[Haratischwili, Nino] Le Chat, le Général et la Corneille
Page 1 sur 1
votre avis ?
[Haratischwili, Nino] Le Chat, le Général et la Corneille
Titre : Le Chat, le Général et la Corneille (Die Katze und der General)
Auteur : Nino HARATISCHWILI
Traductrice : Rose LABOURIE
Parution : en allemand en 2018, en français (Belfond) en 2021
Pages : 592
Présentation de l'éditeur :
Le Chat, le Général et la Corneille débute par une nuit de décembre 1994, durant la première guerre de Tchétchénie. Un récit de violence, passion et culpabilité inextricablement lié à l’histoire de l’Europe contemporaine. Dans la lignée de La Fabrique des salauds, une puissante fresque menée tambour battant par Nino Haratischwili, la nouvelle sensation des lettres allemandes !
Décembre 1994, une troupe des forces armées de la Fédération de Russie est cantonnée dans un petit village musulman du Caucase pour réprimer les séparatistes tchétchènes.
Parmi les soldats se trouve Malich, jeune homme épris de littérature, qui s’est enrôlé par désespoir amoureux. Très vite, il fait la connaissance de Nura, une adolescente du village dont la beauté et la fierté le fascinent. Mais la jeune fille ne tarde pas à être arrêtée par d’autres soldats, pour un motif fallacieux. Malich se retrouve alors témoin, et peut-être même complice, des violences commises par ses camarades. Au cours de cette nuit, Nura sera violée et tuée – mais quelle est précisément la part de responsabilité de Malich ?
Bouleversé par cet événement, le jeune soldat est devenu « le Général », un homme au cœur dur et à la poigne de fer, prêt à tout pour dominer les autres. À force d’extorsion et de chantage, il parvient à s’enrichir et à gravir les échelons de la société russe jusqu’à devenir un oligarque multimillionnaire. Son seul objectif à présent est de protéger sa fille, Ada. Mais depuis vingt ans, et malgré ses efforts pour étouffer l’affaire, les rumeurs les plus sombres continuent de courir au sujet du Général, alimentées par la Corneille, un journaliste tenace et bien décidé à faire la lumière sur cette histoire.
Lorsqu’il rencontre le Chat, une jeune comédienne qui, sans le savoir, est le sosie de Nura, le Général voit là l’occasion de se venger de ses anciens complices… Et peut-être de soulager sa conscience ?
Un mot sur l'auteur :
Nino Haratischwili est une romancière, dramaturge et metteur en scène allemande, née en Géorgie en 1983. Elle a reçu de nombreux prix, dont le prix Adelbert von Chamisso, le Kranichsteiner Literaturpreis et le Literaturpreis des Kulturkreises der deutschen Wirtschaft.
Avis :
En 1994, alors que les troupes russes stationnent dans un coin reculé des montagnes du Caucase afin d’y pourchasser les séparatistes tchétchènes, une jeune villageoise prénommée Nura y est arbitrairement arrêtée, violentée et tuée. Vingt ans plus tard, malgré tous les efforts pour étouffer l’affaire, des rumeurs alimentées par un journaliste, la Corneille, continuent à circuler à l’encontre du Général, redoutable et richissime oligarque aux mains sales, que rien ne semble pouvoir atteindre. Rien, sauf, peut-être, tout ce qui touche à sa fille chérie Ada. Elle seule pourrait le décider à affronter le passé, surtout lorsqu’il resurgit par hasard sous les traits du Chat, une jeune comédienne qui ressemble étrangement à Nura.
Alternant entre deux périodes, le récit prend son temps pour se mettre en place, dédiant chaque chapitre à un personnage avec lequel nous commençons par faire amplement connaissance. Tous ces protagonistes sont fouillés avec soin, jusqu’à prendre l’épaisseur de la réalité. A travers eux, qui, chacun à leur façon, s’efforcent tant bien que mal de faire face au fatras qu’est leur vie, c’est bientôt un impressionnant tableau du cloaque, laissé, comme après le retrait de la marée, par la dislocation de l’Union soviétique, que le roman restitue avec force et précision. Sur ce champ de ruines, nul frein aux forces libérées. Jamais la loi du plus fort ne l’aura à ce point emporté. Et si les uns perdent tout, leurs maigres possessions comme bientôt aussi leurs illusions d’un monde meilleur, d’autres en profitent pour se tailler d’éblouissantes fortunes, usant sans foi ni loi de méthodes à faire pâlir d’envie malfrats et mafieux les plus aguerris.
Imprégné jusqu’aux tripes de ce climat délétère où l’incertitude, la violence et la peur n’épargnent personne, le lecteur comprend rapidement, bien avant que ne se précisent les liens entre les personnages et leur véritable rôle dans cette tragédie russe, que son épilogue sera forcément explosif. Que s’est-il réellement passé cette nuit de 1994 ? Quelle a été l’implication du Général dans l’assassinat de Nura ? Est-ce dans un esprit de vengeance, ou pour soulager sa conscience, que, vingt ans après, il entreprend de renouer avec les acteurs du drame ? Quoi qu’il en soit, pour le lecteur comme pour les autres personnages de cette histoire si crédible, la seule ombre de ces hommes aux allures de fauves en liberté suffit à faire froid dans le dos.
Fouillé avec soin sur presque six cents pages, ce roman excelle à entretenir curiosité et malaise dans une évocation particulièrement réussie des répercussions en chaîne de l’effondrement du bloc soviétique sur ses populations : un sujet vécu de l’intérieur par l’auteur, née en Géorgie et aujourd’hui installée en Allemagne. Coup de coeur. (5/5)
Sujets similaires
» [Haratischwili, Nino] La huitième vie
» [Lenormand, Frédéric] Le chat qui en savait trop : une enquête de Charlock le chat
» [Treusch, Nino] Le lapin blanc
» Garous - Série [Gaudin & D'Fali/Nino]
» [Corneille, Pierre] Le Cid
» [Lenormand, Frédéric] Le chat qui en savait trop : une enquête de Charlock le chat
» [Treusch, Nino] Le lapin blanc
» Garous - Série [Gaudin & D'Fali/Nino]
» [Corneille, Pierre] Le Cid
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum