[Brown, Larry] Affronter l'Orage
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[Brown, Larry] Affronter l'Orage
[Brown, Larry] Affronter l'Orage
Titre : Affronter l'Orage.
Auteur : Larry BROWN.
Editeur : Editions Gallmeister.
Date de sortie : 2004 (Version Originale).
Nombre de pages :165.
ISBN : 9782351786239
Livre lu et apprécié grâce au partenariat du Forum et des Editions Gallmeister. Merci beaucoup pour cette découverte.
Présentation de l'éditeur :
Un couple détruit par l’alcool, le regard acéré d’un employé d’agence de voyage sur les gens fortunés, un brave gars perdu dans un bar du Sud profond, un pauvre type qui fait de curieuses rencontres nocturnes. Ces gens simples affrontent comme ils peuvent l’orage de leurs existences, banales en apparence, mais si émouvantes quand on en partage l’intimité. Des vies faites de courage, d’échec, de naïveté, de sorties de route et d’histoires d’amour qui finissent mal.
Neuf nouvelles poignantes sur l’Amérique des paumés et des laissés-pour-compte.
Avis et commentaires :
Voilà longtemps que je n'avais lu un tel recueil de nouvelles, à la fois brèves et particulièrement illustrantes d'une société américaine, plutôt "classe moyenne" , livrée à ce point à la faillite d'un rève américain que l'on nous vante tant.
Intitulé des 9 nouvelles :
- Affronter l'Orage.
- Kouboukou raconte (ça suffit)
- Les riches.
- Jésus et ce bon vieux Franck.
- Julie : un souvenir.
- Les Bons Samaritains.
- Vie Nocturne.
- Partir.
- Fin d'une histoire d'amour.
Larry Brown nous plonge avec finesse et discernement dans des instantanées de vie où solitude, alcool, infidelité, castes sociales, difficultés financières, violence parfois et quelques rares élans de générosité rythment ces portraits. 9 nouvelles au total de qualité relativement égale avec certaine plus incompréhensibles que d'autres (notamment Julie : un souvenit) parfaitement écrites. Les décors, sentiments, rencontres, altermoiements parfois, errements et réflexions de ces anti héros sont dignes des meilleurs observateurs et portraitistes.
Cette société américaine est terriblement fragile humainement et on peut s'attacher à l'un ou l'autre des personnages présentés.
Si l'alccol et ses ravages sont bien présents ce sont les motivations ou sentiments qui sont diversement présentés ; pour les uns c'est le dernier ami dans une faillité à venir ("Jésus et ce bon vieux Franck"), le remêde à l'extrême solitude ("Partir"), la bienveillance d'un mari pour sa femme sous emprise "(Koubouko raconte").
Idem pour l'infidélité assumée par nécessité ("Affronter l'Orage"), subie ("Partir") ou mal vécue ("Vie Nocturne). A la misère morale (notamment "Les Bons Samaritains") s'ajoute celle économique qui frappe durement Mr Parker ("Jésus et ce bon vieux Franck"), Richard ("Partir") ou bien encore celle décrite par M Pellisher ("Les Riches").
La violence de la société enfin et ses excès au coeur des nouvelles comme "Julie - un souvenir"ou "Fin d'une histoire d'amour". Le modèle américain en prend pour son grade ici aussi.
Des portaits d'une extrême crudité ou / et nudité mais toujours avec justesse et quelques éléments de bonté justement répandus. Un ensemble à découvrir indiscutablement.
Dernière édition par LOUBHI 49 le Dim 8 Nov 2020 - 17:59, édité 1 fois (Raison : Correction ortographique)
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Lectures en cours :
Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli
Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillés
Un loup quelque part d'Amélie Cordonnier.
La pensée du moment :
"Les Hommes sont malheureux parce qu'ils ne réalisent pas les rêves qu'ils ont" Jacques Brel.
Re: [Brown, Larry] Affronter l'Orage
Merci Loubhi pour ta critique, livre qui me parait bien sombre
louloute- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 24590
Age : 56
Localisation : Var, Sanary-sur-mer
Emploi/loisirs : mère au foyer
Genre littéraire préféré : thriller, historique, policier
Date d'inscription : 11/12/2009
Re: [Brown, Larry] Affronter l'Orage
@Loubhi49 a très bien présenté les nouvelles, je vais juste donner mon avis : d'abord j'ai voté "très apprécié", mais c'est presque un coup de coeur, sauf pour une nouvelle que je n'ai pas comprise du tout (Julie : un souvenir).
