[Charles, Ludmila] La belle saison
Page 1 sur 1
votre avis ?
[Charles, Ludmila] La belle saison
Titre : La belle saison
Auteur : Ludmila CHARLES
Parution : 2021 (Noir sur Blanc)
Pages : 128
Présentation de l'éditeur :
À Nove Mesto, une petite ville d’Europe centrale, quand Baba accouche d’Elena un 1er avril, tout le monde croit à une farce. Baba est tellement grosse que personne n’avait vu qu’elle était enceinte de ce sixième enfant, arrivé vingt ans après les autres.
La fillette grandit dans un monde de femmes, entourée par sa mère et ses sœurs. L’une d’elle, Magda, est partie vivre en France. Elle revient chaque mois d’août avec sa fille, Anna. Une amitié étrange, intense, unit les deux enfants ; Elena ne vit que pour ces étés de retrouvailles.
Pendant que le pays se transforme avec Tchernobyl et la chute de l’URSS, insidieusement, une distance se creuse entre ces femmes.
Il y a un présent d’éternité dans ce premier roman où les destins se dévoilent avec une vérité sèche, coupante comme une herbe en été.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Ludmila Charles est née en 1967. Elle enseigne la littérature à l’université. Elle vit à Paris, dans le quartier de Barbès. La belle saison est son premier roman.
Avis :
Née vingt ans après les cinq autres enfants d’une mère tellement obèse que personne n’avait remarqué son ultime grossesse, Elena grandit à Nove Mesto, petite ville de ce qui deviendra un jour la Tchéquie. Elle vit dans l’impatience de chaque été, quand enfin sa sœur Magda revient de France pour les vacances, accompagnée de sa fille Anna. Les deux enfants sont en effet très proches. Pourtant, le temps qui passe et leurs vies disjointes, bientôt avec chacune mari et progéniture, les séparent peu à peu.
L’histoire évolue doucement, par petites touches pleines de sensibilité. En très peu de pages, elle parvient à nous immerger dans le cocon tissé par la solidarité des femmes de cette famille, habituées à se serrer les coudes et à se débrouiller sans se plaindre, dans une société soviétique qui use à ce point leurs hommes qu’ils finissent en général par plonger dans l’alcool et l’apathie. Peu à peu, les rêves d’enfant d’Elena perdent de leurs couleurs, au contact d’une réalité qui semble tout émousser. Energie, envies, bonheur : tout file entre les doigts, au long d’insensibles et menus renoncements qui en arrivent à faire perdre le sens de l’existence et à briser des liens jusqu’ici indéfectibles. La désillusion est d’autant plus douloureuse qu’elle se nourrit d’un profond désarroi consécutif aux métamorphoses post-soviétiques, synonymes pour Elena d’éclatement familial et de désarçonnante solitude quand, désormais, il ne faut plus compter qu’avec soi-même.
L’on se demande longtemps où mène la succession des menus faits qui composent la vie d’Elena, jusqu’à ce qu’une révélation contenue dans quatre mots vienne, sans crier gare, bousculer toute la perspective du récit. Les personnages en prennent soudain une épaisseur nouvelle, alors que se dessinent d’un coup des abîmes de non-dits que le texte n’explorera pas, laissant le lecteur sur le seuil de cette porte béante, comme il semble qu’Elena elle-même soit restée.
Une jolie écriture, fine et sensible, porte ce roman mélancolique, habité par de beaux personnages de femmes, étonnants de force et d’émotion retenue. Un bel hommage à l’âme slave. (4/5)
Sujets similaires
» [Bondoux, Anne-Laure] Valentine ou la belle saison
» [Sarraute, Claude] Belle belle belle
» [Todd, Anna] After, saison 2
» [Ng, Celeste] La saison des feux
» [Baker, Jo] Une saison à Longbourn
» [Sarraute, Claude] Belle belle belle
» [Todd, Anna] After, saison 2
» [Ng, Celeste] La saison des feux
» [Baker, Jo] Une saison à Longbourn
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum