c’est magnifique. Ça devrait nous être donné à toutes. » (page 118)
Cela fait trop longtemps qu’Omar travaille dans cet hôpital pour ignorer que la plupart de ces prétendus accidents n’en sont pas, mais masquent en réalité des actes suicidaires ou criminels. (page 151)
Nous entrons de plain-pied dans l'hôpital des grands brûlés, l'arrivée de Fatimah aux urgences, les premiers soins, la longue patience qu'il faudra pour réparer sa peau, et même la sauver, elle qui est encore entre la vie et la mort. Lorsque la jeune femme émerge du coma, le plus difficile reste à faire : accepter son nouvel état, surmonter le traumatisme de l'agression. Choisir de vivre... Ce n'est qu'ensuite qu'elle pourra raconter ce qui lui est arrivé.
Les récits sont alternés, nous découvrons en parallèle les réactions de sa fille aînée Farah, sur qui pèsent bien des responsabilités à présent que sa mère n'est plus là. Personne ne lui parle d'elle, ne lui donne de nouvelles, elle est perdue et terrorisée. Jalal, de son côté, le mari de Fatimah, entame une difficile remise en question et décide d'en avoir le cœur net. Il ne croit plus sa famille et veut connaître la version de Fatimah. Ainsi la vérité se met en marche, par la bouche d'une femme, la souffrance devient amour et espoir d'une vie nouvelle...
L'écriture journalistique, au présent, m'a un peu dérangée, me paraissant sèche et parfois maladroite. J'ai trouvé en certains endroits la construction des personnages assez incohérente. L'évocation du sort des femmes, de ce qu'elles peuvent espérer en sortant de l'hôpital, reprendre leur vie comme avant dans une famille maltraitante, voire pire, m'a semblé inhumaine. Comment cela peut-il être une perspective d'avenir ?
- Spoiler:
- La grand-mère Baba ne paraît au départ qu'une femme un peu sévère, qui a du mal à exprimer ses sentiments, courageuse et fière - excusez-moi du peu ! Quand on apprend qui elle est vraiment... La vague idylle entre Fatimah et le maître d'école n'est pas très crédible, et la subite prise de conscience de Jalal, un homme qui brutalise sa femme et ne s'embarrasse pas de la faire souffrir dans l'acte conjugal, mais qui devient subitement d'une rare sensibilité et tolérance, pas même jaloux, c'est tout de même surprenant.
L'ensemble aurait pu être mieux mené, l'intrigue m'a paru davantage un squelette servant de prétexte, même si l'exemple reste fort et douloureux, j'ai eu au mieux l'impression de lire un honnête dossier dans Marie-Claire. 3,5/5
Citations :
C’est un hôpital de brûlés, peut-être la pire des blessures que le corps et l’esprit puissent endurer. Et ici, ce sont les femmes qui souffrent. (page 10)
Ce qui est courageux, c’est d’accepter… la vie qui a basculé, les souffrances, et surtout l’avenir, transformé à jamais, et un très long chemin vers la reconstruction. (page 33)
Le feu n’a pas tout ravagé, il lui a laissé un peu de ce qu’elle était. (page 50)
Ses yeux délaissent ses compagnes d’infortune, font le tour du jardin à la recherche d’une image reposante. Elle en a toujours besoin avant de remonter dans sa chambre. Un jour, c’est le mouvement d’un oiseau, un autre, le dessin d’une plante. Parfois c’est la contemplation de la fontaine qui l’apaise. (page 60)
« Même si cela ne doit pas durer, ni même exister complètement, la possibilité d’un amour, c’est magnifique. Ça devrait nous être donné à toutes. » (page 118)
Cela fait trop longtemps qu’Omar travaille dans cet hôpital pour ignorer que la plupart de ces prétendus accidents n’en sont pas, mais masquent en réalité des actes suicidaires ou criminels. (page 151)
elea2020- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 5875
Age : 56
Localisation : 44
Emploi/loisirs : enseignante en reconversion
Genre littéraire préféré : dystopies et classiques, littérature russe
Date d'inscription : 02/01/2020
Re: [Carrère d'Encausse, Marina] Une femme blessée
Merci pour ces critiques, je me note ce roman qui m'intéresse.
_________________
Lecture de novembre
-
-
- Arpenter la nuit de Leila Mottley
- Un Noël sans fin de Christina Lauren
- Tata de Valérie Perrin
mes livres lus en 2023
mes livres lus en 2024
Jeetca- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 4310
Age : 52
Localisation : Auvergne
Emploi/loisirs : AMP / lecture, sport(vélo, natation, course à pied), cuisine, aromathérapie
Date d'inscription : 23/02/2018
Re: [Carrère d'Encausse, Marina] Une femme blessée
Jeetca a écrit:Merci pour ces critiques, je me note ce roman qui m'intéresse.
La description du travail de médecine avec ces femmes brûlées m'a intéressée, j'ai une amie qui travaille en tant qu'infirmière au service des grands brûlés à Tours, elle m'en a parlé récemment (du travail en soi, pas de femmes agressées de cette manière).
elea2020- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 5875
Age : 56
Localisation : 44
Emploi/loisirs : enseignante en reconversion
Genre littéraire préféré : dystopies et classiques, littérature russe
Date d'inscription : 02/01/2020
Sujets similaires
» [Carrère d'Encausse, Marina] Une femme entre deux mondes
» [Pascal, Caroline] La femme blessée
» [Carrère, Emmanuel] Un roman russe
» CARRERE, Emmanuel
» [Carrère, Emmanuel] D'autres vies que la mienne
» [Pascal, Caroline] La femme blessée
» [Carrère, Emmanuel] Un roman russe
» CARRERE, Emmanuel
» [Carrère, Emmanuel] D'autres vies que la mienne
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum