[Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
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[Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
[Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
Titre : La Peine du Bourreau.
Auteure : Estelle Tharreau.
Éditions : Taurnada.
ISBN : 9782372580786
256 pages.
Date de sortie : Octobre 2020.
Un grand merci au Forum et aux Editions Taurnada pour ce partenariat tout simplement brillant et original.
Quatrième de couverture :
McCoy est « bourreau » au Texas. Après 42 ans passés dans le couloir de la mort, il reçoit la visite officieuse du Gouverneur Thompson qui doit se prononcer sur la grâce du condamné numéro 0451.
Il ne leur reste que quatre heures pour faire revivre les souvenirs de McCoy avant l'injection létale.
Quatre heures dans l'isolement de la prison de Walls.
Quatre heures pour cinq crimes qui déchaînent les passions.
Quatre heures pour ce qui pourrait être la dernière exécution de McCoy.
Quatre heures pour jouer le sort d'un homme.
Un thriller psychologique aussi troublant que fascinant : une immersion sans concession dans le couloir de la mort et ses procédures d'exécution.
Avis et commentaires :
En préambule et c'est important, le lecteur ne trouvera pas ici de série de crimes plus sanguinaires et sordides les uns que les autres mais par contre une véritable réflexion / échange.
L'idée de base d'Estelle Tharreau m'est apparue comme extrêmement intéressante et inédite dans mes lectures traditionnelles du thriller. En effet, elle joue sur plusieurs tableaux avec un véritable suspense ; une discussion sur le maintien de la peine de mort (particulièrement aux USA), l'injustice entre celles ou ceux qui se trouvent à tort ou à raison dans le couloir de la mort, les critères plus ou moins objectifs des jurés qui les condamnent, comment un bourreau (Ed Mc Coy / Ed 0451) persuadé de la justesse de sa fonction plonge à son tour dans le camp des condamnés à mort et enfin la très hypothétique interrogation de celui qui peut ou non gracier un condamné à mort ; le gouverneur Thompson.
Récit d'une vie d'un jeune américain, issu d'une famille de policiers, second garçon d'un père fermier en quête d'un avenir professionnel et familial qui est celui que lui offre la pénitentiaire, promis au meilleur avenir possible. Une famille et une belle - famille parfaits représentants d'une certaine frange de la société texane avec sa bonne dose de racisme, de violence où la libre possession d'armes comme de son utilisation pour se défendre et l'assurance d'être détentrice de la Vérité sont les leitmotivs. Fort des certitudes relayées par sa famille, son éducation, viscéralement raciste où le noir est définitivement le danger, le bon droit à tout propos et une certaine idée du rêve américain forcément égoïste et supérieur à tout, dans les faits c'est même la carrière de bourreau qu'il embrasse sans regret ni crainte, tout cela serait fort beau si, très vite les épreuves ne s'étaient pas multipliées....
Epreuves personnelles tout d'abord avec un couple qui reste sans enfant, se déchire puis de la maladie qui frappe son épouse et l'emportera... Et puis le quotidien des condamnés à mort qu'il gère, sa première exécution ratée d'un jeune adolescent noir dans d'atroces souffrances, qui va le poursuivre toute sa vie, et surtout la première fois où le doute s'établit sur la réelle culpabilité de ce malheureux. Le doute qui va se reproduire pour d'autres exécutions, l'injustice d'une peine de mort appliquée sans graduation ; le fait que des ordures criminelles multi récidivistes plus ou moins repentantes voit leur peine commuée où retardée alors que d'autres sont expédiés siné dié pour un meurtre certes mais accidentels. Le doute aussi sur l'application systématique de la peine de mort pour des cas discutables, voire des innocents par des juges sans discernement et froids comme des avocats commis d'office qui ne font rien pour vraiment aider leur client. Trop de failles dans ce système jugé sans faute dont on lui avait farci l'esprit, la proximité et l'humanité des familles de certains condamnés comme de ceux dont on lui avait inculqué qu'ils étaient les ennemis à abattre.... le bourreau s'interroge beaucoup et sombre dans sa propre justice et croisade meurtrière. Croisade à laquelle on ne peut que participer sur le principe ....
Cette confession c'est celle que va recueillir, en dépit de toute convenance, en toute illégalité et usages, le procureur Thompson, le seul qui dispose de 4 heures pour gracier ou non cet homme, alors que gronde à l'extérieur de la prison une foule composée entre autres d'opposants à la peine de mort, de ceux qui au contraire la soutiennent.... Le lecteur assiste à un véritable match entre les deux hommes, l'un voulant comprendre, l'autre assumant complètement son destin et dont l'ultime combat sera celui de faire comprendre à défaut de voir le gouverneur se rallier à ce plaidoyer....
Passionnant donc de bout en bout, un style convaincant et incisif. Une galerie de personnages parfaitement rendue.
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Lectures en cours :
Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli
Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillés
Un loup quelque part d'Amélie Cordonnier.
La pensée du moment :
"Les Hommes sont malheureux parce qu'ils ne réalisent pas les rêves qu'ils ont" Jacques Brel.
Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
Le vieux McCoy est sur le point de prendre sa retraite. Bourreau et gardien affecté au couloir de la mort de la prison de Walls au Texas, il lui reste une dernière exécution, celle du condamné 0451, dont les cinq meurtres déchaînent l’opinion publique. Seul le gouverneur de l’Etat peut encore tout arrêter en usant du droit de grâce. Quatre heures avant l’échéance, pendant que pro ou anti peine de mort manifestent de plus en plus violemment devant l’établissement pénitentiaire, l’homme politique s’y rend officieusement pour s’entretenir avec l’exécuteur. Cette conversation qui nous fait découvrir les actes et la personnalité du condamné, en même temps que la sombre expérience de McCoy durant plus de quarante ans, infléchira-t-elle la décision du gouverneur ?
Dans ce récit qui entretient le suspense jusqu’au bout quant au sort du condamné, l’auteur s’est inspirée d’une multitude de cas réels pour dresser une sorte de tableau général de la peine de mort au Texas ces quarante dernières années. Si le procédé littéraire utilisé peut paraître artificiel, tant ces quatre heures de rétrospective secrète semblent au final bien improbables, il a le mérite de confronter le lecteur à une réalité très concrète, celle que chacun devrait sérieusement considérer avant de prendre position pour la peine capitale.
La description précise de la procédure, des longues années d’attente puis de la mise à mort elle-même, l’entretien avec le bourreau sur ses décennies d’expérience, placent d’abord le lecteur face à une réalité crue qui ne permet aucune échappatoire. Il est sans doute aisé de discourir sur des principes, c’est autre chose de se retrouver soi-même dans la peau du bourreau, confronté à la tangibilité froide de l’acte de mise à mort. Une fois la réalité concrète du châtiment en tête, il est temps d’aborder toute une série de cas et de situations où il fut appliqué au Texas. Entre erreurs judiciaires fatales, injustices sociales et raciales face au crime, meurtriers justiciers, juges sous pressions politiques et médiatiques…, le récit a tôt fait de brouiller la frontière entre le Bien et le Mal, et de rendre la notion de justice toute relative.
Sous les apparences d’un thriller tendu par le suspense d’un terrible compte-à-rebours, ce glaçant huis-clos aux passages parfois insoutenables est au final une confrontation sans ménagement à nos responsabilités : au vu des cas évoqués, que penser de la hâte de notre société à se débarrasser de monstres qu’elle a parfois contribué à engendrer, en ne leur laissant que des vies marquées dès la naissance par la misère, la violence et le désespoir ? Après ce livre en tout cas, le lecteur ne pourra plus considérer la peine capitale tout à fait comme avant. (4/5)
Un grand merci à Partage Lecture et aux Editions Taurnada pour m’avoir offert cette lecture.
Dans ce récit qui entretient le suspense jusqu’au bout quant au sort du condamné, l’auteur s’est inspirée d’une multitude de cas réels pour dresser une sorte de tableau général de la peine de mort au Texas ces quarante dernières années. Si le procédé littéraire utilisé peut paraître artificiel, tant ces quatre heures de rétrospective secrète semblent au final bien improbables, il a le mérite de confronter le lecteur à une réalité très concrète, celle que chacun devrait sérieusement considérer avant de prendre position pour la peine capitale.
