[Fargetton, Manon, et Tixier, Jean-Christophe] En plein vol
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[Fargetton, Manon, et Tixier, Jean-Christophe] En plein vol
Titre : En plein vol
Auteur : Fargetton, Manon et Tixier, Jean-Christophe
Edition Rageot - 288 pages
Présentation de l’éditeur :
Déployer ses ailes et prendre son envol. Planer dans la brise, se griser de vitesse. Lorsque Romane et Jules se rencontrent à la fac, leur amitié est fulgurantes, nourrie d’idéalisme. Quelle vie veulent-ils mener ? Une existence remplie d’un amour rare, d’une famille-nid et de confiance ? Ou baignée d’art et de marginalité, de liberté et d’urgence, sans aucun attrait pour le futur ? Il est des oiseaux qui dorment dans les grands vents, d’autres qui veulent atteindre le soleil.
Mon avis (remplis de digression) :
En plein vol est la suite de Quand vient la vague. J’ai préféré ce second tome au premier, peut-être parce que l’ordre personnage principal/personnage secondaire s’est inversé. Nina s’est éclipsée, retournant à Bordeaux sans que l’on sache pourquoi, dix-huit mois plus tard, elle a choisi de retourner auprès de sa famille et de bouleverser ses projets. Jules, celui qui l’a tant soutenu, et Romane, sa meilleure amie, sont au premier plan. Romane est en outre la petite amie du frère de Nina, Clément, qui est plus jeune qu’elle. Pas de beaucoup, non, cependant ces deux années, le fait que Romane soit à la fac, et encore au lycée suffit pour matérialiser cette différence, pour entraîner aussi des commentaires remplis de misogynie et de sexisme. Oui, Romane est forcément une « cougar » aux yeux de ceux qui aiment les clichés, et qui sont incapables de comprendre que l’amour n’a rien à voir avec ce concept de proie et de prédateur. Ce n’est pas la seule remarque misogyne de ce roman, et au fur et à mesure des pages, Romane prend de plein fouet ce que les femmes doivent subir, et elle n’a pas l’intention de subir ces comportements sans rien dire, sans rien faire.
Romane m’a étonnée aussi, parce qu’elle a déjà des projets de vie bien tracés, bien précis. Ce qu’elle découvre sur elle-même, sur son corps dans ce livre, l’amène à devoir renoncer à une part de cet avenir rêvé, à renoncer aussi à son amoureux parce qu’elle est différente – non conforme ai-je envie de dire. J’ai repensé, en lisant son choix, à tous ses livres, tous ses films, toutes ses biographies aussi, qui montrent qu’une femme « différente » n’a pas le droit au bonheur. J’ai l’impression que beaucoup de jeunes femmes ont intégré, depuis des générations, ce discours : les hommes sont en droit d’avoir une femme en bonne santé, il est même normal qu’il aille voir ailleurs si elle est souffrante. Non, je ne trouve pas dommage que Romane ait intégré ses clichés misogynes, nous sommes entourées par ces clichés, ces injonctions. En revanche, j’ai trouvé très intéressant que Clément se comporte comme un jeune homme responsable – personne ne choisira pour lui ce qu’il veut faire de sa vie, et avec qui il le fera. Ouf. Oui, aimer, c’est ne pas décider pour l’autre ce qui est bon pour lui.
Ecouter l’autre, tout est là. Ne pas chercher à hiérarchiser les douleurs. Nier la souffrance de l’autre, l’amoindrir… la vie n’est pas un concours pour savoir qui souffre le plus. Jules, au moins, est capable de se remettre en cause. Jules. Si j’ai commencé par Romane, c’est parce qu’elle est le personnage que j’ai préféré. Ce n’est pas que je n’ai pas aimé Jules, c’est qu’il est davantage dans l’absolu que dans le concret. Il veut aider les autres, sincèrement, il veut que l’on voit, que l’on regarde à nouveau tous ceux que la société a rendu invisible. Même pas ceux qui n’ont rien, non, ceux qui ne sont plus rien, ceux qui vivent à la marge. Lui qui est seul, qui est encore confronté à l’homophobie ordinaire – pour ne rien dire de l’homophobie totalement décomplexé qui s’affiche le plus souvent – a une forte tendance à ne compter que sur lui-même, à ne plus croire que les solutions peuvent venir de la société, voire même des autres. Combat perdu d’avance ? Peut-être, peut-être pas. C’est un combat, et il ne se gagne pas en un jour. Il ne se gagne pas seul non plus. Les auteurs ont bien montré le travail remarquable de certaines associations – parce qu’elles s’appuient sur l’humain, sur l’importance de nouer des liens, de considérer l’autre, toujours, comme une personne.
