[Horvilleur, Delphine] Vivre avec nos morts
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[Horvilleur, Delphine] Vivre avec nos morts
Titre : Vivre avec nos morts
Auteur : Delphine HORVILLEUR
Editeur : Grasset
Parution : 2021
Pages : 234
Présentation de l'éditeur :
« Tant de fois je me suis tenue avec des mourants et avec leurs familles. Tant de fois j’ai pris la parole à des enterrements, puis entendu les hommages de fils et de filles endeuillés, de parents dévastés, de conjoints détruits, d’amis anéantis… »
Etre rabbin, c’est vivre avec la mort : celle des autres, celle des vôtres. Mais c’est surtout transmuer cette mort en leçon de vie pour ceux qui restent : « Savoir raconter ce qui fut mille fois dit, mais donner à celui qui entend l’histoire pour la première fois des clefs inédites pour appréhender la sienne. Telle est ma fonction. Je me tiens aux côtés d’hommes et de femmes qui, aux moments charnières de leurs vies, ont besoin de récits. »
A travers onze chapitres, Delphine Horvilleur superpose trois dimensions, comme trois fils étroitement tressés : le récit, la réflexion et la confession. Le récit d’ une vie interrompue (célèbre ou anonyme), la manière de donner sens à cette mort à travers telle ou telle exégèse des textes sacrés, et l’évocation d’une blessure intime ou la remémoration d’un épisode autobiographique dont elle a réveillé le souvenir enseveli.
Nous vivons tous avec des fantômes : « Ceux de nos histoires personnelles, familiales ou collectives, ceux des nations qui nous ont vu naître, des cultures qui nous abritent, des histoires qu’on nous a racontées ou tues, et parfois des langues que nous parlons. » Les récits sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les morts. « Le rôle d’un conteur est de se tenir à la porte pour s’assurer qu’elle reste ouverte » et de permettre à chacun de faire la paix avec ses fantômes…
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Rabbin de Judaïsme en Mouvement, Delphine Horvilleur dirige la rédaction de la revue Tenou’a. Elle est notamment l’auteur de En tenue d’Eve : féminin, pudeur et judaïsme (Grasset, 2013), Comment les rabbins font des enfants : sexe, transmission, identité dans le judaïsme (Grasset, 2015), Réflexions sur la question antisémite (Grasset, 2019).
Avis :
Elsa Cayat, la psychiatre assassinée de Charlie Hebdo, et Marc, avec qui elle devait publier un livre. Simone Veil et Marceline Loridan, les filles de Birkenau. Yitzhat Rabin, homme d’État israélien, prix Nobel de la paix, assassiné en 1995. Ilan Halimi, séquestré et torturé en 2006 parce que juif. Mais aussi Moïse et Azraël, l’ange de la mort. Des anonymes, Sarah, Isaac et Myriam, l’Américaine obsédée par l’organisation de ses propres obsèques. Des proches, comme son amie Ariane et son oncle Edgar. Tous, en croisant, à l’occasion de leur mort ou par leur lien particulier à la mort, le chemin de l’auteur dans ses fonctions de rabbin, lui ont inspiré les onze chapitres de ce livre placé sous les auspices d’un oxymore.
Rares sont les ouvrages qui impressionnent autant par l’aura de leur auteur, et qui vous vont droit au coeur par l’humanité qu’ils dégagent. Delphine Horvilleur n’est pas seulement cultivée. Elle possède le don de rendre ses connaissances accessibles en toute simplicité, dans une narration piquante et pleine d’humour, où ne manquent même pas quelques savoureuses blagues juives. C’est avec un intérêt émerveillé que l’on découvre la richesse de ses réflexions, nourries de son exégèse de textes sacrés, d’explications de rites et de traditions, mais aussi de sa formidable expérience humaine. L’on ne peut qu’être frappé et totalement séduit par l’ouverture d’esprit, la capacité d’écoute et la sincère bienveillance dont témoignent ces pages, où chacun, athée ou de quelque religion qu’il soit, trouvera son compte.
Car, face à notre condition humaine et à notre finitude, il n’est question ici que de la manière dont, en toute humilité, l’auteur rabbin tente d’accompagner les vivants dans leur douleur et leurs questionnements sans réponse, avec pour seule certitude que notre passage se nourrit de l’héritage personnel, culturel et historique laissé par les générations précédentes, et nourrira de la même façon les générations à venir. Mort et vie s’entremêlent ainsi constamment, et il nous faut bien apprendre à faire une place à nos fantômes personnels pour continuer à faire en paix notre bout de chemin.
Un livre universel, profondément humain et merveilleusement écrit, qui fait chaud au coeur par la qualité de la rencontre qu’il permet avec son auteur. Coup de coeur. (5/5)
Re: [Horvilleur, Delphine] Vivre avec nos morts
Merci Cannetille pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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