La description précise de la procédure, des longues années d’attente puis de la mise à mort elle-même, l’entretien avec le bourreau sur ses décennies d’expérience, placent d’abord le lecteur face à une réalité crue qui ne permet aucune échappatoire. Il est sans doute aisé de discourir sur des principes, c’est autre chose de se retrouver soi-même dans la peau du bourreau, confronté à la tangibilité froide de l’acte de mise à mort. Une fois la réalité concrète du châtiment en tête, il est temps d’aborder toute une série de cas et de situations où il fut appliqué au Texas. Entre erreurs judiciaires fatales, injustices sociales et raciales face au crime, meurtriers justiciers, juges sous pressions politiques et médiatiques…, le récit a tôt fait de brouiller la frontière entre le Bien et le Mal, et de rendre la notion de justice toute relative.
Sous les apparences d’un thriller tendu par le suspense d’un terrible compte-à-rebours, ce glaçant huis-clos aux passages parfois insoutenables est au final une confrontation sans ménagement à nos responsabilités : au vu des cas évoqués, que penser de la hâte de notre société à se débarrasser de monstres qu’elle a parfois contribué à engendrer, en ne leur laissant que des vies marquées dès la naissance par la misère, la violence et le désespoir ? Après ce livre en tout cas, le lecteur ne pourra plus considérer la peine capitale tout à fait comme avant. (4/5)
Un grand merci à Partage Lecture et aux Editions Taurnada pour m’avoir offert cette lecture.
Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
Vous me donnez envie de le lire tous les deux.
elea2020- Grand sage du forum
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Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
Il en vaut vraiment le coupelea2020 a écrit:Vous me donnez envie de le lire tous les deux.
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Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
Sur le sujet de la peine de mort, ce livre est à classer "essentiel".
Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
Tout à fait d'accord, je dirais même indispensableCannetille a écrit:Sur le sujet de la peine de mort, ce livre est à classer "essentiel".
Dernière édition par LOUBHI 49 le Dim 22 Nov 2020 - 12:00, édité 1 fois (Raison : Faute ortographe)
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Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
Je plussoie.
Mon avis
Accomplir quelque chose de juste dans sa vie….
Quatre heures d’une vie, c’est quoi ? C’est pourtant sur cet espace-temps restreint qu’Estelle Tharreau signe un roman coup de poing. Par rapport à ses récits précédents, elle situe ce dernier aux Etats-Unis, dans une Amérique où la peine de mort et le couloir qui la précède sont encore d’actualité. Ce n’est pas un réquisitoire pour ou contre cet état de faits, c’est beaucoup plus subtil et traité avec brio et intelligence. Elle présente des situations, avec une écriture au scalpel, précise, pleine de sens. Le style est puissant et vibre dans chaque mot. Elle réussit le tour de force de rester neutre et de nous prendre aux tripes.
Avec des allers-retours passé présent, on va découvrir pourquoi Ed0451 est en attente de son exécution, ce qui l’a amené ici et maintenant. Très rapidement, on sent qu’Ed n’est pas un assassin ordinaire, que le poids de l’influence familiale, de son histoire personnelle ont joué dans la construction de l’homme qu’il est devenu. Comme sa condamnation a déchaîné les foules car les avis sont partagés (a-t-il accompli un devoir moral en tuant ?), le gouverneur qui doit le gracier ou non, demande à rencontrer le bourreau de la prison. Sans doute pour avoir un regard plus aguerri sur ce qui amène des hommes à se retrouver dans ce couloir dont on ne ressort pas ou peu souvent….
« Tous ne méritaient pas leur sort et d’autres auraient mérité moins d’égards. Ce qui est juste et la justice sont deux choses très différentes. »
Cette conversation entre les deux hommes est édifiante, prenante et évoquée en parallèle avec la vie d’Ed, ainsi que des entretiens avec des journalistes. Les différentes approchent s’emboîtent, se complètent, certaines éclairant d’autres …. L’auteur nous renvoie en pleine face toutes les questions sur ce qui est juste ou pas, sur la façon dont sont menées les investigations, puis les procès. Son texte se situe au Texas, un état qui a un taux assez élevé d’exécutions capitales. C’est aussi un endroit où les tensions entre les personnes à peau blanche ou noire sont criantes, présentes même à notre époque (rappelez-vous, ce lundi 5 octobre les autorités américaines, dans un contexte tendu, après des mois de manifestations contre les violences policières à l'encontre des minorités, ont annoncé qu’un policier blanc avait tué un homme afro-américain….) Tout est parfaitement retranscrit, on ressent les interrogations légitimes des uns, le besoin de justification de certains choix pour d’autres.