En plein vol ou l’histoire de jeunes adultes qui ont bien l’intention d’être les acteurs de leur vie et de la société à laquelle ils appartiennent.
Auteur : Fargetton, Manon et Tixier, Jean-Christophe
Edition Rageot - 288 pages
Présentation de l’éditeur :
Déployer ses ailes et prendre son envol. Planer dans la brise, se griser de vitesse. Lorsque Romane et Jules se rencontrent à la fac, leur amitié est fulgurantes, nourrie d’idéalisme. Quelle vie veulent-ils mener ? Une existence remplie d’un amour rare, d’une famille-nid et de confiance ? Ou baignée d’art et de marginalité, de liberté et d’urgence, sans aucun attrait pour le futur ? Il est des oiseaux qui dorment dans les grands vents, d’autres qui veulent atteindre le soleil.
Mon avis (remplis de digression) :
En plein vol est la suite de Quand vient la vague. J’ai préféré ce second tome au premier, peut-être parce que l’ordre personnage principal/personnage secondaire s’est inversé. Nina s’est éclipsée, retournant à Bordeaux sans que l’on sache pourquoi, dix-huit mois plus tard, elle a choisi de retourner auprès de sa famille et de bouleverser ses projets. Jules, celui qui l’a tant soutenu, et Romane, sa meilleure amie, sont au premier plan. Romane est en outre la petite amie du frère de Nina, Clément, qui est plus jeune qu’elle. Pas de beaucoup, non, cependant ces deux années, le fait que Romane soit à la fac, et encore au lycée suffit pour matérialiser cette différence, pour entraîner aussi des commentaires remplis de misogynie et de sexisme. Oui, Romane est forcément une « cougar » aux yeux de ceux qui aiment les clichés, et qui sont incapables de comprendre que l’amour n’a rien à voir avec ce concept de proie et de prédateur. Ce n’est pas la seule remarque misogyne de ce roman, et au fur et à mesure des pages, Romane prend de plein fouet ce que les femmes doivent subir, et elle n’a pas l’intention de subir ces comportements sans rien dire, sans rien faire.
Romane m’a étonnée aussi, parce qu’elle a déjà des projets de vie bien tracés, bien précis. Ce qu’elle découvre sur elle-même, sur son corps dans ce livre, l’amène à devoir renoncer à une part de cet avenir rêvé, à renoncer aussi à son amoureux parce qu’elle est différente – non conforme ai-je envie de dire. J’ai repensé, en lisant son choix, à tous ses livres, tous ses films, toutes ses biographies aussi, qui montrent qu’une femme « différente » n’a pas le droit au bonheur. J’ai l’impression que beaucoup de jeunes femmes ont intégré, depuis des générations, ce discours : les hommes sont en droit d’avoir une femme en bonne santé, il est même normal qu’il aille voir ailleurs si elle est souffrante. Non, je ne trouve pas dommage que Romane ait intégré ses clichés misogynes, nous sommes entourées par ces clichés, ces injonctions. En revanche, j’ai trouvé très intéressant que Clément se comporte comme un jeune homme responsable – personne ne choisira pour lui ce qu’il veut faire de sa vie, et avec qui il le fera. Ouf. Oui, aimer, c’est ne pas décider pour l’autre ce qui est bon pour lui.
Ecouter l’autre, tout est là. Ne pas chercher à hiérarchiser les douleurs. Nier la souffrance de l’autre, l’amoindrir… la vie n’est pas un concours pour savoir qui souffre le plus. Jules, au moins, est capable de se remettre en cause. Jules. Si j’ai commencé par Romane, c’est parce qu’elle est le personnage que j’ai préféré. Ce n’est pas que je n’ai pas aimé Jules, c’est qu’il est davantage dans l’absolu que dans le concret. Il veut aider les autres, sincèrement, il veut que l’on voit, que l’on regarde à nouveau tous ceux que la société a rendu invisible. Même pas ceux qui n’ont rien, non, ceux qui ne sont plus rien, ceux qui vivent à la marge. Lui qui est seul, qui est encore confronté à l’homophobie ordinaire – pour ne rien dire de l’homophobie totalement décomplexé qui s’affiche le plus souvent – a une forte tendance à ne compter que sur lui-même, à ne plus croire que les solutions peuvent venir de la société, voire même des autres. Combat perdu d’avance ? Peut-être, peut-être pas. C’est un combat, et il ne se gagne pas en un jour. Il ne se gagne pas seul non plus. Les auteurs ont bien montré le travail remarquable de certaines associations – parce qu’elles s’appuient sur l’humain, sur l’importance de nouer des liens, de considérer l’autre, toujours, comme une personne.
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Sharon- Modérateur
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Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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