[Raspail, Jean] Qui se souvient des hommes...
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[Raspail, Jean] Qui se souvient des hommes...
Titre : Qui se souvient des hommes...
Auteur : Jean RASPAIL
Parution : 1986 (Robert Laffont)
Pages : 290
Présentation de l'éditeur :
Ils s'appelaient eux-mêmes les Hommes.
Ils étaient parvenus à cette extrémité de la terre - qui devait, bien plus tard, être nommée Terre de Feu -, au terme d'une si longue migration qu'ils en avaient perdu la mémoire. Sans cesse poussés par de nouveaux envahisseurs, ils avaient traversé un continent et des millénaires dans l'ignorance et la peur. Ils s'étaient établis là où, semblait-il, nul ne pouvait les rejoindre, tant sont cruels le ciel, la terre et la mer dans cet enfer austral.
Ils furent peut-être un peuple ; ils ne furent plus que des clans, puis des familles. Un jour, et c'est demain, il n'y aura plus que Lafko - Lafko, fils de Lafko, fils de Lafko depuis le fond des âges -, le dernier des Hommes, celui que nous voyons, à la première et à la dernière page de ce livre, tenter de trouver dans la tempête la grève où il pourrait mourir, seul sous le regard de Dieu. Dans l'intervalle, depuis le rêve de Henri le Navigateur et l'apparition des vaisseaux de Magellan, les Hommes, ces " sauvages ", ont regardé passer l'Histoire et l'ont subie.
Demain, Lafko va se perdre dans la nuit. Qui se souvient des Hommes ? Jean Raspail, pour avoir rencontré l'un des derniers canots des Alakalufs (tel est leur nom moderne), ne les a pas oubliés. Dans ce livre - que, faute de mieux, il qualifie de " roman ", mais " épopée " ou " tragédie " seraient sans doute plus exacts -, il recrée le destin de ces êtres, nos frères, que les hommes qui les virent hésitèrent à reconnaître comme des hommes. C'est une immense et terrible histoire.
Et c'est un livre comme il n'en existe pas aujourd'hui, et dont on sort transformé.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Jean Raspail a reçu en 2003 le Grand Prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Aux Éditions Robert Laffont, il a publié, entre autres, La Hache des steppes, Le Jeu du roi, Qui se souvient des hommes…, Sept cavaliers quittèrent la ville au crépuscule par la porte de l’Ouest qui n’était plus gardée, Le Camp des saints…
Avis :
L’ethnie des Kawésqars, soit des « Hommes », encore appelés Alakalufs, a aujourd’hui disparu. Installé sur la Terre de Feu depuis plus de six mille ans, ce peuple nomade de la mer vivait sur des canots le long du versant pacifique des Andes méridionales, dans un redoutable labyrinthe de chenaux et de fjords reliant une multitude d’îles et de presqu’îles inhospitalières, sous un climat instable et glacial, réputé pour la violence de ses tempêtes et la permanence de ses intempéries. Lorsque Magellan « découvre » cette région en 1520, le choc culturel est une déflagration pour ces Amérindiens restés à l’âge de pierre dans un complet isolement. La colonisation de leur territoire ne commence réellement qu’au cours de la seconde moitié du 19e siècle, mais entre les maladies, les persécutions et l’incompatibilité des deux mondes qui se rencontrent, leur population est quasiment anéantie en quelques décennies seulement. Elle finit par s’éteindre inexorablement au cours du 20e siècle.
Sensibilisé par ses voyages au sort de ces diverses populations que la modernité voue à la disparition, l’auteur n’a jamais pu oublier le canot kawésqar et ses misérables occupants, croisés en Terre de Feu en 1951. Ses explorations de témoignages historiques l’ayant choqué par leur manque total d’empathie envers ces êtres trop primitifs pour demeurer humains aux yeux de leurs observateurs, il entreprend ici de leur rendre hommage dans un récit romanesque, construit à partir des connaissances de l’ethnologue José Empéraire mais aussi de ses propres recherches et réflexions, et destiné à nous faire imaginer et ressentir le point de vue de ces hommes et de ces femmes, jetés directement du paléolithique à l’ère moderne.
Si la somme de leur ahurissement et des incompréhensions mutuelles prêtent parfois à rire, l’histoire de leur confrontation à nous, les hommes modernes, est une tragédie accablante qu’on ne peut lire qu’étreints d’un mélange d’effroi, de tristesse et de honte. Pourtant longtemps et dramatiquement éprouvés par l‘environnement naturel dantesque où les Kawésqars évoluaient à leur aise, les colons ont, là comme ailleurs, tiré parti sans vergogne du déséquilibre des forces en leur faveur. Mais, entre les indigènes et les Pektchévés – les étrangers -, c’est surtout l’irrémédiable incapacité à communiquer et à se comprendre que Jean Raspail met en évidence, au fil d’épisodes tous plus confondants les uns que les autres. Souvent cruelle comme lorsqu’elle transforme en bêtes de foire les individus qu’elle emmène en Europe sans se préoccuper de leur terreur si loin de leurs repères, ou encore stupide quand elle déplore leur sur-mortalité sans se sentir responsable des épidémies qu’elle leur inflige, naïve aussi dans ses tentatives d’évangélisation et d’éducation à l’emporte-pièce, la « civilisation évoluée » se montre incapable de sortir de ses référentiels, de faire preuve d’empathie, et tout simplement, d’humanité.
Aussi passionnante que consternante, cette étonnante confrontation entre deux mondes séparés par plusieurs millénaires d’évolution a de quoi faire réfléchir. Ferions-nous mieux aujourd’hui ? On peut en douter. Mieux vaut sans doute que notre route ne croise jamais celle d’éventuels extra-terrestres, à moins que ces derniers n’aient quelque avance sur nous en matière d’humanité et d’empathie… Coup de coeur. (5/5)
Re: [Raspail, Jean] Qui se souvient des hommes...
C'est encore noté Cannetille! Tu fais allonger ma pal, mais j'aime ça! Merci! XX
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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Emploi/loisirs : Retraité
Genre littéraire préféré : Roman historique
Date d'inscription : 07/01/2012
Re: [Raspail, Jean] Qui se souvient des hommes...
Tant mieux Moulin-à-Vent. Tu peux aborder cette lecture en toute confiance
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