Le thème est abordé d'une façon intéressante et originale. Traiter de la peine de mort est un exercice difficile, périlleux, presqu’une mise en danger risqué pour un écrivain. Et force est de reconnaître qu’Estelle Tharreau a tout d’une grande pour ce dernier recueil. Le texte est bouleversant, d’abord parce que tout cela est terriblement réaliste, ensuite parce qu’on s’attache à Ed alors qu’on sait que c’est un tueur, et enfin parce que lire cette histoire remet en cause nos certitudes de justice. Alors, forcément, ça dérange parce qu’on ne ressort pas indemne de cette lecture. Le format court (un peu plus de deux cents pages) donne encore plus de résonnance à chaque phrase, pas de blablas, de fioriture inutile, des uppercuts, des questions, des remises en cause…on sent tout cela qui fourmille en nous et on reste pantois devant la révélation finale.
Mon avis
Accomplir quelque chose de juste dans sa vie….
Quatre heures d’une vie, c’est quoi ? C’est pourtant sur cet espace-temps restreint qu’Estelle Tharreau signe un roman coup de poing. Par rapport à ses récits précédents, elle situe ce dernier aux Etats-Unis, dans une Amérique où la peine de mort et le couloir qui la précède sont encore d’actualité. Ce n’est pas un réquisitoire pour ou contre cet état de faits, c’est beaucoup plus subtil et traité avec brio et intelligence. Elle présente des situations, avec une écriture au scalpel, précise, pleine de sens. Le style est puissant et vibre dans chaque mot. Elle réussit le tour de force de rester neutre et de nous prendre aux tripes.
Avec des allers-retours passé présent, on va découvrir pourquoi Ed0451 est en attente de son exécution, ce qui l’a amené ici et maintenant. Très rapidement, on sent qu’Ed n’est pas un assassin ordinaire, que le poids de l’influence familiale, de son histoire personnelle ont joué dans la construction de l’homme qu’il est devenu. Comme sa condamnation a déchaîné les foules car les avis sont partagés (a-t-il accompli un devoir moral en tuant ?), le gouverneur qui doit le gracier ou non, demande à rencontrer le bourreau de la prison. Sans doute pour avoir un regard plus aguerri sur ce qui amène des hommes à se retrouver dans ce couloir dont on ne ressort pas ou peu souvent….
« Tous ne méritaient pas leur sort et d’autres auraient mérité moins d’égards. Ce qui est juste et la justice sont deux choses très différentes. »
Cette conversation entre les deux hommes est édifiante, prenante et évoquée en parallèle avec la vie d’Ed, ainsi que des entretiens avec des journalistes. Les différentes approchent s’emboîtent, se complètent, certaines éclairant d’autres …. L’auteur nous renvoie en pleine face toutes les questions sur ce qui est juste ou pas, sur la façon dont sont menées les investigations, puis les procès. Son texte se situe au Texas, un état qui a un taux assez élevé d’exécutions capitales. C’est aussi un endroit où les tensions entre les personnes à peau blanche ou noire sont criantes, présentes même à notre époque (rappelez-vous, ce lundi 5 octobre les autorités américaines, dans un contexte tendu, après des mois de manifestations contre les violences policières à l'encontre des minorités, ont annoncé qu’un policier blanc avait tué un homme afro-américain….) Tout est parfaitement retranscrit, on ressent les interrogations légitimes des uns, le besoin de justification de certains choix pour d’autres.
