[Fiji] Le rêve du colibri

Description (source Amazon) :

1793, « le Colibri », petit trois-mâts de la première flotte marchande française vient d’entamer sa route en direction de la Nouvelle-France. Fraichement embarqué à son bord, Pierre, jeune mousse de quinze ans et sa sœur Marguerite fuient une France déchirée.
2020, à l’aube du printemps, le soleil gagne peu à peu la région du Québec. John-François, fatigué d’une nuit parsemée de rêves mouvementés, se rend à son travail. Partagé entre une famille hyperactive et un projet informatique passionnant, il essaie de construire son histoire et de s’affirmer dans sa voie.
Les lieux, les situations, rien ne les rapproche, et pourtant des liens invisibles vont lentement se nouer et les unir au travers du temps pour les guider dans leurs aventures.


Mon avis :

Rien que le titre m’évoque la délicatesse, mais aussi presque de la pitié envers ce petit colibri qui rêve (pourquoi a-t-il besoin de rêver ? Est-ce inaccessible pour lui ?)

Le roman s’ouvre sur une scène qui questionne, puis nous revenons en arrière. On espère avoir des réponses, comprendre ce qui a conduit à cette situation.
Tout de suite, les chapitres alternent entre deux époques et nous y suivons deux familles. L’une vit de nos jours, l’autre fin 1700.
Quel lien ont-elles ? Je me mets à chercher des indices dans tout le livre (et il y en a;)).
L’intrigue est bien présente et amène au fameux "encore un chapitre".

Je ne vous cache pas que lire les chapitres dans le passé est plus ardu, l’auteur a veillé à respecter au maximum la façon de parler de l’époque. Ce qui peut déstabiliser, surtout au début ! Comme dans cet exemple :



Je salue vraiment son travail, car je visualisais facilement cette famille de paysans, sous fond de révolution française.
"Le bruit et la fureur qui montaient fonctionnaient à merveille. Cette technique bien connue des champs de bataille galvanisait leur rancune et leur envie de s’affranchir de cette archaïque mainmise seigneuriale."
Je me suis particulièrement attachée aux enfants, si matures pour leurs âges. Pierre a réussi à trouver le chemin de mon cœur, et je me suis souvent inquiétée pour ce jeune homme si investi, en quête de reconnaissance.
"Pierre s’était préparé en secret et avait déjà recopié ces mouvements maintes fois."

La lecture a été beaucoup plus fluide pour ma part avec l’époque contemporaine. J’ai notamment beaucoup apprécié la façon de travailler de Djif (mention spéciale au "tableau des génies") et adoré en savoir plus côté pro. Les disciplines sont beaucoup plus variées que ce que je pensais dans ce type de projet, et j’ai beaucoup appris.
Quant à sa vie privée, j’ai souvent ri ou souri devant la complicité de sa famille. L’ambiance chaleureuse transparaît à la lecture.
J’ai aussi découvert pas mal d’expressions québécoises, et ils n’ont rien à nous envier de ce côté ! C’est très imagé.

Je me dois de revenir sur ce que j’écris un peu plus haut... Quand je dis que les chapitres alternent entre deux époques, ce n’est pas si simple... En effet, une part onirique est très présente. Et je dois être honnête, ça me faisait peur, car j’ai beaucoup de mal à accrocher sur ce genre de littérature. Par exemple, je ne lis pas du Mathias Malzieu, ni du Haruki Murakami, encore moins du Carole Martinez (pour citer ceux que j’ai tentés et qui peuvent également emmener dans une réalité... différente). Si ça n’avait pas été Fiji, j’aurais passé mon chemin sans essayer.
Alors très clairement, ce ne sont pas mes moments préférés, mais les chapitres concernés sont courts, ouf. Et je comprends leur intérêt dans le roman, même si on a parfois (souvent) l’impression que :
"Tout ceci se révélait absolument sans queue ni tête."

Le mot de la fin : Le rêve du colibri est un livre particulier, il ne faut pas avoir peur de sortir des sentiers battus pour vous y risquer. Mais le voyage en vaut la peine.
Et parce que je ne peux pas m’en empêcher, encore deux citations pour clôturer cette chronique :
"Les paradoxes de l’esprit humain amènent à des réflexions qui pour certaines s’avèrent motivantes et pour d’autres oppressantes."
"(...) cette boite grise pleine d’un amas de souvenirs. À l’époque, en l’ouvrant, il avait découvert qu’une vie entière pouvait être parsemée de minuscules choses représentatives qu’il convenait de ne pas oublier."

Merci Nisa pour ta critique  

Merci @Nisa pour cette critique précise et juste.