[Stephan, Carmen] Arabaiana
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[Stephan, Carmen] Arabaiana
Titre : Arabaiana (It's All True)
Auteur : Carmen STEPHAN
Traducteurs : Alexandre PATEAU et Camille LUSCHER
Parution : en allemand en 2017, en français (Actes Sud) en 2021
Pages : 112
Présentation de l'éditeur :
Hollywood, milieu des années 1990. Des bobines ayant appartenu à Orson Welles, et que l’on croyait perdues depuis longtemps, refont enfin surface. Ce qu’on y voit : les images incroyables de quatre pêcheurs du Nordeste brésilien qui, en 1941, construisent un radeau sur lequel ils prennent la mer pour porter au président du pays leurs revendications. Deux mille kilomètres à bord de leur jangada. Debout. Pieds nus. Sans carte, sans boussole. Ils s’appellent Jerônimo, Mané Preto, Tatá et, leur guide, Jacaré. Au terme d’une traversée de 61 jours, ils atteignent Rio de Janeiro, où ils sont accueillis en héros. Orson Welles, dont le film Citizen Kane vient de sortir au cinéma, décide de mettre en scène leur courageuse odyssée. Entre Jacaré et lui naît rapidement un respect mutuel, et le guide se met à appeler le cinéaste Arabaiana, du nom du poisson le plus noble qui nageait à l’époque le long des côtes du Nordeste. Mais, dès le début du tournage, Jacaré tombe par-dessus bord et disparaît dans les flots. Inspirée par cette histoire où le réel se mêle à la légende tragique, Carmen Stephan compose un roman puissamment poétique sur une expérience humaine hors du commun doublé d’une réflexion sur les fondements de l’authenticité, de la vérité et de la mise en scène.
Un mot sur l'auteur :
Carmen Stephan est allemande et vit aujourd'hui à Genève. Elle a résidé de nombreuses années à Rio de Janeiro. Arabaiana est le troisième volet d'une trilogie brésilienne, le seul traduit en français à ce jour.
Avis :
En 1941, quatre pêcheurs du nord du Brésil parcourent deux mille kilomètres à bord d'une jangada, traditionnel et frêle radeau de bois, pour revendiquer leurs droits auprès du président Vargas à Rio. Mandaté pour un film censé contribuer au « rapprochement culturel » entre les Etats-Unis, le Brésil et le Mexique, le jeune mais déjà célèbre Orson Welles entreprend de raconter leur périple au cinéma. Mais l’un des quatre hommes, Jacaré, disparaît en mer lors du tournage...
Les conditions de vie de ces pêcheurs et de leurs familles sont terribles. Assujettis à l’autorité brutale et aux prélèvements disproportionnés des propriétaires de leurs embarcations de fortune, ces véritables forçats de la mer vivent la faim au ventre, avant de presque tous disparaître un jour, avalés de père en fils par l’océan. Pourtant, leur dignité et leur détermination restent intactes, et c’est avec la force paisible et la rectitude de ceux à qui l’intégrité et la fidélité à leurs valeurs profondes épargnent doutes et regrets, que la délégation menée par Jacaré part ingénument en croisade, le coeur empli de sa bonne foi et de son juste droit, tout autant que de sa confiance en l’autorité suprême du pays. Leur courage et leur sincérité candide paieront, en un joli pied de nez à la laideur du monde. Mais, comble de l’ironie, le sort se retournera lorsque la récupération politique et la mise en scène factice de leur aventure pour le cinéma provoqueront le drame.
Pour le génial cinéaste, cette tragédie agit comme un détonateur. Il s'acharnera à finir son film malgré tout, mais loin cette fois de toute visée propagandiste, en dévoilant sans fard le misérable destin des « serfs de la mer » brésiliens. Boudées et "oubliées" par les maisons de production, les bobines ne seront montées que cinquante ans plus tard, pour sortir au cinéma, après la mort de Welles, sous la forme d'un documentaire intitulé It’s All True. Un demi-siècle aura ainsi été nécessaire pour que l'on s'intéresse à la réalité derrière la légende : un intervalle qui donne à réfléchir quant à la responsabilisation de la création artistique en matière d'authenticité et de respect de la vérité.
Fidèle, quant à elle, aux faits réels, Carmen Stephan évoque cette histoire étonnante dans une prise de recul qui en révèle toute la poésie en même temps que l’infinie cruauté. L'élégance de sa plume et la finesse de ses observations rendent un hommage lumineux à ces pauvres jangadeiros capables, par leurs seules force et beauté d'âme, de renverser des montagnes. (4/5)
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