Le thème est abordé d'une façon intéressante et originale. Traiter de la peine de mort est un exercice difficile, périlleux, presqu’une mise en danger risqué pour un écrivain. Et force est de reconnaître qu’Estelle Tharreau a tout d’une grande pour ce dernier recueil. Le texte est bouleversant, d’abord parce que tout cela est terriblement réaliste, ensuite parce qu’on s’attache à Ed alors qu’on sait que c’est un tueur, et enfin parce que lire cette histoire remet en cause nos certitudes de justice. Alors, forcément, ça dérange parce qu’on ne ressort pas indemne de cette lecture. Le format court (un peu plus de deux cents pages) donne encore plus de résonnance à chaque phrase, pas de blablas, de fioriture inutile, des uppercuts, des questions, des remises en cause…on sent tout cela qui fourmille en nous et on reste pantois devant la révélation finale.
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Cassiopée- Admin
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Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
Curieux, tout de même, j'ai lu un seul roman de cet auteur et j'ai détesté... du coup, je n'ai pas trop envie de m'y remettre. Pourtant, elle déchaîne les louanges...?
Pistou 117- Grand sage du forum
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Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
J'ai rarement lu un livre aussi fort. Tellement fort que je ne sais comment faire ma critique, mais je me lance.
C'est simplement le récit d'un bourreau dans les prisons du Texas. Mais un récit qui prends aux tripes. On s'imagine, du moins pour ma part je dois bien l'avouer, un bourreau être un homme sans état d'âme, un peu la brute épaisse que rien n'ébranle. Quand j'ai lu ce roman, j'ai pris une claque.
On suit donc McCoy, bourreau depuis 42 ans, il accompagne son dernier condamné Ed0451, aux porte de la salle d'injection, il reste 4 h avant l'exécution, quand arrive le gouverneur Thompson.
C'est hors la loi, mais chut, il est là juste pour écouter l'histoire du bourreau et du prisonnier, car il doute, grâce ou pas grâce.
Il faut le dire le condamné Ed, certes il a commis des crimes, mais se sont des crimes d'un justicier. Le juge Ellis sans état d'âme, qui condamne parce que tu es noir, un avocat qui s'en prend plein les poches au détriment de ses clients, le père violent ... Faut dire qu'il n'a plus rien à perdre sa femme Shelby est partie après une longue maladie, il n'a pas su la sauver. Ceci explique cela, cette quête de vouloir rendre justice.
Et on écoute ce qu'a été la vie de ce bourreau, tout a commencé avec sa toute première exécution, à l'époque c'est la chaise électrique. Le condamné est un noir, qui a violé et assassiné une blanche, le juge Ellis a vite fait, couloir de la mort, pas de soucis pour McCoy, mais c'est la stupeur pour McCoy quand il voit arriver un gamin de 16 ans, et quand l'exécution ne se passe pas comme ça devait l'être il plonge en enfer.
Et il va raconter au gouverneur ce qu'a été sa vie de bourreau, entre incompréhension, injustice. Et même si on est passé de la chaise électrique à l'injection, rien de change, on a celui qui le mérite, on a celui qui est là parce qu'il était le larbin d'un truand plein de frics, celui qui est là parce qu'il est noir ...
Et pendant ce temps, dehors c'est la révolte entre pour et contre la peine capitale, et même entre les membres de chaque clan, faut-il exécuter un homme qui ma foi à fait justice ?. Tout est dans les mains du gouverneur Thompson.
Pour McCoy c'est sa dernière exécution, on conduit Ed0451 sur la table en croix les injections sont prêtes, le téléphone sonne ....
Et la fin, je suis restée scotchée je l'ai relu pour être sûre que j'avais bien compris, j'ai même demandé pour être sûre, après une nuit d'analyse, j'ai mieux compris les petits détails qui me paraissaient bizarre.
L'écriture est fluide est percutante, pas de place à la fioriture, on a juste 4 h pour se faire une idée.
On sent bien qu'Estelle Tharreau a étudié son sujet, j'ai appris énormément sur l'envers du décor des condamnés à mort et sur leurs bourreaux aux Etats Unis particulièrement au Texas.
Autant vous dire que c'est un énorme coup de cœur.
Merci au forum Partage/Lecture et aux éditions Taurnada pour ce partenariat.
C'est simplement le récit d'un bourreau dans les prisons du Texas. Mais un récit qui prends aux tripes. On s'imagine, du moins pour ma part je dois bien l'avouer, un bourreau être un homme sans état d'âme, un peu la brute épaisse que rien n'ébranle. Quand j'ai lu ce roman, j'ai pris une claque.
