[Taylor, Alex] Le verger de marbre
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[Taylor, Alex] Le verger de marbre
Titre : Le verger de marbre
Auteur : Alex Taylor
Éditions : Gallmeister
Collection: Totem
Nombre de pages : 272
ISBN : 978-2-35178-634-5
Date de parution : Janvier 2018
Présentation de l'éditeur
En plein Kentucky rural, la Gasping River déploie son cours au milieu des falaises de calcaire et des collines. Un soir où il conduit le ferry de son père sur la rivière, le jeune Beam Sheetmire tue un passager qui tente de le dévaliser. Mais sa victime est le fils de Loat Duncan, un assassin sans pitié. Toujours accompagné de ses chiens menaçants, Loat est lui-même porteur d’un lourd secret concernant le passé de Beam. Aidé par son père, le jeune homme prend la fuite.
Un thriller littéraire à la prose incandescente, Grand Prix du Roman noir étranger de Beaune 2017.
Mon avis
J'ai trouvé ce texte magnifique, comme un poème! Les personnages pour la plupart laids et malsains, les lieux sales, nauséabonds, même quand Derna fait le ménage, elle étale la crasse. La Gasping River qui devrait couler sereine dans ce coin perdu du Kentucky sent mauvais. Même les putes du bar de Daryl paraissent fanées, usées…
Et ce jeune homme, ce jeune Beam s'enfuit … et nous allons rencontrer avec lui une faune, une flore magnifiques. Des arbres, des souches, des plantes (j'ai cherché ce que pouvait être ce fameux ginseng que cherche Pete Daugherty) bien sûr les guêpes, les mouches et les moustiques, les vautours aussi… au milieu de ce qui pourrait être une casse. Une pauvreté intellectuelle immense. Un monde qu'on n'arrive pas à quitter, un monde qui vous prend aux tripes, un monde sans espoir. Un roman qu'on ne peut pas lâcher, une histoire simple d'un jeune homme qui s'échappe, et qui n'aurait pas du fuir. Une traque qui parait sans fin…
Si j'ai pu trouver un peu de sérénité dans ce verger de marbre, elle fut de courte durée. Ils sont là ces chiens dressés, mais aussi ces chiens d'humains pour ne pas nous laisser enfin nous reposer.
Je remercie Partage lecture et les éditions Gallmeister pour ce partenariat.
joëlle- Modérateur
-
Nombre de messages : 9709
Localisation : .
Date d'inscription : 30/09/2013
Re: [Taylor, Alex] Le verger de marbre
Mon avis
« Les gens étaient esclaves de leur fragilité… » *
On est, dès les premières pages, dans l’Amérique profonde et rurale. Une famille, Derna, la mère, Clem, le père et Beam , le fils, gèrent tant bien que mal, un bac qui permet de passer la Gasping River dans le Kentucky. Ce n’est pas ce qu’on fait de mieux comme boulot mais lorsque le chômage est important dans le coin, on s’en contente, quitte à arrondir les fins de mois en se servant un peu au passage sur les clients. Beam, il est ce qu’il est, un jeune de dix-sept ans, plutôt désœuvré, pas très vaillant, mais assez obéissant lorsque son Papa lui confie la tâche d’assurer quelques traversées. La vie n’est pas reluisante mais il faut faire avec, vivoter le mieux possible et s’en accommoder.
Et puis, un jour, Beam fait une très grosse bêtise, la faute à pas de chance bien sûr mais c’est trop tard, le mal est fait. Il lui faut fuir, pour aller au bout de nulle part, dans ce coin des Etats-Unis où l’on trouve des hommes prêts à en découdre pour un rien, qu’ils soient tenanciers, routier ou autres … Ils ont la gâchette facile, le geste brutal, le verbe injurieux et sec …. C’est sans doute pour se montrer virils, forts ….. De rencontre en rencontre, Beam nous emmène toujours plus loin, au plus près d’une certaine forme de misère, de pauvreté intellectuelle, dans une atmosphère rarement éclairée d’un rayon de soleil. Il fuit sans faire beaucoup de kilomètres, comme incapable de quitter ce coin de terre, de se confronter à un monde différent qu’il ne connaît pas bien.
Ce roman fait ressortir de vieux secrets de famille. Alors, me direz-vous, ne va –t-on pas trouver un air de déjà vu ? Non, parce que l’auteur s’empare de cette intrigue dans un style très personnel. Il y a, en effet, un contraste saisissant entre les conversations en langage familier, directes et sans fioritures, et le reste du texte qui peut offrir de belles descriptions, des phrases résonnant comme des extraits de poèmes….(d’ailleurs « Le verger de marbre » désigne le cimetière).
« Certains coins portaient encore la balafre de veines à ciel ouvert, et la houille en surface brillait d’un éclat bleuté sous le soleil, le sol lui-même cendré et couvert de schiste présentant l’aspect morne et éreinté d’une véritable géographie du désespoir . »
C’est façon d’écrire est bouleversante, comme si, la laideur, la méchanceté restaient dans les dialogues, les attitudes, les actes, mais que tout autour, pour un peu qu’on ouvre les yeux, la beauté, le bonté, ne demandaient qu’à se montrer ….. Il y a un faux rythme, on avance à la cadence de Beam et de temps à autre, tout s’accélère…..
C’est noir mais ce n’est pas glauque, ça vous broie les tripes mais ça ne vous fait pas peur, ça vous serre le cœur et vous cherchez des raisons d’espérer des jours meilleurs malgré la détresse qui suinte entre les lignes.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture qui bouscule les codes, qui m’a mise face à des hommes durs mais quelquefois attachants (même les personnages secondaires sont étoffés et tiennent leur place), face à des femmes fortes et fragiles à la fois, aimantes le plus souvent (Derna est un modèle d’amour qui ne sait pas s’exprimer mais qui se dévoue corps et âme pour son fils), face à une région d’Amérique qui a dû se sentir abandonnée…..
* page 69
Merci aux éditions Gallmeister et à PartageLecture pour ce partenariat
« Les gens étaient esclaves de leur fragilité… » *
On est, dès les premières pages, dans l’Amérique profonde et rurale. Une famille, Derna, la mère, Clem, le père et Beam , le fils, gèrent tant bien que mal, un bac qui permet de passer la Gasping River dans le Kentucky. Ce n’est pas ce qu’on fait de mieux comme boulot mais lorsque le chômage est important dans le coin, on s’en contente, quitte à arrondir les fins de mois en se servant un peu au passage sur les clients. Beam, il est ce qu’il est, un jeune de dix-sept ans, plutôt désœuvré, pas très vaillant, mais assez obéissant lorsque son Papa lui confie la tâche d’assurer quelques traversées. La vie n’est pas reluisante mais il faut faire avec, vivoter le mieux possible et s’en accommoder.
Et puis, un jour, Beam fait une très grosse bêtise, la faute à pas de chance bien sûr mais c’est trop tard, le mal est fait. Il lui faut fuir, pour aller au bout de nulle part, dans ce coin des Etats-Unis où l’on trouve des hommes prêts à en découdre pour un rien, qu’ils soient tenanciers, routier ou autres … Ils ont la gâchette facile, le geste brutal, le verbe injurieux et sec …. C’est sans doute pour se montrer virils, forts ….. De rencontre en rencontre, Beam nous emmène toujours plus loin, au plus près d’une certaine forme de misère, de pauvreté intellectuelle, dans une atmosphère rarement éclairée d’un rayon de soleil. Il fuit sans faire beaucoup de kilomètres, comme incapable de quitter ce coin de terre, de se confronter à un monde différent qu’il ne connaît pas bien.
Ce roman fait ressortir de vieux secrets de famille. Alors, me direz-vous, ne va –t-on pas trouver un air de déjà vu ? Non, parce que l’auteur s’empare de cette intrigue dans un style très personnel. Il y a, en effet, un contraste saisissant entre les conversations en langage familier, directes et sans fioritures, et le reste du texte qui peut offrir de belles descriptions, des phrases résonnant comme des extraits de poèmes….(d’ailleurs « Le verger de marbre » désigne le cimetière).
« Certains coins portaient encore la balafre de veines à ciel ouvert, et la houille en surface brillait d’un éclat bleuté sous le soleil, le sol lui-même cendré et couvert de schiste présentant l’aspect morne et éreinté d’une véritable géographie du désespoir . »
C’est façon d’écrire est bouleversante, comme si, la laideur, la méchanceté restaient dans les dialogues, les attitudes, les actes, mais que tout autour, pour un peu qu’on ouvre les yeux, la beauté, le bonté, ne demandaient qu’à se montrer ….. Il y a un faux rythme, on avance à la cadence de Beam et de temps à autre, tout s’accélère…..
