[Heckers, Jean-Christophe] Traversées des limbes
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[Heckers, Jean-Christophe] Traversées des limbes
Titre : Traversées des limbes
Auteur : Jean-Christophe Heckers
Auto-édition BoD, 15 mai 2015
Lu en ebook au format epub
Présentation de l'éditeur :
[...] Je sais que la porte ne s'ouvre que rarement deux fois pour chacun.Je sens leurs regards dans mon dos. Ils sont restés en surface, piétinent dans la neige, hésitent, attendent. Vaguement inquiets. Des entrées interdites, nous en avons franchi un bon nombre avant d'arriver ici. Mon souffle s'est fait court. Voulais-je vraiment venir ? Je ne sais plus. Sans doute, sinon je ne serais pas ici. J'enlève mes gants, effleure la marche, me penche en avant pour mieux voir. Il n'y a rien hormis du gris et du blanc, un couloir, un escalier.
Mon avis :
Ce recueil comporte quinze nouvelles, de qualité et de longueur inégales.
Le titre (ou la couverture ? ou la présentation ?) m'évoquait un univers sombre, dans lequel je n'étais pas certaine de réussir à entrer. Je savais que l'auteur avait écrit de la SF ce qui ne me rassurait pas (c'est idiot, j'en conviens). Ce recueil était comme une terre inconnue, sur laquelle j'ai hésité à m'aventurer.
Alors ce fut une surprise totale quand j'ai découvert les premières nouvelles. Il y avait dans ces textes une musique, une poésie, une sensibilité... qui ne m'ont pas laissée insensible. Je les ai lues lentement, une par soir, pour prendre le temps de les savourer, comme des bonbons qu'on laisse fondre sur la langue.
Dans Presque rien et Passages, la narration à la première personne crée une intimité avec le narrateur, une délicatesse difficile à analyser. Les personnages se confient : rencontres, ruptures, séduction, jalousie... une peinture à petites touches des relations amoureuses.
Il y a les mots prononcés. Et ceux qu'on ne prononce pas. Les non-dits, les silences, les regards.
La musique est très présente dans ce recueil. Violon, piano, concertos...
La nature, la mer, un jardin... créent un cadre apaisant.
Et puis il y a les fenêtres, ouvertures sur le monde, sur l'avenir... ou perspectives pour fuir le quotidien.
Quelques portes, des escaliers. Un univers bien particulier, qui crée une atmosphère étrange, onirique.
Ma nouvelle préférée est Encre de Chine, écrite à la première personne. J'aime son ton décalé, cette analyse des relations humaines, ce narrateur qui reste dans l'ombre pour écouter les confidences de son ami sur une rencontre de hasard. Il veut lui confier ses propres tourments, suite à une rupture récente, mais il s'efface pour le conseiller sur cette relation homosexuelle dont il ne comprend pas les codes.
Certaines nouvelles dans la suite du recueil m'ont paru plus hermétiques. Pour celles-ci, j'ai eu du mal à entrer dans l'univers de l'auteur ou je n'ai pas compris la fin. Mais j'ai persévéré dans ma lecture et je ne le regrette pas.
Parfois, cette ambiance énigmatique s'est révélée pleine de charme, comme dans Peut-être. Une femme s'aperçoit que son couple se délite. La rencontre d'un inconnu dans un café lui rappelle un ancien amant, disparu dans un accident d'avion, sept ans plus tôt. Un triangle amoureux classique... mais la chute ne l'est pas.
L'écriture est franche. Les phrases sont souvent brèves, ciselées. Les mots ont un rythme particulier, impossible à décrire, qui entraînent le lecteur et le bercent. C'est agréable à lire.
Les thèmes abordés semblent de plus en plus noirs au fil des pages, comme si on sombrait lentement vers le néant. Mais l'auteur sait nous y entraîner en douceur. L'impression d'ensemble, une fois la lecture terminée, est positive. C'est étrange et envoûtant.
Citations :
Lorsqu'on ne chérit qu'une seule certitude, les autres finissent par vous tourner le dos. Enfin, je crois. – Festina lente
Je vais travailler un peu. Que pourrais-je faire d'autre ? Il faut bien passer l'hiver. – Peut-être
Il faut tenir encore un peu. Jusqu'à l'aube. Ce n'est pas si loin. Si besoin est, il reste du café. Et une bouteille de whisky pour soutenir le moral.
Tenir. Le café est fort, le whisky est bon.
Il pleut comme jamais il n'a plus, le vent se déchaîne. La mer brille. – Dies Irae
Plus tard, alors qu'il se tenait devant une fenêtre à considérer la rue baignée d'un brouillard dense, il se surprit à penser qu'il faudrait en finir, que sinon tout demeurerait tel, pendant une effrayante éternité. – Ultima Ratio Regum
Il n'a pas, n'a plus de questions. Rien que cette attente. Mais pour le moment il ne se sent prêt à rien, pour le moment il ne sait pas. Peut-être même n'y a-t-il que l'attente, et rien au-delà. – Transfiguration
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