Je remercie vivement les éditions Gallmeister et le forum pour cette découverte grâce au partenariat, qui m'a renvoyée au bon vieux temps où j'avais découvert les nouvelles de Raymond Carver.
Mon avis :
Le recueil de nouvelles Affronter l'orage (c'est également le titre de la première nouvelle) met en scène des personnages désabusés et esseulés, souvent en proie à des difficultés matérielles conséquentes. L'alcool y est un recours, bien trop, et met à nu les espoirs et le laisser-aller de ces personnages, qui comme nous tous, ont des rêves, et s'y accrochent comme à une planche de secours au milieu des éléments déchaînés.
Car oui, il s'agit bel et bien d'affronter l'orage de la vie : tous les personnages sont confrontés à un moment crucial, à un choix, ou aux conséquences d'une absence de choix, parfois pour se sauver, parfois pour descendre plus bas encore, mais en finir. Pour certains l'amour est présent et reste une ressource, pour d'autres il serait une entrave, si tant est qu'ils soient même capables d'aimer. Les femmes en particulier y ont connu la violence à plus d'une reprise, elles s'accrochent peut-être plus durement à la vie, mais là encore, le regard de l'auteur sur leur univers est dur, voire impitoyable, car elles sont rarement de bonnes mères, et délaissent leur progéniture, dans plusieurs nouvelles.
Bref, des hommes et des femmes s'approchent, se recherchent, s'espèrent, et cela aboutit ou non à un semblant de relation. C'est ici qu'intervient l'écriture : on est à la fois dans l'Amérique profonde, c'est totalement américain, mais aussi universel, et même intemporel. L'écriture de Larry Brown réussit le tour de force de nous faire glisser dans la peau de personnages peu recommandables, tout en nous donnant un aperçu de ce qui fait échouer ou déraper les relations - la peur de l'intimité, l'égoïsme presque forcé par les conditions de vie, où il faut avant tout survivre, lutter pour conserver son travail... On est à la fois dans la peau du personnage, et on ressent de l'empathie pour lui et pour l'autre, les autres, qui se débattent autour de lui.
Je n'ai pas tant ressenti de tristesse en pénétrant dans cet univers, la lumière y est crue mais marque bien les contrastes, j'avais envie d'y retourner, je pensais aux personnages du livre dans ma propre vie. Il me semble que c'est un ouvrage qui agit aussi à retardement - on croit avoir refermé le livre, mais il agit encore, et projette sa lumière dans notre propre décor.
Extraits :
"M.P. a même essayé de payer ses enfants pour qu'ils lui donnent un coup de main, mais ils ont refusé. Ils lui ont dit que ça rapportait pas assez. Les jeunes que M.P. a élevés sont devenus si rebelles, et ils ont une si grande gueule qu'ils vont jusqu'à lui parler du salaire minimum." (Jésus et ce bon vieux Franck", page 61)
"Je regardais la série mais sans y croire. Ca ne ressemblait pas à la vie réelle. Il y avait trop de choses qui finissaient bien. Chacun trouvait toujours exactement ce qu'il recherchait. Et il n'y avait pas de méchant. Personne, là, n'enfonçait jamais de porte ni ne vous chassait des toilettes avec des gifles." ("Partir", page 150)
"Voilà ce que le début d'une histoire d'amour a de si merveilleux. Cette femme est différente. Nouvelle. Unique. Tout est neuf avec elle. Conneries. Tu vas te raser après la première nuit, et qu'est-ce qu'elle fait au moment où tu as de la mousse plein la tronche ? Elle entre, elle soulève sa chemise de nuit, et c'est la fin de la lune de miel." (page 159)
Je remercie vivement les éditions Gallmeister et le forum pour cette découverte grâce au partenariat, qui m'a renvoyée au bon vieux temps où j'avais découvert les nouvelles de Raymond Carver.
