[Arbol, Victor del] Par delà la pluie
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[Arbol, Victor del] Par delà la pluie
Titre : Par delà la pluie
Auteur : Vic del Arbol
Edition :Actes Sud
Nombre de pages : 448 pages
Présentation de l’éditeur :
Les murailles de Tarifa abritent la dernière résidence de deux septuagénaires que rien ne destinait à se rencontrer. Ancien directeur d’une succursale de banque, Miguel est aussi mesuré et prévisible qu’Helena est impulsive et extravagante. La disparition tragique d’un pensionnaire les décide à solder leurs comptes avec la vie : ils se lancent sur les routes au volant d’une flamboyante Datsun de 1967 ; cap sur Barcelone, Madrid et Malmö.
Miguel veut sauver sa fille des griffes d’un pervers narcissique et retrouver un troublant amour de jeunesse.
Helena aimerait revoir son fils, installé à Malmö. Elle a connu, elle aussi, une passion dévorante mais son existence est un champ de ruines depuis la disparition de son père à Tanger lorsqu’elle était enfant : le suicide de sa mère, un mariage sans amour, la mort de tous ceux qui lui sont chers.
Chacun sera le miroir de l’autre dans sa quête de vérité pour pouvoir refermer les blessures traumatisantes de l’enfance et trouver enfin la paix de l’âme.
Avec le talent qu’on lui connaît, Víctor del Árbol fait converger ces histoires vers un dénouement criant de vérité et d’émotion. Et si, au cours de ce saisissant road movie, on traverse les contrées arides de la maladie, de la prostitution ou du grand âge, on en sort convaincu que vivre est le plus beau des voyages.
Mon avis :
J’ai commencé ce livre l'an dernier. Cet après-midi, j’ai décidé d’en reprendre sa lecture et de le terminer. Par la même occasion, j’ai aussi décidé de ne plus lire de romans de Victor del Arbol avant longtemps – très longtemps, et cette fois-ci, je m’y tiendrai, puisque je n’ai plus de romans de cet auteur dans ma PAL.
Le premier point positif est que le roman est bien écrit, et qu’il contient de très belles pages.
Le second point négatif est qu’il traite de thèmes sensibles. Le premier, c’est la mémoire – et sa perte. Que devient-on quand plus personne ne se souvient de nous, de qui l’on a été ? Que faire quand les souvenirs s’en vont, et que l’on sait que chaque jour qui passe vous en arrachera un ? Miguel est le personnage qui est au centre de cette thématique. Il se souvient – presque constamment – de son père, mort pendant la guerre d’Espagne, il se souvient de sa femme, qu’il n’a pas rendu heureuse, de Carmen, qu’il a aimé, mais pour qui il n’a pas quitté sa femme, parce que sa vie était, selon lui, auprès d’elle et de leur fille. Sa fille. Il voudrait l’aider, lui qui a pensé faire de son mieux pour elle – et il a réellement fait ce qu’il pensait être bien pour elle, sauf qu’il s’est rendu compte, trop tard, qu’assurer tout ce qui concerne la sécurité matérielle est loin d’être suffisant. Oui, sa fille a un bon métier, elle n’est pas de taille face à Gustavo, qu’elle aime éperdument et qui s’emploie à la détruire. Son père essaie de la tirer de là : que peut-on, quand la principale intéressée ne s’aime pas assez elle-même pour s’en sortir, et surtout, quand personne autour d’elle, mis à part son père, ne semble s’apercevoir de ce qui se passe, ou détourne le regard. L’Espagne est pourtant un pays que l’on dit à la pointe de la lutte contre les violences faites aux femmes : cela ne se voit guère dans ce roman. Et là, nous sommes passés au second thème sensible : la filiation et la transmission. Il est des parents qui font de leur mieux, comme lui, comme Héléna, et les autres. Ils sont hélas les plus nombreux, quand ils ne choisissent pas de vivre leur vie, leur mort, tout en piétinant l’existence de leurs enfants, pour ne pas dire pire encore. Il est des pages qui sont véritablement dures à lire, parce que « piétiner » est un terme trop doux encore pour exprimer ce que subissent certains enfants, de la naissance à l’âge adulte. Dernier thème, qui rejoint les oeuvres de Camilla Lackberg et Lisa Marklund : la montée croissante du racisme et l’utilisation que les policiers, les hommes politiques (parfois, les deux catégories se recoupent) en font pour leur carrière. oui, ce n’est pas joli, parce que ce n’est jamais joli.
