[Appanah, Natacha] Le Ciel par-dessus le toit
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[Appanah, Natacha] Le Ciel par-dessus le toit
[Appanah, Natacha] Le Ciel par-dessus le toit
Gallimard (2019) – 128 pages
Quatrième de couverture : «Sa mère et sa sœur savent que Loup dort en prison, même si le mot juste c’est maison d’arrêt mais qu’est-ce que ça peut faire les mots justes quand il y a des barreaux aux fenêtres, une porte en métal avec œilleton et toutes ces choses qui ne se trouvent qu’entre les murs. Elles imaginent ce que c’est que de dormir en taule à dix-sept ans mais personne, vraiment, ne peut imaginer les soirs dans ces endroits-là.» Comme dans le poème de Verlaine auquel le titre fait référence, ce roman griffé de tant d’éclats de noirceur nous transporte pourtant par la grâce de l’écriture de Nathacha Appanah vers une lumière tombée d’un ciel si bleu, si calme, vers cette éternelle douceur qui lie une famille au-delà des drames.
Mon avis : Parce qu’il voulait retrouver sa sœur, qu’il n’a pas vue depuis dix ans, Loup empreinte la voiture de sa mère, traverse la moitié du pays, et crée un accident. Comme il n’a pas le permis de conduire, Loup se retrouve derrière les barreaux. Quand la police prévient Phoénix, la mère de Loup, celle-ci apprend que son fils ne veut voir que sa sœur Paloma. Phoenix est obligée de reprendre contacte avec sa fille. Serait-ce là l’opportunité de recoller les morceaux de cette famille déchirée ?
C’est le premier roman que je lis de cette auteure. J’ai été émue par cette famille qui de génération en génération ne sait pas s’aimer. J’ai été émue par Loup et sa détresse. Et j’ai été bouleversé par l’enfance de Phoenix, alias Eliette et par l’histoire de ses parents.
Le Ciel par-dessus les toits est le portrait de personnages blessés, de rencontres ratées, d’enfants mal aimés.
Tout cela est joliment dessiné, mais j’aurais aimé une fin plus longue, et plus de développement autour du personnage de Loup.
Extrait :"Bon sang, comment faut-il la mener cette putain de vie pour qu'elle ne vous morde pas au quotidien ?"
Dernière édition par lili78 le Mer 18 Sep 2019 - 16:14, édité 1 fois
lili78- Grand sage du forum
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Re: [Appanah, Natacha] Le Ciel par-dessus le toit
Merci Lili pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Appanah, Natacha] Le Ciel par-dessus le toit
Devenue marginale et hermétique à la tendresse à cause d’un traumatisme remontant à l’enfance, Phénix est incapable de se montrer maternelle. A l’adolescence, sa fille a préféré fuir la maison. Dix ans plus tard, au même âge, son fils Loup se retrouve dans le quartier pour mineurs d’une prison.
L’écriture est jolie, l’art du conte maîtrisé et l’on ne s’ennuie pas une seconde dans cette histoire en clair-obscur, esthétiquement composée. C’est pourtant cette même recherche formelle qui a fini par s’avérer contre-productive chez moi : à force d’intentions poétiques et d’effets de style, le récit m’a semblé verser dans l’artifice, au trop grand détriment de sa crédibilité.
J’ai eu ainsi beaucoup de mal à me faire aux personnages : entre une mère objet de tous les fantasmes dont on ne percera jamais la déroutante image pour en comprendre vraiment les failles, un fils tellement fragile qu’il en paraît presque demeuré et fait bien plus office d’agneau sacrifié que de loup enragé, un médecin au comportement improbable lors d’un accouchement fantasmagorique qui occupe une place inexplicable dans le récit, seule la fille, par son absence, acquiert paradoxalement quelque réalité.
