[Cummins, Jeanine] American Dirt
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[Cummins, Jeanine] American Dirt
Titre : American Dirt
Auteur : Jeanine CUMMINS
Traductrices : Françoise ADELSTAIN et Christine AUCHE
Parution : en anglais (USA) et en français en 2020
Editeur : Philippe Rey
Pages : 544
Présentation de l'éditeur :
Libraire à Acapulco au Mexique, Lydia mène une vie calme avec son mari journaliste Sebastián et leur famille, malgré les tensions causées dans la ville par les puissants cartels de la drogue. Jusqu’au jour où Sebastián, s’apprêtant à révéler dans la presse l’identité du chef du principal cartel, apprend à Lydia que celui-ci n’est autre que Javier, un client érudit avec qui elle s’est liée dans sa librairie… La parution de son article, quelques jours plus tard, bouleverse leur destin à tous.
Contrainte de prendre la fuite avec Luca, son fils de huit ans, Lydia se sait suivie par les hommes de Javier. Tous deux vont alors rejoindre le flot de migrants en provenance du sud du continent, en route vers les États-Unis, devront voyager clandestinement à bord de la redoutable Bestia, le train qui fonce vers le Nord, seront dépouillés par des policiers corrompus, et menacés par les tueurs du cartel…
Porté par une écriture électrique, American Dirt raconte le quotidien de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière. Un récit marqué par l’instinct de survie de Lydia, le courage de Luca, ainsi que par leur amitié avec Rebeca et Soledad, deux sœurs honduriennes, fragiles lucioles dans les longues nuits de marche…
Hymne poignant aux rêves de milliers de migrants qui risquent chaque jour leur vie, American Dirt est aussi le roman de l’amour d’une mère et de son fils, qui au cœur des situations tragiques ne perdent jamais espoir. Un livre nécessaire à notre époque troublée.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Jeanine Cummins vit à New York avec son mari et leurs trois enfants. Elle a publié trois romans, dont American Dirt est le premier traduit en français.
Avis :
La narratrice Lydia, libraire à Acaculpo, voit sa vie voler en éclats lorsqu’un article publié par son mari journaliste déclenche les sanglantes représailles du cartel de la drogue qui vient d’asseoir son emprise sur la ville. Contrainte à une fuite éperdue avec son fils de huit ans, elle se joint aux migrants qui traversent le pays pour tenter de rejoindre les Etats-Unis : un périple aux mille dangers souvent fatals…
Diaboliquement haletant, le récit jette d'emblée et sans répit le lecteur dans un état d'angoisse proche de la paranaoïa. Dans un Mexique décrit comme corrompu et transi par la peur des violences et des meurtres orchestrés par des organisations mafieuses toutes puissantes, il semble impossible d’échapper à des tueurs qui disposent de complicités dans tous les rouages de la société. C’est dans une terrifiante chasse à l’homme que nous entraîne l’auteur, pimentant à l’extrême un road trip déjà immensément périlleux pour les migrants « ordinaires ».
Tremblant ainsi particulièrement pour la vie des deux personnages principaux, nous voici embarqués aux côtés de ceux qui ont tout perdu et qui, en provenance de tout le sud de la péninsule américaine, tentent de gagner el norte. Ce sont spécialement les femmes que le récit nous fait côtoyer, nous les montrant doublement exposées aux violences dans un pays où l’on ne compte plus leurs disparitions. Meurtres, viols, rackets, mais aussi les émouvants coups de pouce de la solidarité, jalonnent un parcours dont les temps forts sont les périlleuses étapes à bord de la bestia, ce train de marchandises pris en marche par les clandestins, et la redoutable traversée à pied du désert du Sonora, en compagnie d’un coyote payé à prix d’or.
La parution d’American Dirt aux Etats-Unis a soulevé une polémique sur la légitimité d’une New Yorkaise blanche à écrire sur la souffrance des migrants. Taxé d’appropriation culturelle, cet ouvrage à gros budget est accusé de faire de l’ombre aux authentiques auteurs latino-américains qui, faute d’armes commerciales aussi puissantes, peinent à faire entendre leur voix et celles des migrants. On lui reproche aussi de convoyer une image partiale et dépréciatrice du Mexique, imaginée depuis le côté le plus confortable du mur. Il est vrai que le roman a fait le choix de ne pas lésiner sur le sensationnel susceptible de renforcer la tension dramatique, amplifiant notamment les épreuves de ses personnages au moyen d’une intrigue, bien menée mais tout à fait improbable, entre Lydia et le chef du cartel. Diablement efficace quant à son suspense addictif, cet aspect de l’histoire semble davantage motivé par l'envie de distraire le lecteur que par une quelconque préoccupation politique ou humanitaire. Quelques « inconvenances » dans la promotion américaine du livre peuvent également renforcer l’impression d’un livre plus commercial qu’engagé. Malgré tout, je ne pense pas ressortir de cette lecture avec une pire image du Mexique qu’après avoir lu le très fiable et terrible 2666 de Roberto Bolaño. Manifestement documenté et bien mené, ce très prenant American Dirt ne peut, à sa manière, que contribuer à sensibiliser un plus large public à l’enfer des migrants latinos qui tentent de rejoindre les Etats-Unis, puis d'y rester. C’est en tout cas le roman le plus haletant que j’aie lu depuis longtemps. Coup de coeur. (5/5)
Re: [Cummins, Jeanine] American Dirt
Merci, ça me donne très envie de le lire !
elea2020- Grand sage du forum
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Re: [Cummins, Jeanine] American Dirt
Une fois le nez dedans Elea, tu ne pourras plus le relever avant la fin !