On suit donc McCoy, bourreau depuis 42 ans, il accompagne son dernier condamné Ed0451, aux porte de la salle d'injection, il reste 4 h avant l'exécution, quand arrive le gouverneur Thompson.
C'est hors la loi, mais chut, il est là juste pour écouter l'histoire du bourreau et du prisonnier, car il doute, grâce ou pas grâce.
Il faut le dire le condamné Ed, certes il a commis des crimes, mais se sont des crimes d'un justicier. Le juge Ellis sans état d'âme, qui condamne parce que tu es noir, un avocat qui s'en prend plein les poches au détriment de ses clients, le père violent ... Faut dire qu'il n'a plus rien à perdre sa femme Shelby est partie après une longue maladie, il n'a pas su la sauver. Ceci explique cela, cette quête de vouloir rendre justice.
Et on écoute ce qu'a été la vie de ce bourreau, tout a commencé avec sa toute première exécution, à l'époque c'est la chaise électrique. Le condamné est un noir, qui a violé et assassiné une blanche, le juge Ellis a vite fait, couloir de la mort, pas de soucis pour McCoy, mais c'est la stupeur pour McCoy quand il voit arriver un gamin de 16 ans, et quand l'exécution ne se passe pas comme ça devait l'être il plonge en enfer.
Et il va raconter au gouverneur ce qu'a été sa vie de bourreau, entre incompréhension, injustice. Et même si on est passé de la chaise électrique à l'injection, rien de change, on a celui qui le mérite, on a celui qui est là parce qu'il était le larbin d'un truand plein de frics, celui qui est là parce qu'il est noir ...
Et pendant ce temps, dehors c'est la révolte entre pour et contre la peine capitale, et même entre les membres de chaque clan, faut-il exécuter un homme qui ma foi à fait justice ?. Tout est dans les mains du gouverneur Thompson.
Pour McCoy c'est sa dernière exécution, on conduit Ed0451 sur la table en croix les injections sont prêtes, le téléphone sonne ....
Et la fin, je suis restée scotchée je l'ai relu pour être sûre que j'avais bien compris, j'ai même demandé pour être sûre, après une nuit d'analyse, j'ai mieux compris les petits détails qui me paraissaient bizarre.
L'écriture est fluide est percutante, pas de place à la fioriture, on a juste 4 h pour se faire une idée.
On sent bien qu'Estelle Tharreau a étudié son sujet, j'ai appris énormément sur l'envers du décor des condamnés à mort et sur leurs bourreaux aux Etats Unis particulièrement au Texas.
Autant vous dire que c'est un énorme coup de cœur.
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louloute- Grand sage du forum
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Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
Difficile d'y résister après ces louanges. Donc, un autre dans ma LAL! Merci beaucoup mais il y en a beaucoup dans cette liste à lire.
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
Très intéressants les retours sur ce partenariat, merci !
elea2020- Grand sage du forum
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Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
Moulin-à-Vent a écrit:Difficile d'y résister après ces louanges. Donc, un autre dans ma LAL! Merci beaucoup mais il y en a beaucoup dans cette liste à lire.
Je suis sur qu'il te plaira
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
Mon avis :
La peine du bourreau, ou un titre à double sens : la douleur de celui qui exécute (encore que, au tout début de sa carrière, cela ne semble pas si évident que cela) et la peine qu’il vit, le « bourreau » passant sa vie dans le couloir de la mort. La différence est que lui l’a choisi, bien sûr, et qu’au Texas, être un bourreau semble être un métier comme un autre.
Texas : état qui persiste envers et contre tout à condamner à mort et à exécuter alors que vingt-deux états ont renoncé. Pour les autres états, le constat est simple : en 2019 22 exécutions, concentrés dans sept états ont eu lieu, dont neuf pour le Texas. Derrière les chiffres, des noms, des vies, des morts, des exécutions, et c’est cela que nous raconte La peine du bourreau, à travers les personnages du condamné 0451, du bourreau McCoy et du gouverneur Thompson. Celui-ci a été élu en partie parce qu’il est un partisan acharné de la peine de mort. Ce soir, il a quatre heures pour décider si oui ou non le condamné 0451 sera exécuté. Quatre heures pendant lesquelles le condamné, qui a tué cinq personnes, lui expliquera comment il en est arrivé là. Quatre heures pendant lesquels partisans et opposants de la peine capitale manifesteront devant la prison.