C’est finalement le très beau travail sur sa forme qui fait l’originalité de cette histoire. Sorte de clair-obscur parfois presque fantastique où dansent les ombres de personnages plus esquissés que réellement incarnés, elle confirme, s’il le fallait, une bien jolie plume, mais s’avère pour moi une relative déception après mon précédent coup de coeur pour Tropique de la violence du même auteur. (3/5)
L’écriture est jolie, l’art du conte maîtrisé et l’on ne s’ennuie pas une seconde dans cette histoire en clair-obscur, esthétiquement composée. C’est pourtant cette même recherche formelle qui a fini par s’avérer contre-productive chez moi : à force d’intentions poétiques et d’effets de style, le récit m’a semblé verser dans l’artifice, au trop grand détriment de sa crédibilité.
J’ai eu ainsi beaucoup de mal à me faire aux personnages : entre une mère objet de tous les fantasmes dont on ne percera jamais la déroutante image pour en comprendre vraiment les failles, un fils tellement fragile qu’il en paraît presque demeuré et fait bien plus office d’agneau sacrifié que de loup enragé, un médecin au comportement improbable lors d’un accouchement fantasmagorique qui occupe une place inexplicable dans le récit, seule la fille, par son absence, acquiert paradoxalement quelque réalité.
C’est finalement le très beau travail sur sa forme qui fait l’originalité de cette histoire. Sorte de clair-obscur parfois presque fantastique où dansent les ombres de personnages plus esquissés que réellement incarnés, elle confirme, s’il le fallait, une bien jolie plume, mais s’avère pour moi une relative déception après mon précédent coup de coeur pour Tropique de la violence du même auteur. (3/5)
Re: [Appanah, Natacha] Le Ciel par-dessus le toit
Mon avis :
Je ne sais pas trop comment ce livre est arrivé dans ma PAL, ni depuis combien de temps il y était. Peu importe : aujourd’hui, il est lu, et c’est déjà ça.
Ce livre est court, sec, sans rien qui ne me fasse dire : « il aurait fallu…. il aurait été bon…. » Non. Le roman est ainsi, et il est très bien ainsi.
Nous croisons trois solitudes : celle de Phénix et celles de ses deux enfants, Paloma et Loup. Oui, elle en a fait exprès de les appeler ainsi. Elle avait de l’espoir en leur donnant ces prénoms. Elle a choisi le sien, elle qui ne supportait pas celui que ses parents lui avaient donné, prénom qu’ils avaient hésité, au dernier moment d’ailleurs, à lui donner, avant de se dire que non, décidément, ils ont gardé celui qu’ils avaient choisi, ils ont regretté que leur petite fille chérie ne soit plus leur petite fille chérie. J’ai beaucoup aimé les pages dans lesquelles le père essaie de se remémorer le passé, essaie de voir ce qu’il n’a pas vu, au moment où il l’avait vécu. Il ne se rend pas compte que la seule personne à laquelle il n’a pas fait attention, finalement, c’était sa propre fille unique. Et si je n’écris pas ce fameux prénom, c’est pour respecter la volonté de Phénix, pour rappeler aussi que si quelqu’un change de prénom, quelle que soit cette raison, il est bon de respecter ce choix, et non de lui seriner qu’on ne peut changer le prénom que ses parents lui ont donné. J’en pose, des questions ?
Phénix, ce jour, ce n’est pas ses parents qu’elle doit contacter, mais sa fille, Paloma. Elles ne se sont pas vus, pas parler depuis dix ans. Ce qui la pousse à renouer avec sa fille ? Son fils, Loup. Il a fait une énorme bêtise, il a voulu revoir sa soeur qui lui manquait trop et il a pris la voiture de sa mère. Sans permis. Arrêté, emprisonné, il ne veut pas voir sa mère, il réclame sa soeur.
