[Sijie, Dai] Les caves du Potala
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[Sijie, Dai] Les caves du Potala
Titre : Les caves du Potala
Auteur : Dai SIJIE
Parution : 2020 (Gallimard)
Pages : 192
Présentation de l'éditeur :
1968, palais du Potala au Tibet. L’ancienne demeure du dalaï-lama est occupée par une petite troupe de très jeunes gardes rouges fanatisés, étudiants à l’école des beaux-arts, menés par un garçon particulièrement cruel, «le Loup». Dans les anciennes écuries du palais, Bstan Pa, ancien peintre du dalaï-lama, est retenu prisonnier. Le Loup veut lui faire avouer sous la torture ses crimes contre-révolutionnaires. Alors que les jeunes gardes rouges profanent les plus hautes œuvres d’art bouddhique, le vieux peintre se remémore une existence dédiée à la peinture sacrée. Il se souvient de son apprentissage auprès de son maître, des échelons gravis grâce à son talent exceptionnel jusqu’à approcher les plus hautes autorités religieuses et participer à la recherche du nouveau tulkou, l’enfant appelé à succéder au défunt dalaï-lama. Que peut la violence des hommes contre la beauté?
Dai Sijie nous fait pénétrer dans un univers d’harmonie et de méditation, nourri par l’évocation d’une tradition séculaire très raffinée que l’écrivain connaît à la perfection. Empreint d’une sensualité étonnante dans la description de l’art tibétain, ce nouveau roman de l’auteur de Balzac et la Petite Tailleuse chinoise procure un sentiment de dépaysement absolu dans l’espace et dans le temps.
Un mot sur l'auteur :
Dai Sijie est un cinéaste et romancier chinois. Né en 1954 de parents médecins et emprisonnés pendant la Révolution Culturelle, il est envoyé en rééducation dans un village enclavé des montagnes du Sichuan de 1971 à 1974 : une expérience qui lui inspirera en 2000 son premier roman Balzac et la petite tailleuse chinoise. Il vit en France depuis 1984.
Avis :
En 1968, le Tibet est occupé par la Chine, le Dalaï-Lama en exil, et son palais du Potala aux mains de gardes rouges, acharnés à anéantir objets sacrés et œuvres d’art bouddhiques. Emprisonné et torturé pour crime contre-révolutionnaire, le vieux Bstan Pa résiste mentalement en se remémorant sa vie de peintre : son apprentissage auprès d’un maître, sa progression jusqu’à sa nomination au service des plus hautes autorités tibétaines, son bonheur de consacrer son existence à la méditation et à la beauté.
En opposant un vieux sage versé dans l’art et la contemplation à une bande de très jeunes révolutionnaires haineux et violents, dans un face à face où, malgré les apparences, l’asservissement de l’un aux autres est loin de paraître définitivement acquis, Dai Sijie réussit à incarner tout le conflit entre une Chine encore aujourd’hui obsédée par la sinisation de son voisin et un Tibet que l’occupation chinoise n’a jamais réussi à vider de sa culture et de son identité.
Face à l’obscurantisme, au fanatisme et à la barbarie, le récit nous fait découvrir, dans un luxe de détails colorés, le raffinement de l’art des tankas, ces rouleaux peints caractéristiques de la culture bouddhiste tibétaine et servant de supports à la méditation. Après avoir suivi leur élaboration minutieuse et l’apparition de leurs couleurs sous les doigts et le pinceau parfois à un seul poil de Bstan Pa, c’est un crève-coeur d’assister à leurs autodafés aux côtés de leur créateur qui, privé de son art, garde la force de continuer à peindre mentalement.
Après la littérature vecteur d’émancipation dans Balzac et la petite tailleuse chinoise, Dai Sijie choisit cette fois la peinture pour un nouvel acte de résistance à la violence et à l’aliénation au travers de l’art et de la création. Il nous livre un très beau texte, d’une grande puissance d’évocation et d’une poésie lumineuse, malgré la brutalité qui endeuille ses pages. (4/5)
Re: [Sijie, Dai] Les caves du Potala
Merci Pistou pour ton émouvante critique
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Sijie, Dai] Les caves du Potala
Je ne sais pas si j'aurai le temps de le lire, parce que ma PàL est longue déjà, mais j'ai beaucoup apprécié Balzac et la petite tailleuse chinoise, et je me suis pas mal renseignée sur le bouddhisme tibétain. C'est une idée de lecture que je retiens, si elle vient à croiser ma route.
Dai Sije a du courage : il n'est pas fréquent pour un Chinois de tenir des propos discordants, et lorsque les dissidents chinois le font, ils le paient cher.
Dai Sije a du courage : il n'est pas fréquent pour un Chinois de tenir des propos discordants, et lorsque les dissidents chinois le font, ils le paient cher.
elea2020- Grand sage du forum
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Re: [Sijie, Dai] Les caves du Potala
En effet Elea, ce n'est sans doute possible que parce qu'il a quitté la Chine et vit maintenant en France.
Re: [Sijie, Dai] Les caves du Potala
Ca m'a rappelé que je n'ai rien lu de lui depuis Balzac... ; 2 de ses romans sont à la médiathèque, je vais aussi le mettre sur ma liste à lire. Il y a aussi 2 films de lui.
elea2020- Grand sage du forum
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