Mon avis :
Le recueil de nouvelles Affronter l'orage (c'est également le titre de la première nouvelle) met en scène des personnages désabusés et esseulés, souvent en proie à des difficultés matérielles conséquentes. L'alcool y est un recours, bien trop, et met à nu les espoirs et le laisser-aller de ces personnages, qui comme nous tous, ont des rêves, et s'y accrochent comme à une planche de secours au milieu des éléments déchaînés.
Car oui, il s'agit bel et bien d'affronter l'orage de la vie : tous les personnages sont confrontés à un moment crucial, à un choix, ou aux conséquences d'une absence de choix, parfois pour se sauver, parfois pour descendre plus bas encore, mais en finir. Pour certains l'amour est présent et reste une ressource, pour d'autres il serait une entrave, si tant est qu'ils soient même capables d'aimer. Les femmes en particulier y ont connu la violence à plus d'une reprise, elles s'accrochent peut-être plus durement à la vie, mais là encore, le regard de l'auteur sur leur univers est dur, voire impitoyable, car elles sont rarement de bonnes mères, et délaissent leur progéniture, dans plusieurs nouvelles.
Bref, des hommes et des femmes s'approchent, se recherchent, s'espèrent, et cela aboutit ou non à un semblant de relation. C'est ici qu'intervient l'écriture : on est à la fois dans l'Amérique profonde, c'est totalement américain, mais aussi universel, et même intemporel. L'écriture de Larry Brown réussit le tour de force de nous faire glisser dans la peau de personnages peu recommandables, tout en nous donnant un aperçu de ce qui fait échouer ou déraper les relations - la peur de l'intimité, l'égoïsme presque forcé par les conditions de vie, où il faut avant tout survivre, lutter pour conserver son travail... On est à la fois dans la peau du personnage, et on ressent de l'empathie pour lui et pour l'autre, les autres, qui se débattent autour de lui.
Je n'ai pas tant ressenti de tristesse en pénétrant dans cet univers, la lumière y est crue mais marque bien les contrastes, j'avais envie d'y retourner, je pensais aux personnages du livre dans ma propre vie. Il me semble que c'est un ouvrage qui agit aussi à retardement - on croit avoir refermé le livre, mais il agit encore, et projette sa lumière dans notre propre décor.
- risque de spoiler sur une nouvelle:
- Je n'ai malgré tout pas compris du tout ce qui était en jeu dans la nouvelle "Julie : un souvenir". L'histoire semble racontée par un très jeune homme, dont la petite amie est enceinte et doit avorter. Il semble y avoir une virée en voiture qui tourne mal, mais surtout, la technique narrative fonctionne comme le "cut up" de William Burroughs, comme si l'on racontait plusieurs histoires, en les découpant par bandes que l'on alternerait. J'ai pourtant beaucoup lu Burroughs, mais là, je n'ai pas réussi à saisir ce dont il était question, ni même l'intérêt de la nouvelle.
Extraits :
"M.P. a même essayé de payer ses enfants pour qu'ils lui donnent un coup de main, mais ils ont refusé. Ils lui ont dit que ça rapportait pas assez. Les jeunes que M.P. a élevés sont devenus si rebelles, et ils ont une si grande gueule qu'ils vont jusqu'à lui parler du salaire minimum." (Jésus et ce bon vieux Franck", page 61)
"Je regardais la série mais sans y croire. Ca ne ressemblait pas à la vie réelle. Il y avait trop de choses qui finissaient bien. Chacun trouvait toujours exactement ce qu'il recherchait. Et il n'y avait pas de méchant. Personne, là, n'enfonçait jamais de porte ni ne vous chassait des toilettes avec des gifles." ("Partir", page 150)
"Voilà ce que le début d'une histoire d'amour a de si merveilleux. Cette femme est différente. Nouvelle. Unique. Tout est neuf avec elle. Conneries. Tu vas te raser après la première nuit, et qu'est-ce qu'elle fait au moment où tu as de la mousse plein la tronche ? Elle entre, elle soulève sa chemise de nuit, et c'est la fin de la lune de miel." (page 159)
elea2020- Grand sage du forum
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Genre littéraire préféré : dystopies et classiques, littérature russe
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