Les points négatifs, ce sont tout le reste.
Je ne supporte plus ces romans choraux, qui enlacent, entrelacent les destins de personnages, pour, finalement, trouver un moyen de relier tout le monde de manière parfois très artificielle. J’ai beaucoup de mal avec ses personnes, qui, sous un prétexte ou sous un autre, n’ont pas été capables de vivre leurs histoires d’amour pleinement. On ne refait pas le passé, certes, mais les conséquences ont été lourdes sur tous les descendants. Je n’ai garde d’oublier ceux qui se contentent de profiter des autres, indifférents au mal qu’ils provoquent. Et même si à la fin, des femmes osent, se rebellent, combien de vies gâchées avant d’y parvenir ? Beaucoup trop. Comme dans La veille de presque tout, c’est l’impression donnée par tous ces destins gâchés qui dominent. Là non plus, ce n’est pas une impression agréable. Même si la fin du roman est un tout petit peu optimiste – après tout ce que l’on a lu pendant quatre cents pages, c’est peu.
Auteur : Vic del Arbol
Edition :Actes Sud
Nombre de pages : 448 pages
Présentation de l’éditeur :
Les murailles de Tarifa abritent la dernière résidence de deux septuagénaires que rien ne destinait à se rencontrer. Ancien directeur d’une succursale de banque, Miguel est aussi mesuré et prévisible qu’Helena est impulsive et extravagante. La disparition tragique d’un pensionnaire les décide à solder leurs comptes avec la vie : ils se lancent sur les routes au volant d’une flamboyante Datsun de 1967 ; cap sur Barcelone, Madrid et Malmö.
Miguel veut sauver sa fille des griffes d’un pervers narcissique et retrouver un troublant amour de jeunesse.
Helena aimerait revoir son fils, installé à Malmö. Elle a connu, elle aussi, une passion dévorante mais son existence est un champ de ruines depuis la disparition de son père à Tanger lorsqu’elle était enfant : le suicide de sa mère, un mariage sans amour, la mort de tous ceux qui lui sont chers.
Chacun sera le miroir de l’autre dans sa quête de vérité pour pouvoir refermer les blessures traumatisantes de l’enfance et trouver enfin la paix de l’âme.
Avec le talent qu’on lui connaît, Víctor del Árbol fait converger ces histoires vers un dénouement criant de vérité et d’émotion. Et si, au cours de ce saisissant road movie, on traverse les contrées arides de la maladie, de la prostitution ou du grand âge, on en sort convaincu que vivre est le plus beau des voyages.
Mon avis :
J’ai commencé ce livre l'an dernier. Cet après-midi, j’ai décidé d’en reprendre sa lecture et de le terminer. Par la même occasion, j’ai aussi décidé de ne plus lire de romans de Victor del Arbol avant longtemps – très longtemps, et cette fois-ci, je m’y tiendrai, puisque je n’ai plus de romans de cet auteur dans ma PAL.
Le premier point positif est que le roman est bien écrit, et qu’il contient de très belles pages.
Le second point négatif est qu’il traite de thèmes sensibles. Le premier, c’est la mémoire – et sa perte. Que devient-on quand plus personne ne se souvient de nous, de qui l’on a été ? Que faire quand les souvenirs s’en vont, et que l’on sait que chaque jour qui passe vous en arrachera un ? Miguel est le personnage qui est au centre de cette thématique. Il se souvient – presque constamment – de son père, mort pendant la guerre d’Espagne, il se souvient de sa femme, qu’il n’a pas rendu heureuse, de Carmen, qu’il a aimé, mais pour qui il n’a pas quitté sa femme, parce que sa vie était, selon lui, auprès d’elle et de leur fille. Sa fille. Il voudrait l’aider, lui qui a pensé faire de son mieux pour elle – et il a réellement fait ce qu’il pensait être bien pour elle, sauf qu’il s’est rendu compte, trop tard, qu’assurer tout ce qui concerne la sécurité matérielle est loin d’être suffisant. Oui, sa fille a un bon métier, elle n’est pas de taille face à Gustavo, qu’elle aime éperdument et qui s’emploie à la détruire. Son père essaie de la tirer de là : que peut-on, quand la principale intéressée ne s’aime pas assez elle-même pour s’en sortir, et surtout, quand personne autour d’elle, mis à part son père, ne semble s’apercevoir de ce qui se passe, ou détourne le regard. L’Espagne est pourtant un pays que l’on dit à la pointe de la lutte contre les violences faites aux femmes : cela ne se voit guère dans ce roman. Et là, nous sommes passés au second thème sensible : la filiation et la transmission. Il est des parents qui font de leur mieux, comme lui, comme Héléna, et les autres. Ils sont hélas les plus nombreux, quand ils ne choisissent pas de vivre leur vie, leur mort, tout en piétinant l’existence de leurs enfants, pour ne pas dire pire encore. Il est des pages qui sont véritablement dures à lire, parce que « piétiner » est un terme trop doux encore pour exprimer ce que subissent certains enfants, de la naissance à l’âge adulte. Dernier thème, qui rejoint les oeuvres de Camilla Lackberg et Lisa Marklund : la montée croissante du racisme et l’utilisation que les policiers, les hommes politiques (parfois, les deux catégories se recoupent) en font pour leur carrière. oui, ce n’est pas joli, parce que ce n’est jamais joli.
