[Haruf, Kent] Le chant des plaines
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[Haruf, Kent] Le chant des plaines
Titre : Le chant des plaines
Auteur : Kent Haruf
éditions : Robert Laffont/Pavillon poche
Nombre de pages : 428 pages.
Présentation de l’éditeur :
Kent Haruf nous entraîne au cœur de cette Amérique profonde que l’on ne connaît pas assez.
Nous sommes dans un bled perdu du Colorado : dans le bruissement des éoliennes et le piétinement des troupeaux, des destins se croisent. Une lycéenne demi-indienne de dix-sept ans, enceinte d’un garçon parti sans laisser d’adresse, est jetée à la rue par sa mère. Un prof du lycée du coin tente de s’en sortir avec deux gamins sur les bras après la fuite de sa femme dépressive. Ce petit monde se retrouve bientôt dans la ferme des McPheron, deux vieux célibataires aux mains calleuses mais au cœur en or.
Mon avis :
C’est une histoire simple, finalement. Une histoire simple comme la vie qui passe, dans cette petite ville imaginaire du Colorado. Nous voici au coeur de l’Amérique que l’on voit peu, que l’on ne montre pas, celles des gens simples, qui vivent du mieux qu’ils peuvent, sans faire de bruits, sans chercher à faire parler d’eux. Des personnages ordinaires, saisis dans un long moment de leur vie. Prenez par exemple les frères Mc Pheron, Raymond et Harold. Orphelins trop tôt, ils ont toujours vécu dans leur ferme, se sont occupés de leur élevage, année après année, chaque jour rythmé par les soins à donner, les bêtes à vacciner, les veaux à mettre au monde. Ils sont généreux, pourtant, à leur manière discrète, comme lorsqu’ils donnent de l’argent aux deux fils de Tom Guthrie qui les ont aidés, à la hauteur de leur jeune âge, avec les bêtes. Ils vont faire bien plus que cela, en accueillant Victoria Roubideaux, une toute jeune fille, enceinte d’un garçon parti, comme ça, du jour au lendemain. Ne vous inquiétez pas, il ne lui est rien arrivé de grave. Simplement, il vit à Denvers, la grande ville, à la fois proche et lointaine. Pourquoi rester ? Pourquoi donner des nouvelles ?
Victoria, en tout cas, se retrouve seule. Oui, elle poursuit ses études – et il en faut, de la force, dans une petite ville où les commérages vont bon train. Elle n’a même pas pu compter sur le soutien de sa mère. Vous savez sans doute que j’adore ouvrir des parenthèses, faire de petites digressions – l’on oublie trop souvent que les mères célibataires, ou les filles-mères comme on les appelait souvent, suscitaient la réprobation, l’exclusion, y compris au sein de leur propre famille, alors que le géniteur était largement oublié, comme s’il n’était absolument pas responsable de ce qui s’était passé. Victoria peut compter sur l’aide, ferme et discrète, de Maggie, et des frères Mc Pheron, qui sont face à elle comme deux bons gros ours en train de s’occuper d’un ourson orphelin fragile et imprévisible.
Tout peut arriver dans une petite ville, les bonheurs, les conflits, les détresses aussi, comme celles de la femme de Tom Guthrie : la dépression n’épargne personne, et s’en sortir est compliqué, malgré tout l’amour et la bonne volonté des proches. Il est aussi difficile de définir le pourquoi de la dépression, et jamais l’auteur ne cherche à justifier, à condamner cette maladie qui a plongé dans l’ombre une femme, une mère, une soeur.
Ce n’est pas que l’écriture est simple, c’est qu’elle apparaît comme la douce mélodie des jours qui s’écoulent, les uns après les autres, saison après saison : nous sommes dans une petite ville, quasiment à la campagne, et l’on ressent bien le passage des saisons, l’automne, l’hiver. Une belle oeuvre, qui prend le temps de nous raconter les choses essentielles.
Auteur : Kent Haruf
éditions : Robert Laffont/Pavillon poche
Nombre de pages : 428 pages.
Présentation de l’éditeur :
Kent Haruf nous entraîne au cœur de cette Amérique profonde que l’on ne connaît pas assez.
Nous sommes dans un bled perdu du Colorado : dans le bruissement des éoliennes et le piétinement des troupeaux, des destins se croisent. Une lycéenne demi-indienne de dix-sept ans, enceinte d’un garçon parti sans laisser d’adresse, est jetée à la rue par sa mère. Un prof du lycée du coin tente de s’en sortir avec deux gamins sur les bras après la fuite de sa femme dépressive. Ce petit monde se retrouve bientôt dans la ferme des McPheron, deux vieux célibataires aux mains calleuses mais au cœur en or.
Mon avis :
C’est une histoire simple, finalement. Une histoire simple comme la vie qui passe, dans cette petite ville imaginaire du Colorado. Nous voici au coeur de l’Amérique que l’on voit peu, que l’on ne montre pas, celles des gens simples, qui vivent du mieux qu’ils peuvent, sans faire de bruits, sans chercher à faire parler d’eux. Des personnages ordinaires, saisis dans un long moment de leur vie. Prenez par exemple les frères Mc Pheron, Raymond et Harold. Orphelins trop tôt, ils ont toujours vécu dans leur ferme, se sont occupés de leur élevage, année après année, chaque jour rythmé par les soins à donner, les bêtes à vacciner, les veaux à mettre au monde. Ils sont généreux, pourtant, à leur manière discrète, comme lorsqu’ils donnent de l’argent aux deux fils de Tom Guthrie qui les ont aidés, à la hauteur de leur jeune âge, avec les bêtes. Ils vont faire bien plus que cela, en accueillant Victoria Roubideaux, une toute jeune fille, enceinte d’un garçon parti, comme ça, du jour au lendemain. Ne vous inquiétez pas, il ne lui est rien arrivé de grave. Simplement, il vit à Denvers, la grande ville, à la fois proche et lointaine. Pourquoi rester ? Pourquoi donner des nouvelles ?
Victoria, en tout cas, se retrouve seule. Oui, elle poursuit ses études – et il en faut, de la force, dans une petite ville où les commérages vont bon train. Elle n’a même pas pu compter sur le soutien de sa mère. Vous savez sans doute que j’adore ouvrir des parenthèses, faire de petites digressions – l’on oublie trop souvent que les mères célibataires, ou les filles-mères comme on les appelait souvent, suscitaient la réprobation, l’exclusion, y compris au sein de leur propre famille, alors que le géniteur était largement oublié, comme s’il n’était absolument pas responsable de ce qui s’était passé. Victoria peut compter sur l’aide, ferme et discrète, de Maggie, et des frères Mc Pheron, qui sont face à elle comme deux bons gros ours en train de s’occuper d’un ourson orphelin fragile et imprévisible.
Tout peut arriver dans une petite ville, les bonheurs, les conflits, les détresses aussi, comme celles de la femme de Tom Guthrie : la dépression n’épargne personne, et s’en sortir est compliqué, malgré tout l’amour et la bonne volonté des proches. Il est aussi difficile de définir le pourquoi de la dépression, et jamais l’auteur ne cherche à justifier, à condamner cette maladie qui a plongé dans l’ombre une femme, une mère, une soeur.
Ce n’est pas que l’écriture est simple, c’est qu’elle apparaît comme la douce mélodie des jours qui s’écoulent, les uns après les autres, saison après saison : nous sommes dans une petite ville, quasiment à la campagne, et l’on ressent bien le passage des saisons, l’automne, l’hiver. Une belle oeuvre, qui prend le temps de nous raconter les choses essentielles.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 13263
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Haruf, Kent] Le chant des plaines
Merci Algue et Cannetille pour votre visite.
Kent Haruf a vraiment construit son univers littéraire autour du Colorado, et de cette petite ville imaginaire de Holt (qui doit ressembler à beaucoup de villes américaines) : ce roman a deux "suites", ou du moins deux autres livres qui se déroulent dans le même lieu, Colorado Blues et Les gens de Holt County.
Kent Haruf a vraiment construit son univers littéraire autour du Colorado, et de cette petite ville imaginaire de Holt (qui doit ressembler à beaucoup de villes américaines) : ce roman a deux "suites", ou du moins deux autres livres qui se déroulent dans le même lieu, Colorado Blues et Les gens de Holt County.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 13263
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Haruf, Kent] Le chant des plaines
Lu en décembre 2021
Voici une chronique de quelques habitants de l’Amérique profonde.
Haruf nous livre sa vision de la société sans mystères et sans drames. Juste une histoire autour des personnages en tentant de nous faire apprécier, souvent avec tendresse, les détails qui composent leur vie. Il le fait en décrivant des tâches simples, telles que la distribution du journal ou la manipulation pour savoir si une vache est gestante.
J’ai été touchée par les frères McPheron et par les deux petits garçons. Sinon je dois avouer que les autres protagonistes m’ont laissée relativement indifférente.
Style :
L’écriture se veut tellement simple qu’elle en devient d’une pauvreté navrante. Pour décrire les personnages aussi bien physiquement que sentimentalement ainsi que toute situation, l’auteur a sans cesse recours au verbe « look » traduit par « L’air’ ou « L’air de » avec une récurrence de 150 fois sur 324 pages.
Voici trois phrases sur un passage qui représente un tiers de page environ :
Nothing looked good now. She picked up a can on Vienna sausages…
Alice rang them up, a hard-looking thin woman with a black mole on her cheek…
You’re looking kind of puny today, You okay, hon ?...
