[Guénard, Marion] Au printemps on coupe les ailes des oiseaux
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[Guénard, Marion] Au printemps on coupe les ailes des oiseaux
Titre : Au printemps on coupe les ailes des oiseaux
Auteur : Marion GUENARD
Parution : 2022 (L'Aube)
Pages : 304
Présentation de l'éditeur :
Kaouthar et Mariam sont deux femmes qui n’ont pas vocation à se croiser. Pourtant, elles ont en commun une lucidité et une soif de liberté rares. Kaouthar est égyptienne. Elle avait vingt ans lorsque la révolution a éclaté au Caire. Dix ans plus tard, sa vie est un rêve brisé. Mariam vit à Paris. Fille de parents égyptiens immigrés en France, elle a tout réussi. La révolution égyptienne réveille en elle des souvenirs enfouis, le sentiment obscur mais tenace d’être passée à côté de sa vie. Un matin, elle disparaît brutalement. Une enquête policière est ouverte. Antoine apprend que sa femme a fui en Égypte. Bouleversé, il se lance à sa recherche. Au Caire, il rencontre une bande de révolutionnaires, encore debout malgré la férocité du pouvoir...
Marion Guénard nous livre le récit d'une jeunesse sacrifiée, celle des révolutionnaires égyptiens qui ont ouvert une brèche de liberté au début des années 2010, avant le retour brutal de la dictature.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Marion Guénard a vécu plusieurs années au Caire. Journaliste, elle a couvert la révolution égyptienne pour de nombreux medias francophones. Au printemps on coupe les ailes des oiseaux est son premier roman.
Avis :
Fille d’Egyptiens immigrés en France, Mariam mène une existence confortable et sans histoire à Paris, entre son époux, ses deux filles, et sa carrière d’avocate. Mais, dix ans après la révolution égyptienne, elle a de plus en plus de mal à refouler les souvenirs et la sensation d’être passée à côté de l’essentiel. Du jour au lendemain, elle quitte tout sans prévenir. Parti à sa recherche au Caire, son mari Antoine est amené à rencontrer un petit groupe d’hommes et de femmes qui, malgré la terrible répression du régime en place, tentent dangereusement de maintenir en vie leur idéal de liberté.
Dix ans après, que reste-t-il de la révolution égyptienne de 2011 ? Au pouvoir depuis son coup d’état militaire en 2013 contre le gouvernement des Frères Musulmans, le maréchal al-Sissi a mis le pays en coupes réglées et mène une répression sans précédent. Opposants, militants, journalistes y sont traités en terroristes, prétexte commode à leur enlèvement et à leur torture. Des centaines de personnes ont ainsi fait l’objet de disparitions forcées, et tous les symboles de la révolution, en particulier ceux de la place Tahrir, restent soigneusement sous contrôle.
Ancienne journaliste spécialiste du Moyen-Orient, Marion Guénard a passé sept ans en Egypte, de 2007 à 2014. Elle coordonne aujourd’hui la communication au Moyen-Orient et en Afrique du Nord de la fondation Terres des hommes. Ce premier roman reflète sa parfaite connaissance de la situation égyptienne et ses préoccupations humanitaires. Son récit nous emporte dans une restitution fidèle de la vie de tous les jours au Caire, et, tandis que l’on parcourt ses rues et que l’on pénètre chez ses habitants comme si l’on y était, l’on est vite convaincu d’y rencontrer des personnages en tout point conformes à la réalité. Depuis l’anéantissement du rêve démocratique, pris en sandwich dans l’affrontement entre l’armée et les Frères, la vie en Egypte est devenue un cauchemar pour ses habitants maintenus sous la pression d’une terreur qui n’épargne personne : un état de fait qui ne fait guère de vagues en Occident, les droits de l’homme pesant diplomatiquement moins que la stabilité d’un pouvoir qui semble un rempart contre le terrorisme.
Aussi passionnant sur le plan documentaire que nécessaire sur la question humanitaire, ce livre m’a paru néanmoins un peu moins abouti côté romanesque. La narration n’abordant qu’assez allusivement les déchirements biculturels de Mariam, ce personnage reste difficile à saisir et suscite dans l’ensemble assez peu d’empathie. Sa disparition finit par sembler avant tout un prétexte à l’instauration d’un certain suspense, en réalité superflu puisque la force et l’intérêt du récit sont ailleurs. Et comme le style de son écriture s’apprécie essentiellement pour son efficacité journalistique, l’on en vient à se dire que ce roman aurait peut-être gagné en impact à rester centré sur sa partie purement égyptienne.
Construit sur la base d’une connaissance fine de la situation en Egypte, ce livre a le grand mérite de mettre en lumière un drame humanitaire méconnu de l’opinion publique internationale. C’est aussi un fervent hommage à toutes celles et ceux, qui, malgré la répression qui ensanglante le pays, continuent à s’y accrocher à ce qu’il reste de leur rêve de liberté. (3/5)
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