Re: [Cummins, Jeanine] American Dirt
Mon avis
Nous sommes à Acapulco, ce roman commence par le massacre de seize personnes d’une même famille lors d’une fête d’anniversaire, Sébastian journaliste fait partie des victimes, il est l’époux de Lydia et père de Luca âgé de huit ans. Ces deux derniers ont réussi à se cacher mais ils doivent fuir pour échapper aux tueurs qui font partie d’un cartel puissant du Mexique. Ce sera une terrible odyssée désespérée que vont vivre nos deux héros qui pour survivre et gagner les Etats-Unis s’intègrent à un flot de migrants voulant passer clandestinement la frontière. Jeanine Cummins avec une écriture précise nous fait entrer directement dans l’atmosphère du roman sur fond de contexte mexicain, ce sont des récits violents de trafiquants et de gangsters, les assassinats de nombreux journalistes, impunité des cartels et corruption. D’autres personnages sont nommés pendant le long et éprouvant voyage, cependant j’ai ressenti particulièrement de l’empathie pour Luca et Lydia qui entre course poursuite haletante et fuite devant les cartels lancés à leur trousse et éviter les brutalités des milices anti-migrantes. Toujours dans une terreur constante, la mère et l’enfant et les autres migrants s’accrochent sur les toits de trains, font la traversée du désert de la Sonora. Et tout cela est très fort lors de l’épopée des ces femmes, enfants et hommes, on vit avec eux, ressentant la solidarité et l’héroïsme tout en vibrant de beaucoup d’émotions pour ces gens mourant de faim et de soif. Ce livre est un hymne poignant, une histoire réaliste avec des personnages passionnants qui nous fait vivre un réel sujet d’actualité, c’est aussi l’amour d’une mère et le courage de Luca qui traversant des moments tragiques ne perdent pas espoir, sans oublier leur amitié pour les deux sœurs honduriennes fragilisées par d’autres évènements….5/5
Nous sommes à Acapulco, ce roman commence par le massacre de seize personnes d’une même famille lors d’une fête d’anniversaire, Sébastian journaliste fait partie des victimes, il est l’époux de Lydia et père de Luca âgé de huit ans. Ces deux derniers ont réussi à se cacher mais ils doivent fuir pour échapper aux tueurs qui font partie d’un cartel puissant du Mexique. Ce sera une terrible odyssée désespérée que vont vivre nos deux héros qui pour survivre et gagner les Etats-Unis s’intègrent à un flot de migrants voulant passer clandestinement la frontière. Jeanine Cummins avec une écriture précise nous fait entrer directement dans l’atmosphère du roman sur fond de contexte mexicain, ce sont des récits violents de trafiquants et de gangsters, les assassinats de nombreux journalistes, impunité des cartels et corruption. D’autres personnages sont nommés pendant le long et éprouvant voyage, cependant j’ai ressenti particulièrement de l’empathie pour Luca et Lydia qui entre course poursuite haletante et fuite devant les cartels lancés à leur trousse et éviter les brutalités des milices anti-migrantes. Toujours dans une terreur constante, la mère et l’enfant et les autres migrants s’accrochent sur les toits de trains, font la traversée du désert de la Sonora. Et tout cela est très fort lors de l’épopée des ces femmes, enfants et hommes, on vit avec eux, ressentant la solidarité et l’héroïsme tout en vibrant de beaucoup d’émotions pour ces gens mourant de faim et de soif. Ce livre est un hymne poignant, une histoire réaliste avec des personnages passionnants qui nous fait vivre un réel sujet d’actualité, c’est aussi l’amour d’une mère et le courage de Luca qui traversant des moments tragiques ne perdent pas espoir, sans oublier leur amitié pour les deux sœurs honduriennes fragilisées par d’autres évènements….5/5
lalyre- Grand sage du forum
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Re: [Cummins, Jeanine] American Dirt
Mon avis
Ce roman a été synonyme d’une polémique aux Etats-Unis, il a propulsé sur le devant de la scène Jeanine Cummins qui n’en demandait pas tant. Pourquoi ? Ceux qui ont aimé sont enthousiastes devant l’histoire, l’écriture, le style, les personnages. Les détracteurs reprochent à l’auteur new yorkaise d’avoir écrit sur l’immigration latino, de donner une vision réductrice d’un Mexique corrompu jusqu’à la moelle par les cartels de la drogue. En résumé, elle n’est pas « légitime » pour évoquer le sujet de la fuite des migrants ….