C’est noir mais ce n’est pas glauque, ça vous broie les tripes mais ça ne vous fait pas peur, ça vous serre le cœur et vous cherchez des raisons d’espérer des jours meilleurs malgré la détresse qui suinte entre les lignes.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture qui bouscule les codes, qui m’a mise face à des hommes durs mais quelquefois attachants (même les personnages secondaires sont étoffés et tiennent leur place), face à des femmes fortes et fragiles à la fois, aimantes le plus souvent (Derna est un modèle d’amour qui ne sait pas s’exprimer mais qui se dévoue corps et âme pour son fils), face à une région d’Amérique qui a dû se sentir abandonnée…..
* page 69
Merci aux éditions Gallmeister et à PartageLecture pour ce partenariat
Dernière édition par Cassiopée le Ven 23 Mar 2018 - 7:15, édité 1 fois
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Cassiopée- Admin
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Nombre de messages : 16860
Localisation : Saint Etienne
Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: [Taylor, Alex] Le verger de marbre
Nous suivrons Beam qui est le personnage rattaché à la trame principale de l'histoire mais où bien d'autres viendront se mêler et ayant chacun son importance dont Clem son père, Derna sa mère ...
Tout comme être présent au mauvais endroit au mauvais moment, c'est un peu ce qui est arrivé à Beam lors d'une soirée où il faisait aller le ferry familial et en commettant LA bêtise qui va tout déclencher.
Comme il a été dit, nous nous retrouvons au cœur d'une Amérique en difficulté, où la vie passe par l'argent, les drogues, le sexe et autres trafics. Cette vie qui nous confronte à des personnages salis et vieillis par leur vie.
Une intrigue partant d'une erreur de notre protagoniste mais où chacun a alors sa part de responsabilité et où tout ça va faire ressurgir les secrets du passé.
Beam s'enfuira pour se protéger et "ses" parents partiront à sa recherche, certains pour de bonnes raison et d'autres moins...
Ce n'est pas un coup de cœur mais on n'en est vraiment pas loin. Alors que je ne savais pas au début quoi en penser de par le rythme de la plume ainsi que sa noirceur... On est entraîné par cet environnement, cette ambiance, de ce pays où pour vivre, il faut créer les occasions et ne pas attendre après.
Au début du livre, je voyais la famille de Beam comme les gens du voyage où l'esprit de famille est très important et où certaines de ces familles prennent un lopin de terre pour finir par s'y installer. J'ai aimé ce mélange de personnages où chacun à une personnalité bien distincte. Les choses avancent lentement mais au fil de l'histoire, tout interrogation trouve réponse et devient logique jusqu'à la compréhension de la métaphore qu'est à mes yeux le titre et qui est dévoilé dans le livre.
Un énorme merci aux éditions Gallmeister ainsi qu'à notre forum
Tout comme être présent au mauvais endroit au mauvais moment, c'est un peu ce qui est arrivé à Beam lors d'une soirée où il faisait aller le ferry familial et en commettant LA bêtise qui va tout déclencher.
Comme il a été dit, nous nous retrouvons au cœur d'une Amérique en difficulté, où la vie passe par l'argent, les drogues, le sexe et autres trafics. Cette vie qui nous confronte à des personnages salis et vieillis par leur vie.
Une intrigue partant d'une erreur de notre protagoniste mais où chacun a alors sa part de responsabilité et où tout ça va faire ressurgir les secrets du passé.
Beam s'enfuira pour se protéger et "ses" parents partiront à sa recherche, certains pour de bonnes raison et d'autres moins...
Ce n'est pas un coup de cœur mais on n'en est vraiment pas loin. Alors que je ne savais pas au début quoi en penser de par le rythme de la plume ainsi que sa noirceur... On est entraîné par cet environnement, cette ambiance, de ce pays où pour vivre, il faut créer les occasions et ne pas attendre après.
Au début du livre, je voyais la famille de Beam comme les gens du voyage où l'esprit de famille est très important et où certaines de ces familles prennent un lopin de terre pour finir par s'y installer. J'ai aimé ce mélange de personnages où chacun à une personnalité bien distincte. Les choses avancent lentement mais au fil de l'histoire, tout interrogation trouve réponse et devient logique jusqu'à la compréhension de la métaphore qu'est à mes yeux le titre et qui est dévoilé dans le livre.
Un énorme merci aux éditions Gallmeister ainsi qu'à notre forum
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Lecture en cours :
Silo de Hugh Howey
La Princesse des glaces de Camilla Läckberg
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