[Seethaler, Robert] Le champ
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[Seethaler, Robert] Le champ
Titre : Le champ (Das Feld)
Auteur : Robert SEETHALER
Traductrice : Elisabeth LANDES
Parution : en allemand (Autriche) en 2018, en français en 2020 (Sabine Wespieser)
Pages : 280
Présentation de l'éditeur :
Comment caractériser une vie entière ? Les voix qui s’élèvent ici sont celles des habitants du cimetière, qu’on nomme « le champ » dans la petite ville de Paulstadt. À la concision des épitaphes, l’écrivain substitue les mots des défunts. Par un souvenir, une sensation fugace, une anecdote poignante, chacun de ces narrateurs évoque ce que fut son existence.
Au fil de la lecture émerge le portrait d’une bourgade comme tant d’autres, marquée par le retour de la prospérité au mitan du siècle dernier. La vie tourne autour des figures locales : le maire, la fleuriste, le facteur, le curé dévoré par les flammes dans l’incendie de l’église, le marchand de légumes…
Les voix se font écho, s’entrelacent, se contredisent parfois, formant le tableau d’une communauté riche d’individus et de sensibilités différentes. Subtil interprète de l’âme humaine, Robert Seethaler se penche sur leur intimité : les amours naissantes, les amours heureuses, ou moins harmonieuses – quand les fantasmagories de la femme signent pour son époux échec, malheur et drame.
Le plus saisissant dans ce texte est l’émotion qui sourd de chaque histoire : non celle de savoir le protagoniste disparu, mais l’empathie que parvient à susciter l’auteur pour ces êtres si vivants, leurs espoirs, leurs doutes, leurs ambitions, leur solitude.
Le Champ est un livre sur la vie, que Seethaler réussit à dire avec autant de simplicité que de profondeur.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Robert Seethaler, né en 1966 à vienne, également acteur et scénariste, vit entre Vienne et Berlin. Le Tabac Tresniek (2014) – qui a remporté dans les pays germanophones un grand succès, et en France un bel accueil critique et public – et Une vie entière (2015) – paru à la rentrée 2014 en Allemagne et qui a valu à Robert Seethaler le statut de meilleur auteur de l’année décerné par les libraires d’outre-Rhin – l’ont imposé en France et ailleurs comme un des romanciers de langue allemande les plus importants de sa génération. Le Champ (Das Feld), publié en juin 2018 en Allemagne, y a connu, ainsi qu’en Autriche, un succès retentissant (plus de 200 000 exemplaires vendus à ce jour) et sera traduit dans une quinzaine de langues. Il confirme la profondeur de son talent d’écrivain, capable de mener avec une grande simplicité son lecteur au plus près de ses émotions.
Avis :
Un vieil homme erre dans le cimetière de la petite ville de Paulstadt, en Autriche. Il a connu bien des défunts qui y reposent, et il lui semble les entendre, tour à tour, prendre la parole pour évoquer ce qui a marqué leur existence.
Chaque texte est bref et dépouillé. Pathos et émotions sont l’apanage des vivants. Ici, comme chuchoté à votre oreille par les ombres discrètes et fugitives de ceux qui vous ont précédé, ne subsiste que l’humble résumé, quasi désincarné, des quelques faits qui font chaque vie : certains dramatiques, la plupart ordinaires, de ceux qui comptent tellement pour soi mais demeurent totalement insignifiants pour le monde.
Dès lors, il n’est guère facile de s’abandonner à la narration, sans autre fil conducteur que la juxtaposition de destins individuels, chacun souvent trop banal et trop vite évoqué pour vraiment captiver et permettre de s’y immerger. Même si l’effeuillage de toutes ces existences met en exergue leur fugacité, exhalant une tendre mélancolie, parfois ironique et souvent désabusée, même si tous ces murmures fantomatiques finissent par s’amplifier les uns les autres en une sorte de rumeur de la vie, l’on se prend à regretter leur quasi totale absence de liens, qui exige du lecteur un effort de concentration fatal à son plaisir de lecture.
Résultat d’un choix sans doute prémédité, puisqu’une trame romanesque liant les personnages aurait dilué l’intention du récit dans un autre thème narratif - le sujet n’est pas l’histoire des vivants, il est ce qu’il en reste après la mort, soit le sentiment d’une extrême fugacité, voire d’un certain dérisoire -, ce parti-pris qui ne va pas dans le sens de la facilité ne flattera sans doute pas le goût de tous les lecteurs. (2/5)
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