Le Texas ? Un état dont on ne peut s’en aller, ai-je l’impression. En tout cas, Ed et sa femme Shelby échoueront d’entrée de jeu, et je ne peux m’empêcher de penser que leur vie aurait été différente s’ils avaient réussi à quitter cet état du Sud, un état rural, on a tendance à l’oublier, un état où la ségrégation de fait remplace celle qui était légale. Oui, il est des personnes qui ne considéreront jamais un homme comme égal à eux, parce qu’il n’a pas la même couleur de peau.
Le Texas, c’est aussi une liste impressionnante de condamnation, d’exécution, de justice qui, à mes yeux, n’a pas fait son travail, et le récit nous invite, justement, à définir cette notion de justice, et ceux qui devraient véritablement œuvrer pour elle, au lieu de servir tout autre chose.
La peine du boureau est un roman qui m’a happée, tout comme l’œuvre précédente d’Estelle Tharreau, et pourtant, sur une toute autre thématique. Un roman qui ne vous laisse pas respirer, qui vous prend et vous emporte littéralement, au cours de ces quatre heures, ou de ces quarante ans, comme vous voudrez, passer dans le couloir de la mort, une oeuvre qui confirme, s’il en était encore besoin, le talent de l’autrice.
La peine du bourreau, ou un titre à double sens : la douleur de celui qui exécute (encore que, au tout début de sa carrière, cela ne semble pas si évident que cela) et la peine qu’il vit, le « bourreau » passant sa vie dans le couloir de la mort. La différence est que lui l’a choisi, bien sûr, et qu’au Texas, être un bourreau semble être un métier comme un autre.
Texas : état qui persiste envers et contre tout à condamner à mort et à exécuter alors que vingt-deux états ont renoncé. Pour les autres états, le constat est simple : en 2019 22 exécutions, concentrés dans sept états ont eu lieu, dont neuf pour le Texas. Derrière les chiffres, des noms, des vies, des morts, des exécutions, et c’est cela que nous raconte La peine du bourreau, à travers les personnages du condamné 0451, du bourreau McCoy et du gouverneur Thompson. Celui-ci a été élu en partie parce qu’il est un partisan acharné de la peine de mort. Ce soir, il a quatre heures pour décider si oui ou non le condamné 0451 sera exécuté. Quatre heures pendant lesquelles le condamné, qui a tué cinq personnes, lui expliquera comment il en est arrivé là. Quatre heures pendant lesquels partisans et opposants de la peine capitale manifesteront devant la prison.
Le Texas ? Un état dont on ne peut s’en aller, ai-je l’impression. En tout cas, Ed et sa femme Shelby échoueront d’entrée de jeu, et je ne peux m’empêcher de penser que leur vie aurait été différente s’ils avaient réussi à quitter cet état du Sud, un état rural, on a tendance à l’oublier, un état où la ségrégation de fait remplace celle qui était légale. Oui, il est des personnes qui ne considéreront jamais un homme comme égal à eux, parce qu’il n’a pas la même couleur de peau.
Le Texas, c’est aussi une liste impressionnante de condamnation, d’exécution, de justice qui, à mes yeux, n’a pas fait son travail, et le récit nous invite, justement, à définir cette notion de justice, et ceux qui devraient véritablement œuvrer pour elle, au lieu de servir tout autre chose.
La peine du boureau est un roman qui m’a happée, tout comme l’œuvre précédente d’Estelle Tharreau, et pourtant, sur une toute autre thématique. Un roman qui ne vous laisse pas respirer, qui vous prend et vous emporte littéralement, au cours de ces quatre heures, ou de ces quarante ans, comme vous voudrez, passer dans le couloir de la mort, une oeuvre qui confirme, s’il en était encore besoin, le talent de l’autrice.
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Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Tharreau, Estelle] La Peine du Bourreau
La construction du récit est bluffante et il m’a fallu un peu de temps pour pouvoir poser sur papier mon avis.