Les points négatifs, ce sont tout le reste.
Je ne supporte plus ces romans choraux, qui enlacent, entrelacent les destins de personnages, pour, finalement, trouver un moyen de relier tout le monde de manière parfois très artificielle. J’ai beaucoup de mal avec ses personnes, qui, sous un prétexte ou sous un autre, n’ont pas été capables de vivre leurs histoires d’amour pleinement. On ne refait pas le passé, certes, mais les conséquences ont été lourdes sur tous les descendants. Je n’ai garde d’oublier ceux qui se contentent de profiter des autres, indifférents au mal qu’ils provoquent. Et même si à la fin, des femmes osent, se rebellent, combien de vies gâchées avant d’y parvenir ? Beaucoup trop. Comme dans La veille de presque tout, c’est l’impression donnée par tous ces destins gâchés qui dominent. Là non plus, ce n’est pas une impression agréable. Même si la fin du roman est un tout petit peu optimiste – après tout ce que l’on a lu pendant quatre cents pages, c’est peu.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 13263
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Arbol, Victor del] Par delà la pluie
Roman lu en août 2019.
Sharon, tu as écrit : "Le second point négatif est..." Je pense que c'est "positif" que tu voulais dire.
Je ne suis pas d'accord avec toi et voici ce que j'en ai dit à l'époque :
Après avoir lu et apprécié « La tristesse du samouraï », « Toutes les vagues de l’océan», « La veille de presque tout » et « La maison des chagrins », je viens de terminer son dernier roman « Par-delà la pluie » avec autant de bonheur.
Une des caractéristiques des romans de Victor del Arbol est qu’ils sont difficiles à classer : historiques, noirs, mystérieux, chroniques sociétales… Cet opus n’échappe pas ces qualificatifs bien que la guerre d’Espagne y soit bien moins présente. Seulement quelques lignes sur l’intervention des troupes maures ou le chapitre dans lequel il parle des prisonniers (les vaincus) qui ont été condamnés aux travaux forcés pour construire le monument du « Valle de los Caídos ».
Ici nous avons deux histoires en une.
D’une part celle de Miguel et Helena qui nous plonge au cœur d’un des grands problèmes de notre société : son vieillissement.
Cet homme et cette femme se rencontrent dans une maison de retraite à Tarifa, à un âge où ils pensent avoir déjà tout vécu. Miguel a peur de voler. Helena est paniquée par la mer. Ils ont chacun un enfant et n’ont pas de bonnes relations avec eux. Le suicide d'un résident leur ouvre les yeux. Ils ne veulent pas passer leurs derniers jours à se souvenir et à espérer des temps supposés meilleurs. Ensemble, ils décideront d'entreprendre le voyage de leur vie, dans lequel ils découvriront que rien n'est définitif tant qu'il y a des illusions à poursuivre.
D’autre part, un récit totalement différent et noir, peut-être un hommage aux polars nordiques. Dans la lointaine ville suédoise de Malmö, la jeune Yasmina, fille d'immigrés marocains et qui rêve d'être chanteuse, vit coincée entre les soins qu’elle prodigue à son grand-père Abdul, un homme autoritaire, et le mépris de sa mère, pour qui Yasmina est une honte car elle travaille pour un suédois, mi trafiquant, mi proxénète. De plus elle vit une histoire secrète avec un policier.
Deux trames très intenses et sans lien apparent mais que l'auteur nous dévoile au fur et à mesure du récit.
