[Le Roy, Eugène] Jacquou le Croquant.
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Votre avis sur ce livre :
[Le Roy, Eugène] Jacquou le Croquant.
"Jacquou le Croquant " d'Eugène Le Roy .
Edition : BIBEBOOK
Nombre de pages : 392
Quatrième de couverture : L'histoire commence en 1815 (Napoléon 1er est alors exilé à Sainte-Hélène) à Combenègre, pauvre métairie dépendant du château de l'Herm où les Ferral sont métayers du comte de Nansac. Suite au meurtre de Laborie, régisseur du château, Martissou, le père de Jacquou, est condamné aux galères où il meurt peu après.
Mon avis : (Ne pas se fier au résumé excessivement succinct.)
Une lecture très intéressante autant sur le plan historique, culturel et humain.
L'histoire racontée semble réelle, non pas comme une histoire imaginaire mais comme un témoignage de vie. D'ailleurs peut-être est-ce le cas (je ne me suis pas renseignée).
C'est Jacquou qui nous raconte son existence, et il le fait avec une franchise déroutante parfois.
Ses parents, les Ferral, sont métayers de l'horrible Comte de Nansac, la vie est rude pour eux, comme pour la majorité des paysans, le pain et le feu sont précieux et trop rares.
Heureusement, il y a de la solidarité dans ces communes paysannes, certains s'entraident, se soutiennent autant que faire se peut car la misère est présente dans chaque foyer. Le père de Jacquou, Martissou fait ce qu'il peut pour subvenir aux besoins de sa famille mais la nourriture et l'argent se faisant rares, il lui arrive d'aller chasser dans la forêt.
Hélas cette forêt est la propriété du Comte qui ne supporte pas "la paysantaille" et considère cela comme du braconnage. Il envoie son régisseur, Laborie, chez les Ferral pour interdire la chasse sur ses terres ; souvent il menace la chienne de mort et il en profite surtout pour faire des avances déplacés à la mère de Jacquou. Le père, Martissou ne tient pas compte des avertissements et des menaces de ce dernier, pour une simple et bonne raison : il ne peut pas se le permettre.
Lors d'une énième visite menaçante de Laborie chez les Ferral un drame se produit : le régisseur abat la chienne de Martissou et la balle ricoche, et touche superficiellement sa femme... mais s'en est trop, il attrape son fusil et sans réfléchir aux conséquences il tue Laborie. Le drame, pour moi, est la mort de la pauvre et innocente chienne, non celle de l'ignoble Laborie. Puis, le père de Jacquou n'ayant d'autres choix, il s'enfuit dans la forêt. Il sera retrouvé quelque temps tard et condamné aux galères, il ne survivra pas bien longtemps.
Les drames ne vont faire que se succéder suite à cela.
Mais Jacquou est un garçon fort, courageux et noble de coeur. Il va affronter toutes les épreuves sans jamais se départir d'une incroyable soif de liberté, de nature. Heureusement il fera aussi de belles rencontres, de celles qui changent une vie notamment le Curé Bontal. Quel homme ! Il est ce que tous les hommes de foi devraient être: désintéressé, aimant, ouvert et bon envers les autres. Il va instruire Jacquou, le guider, l'éduquer à de nombreuses choses mais pas comme un religieux qui veut juste lui bourrer le crâne, loin de là.
Toutefois, la cruauté de certains hommes est sans limite et la haine de Jacquou envers les Nansac est de plus en plus profonde : la vengeance hurle en lui, pour son père, sa mère pour lui-même mais aussi pour toutes les personnes qui souffrent.
L'auteur décrit avec justesse, en utilisant le patois local de l'époque, la vie de labeur, de mépris et de souffrances des paysans de cette époque où la pauvreté n'a d'égale que la cruauté de la plupart des hommes riches, fourbes et égoïstes. Pour autant, ce n'est pas cliché, ce n'est pas caricatural : il y a des nuances, c'est réaliste et beau. J'ai donc beaucoup apprécié ce livre, et bien que Jacquou soit un personnage très intéressant j'ai un coup de coeur pour le Curé Bontal sans qui Jacquou serait au pire mort, au mieux rongé par la haine sans perspective.
J'ai voté : Beaucoup apprécié
Dernière édition par Pandora le Ven 11 Mai 2018 - 11:14, édité 1 fois (Raison : Ajout couverture)
Pandora- Grand expert du forum
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Genre littéraire préféré : Aucun, c'est la plume de l'auteur qui me transporte... ou pas
Date d'inscription : 03/07/2017
Re: [Le Roy, Eugène] Jacquou le Croquant.
Mon avis :
Je viens de finir avec quelque retard ce beau roman du terroir, ce roman retraçant la destinée douloureuse de Jacquou depuis ses jeunes années marquées par les persécutions du comte de Nansac, jusqu'à l'âge d'homme et bien au-delà, destinée soutenue par un courage infaillible, l'esprit de révolte et le sens des responsabilités.
