[Bakowski, Solène] Une bonne intention

Titre : Une bonne intention
Auteur : Solène Bakowski
Auto-édition - juin 2017
Editions Bragelonne - 14 mars 2018


Présentation de l'auteur :

Mati a neuf ans. Elle a perdu sa maman. Son père s’enlise dans le deuil et sa grand-mère s’efforce, à sa manière, de recoller les morceaux. Un soir, la petite ne rentre pas de l’école. On imagine le pire, évidemment. Comment croire que tout partait d’une bonne intention ?

Le nouveau roman de Solène Bakowski nous offre, avec une ampleur et une acuité décuplées, le frisson gorgé d’amour qui a fait de son premier roman, Un Sac, un livre inoubliable.


Mon avis :

C'est un livre acheté par hasard, sur une librairie en ligne. Il était bien classé, la version numérique ne coûtait pas cher et la couverture m'intriguait : ce petit personnage perdu, cette pluie battante et ce titre décalé.

Dans une banlieue sombre et déprimante, Mati et son père Nicolas tentent de survivre après le décès de Karine. Eliane, la grand-mère, s'occupe de sa petite-fille tout en respectant le chagrin de son fils, qui ne parvient pas à retrouver le goût de vivre. Un soir, Mati ne revient pas de l'école. Où est-elle passée ? Pourquoi y a-t-il des traces de sang dans la maison ? Que signifient les mots que l'enfant a tracés sur un papier : "Papa ne va pas bien ce soir" ? Nicolas a-t-il une responsabilité dans la disparition de sa fille ?
Les questions se multiplient. Et les pages se tournent, sans pause, car on veut savoir ce qui est arrivé à l'enfant.

Les thèmes abordés sont multiples, tristes et noirs : le deuil, le suicide, la différence, l'autisme, les secrets de famille, la dépression...  L'intrigue est construite comme un thriller. Malgré cela, ce livre dégage une douceur et une poésie insoupçonnables. L'auteur aime ses personnages et leur transmet force et fragilité à la fois. Certains sont détestables... certains suscitent l'empathie... aucun ne laisse le lecteur indifférent. Une mention spéciale pour le personnage de Mati : il n'est pas facile de transcrire les idées et émotions d'une enfant de 9 ans, traumatisée par la vie qui plus est, mais l'auteur a su trouver les mots et le ton justes. On s'attache à Mathilde et on souffre avec elle, vraiment, jusqu'à en avoir les larmes aux yeux.

L'écriture est particulière. Il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer à ces phrases longues, au lexique parfois inhabituel. Mais j'ai ensuite apprécié ce style personnel, inimitable, qui ne manque pas de charme.

C'était la première fois que je lisais Solène Bakowski mais ce ne sera pas la dernière. J'ai hâte de découvrir les autres livres de cette jeune plume indépendante.

La vitesse, ce soir, ne grise rien, et défilent les habitations fonctionnelles, la zone commerciale abandonnée à ses clients trop rares, défilent les enseignes crépitantes et la détresse des travailleurs harassés, encore une journée de boulot sous-payée, les vitrines aveuglantes, les grappes de vieux, les grappes de jeunes. C'est étriqué par ici, les esprits comme les espoirs, il faudrait pouvoir défaire les ourlets.

Quelle est leur destination ? En ont-ils seulement une ? Faut-il nécessairement suivre une direction pour avancer ? Monter des plans sur la comète, parier sur l'avenir... Ne peut-on juste être heureux ici et maintenant ? Profiter du moment présent, respirer l'air qui nous est donné d'absorber sans penser qu'un jour il nous sera compté ; se foutre éperdument du futur, n'avoir aucun espoir, n'en avoir pas besoin, prendre la vie pour ce qu'elle est, et l'aimer, l'aimer éperdument. C'est la chance de ces deux êtres paumés qu'un destin taquin a décidé de rapprocher. Ce sera leur perte, aussi.

Décider de changer de chemin n'est pas anodin.

Il n'aura pas eu un geste, lâcheté ordinaire de celui qui préfère s'en remettre aux circonstances, au hasard et aux coïncidences. Partisan de la langue tournée sept fois dans la bouche, adepte du silence d'or et fervent militant de l'indifférence comme plus grand des mépris, il s'interdit de réagir au quart de tour – et même au demi.

merci Zia pour cette belle présentation

Mon avis

Il ne m’a fallu que quelques heures pour dévorer ce roman. L’auteur possède une écriture sèche, singulière, prenante tant elle fouille dans la vie des uns et des autres et de ce fait, vous accrochez immédiatement avec l’histoire.

Mati, Mathilde est une petite fille dont la Maman vient de mourir. Son Papa perd pied, ses grands-parents sont là mais on sent dès les premières page un malaise. Non-dits, mensonges, trahisons, quels sont ceux à qui l’écolière peut faire confiance ? Il y a bien cette institutrice qui sait lui parler, l’écouter, l’aider….Elle se sent tellement seule malgré la présence des adultes de sa famille.

Ce recueil m’a littéralement accaparée, il a un « je ne sais quoi qui fait la différence ». Peut-être cette toute petite place qui est faite à la « folie », à la déraison des hommes, et qui montre que tout peut basculer vite si vite…. Ou bien « un supplément d’âme » lisible en filigrane qui ressemble à cette petite fleur espérance qu’il ne faut jamais perdre de vue….

