[Balzac, Honoré (de)] La Maison du Chat-qui-pelote
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[Balzac, Honoré (de)] La Maison du Chat-qui-pelote
La Maison du Chat-qui-pelote
Honoré de Balzac
69 pages
Folio classique
1830
ISBN : 2-07-037441-6
Honoré de Balzac
69 pages
Folio classique
1830
ISBN : 2-07-037441-6
Résumé (source Babelio) :
Ce récit écrit en 1829 sera placé, plus tard, par Balzac en ouverture de la "Comédie Humaine". On y retrouve la trame de ce que seront les romans la composant et l'on y croise déjà les héros d'autres épisodes. Tout y préfigure la grande œuvre de Balzac. C'est en ces quelques pages une miniature parfaite de tout ce qui suivra. La Maison du chat qui pelote, titre définitif que l'auteur donna à cet ouvrage, avait à l'origine été intitulé "Gloire et Malheur". Il s'y joue le destin d'une femme que tout favorise. Mais l'amour peut-il résister au fil des ans, à la différence des classes ?
Mon avis :
J'ai beaucoup apprécié cette nouvelle, qui du reste peut presque s'apparenter à un court roman. Balzac y prend le temps de présenter ses personnages, de les poser dans leur élément, cette boutique du drapier Guillaume, au nom énigmatique et fantaisiste. J'avoue m'être demandé si le chat tricotait, ou même s'il avait les mains baladeuses ? Non, le chat joue au jeu de raquette, comme la pelote basque. Il est vrai que la boutique est un personnage à part entière, en ce que la demeure incarne à merveille le mode de vie de la famille Guillaume.
Le drapier Guillaume mène avec fermeté sa maison, composée d'une épouse et de deux filles, Virginie, âgée de 28 ans, et Augustine, âgée de 18 ans, ainsi que de ses trois apprentis, qui sont comme adoptés par leur maître, en des soins tout paternels mais d'une rigueur monacale. Joseph Lebas, premier commis et orphelin, est plus ou moins destiné à épouser Virginie, mais il est amoureux d'Augustine. Virginie est bien éprise de Joseph, mais sans retour, et Augustine... personne ne le sait encore, elle aime en cachette un jeune peintre, qui a fait son portrait de mémoire, et va devenir célèbre avec ces premières toiles exposées au Salon.
Leur destin va se sceller le jour où Guillaume annonce enfin à Joseph qu'il va devenir son gendre, et lui propose de s'associer ; seulement, c'est Augustine qu'il voudrait épouser. Pour se sortir de ce mauvais pas, celle-ci avoue qu'elle aime un jeune homme, Théodore de Sommervieux, à qui elle s'est plus ou moins promise. Il est peintre, certes - métier qui ne peut rencontrer les attentes des deux parents, boutiquiers raisonnables et économes, mais il connaît le succès, et il est de la meilleure société. L'ambiance est tendue, mais Augustine aura gain de cause, et pourra s'installer dans son ménage avec Théodore, et vivre leur amour.
Ils sont jeunes, beaux, ils s'aiment et sont enviés de tous ; Augustine rayonne, la gloire du peintre rejaillit sur elle. Jusqu'à ce que les nuages s'amoncellent, et que la jeune fille prenne conscience qu'aimer ne suffit pas, qu'il faut aussi faire bonne figure dans le monde, montrer de l'esprit, de l'éducation, que sa nature simple et sa jeunesse renfermée ne lui ont pas permis d'acquérir. Les amis de Théodore n'aiment pas la jeune femme, elle leur paraît trop prude, insensible. Théodore se détourne, et Augustine cherchera par tous les moyens à comprendre, à le reconquérir...
Cette nouvelle met du temps à s'installer, mais ce prélude n'est en rien ennuyeux, car il présente une étude de cas étonnante, avec cette famille et son train de vie. De même, il amène la relation à venir entre Théodore qui épie la maison de l'extérieur et Augustine, qui cache bien son jeu. Lorsque les deux jeunes gens se marient, le rythme s'accélère vivement, enlevé jusqu'au dénouement brusque. J'ai été intéressée par les efforts d'Augustine pour s'instruire, et sa lente prise de conscience qu'aimer et se donner toute entière à l'amour ne suffit pas. Je ne peux en revanche pas dire que j'aie eu une empathie surdéveloppée pour Théodore et ses tracas d'artiste, quoique, selon l'auteur, il ait souffert aussi. J'ai été curieuse de l'entrevue entre Augustine et la duchesse de Carigliano, rivale éminemment impressionnante de la jeune femme, qui se révèle pourtant relativement bienveillante, et propose à sa manière de l'aider. C'est un face-à-face intense et dramatique, un décor de séduction maîtrisée, une belle prouesse d'auteur.
Pour tout dire, je me suis vraiment trouvée bien d'avoir lu Physiologie du mariage, car cette nouvelle est en grande partie une illustration des théories de Balzac quant au mariage, notamment en ce qui concerne la durée limitée de la lune de miel dans le couple, et ce qui fait - ou non - les mariages réussis. C'est une nouvelle qui peut tout à fait faire apprécier Balzac, si ce n'est qu'il faut un peu patienter avant que l'action ne s'engage.
Citations :
Malgré le bruit que faisaient quelques maraîchers attardés passant au galop pour se rendre à la grande halle, cette rue si agitée avait alors un calme dont la magie n'est connue que de ceux qui ont erré dans Paris désert, à ces heures où son tapage, un moment apaisé, renaît et s'entend dans le lointain comme la grande voix de la mer. (Page 28)
Ignorant les plaisirs du monde et voyant comment s'écoulait la vie exemplaire de leurs parents, elles ne jetaient que bien rarement leurs regards au-delà de l'enceinte de cette vieille maison patrimoniale qui, pour leur mère, était l'univers. (Page 38).
Cependant Augustine avait reçu du hasard une âme assez élevée pour sentir le vide de cette existence. (Page 40)
(...) Elle aimait trop pour calculer l'avenir, et n'imaginait pas qu'une vie si délicieuse pût jamais cesser. (Page 67)
(...) Mais en dévorant des volumes, en apprenant avec courage, elle ne réussit qu'à devenir moins ignorante. La légèreté de l'esprit et les grâces de la conversation sont un don de la nature ou le fruit d'une éducation commencée au berceau. (Page 73)
elea2020- Grand sage du forum
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Re: [Balzac, Honoré (de)] La Maison du Chat-qui-pelote
J'ai le roman (ou du moins je l'avais, si je ne l'ai pas perdu) et j'ai toujours cru que c'était une nouvelle policière de Balzac et que le titre "Le chat qui pelote" était le nom de l'auberge dans laquelle avait eu lieu le crime...
Je me demande pourquoi je me suis imaginé ça
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DameLecture- Membre connaisseur
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Re: [Balzac, Honoré (de)] La Maison du Chat-qui-pelote
DameLecture a écrit:J'ai le roman (ou du moins je l'avais, si je ne l'ai pas perdu) et j'ai toujours cru que c'était une nouvelle policière de Balzac et que le titre "Le chat qui pelote" était le nom de l'auberge dans laquelle avait eu lieu le crime...
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Il y a bien L'Auberge rouge de Balzac qui parle de crime : ce ne serait pas ça ?
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