Traduit ainsi :
Rien n’avait l’air bon. Elle prit une boîte de saucisses…
Alice, une femme mince à l’air dur avec un gros grain de beauté noir sur la joue, les enregistra…
Tu m’as l’air en piteux état, aujourd’hui ? T’es sûre que ça va ?...
Il fait également économie de tirets en intégrant les dialogues dans les phrases ou en allant juste à la ligne.
Au sujet de la traduction, je cite Babelio :
Best-seller : l'étiquette, flatteuse pour certains publics, en fait frémir d'autres. Avec ce Chant des plaines (titre approximativement traduit, comme l'ensemble, hélas, de cette prose remarquable) …
Oui parce que le titre anglais est "Plainsong", c’est-à-dire, plain-chant soit "n'importe quelle mélodie ou air simple et sans fioritures ", comme il est dit au début du livre. Le chant grégorien serait le meilleur exemple de ce type de musique. Sans doute que l’éditeur n’a pas estimé ce titre assez accrocheur.
Au sujet du roman « La Religion » de Tim Willocks, j’ai évoqué les nombreuses maladresses de traduction. Normal, c’est aussi Benjamin Legrand qui s’en est chargé. Ici, même si l’auteur répète « Look » à l’envi, je pense que la langue française offre d’autres possibilités de traduction, comme « sembler », « paraître », « donner l’impression », etc. pour alléger la lecture. Il faut préciser que ce monsieur, romancier à ses heures, est le demi-frère du compositeur Michel Legrand. Cela peut aider…
En résumé ce chant à plusieurs voix est assez plaisant à écouter sans toutefois en redemander parce que ce qui est raconté manque vraiment d’intensité.
Voici une chronique de quelques habitants de l’Amérique profonde.
Haruf nous livre sa vision de la société sans mystères et sans drames. Juste une histoire autour des personnages en tentant de nous faire apprécier, souvent avec tendresse, les détails qui composent leur vie. Il le fait en décrivant des tâches simples, telles que la distribution du journal ou la manipulation pour savoir si une vache est gestante.
J’ai été touchée par les frères McPheron et par les deux petits garçons. Sinon je dois avouer que les autres protagonistes m’ont laissée relativement indifférente.
Style :
L’écriture se veut tellement simple qu’elle en devient d’une pauvreté navrante. Pour décrire les personnages aussi bien physiquement que sentimentalement ainsi que toute situation, l’auteur a sans cesse recours au verbe « look » traduit par « L’air’ ou « L’air de » avec une récurrence de 150 fois sur 324 pages.
Voici trois phrases sur un passage qui représente un tiers de page environ :
Nothing looked good now. She picked up a can on Vienna sausages…
Alice rang them up, a hard-looking thin woman with a black mole on her cheek…
You’re looking kind of puny today, You okay, hon ?...
Traduit ainsi :
Rien n’avait l’air bon. Elle prit une boîte de saucisses…
Alice, une femme mince à l’air dur avec un gros grain de beauté noir sur la joue, les enregistra…
Tu m’as l’air en piteux état, aujourd’hui ? T’es sûre que ça va ?...
Il fait également économie de tirets en intégrant les dialogues dans les phrases ou en allant juste à la ligne.
Au sujet de la traduction, je cite Babelio :
Best-seller : l'étiquette, flatteuse pour certains publics, en fait frémir d'autres. Avec ce Chant des plaines (titre approximativement traduit, comme l'ensemble, hélas, de cette prose remarquable) …
Oui parce que le titre anglais est "Plainsong", c’est-à-dire, plain-chant soit "n'importe quelle mélodie ou air simple et sans fioritures ", comme il est dit au début du livre. Le chant grégorien serait le meilleur exemple de ce type de musique. Sans doute que l’éditeur n’a pas estimé ce titre assez accrocheur.
Au sujet du roman « La Religion » de Tim Willocks, j’ai évoqué les nombreuses maladresses de traduction. Normal, c’est aussi Benjamin Legrand qui s’en est chargé. Ici, même si l’auteur répète « Look » à l’envi, je pense que la langue française offre d’autres possibilités de traduction, comme « sembler », « paraître », « donner l’impression », etc. pour alléger la lecture. Il faut préciser que ce monsieur, romancier à ses heures, est le demi-frère du compositeur Michel Legrand. Cela peut aider…
En résumé ce chant à plusieurs voix est assez plaisant à écouter sans toutefois en redemander parce que ce qui est raconté manque vraiment d’intensité.
Dulcie- Grand expert du forum
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Age : 68
Localisation : Pyrénées Orientales
Genre littéraire préféré : Roman historique
Date d'inscription : 10/01/2023
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