Jacquou a cinq ans lorsque les malheurs commencent : son père est métayer sur les terres d'un noble (dont on apprendra qu'il est fils d'un manant) et vit chichement avec sa femme et son fils. L'hiver est rude, et on y est même suivi par un loup au retour de la messe de minuit à la chapelle de l'Herm. Nous sommes dans le Périgord, Jacquou nous raconte ses aventures à la première personne, dans un parler pittoresque empreint de mots patois (avec un glossaire).
La situation s'aggrave, notamment lorsque Laborie, le contremaître du seigneur, paillard invétéré, cherche à s'en prendre à la mère de Jacquou et tue cruellement la chienne de son père, qui certes braconne un peu. Il est tué et le père de Jacquou est envoyé aux galères. Commence alors une longue descente aux enfers de la pauvreté et du dénuement pour Jacquou et sa mère. Leur destin tragique atteint son point d'orgue lorsque Jacquou se retrouve orphelin. Heureusement, il sera recueilli et instruit par le bon curé Bonal.
N'allez pas croire que le destin relâche sa prise sur le jeune Jacquou, devenu homme, amoureux de la belle Lina, et toujours suspect aux yeux du comte, dont il a déjà cherché à se venger. Destin qui prend les couleurs d'une lutte sociale, une jacquerie, révolte qui ne peut manquer de se produire quand les pauvres gens sont réduits au désespoir et ne croient plus en la possibilité d'une justice, tant les nantis font ce qu'ils veulent, couverts par les institutions... Le roman est toutefois étayé par de beaux personnages, qui illustrent la dignité paysanne, quoique d'autres parfois témoignent de mauvais choix conduits par la lâcheté.
J'ai aimé cette lecture, n'y retrouvant pas tout à fait la fascination qu'elle exerçait sur moi dans ma jeunesse : il est vrai que c'est surtout la série qui m'avait marquée, et justement, cette édition comporte des pages centrales illustrées de photogrammes de cette série (Stellio Lorenzi, 6 épisodes diffusée en 1969). En voici la couverture :
Je n'ai pas été déroutée par la langue paysanne, car elle ressemble au patois du Poitou, que je connais un peu, et à l'ancien français que j'ai étudié. Toutefois, l'action progresse assez lentement, et je me suis parfois lassée de certains passages. (4/5)
Je viens de finir avec quelque retard ce beau roman du terroir, ce roman retraçant la destinée douloureuse de Jacquou depuis ses jeunes années marquées par les persécutions du comte de Nansac, jusqu'à l'âge d'homme et bien au-delà, destinée soutenue par un courage infaillible, l'esprit de révolte et le sens des responsabilités.
Jacquou a cinq ans lorsque les malheurs commencent : son père est métayer sur les terres d'un noble (dont on apprendra qu'il est fils d'un manant) et vit chichement avec sa femme et son fils. L'hiver est rude, et on y est même suivi par un loup au retour de la messe de minuit à la chapelle de l'Herm. Nous sommes dans le Périgord, Jacquou nous raconte ses aventures à la première personne, dans un parler pittoresque empreint de mots patois (avec un glossaire).
La situation s'aggrave, notamment lorsque Laborie, le contremaître du seigneur, paillard invétéré, cherche à s'en prendre à la mère de Jacquou et tue cruellement la chienne de son père, qui certes braconne un peu. Il est tué et le père de Jacquou est envoyé aux galères. Commence alors une longue descente aux enfers de la pauvreté et du dénuement pour Jacquou et sa mère. Leur destin tragique atteint son point d'orgue lorsque Jacquou se retrouve orphelin. Heureusement, il sera recueilli et instruit par le bon curé Bonal.
N'allez pas croire que le destin relâche sa prise sur le jeune Jacquou, devenu homme, amoureux de la belle Lina, et toujours suspect aux yeux du comte, dont il a déjà cherché à se venger. Destin qui prend les couleurs d'une lutte sociale, une jacquerie, révolte qui ne peut manquer de se produire quand les pauvres gens sont réduits au désespoir et ne croient plus en la possibilité d'une justice, tant les nantis font ce qu'ils veulent, couverts par les institutions... Le roman est toutefois étayé par de beaux personnages, qui illustrent la dignité paysanne, quoique d'autres parfois témoignent de mauvais choix conduits par la lâcheté.
J'ai aimé cette lecture, n'y retrouvant pas tout à fait la fascination qu'elle exerçait sur moi dans ma jeunesse : il est vrai que c'est surtout la série qui m'avait marquée, et justement, cette édition comporte des pages centrales illustrées de photogrammes de cette série (Stellio Lorenzi, 6 épisodes diffusée en 1969). En voici la couverture :
Je n'ai pas été déroutée par la langue paysanne, car elle ressemble au patois du Poitou, que je connais un peu, et à l'ancien français que j'ai étudié. Toutefois, l'action progresse assez lentement, et je me suis parfois lassée de certains passages. (4/5)
Dernière édition par elea2020 le Lun 7 Aoû 2023 - 8:39, édité 1 fois
elea2020- Grand sage du forum
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Re: [Le Roy, Eugène] Jacquou le Croquant.
Merci Elea pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Le Roy, Eugène] Jacquou le Croquant.
Merci Louloute, c'était une lecture-souvenir.
elea2020- Grand sage du forum
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