L’histoire se déroule sous la forme d’un huis-clos haletant entre le gouverneur du Texas et le condamné, surveillé par son bourreau et ancien collègue, autour de cette question que se pose le gouverneur : faut-il laisser l’exécution se dérouler ou gracier ce condamné si particulier et commuer sa peine de mort en une détention à perpétuité ?
Le compte-à-rebours qui s’écoule rend bien l’urgence de la situation. Il ne reste que quelques heures avant le moment fatidique. Les minutes s’écoulent tandis que le récit se déroule. On plonge avec Ed 0451 dans ses souvenirs pour essayer, comme le souhaite le gouverneur, de comprendre comment un bourreau a pu devenir lui-même un tueur. Est-ce la faute du système ? A-t-il simplement perdu la tête ?
On découvre par bribes, comme des bouffées d'air hors des murs de la prison, ce qui a conduit Ed à devenir bourreau, ce qui lui a été inculqué enfant, puis ce qui l’a amené à douter des biens-faits du système, les condamnés qui l’ont marqué, mais également sa vie privée et les épreuves qu’il a dû traverser.
En parallèle, on assiste aux manifestations qui entourent cette exécution et qui nous rappellent que la peine de mort a encore cours dans plusieurs régions des Etats-Unis, avec cette question : pour ou contre la peine de mort ? Et surtout pour quels crimes ou pour quels types de criminels ?
Car on plonge dans l’enfer du système judiciaire et carcéral américain avec ses erreurs judiciaires et cette fascination qu’ont certaines personnes pour les condamnés à mort. J’ai trouvé difficile d’imaginer que toutes ces questions dépassent le simple cadre de la fiction comme le rappelle l’auteure dans son avant-propos.
L’histoire aborde également la problématique malheureusement toujours d’actualité du racisme aux Etats-Unis et de la place des Afro-américains dans la société.
J’ai été emportée par l’écriture d’Estelle Tharreau, comme pour ses précédents romans, mais avec cette fois-ci en plus cette nécessité de réfléchir et de digérer ce qu’elle nous transmet. J’ai trouvé pertinent le dénouement choisi par l’auteure et qui m’a bouleversée.
Merci aux éditions Taurnada et au forum
L’histoire se déroule sous la forme d’un huis-clos haletant entre le gouverneur du Texas et le condamné, surveillé par son bourreau et ancien collègue, autour de cette question que se pose le gouverneur : faut-il laisser l’exécution se dérouler ou gracier ce condamné si particulier et commuer sa peine de mort en une détention à perpétuité ?
Le compte-à-rebours qui s’écoule rend bien l’urgence de la situation. Il ne reste que quelques heures avant le moment fatidique. Les minutes s’écoulent tandis que le récit se déroule. On plonge avec Ed 0451 dans ses souvenirs pour essayer, comme le souhaite le gouverneur, de comprendre comment un bourreau a pu devenir lui-même un tueur. Est-ce la faute du système ? A-t-il simplement perdu la tête ?
On découvre par bribes, comme des bouffées d'air hors des murs de la prison, ce qui a conduit Ed à devenir bourreau, ce qui lui a été inculqué enfant, puis ce qui l’a amené à douter des biens-faits du système, les condamnés qui l’ont marqué, mais également sa vie privée et les épreuves qu’il a dû traverser.
En parallèle, on assiste aux manifestations qui entourent cette exécution et qui nous rappellent que la peine de mort a encore cours dans plusieurs régions des Etats-Unis, avec cette question : pour ou contre la peine de mort ? Et surtout pour quels crimes ou pour quels types de criminels ?
Car on plonge dans l’enfer du système judiciaire et carcéral américain avec ses erreurs judiciaires et cette fascination qu’ont certaines personnes pour les condamnés à mort. J’ai trouvé difficile d’imaginer que toutes ces questions dépassent le simple cadre de la fiction comme le rappelle l’auteure dans son avant-propos.
L’histoire aborde également la problématique malheureusement toujours d’actualité du racisme aux Etats-Unis et de la place des Afro-américains dans la société.
J’ai été emportée par l’écriture d’Estelle Tharreau, comme pour ses précédents romans, mais avec cette fois-ci en plus cette nécessité de réfléchir et de digérer ce qu’elle nous transmet. J’ai trouvé pertinent le dénouement choisi par l’auteure et qui m’a bouleversée.
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