Et puis on pourrait aussi classer ce roman dans le genre « road movie » quand Miguel et Helena décident de se rendre à Malmö, en passant par Madrid et Barcelone. C’est aussi l’occasion de parler du « voyage » de la vie depuis notre naissance jusqu’à notre mort. Les deux protagonistes savent qu’ils sont près de la fin et ils avancent ensemble, conscients qu’il s’agit d’une fuite.
Del Arbol nous parle aussi de la maladie d’Alzheimer, de l’abandon, de la vengeance, des femmes battues, de l’homosexualité, etc. Mais l’auteur ne serait plus lui-même si parallèlement à la douleur et à la violence il ne nous racontait pas aussi une belle histoire d’amour, d’une rare intensité car assujettie à l’urgence du peu de temps qui reste avant l’issue fatale.
Un magnifique roman où, dans ses dernières pages, l'auteur s’élève au-dessus de la pluie, pour nous offrir l'une des fins les plus émouvantes et les plus poétiques de sa carrière littéraire.
Sharon, tu as écrit : "Le second point négatif est..." Je pense que c'est "positif" que tu voulais dire.
Je ne suis pas d'accord avec toi et voici ce que j'en ai dit à l'époque :
Après avoir lu et apprécié « La tristesse du samouraï », « Toutes les vagues de l’océan», « La veille de presque tout » et « La maison des chagrins », je viens de terminer son dernier roman « Par-delà la pluie » avec autant de bonheur.
Une des caractéristiques des romans de Victor del Arbol est qu’ils sont difficiles à classer : historiques, noirs, mystérieux, chroniques sociétales… Cet opus n’échappe pas ces qualificatifs bien que la guerre d’Espagne y soit bien moins présente. Seulement quelques lignes sur l’intervention des troupes maures ou le chapitre dans lequel il parle des prisonniers (les vaincus) qui ont été condamnés aux travaux forcés pour construire le monument du « Valle de los Caídos ».
Ici nous avons deux histoires en une.
D’une part celle de Miguel et Helena qui nous plonge au cœur d’un des grands problèmes de notre société : son vieillissement.
Cet homme et cette femme se rencontrent dans une maison de retraite à Tarifa, à un âge où ils pensent avoir déjà tout vécu. Miguel a peur de voler. Helena est paniquée par la mer. Ils ont chacun un enfant et n’ont pas de bonnes relations avec eux. Le suicide d'un résident leur ouvre les yeux. Ils ne veulent pas passer leurs derniers jours à se souvenir et à espérer des temps supposés meilleurs. Ensemble, ils décideront d'entreprendre le voyage de leur vie, dans lequel ils découvriront que rien n'est définitif tant qu'il y a des illusions à poursuivre.
D’autre part, un récit totalement différent et noir, peut-être un hommage aux polars nordiques. Dans la lointaine ville suédoise de Malmö, la jeune Yasmina, fille d'immigrés marocains et qui rêve d'être chanteuse, vit coincée entre les soins qu’elle prodigue à son grand-père Abdul, un homme autoritaire, et le mépris de sa mère, pour qui Yasmina est une honte car elle travaille pour un suédois, mi trafiquant, mi proxénète. De plus elle vit une histoire secrète avec un policier.
Deux trames très intenses et sans lien apparent mais que l'auteur nous dévoile au fur et à mesure du récit.
Et puis on pourrait aussi classer ce roman dans le genre « road movie » quand Miguel et Helena décident de se rendre à Malmö, en passant par Madrid et Barcelone. C’est aussi l’occasion de parler du « voyage » de la vie depuis notre naissance jusqu’à notre mort. Les deux protagonistes savent qu’ils sont près de la fin et ils avancent ensemble, conscients qu’il s’agit d’une fuite.
Del Arbol nous parle aussi de la maladie d’Alzheimer, de l’abandon, de la vengeance, des femmes battues, de l’homosexualité, etc. Mais l’auteur ne serait plus lui-même si parallèlement à la douleur et à la violence il ne nous racontait pas aussi une belle histoire d’amour, d’une rare intensité car assujettie à l’urgence du peu de temps qui reste avant l’issue fatale.
Un magnifique roman où, dans ses dernières pages, l'auteur s’élève au-dessus de la pluie, pour nous offrir l'une des fins les plus émouvantes et les plus poétiques de sa carrière littéraire.
Dulcie- Grand expert du forum
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Genre littéraire préféré : Roman historique
Date d'inscription : 10/01/2023
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