Je me suis attachée aux pas de Mati et je n’avais pas envie de lui lâcher la main…..

Merci pour ton avis, Cassiopée.
J'espère que d'autres lecteurs découvriront cette pépite et l'apprécieront, comme toi.
Car c'est un livre qui mérite vraiment d'être découvert.

Je viens de refermer ce livre et je peux vous dire pour moi que c’est un énorme coup de Coeur!
Que d’émotions en le lisant!
Un thriller qui mélange suspense, amour, haine, secrets de famille.
Le titre une bonne intention car tout part de là mais la leçon que l’on en tire aussi c’est que les apparences sont trompeuses!
Solene décrit à la perfection ses personnages leur psychologie, leurs émotions! Elle une écriture juste trop belle et parfaite à mes yeux
Je l’ai dévore en seulement 2 jours une superbe découverte avec un 10/10 sans hésitation!

Merci pour ta critique, Alinette. Je suis contente qu'il t'ait plu.

Après avoir connu un certain succès en auto-édition, ce roman est désormais publié par les éditions Bragelonne. Je vais aller modifier ma présentation initiale pour le préciser.
J'espère qu'Une bonne intention rencontrera plein de nouveaux lecteurs car il le mérite vraiment.

Je ne connais pas cet auteur, je note ce livre car vos critiques me donnent vraiment  envie de la découvrir . Merci à vous !

Zia a écrit:Merci pour ta critique, Alinette. Je suis contente qu'il t'ait plu.

Après avoir connu un certain succès en auto-édition, ce roman est désormais publié par les éditions Bragelonne. Je vais aller modifier ma présentation initiale pour le préciser.
J'espère qu'Une bonne intention rencontrera plein de nouveaux lecteurs car il le mérite vraiment.

Entièrement d'accord et l'auteur que j'ai rencontré au salon du livre est une femme adorable tellement disponible pour ses lecteurs!

Encore une découverte d'auteure avec ce livre.
Résultat pour moi : la promesse est tenue, j'ai aimé.
J'ai été très touchée par cette histoire difficile où les enfants ne sont pas des "rois" mais où ils se battent comme et mieux que des adultes.

J'ai choisi ce livre pour mon challenge Partage-Lecture, c'est le challenge des coups de cœur et je n'ai pas été déçue.. J'en ai même pris plein la tête, une soirée à le lire et plusieurs jours à m'en remettre.

La noirceur qui entoure Mathie , l'incompréhension des adultes qui l'entourent, l'amour pur de Rémi l'autiste, la méchanceté qui habite Eliane la grand-mère, le rôle assassin de la presse prête à faire tant de mal pour un scoop, seul rayon de soleil pour Mathilde, en dehors de Rémi, son institutrice la seule en qui elle ait confiance.

Les phrases sont travaillées, imagées, et on est avec Mathi, avec Rémi, on anticipe forcément puisque nous sommes des adultes on souffre pour elle, pour eux si purs.

En terminant ce livre, j'ai ressenti une grande tristesse, j'ai entamé vite vite un autre livre, mais petite Mathie m'habitera longtemps.

Gros coup de cœur

Je l'ai acheté il y a peu à la foire aux livres, je le mets en haut de ma pile, vos critique donnent envie

Très gros coup de coeur pour ce livre !
Je l'ai commencé dans la nuit, sans trop savoir à quoi m'attendre, parce que j'avais envie de lire quelque chose d'un peu différent des mes lectures habituelles et impossible de m'arrêter je l'ai dévoré.
Le suspense est omniprésent, l'écriture est incisive, le doute constant. On s'attache aux personnages rapidement, l'empathie est profonde suite au drame du décès de Karine. Impossible ne pas être sensible à la douleur de cet homme brisé, qui est rongé par la disparation de sa femme, malgré l'amour qu'il porte à sa fille, il reste totalement dévoré par la peine, oscillant proche de la folie.
Alors, oui, lorsque la petite Mati ne rentre pas à la maison, les soupçons de la grand-mère affolée semble justifiés, au début on se dit que peut-être...

L'auteur nous raconte cette histoire d'une brillante manière, en plongeant dans les questionnements intérieurs, les pensées que l'on peut avoir parfois sans oser les prononcer, pour ne pas les rendre réelles.
On se rend bien compte combien tout est fragile, les mensonges sont faciles et surtout, oui, surtout, les apparences sont toujours trompeuses. "Ce qui semble être cache souvent ce qui est" ai-je lu récemment dans un autre livre, et c'est parfaitement approprié à ce roman.
Puis, ce petit coup de poignard dans le coeur avec le choc de cette rencontre de deux êtres innocents, abîmés par la vie mais qui garde en eux cette étincelle de vie, d'espoir, d'amour et de bonté. Rémi et Mati.

Tous les personnages sont remarquablement traités par l'auteur, ils sont terriblement humains, réalistes et déroutants. J'ai particulièrement apprécié le personnage pourtant pas assez présent de Magali, qui reflète ce que devrait être toutes les maîtresses du monde, douce, attentionnée et ouverte. Elle apaise, comme un sanctuaire pour cette enfant brisée, sa maîtresse c'est son refuge, le seul qui lui reste après tous les secrets découverts.

Je suis horrifiée par la manière dont Rémi est aussitôt cataloguer de pervers, pédophile sans moindre preuve..!

Bref, lecture marquante, qui ne laisse pas indemne.

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