Par portrait brossé franchement, le récit nous montre comment on en est arrivé là. J’ai presque l’impression de spoiler un peu en disant que le problème n’est pas que Phénix n’a pas aimé ses enfants, le problème est que sa façon de les aimer n’était pas comprise par eux, parce qu’elle ne pouvait les aimer de manière traditionnelle. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, elle n’était pas maltraitante, elle était différente, elle a voulu les élever comme elle-même ne l’avait pas été, faire tout le contraire de ce que ses parents avaient fait, pour qu’ils n’aient pas à souffrir comme elle. Vaste sujet. Oui. Surtout quand on ne dit pas, parce que Phénix semble incapable de dire réellement ce qu’elle sent et ressent. Conséquence ? Sa fille semble presque effacée, telle un oiseau sur une branche, ou « une stagiaire de sa propre vie » comme elle le dit.
Oeuvre forte, moments de vie souffrante, Le ciel par-dessus les toits est une oeuvre que j’ai aimé découvrir.
Je ne sais pas trop comment ce livre est arrivé dans ma PAL, ni depuis combien de temps il y était. Peu importe : aujourd’hui, il est lu, et c’est déjà ça.
Ce livre est court, sec, sans rien qui ne me fasse dire : « il aurait fallu…. il aurait été bon…. » Non. Le roman est ainsi, et il est très bien ainsi.
Nous croisons trois solitudes : celle de Phénix et celles de ses deux enfants, Paloma et Loup. Oui, elle en a fait exprès de les appeler ainsi. Elle avait de l’espoir en leur donnant ces prénoms. Elle a choisi le sien, elle qui ne supportait pas celui que ses parents lui avaient donné, prénom qu’ils avaient hésité, au dernier moment d’ailleurs, à lui donner, avant de se dire que non, décidément, ils ont gardé celui qu’ils avaient choisi, ils ont regretté que leur petite fille chérie ne soit plus leur petite fille chérie. J’ai beaucoup aimé les pages dans lesquelles le père essaie de se remémorer le passé, essaie de voir ce qu’il n’a pas vu, au moment où il l’avait vécu. Il ne se rend pas compte que la seule personne à laquelle il n’a pas fait attention, finalement, c’était sa propre fille unique. Et si je n’écris pas ce fameux prénom, c’est pour respecter la volonté de Phénix, pour rappeler aussi que si quelqu’un change de prénom, quelle que soit cette raison, il est bon de respecter ce choix, et non de lui seriner qu’on ne peut changer le prénom que ses parents lui ont donné. J’en pose, des questions ?
Phénix, ce jour, ce n’est pas ses parents qu’elle doit contacter, mais sa fille, Paloma. Elles ne se sont pas vus, pas parler depuis dix ans. Ce qui la pousse à renouer avec sa fille ? Son fils, Loup. Il a fait une énorme bêtise, il a voulu revoir sa soeur qui lui manquait trop et il a pris la voiture de sa mère. Sans permis. Arrêté, emprisonné, il ne veut pas voir sa mère, il réclame sa soeur.
Par portrait brossé franchement, le récit nous montre comment on en est arrivé là. J’ai presque l’impression de spoiler un peu en disant que le problème n’est pas que Phénix n’a pas aimé ses enfants, le problème est que sa façon de les aimer n’était pas comprise par eux, parce qu’elle ne pouvait les aimer de manière traditionnelle. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, elle n’était pas maltraitante, elle était différente, elle a voulu les élever comme elle-même ne l’avait pas été, faire tout le contraire de ce que ses parents avaient fait, pour qu’ils n’aient pas à souffrir comme elle. Vaste sujet. Oui. Surtout quand on ne dit pas, parce que Phénix semble incapable de dire réellement ce qu’elle sent et ressent. Conséquence ? Sa fille semble presque effacée, telle un oiseau sur une branche, ou « une stagiaire de sa propre vie » comme elle le dit.
Oeuvre forte, moments de vie souffrante, Le ciel par-dessus les toits est une oeuvre que j’ai aimé découvrir.
Sharon- Modérateur
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