Alors, que penser de ce récit ? Oui, il a des défauts, des protagonistes un peu stéréotypés, des situations « clichés », des faits très linéaires racontant la fuite en avant d’une mère, Lydia, et de son fils, Luca….Avec malgré tout quelques souvenirs qui surgissent çà et là. Ils n’ont pas eu le choix, leur mari et père, journaliste, a écrit un article sur le grand chef d’un cartel et celui-ci n’a pas apprécié…. Il avait pourtant noué des liens avec Lydia, en étant client de sa librairie. Ni l’un, ni l’autre ne savait qui était l’autre à ce moment-là et ils ne pouvaient pas deviner où les conversations sur leurs lectures allaient les entraîner….
Jeanine Cummins a montré un aspect bien noir du Mexique, on est loin des plages et des touristes, mais elle savait parfaitement de quoi elle voulait parler. Elle a mis quatre ans à écrire son texte, se renseignant, voyageant, faisant des recherches. On ne peut pas dire qu’elle est partie au hasard sans réfléchir, d’autant plus que son mari, à la base, est un homme sans papier….
Personnellement, j’ai beaucoup aimé cette lecture. L’écriture est prenante, les événements poignants, on ne peut rester indifférent devant ce que l’on « voit », ce qu’on entend, ce qu’on devine. On s’attache rapidement à certains individus, on en déteste d’autres. On ne lâche pas la main de cette mère et de son fils, ainsi que ceux qu’elle prend sous son aile. La peur, la méfiance, l’entraide, le partage, mais surtout une volonté farouche de s’en sortir accompagnent ces migrants sur le chemin difficile, long, dangereux pour arriver de l’autre côté. Ils sont portés par leur courage, leur détermination, ils veulent vivre libres….
Par la biais de son texte, Jeanine Cummins nous rappelle la lutte de tous ceux qui se battent pour survivre….. A nous de ne pas les oublier.
Ce roman a été synonyme d’une polémique aux Etats-Unis, il a propulsé sur le devant de la scène Jeanine Cummins qui n’en demandait pas tant. Pourquoi ? Ceux qui ont aimé sont enthousiastes devant l’histoire, l’écriture, le style, les personnages. Les détracteurs reprochent à l’auteur new yorkaise d’avoir écrit sur l’immigration latino, de donner une vision réductrice d’un Mexique corrompu jusqu’à la moelle par les cartels de la drogue. En résumé, elle n’est pas « légitime » pour évoquer le sujet de la fuite des migrants ….
Alors, que penser de ce récit ? Oui, il a des défauts, des protagonistes un peu stéréotypés, des situations « clichés », des faits très linéaires racontant la fuite en avant d’une mère, Lydia, et de son fils, Luca….Avec malgré tout quelques souvenirs qui surgissent çà et là. Ils n’ont pas eu le choix, leur mari et père, journaliste, a écrit un article sur le grand chef d’un cartel et celui-ci n’a pas apprécié…. Il avait pourtant noué des liens avec Lydia, en étant client de sa librairie. Ni l’un, ni l’autre ne savait qui était l’autre à ce moment-là et ils ne pouvaient pas deviner où les conversations sur leurs lectures allaient les entraîner….
Jeanine Cummins a montré un aspect bien noir du Mexique, on est loin des plages et des touristes, mais elle savait parfaitement de quoi elle voulait parler. Elle a mis quatre ans à écrire son texte, se renseignant, voyageant, faisant des recherches. On ne peut pas dire qu’elle est partie au hasard sans réfléchir, d’autant plus que son mari, à la base, est un homme sans papier….
Personnellement, j’ai beaucoup aimé cette lecture. L’écriture est prenante, les événements poignants, on ne peut rester indifférent devant ce que l’on « voit », ce qu’on entend, ce qu’on devine. On s’attache rapidement à certains individus, on en déteste d’autres. On ne lâche pas la main de cette mère et de son fils, ainsi que ceux qu’elle prend sous son aile. La peur, la méfiance, l’entraide, le partage, mais surtout une volonté farouche de s’en sortir accompagnent ces migrants sur le chemin difficile, long, dangereux pour arriver de l’autre côté. Ils sont portés par leur courage, leur détermination, ils veulent vivre libres….
Par la biais de son texte, Jeanine Cummins nous rappelle la lutte de tous ceux qui se battent pour survivre….. A nous de ne pas les oublier.
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Cassiopée- Admin
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Re: [Cummins, Jeanine] American Dirt
Je l'ai lu mais je ne sais plus quand par contre j'en garde un souvenir des plus appréciables. J'ai été happé par l'histoire de cette femme et son enfant, j'ai ressenti leur angoisse.
A lire
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plume44- Grand expert du forum
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