[Castro, Eve (de)] La Femme qui tuait les hommes
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[Castro, Eve (de)] La Femme qui tuait les hommes
La Femme qui tuait les hommes
Eve de Castro
Pocket
18/04/2019
272 pages
ISBN : 978-2-266-28913-9
Eve de Castro
18/04/2019
272 pages
ISBN : 978-2-266-28913-9
Résumé de couverture :
Saint-Pétersbourg, 1909. Lena Popova attend sans frémir l'heure de son exécution. Au camarade Vladimir Ilitch dit "Lénine", peut-être le seul homme qu'elle admire, elle adresse ses aveux. Oui, elle a tué des hommes. 272, exactement. Maris violents, pères indignes : la révolution des femmes s'écrit dans le sang...
Paris, 2017. Un quai de métro, une costumière retraitée de l'Opéra, une jeune femme bafouée, un écrivain un peu trop coureur... La révolution continue !
Mon avis :
Ce roman a été choisi par mes filles pour mon cadeau de Noël, j’étais donc favorablement disposée et curieuse de le lire. Pourtant, si j’ai apprécié la lecture en elle-même, je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages et certains partis-pris d’écriture m’ont agacée.
Le roman est relativement court, et déploie deux histoires en apparence parallèles, en réalité liées d’une autre manière, que je ne peux dévoiler sans en révéler trop sur l’intrigue : nous suivons Léna, rude et forte femme qui, par amour pour Lénine, Vladimir Ilitch Oulianov, a pris sur elle de défendre la cause des femmes d’une façon très personnelle, en appliquant les principes chers à son mentor, du moins ceux qu’il professe dans l’exercice de la Révolution. A cette époque, dans la première décennie du XXème siècle, Lénine n’est qu’au début de sa vie politique, jeune homme ambitieux en pleine ascension.
La seconde histoire a pour héroïne une vieille femme de presque 80 ans, Jeanne, qui se voit chargée d’une étrange mission par une jeune inconnue malheureuse en amour, rencontrée dans le métro : elle doit remettre à Paul Brideau, écrivain, la clé de son appartement. Jeanne accepte, trouve le moyen d’appâter l’auteur en mal d’écriture pour qu’il l’accepte dans son entourage proche – ce dernier a une vie plutôt compliquée, plusieurs maîtresses et trop d’occupations mondaines. Il ne rêve pourtant que d’écrire l’ouvrage qui lui apportera la reconnaissance ultime et le prix littéraire convoité.
En apparence, nous avons à faire à deux femmes émancipées, indépendantes, et pourtant… Si je me suis intéressée au parcours de Léna, j’ai été surprise qu’elle trouve normal, à certaines occasions, de satisfaire aux exigences sexuelles d’un mari pour soulager une épouse de la corvée – avant de la libérer définitivement. Elle montre en outre une abnégation et un esprit de sacrifice extrêmes envers Lénine, alors que de toute évidence, elle ne lui plaît pas, et au lieu de l’encourager il la repousse sans ménagement. Pourquoi s’obstiner ? Quant à Jeanne, avant sa rencontre avec Maurice, elle montre également une grande complaisance, une passivité, envers les appétits des hommes, puis materne Brideau de façon éhontée. Je ne comprends pas cette ambivalence, ces petits arrangements, cette bassesse fière d’elle-même : je trouve cela tordu.
J’ai du moins apprécié le récit de ces années terribles en Russie (1905-1909), des hivers mortels, des épidémies, de la répression, les évocations de la vie quotidienne sont très réalistes. Toutefois, si le personnage de Lénine ne peut bien sûr pas être idéalisé, j’ai noté une certaine perfidie dans la manière de le dépeindre comme un intellectuel se considérant supérieur aux autres, manipulateur froid, ne connaissant rien au fond des conditions de vie du peuple, et pire, s’en tenant éloigné et protégé le plus possible.
L’écriture est plutôt précise et enlevée, quoique l’auteure se complaise assez souvent dans un goût pour la formule, les phrases courtes et percutantes, un peu choc. J’ai aimé suffisamment pour lire le roman sans temps mort, mais pas assez pour être totalement séduite et happée par la lecture – je suis restée constamment un pas en-dehors, pas vraiment dedans.
Citations :
Jeanne pense souvent au point de bascule. L'instant où la vie change de cours. Où l'homme qui n'était qu'un voisin, un parent, un amant, un fonctionnaire, un commerçant, devient un criminel ou une victime. (Page 13)
L'enceinte de la bibliothèque [la Bnf] définit un pays en marge du monde réel, une patrie où les chercheurs obsessionnels, esclaves de leur quête, égarés en d'autres siècles, vivent sereinement leur folie. A la place 22, la nuit, la ville, le temps n'existent plus. (Page 78)
Il gratte une allumette, hume le bref parfum de soufre, guette le grésillement de la mèche. A cette heure de silence, chaque son, chaque odeur, chaque image prend une puissance et une poésie singulières. Il chérit ces gestes mille fois répétés, ces rites minuscules qui prédisposent au recueillement. (Page 125)
Droite sur mon banc, dominant d'une demi-tête les hommes qui m'encadraient, je continuais de scruter l'assistance. Je voulais que tu sois là comme on veut que Dieu existe et que la mort soit un début. (Page 217)
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