[Enriquez, Mariana] Notre part de nuit
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[Enriquez, Mariana] Notre part de nuit
[Enriquez, Mariana] Notre part de nuit
Titre: Notre part de nuit
Titre original: Nuestra parte de noche
Autrice: Mariana Enriquez
Traduction: Anne Plantagenet
Éditions: Éditions du Seuil, sous la marque Éditions du sous-sol
Genre: Roman
Époque: 1970 à 1997
760 pages
ISBN 978-2-36468-466-9
Quatrième de couverture
Un père et son fils traversent l’Argentine par la route, comme en fuite. Où vont-ils ? À qui cherchent-ils à échapper ?
Le petit garçon s’appelle Gaspar. Sa mère a disparu dans des circonstances étranges. Comme son père, Gaspar a hérité d’un terrible don : il est destiné à devenir médium pour le compte d’une mystérieuse société secrète qui entre en contact avec les Ténèbres pour percer les mystères de la vie éternelle.
Alternant les points de vue, les lieux et les époques, leur périple nous conduit de la dictature militaire argentine des années 1980 au Londres psychédélique des années 1970, d’une évocation du sida à David Bowie, de monstres effrayants en sacrifices humains. Authentique épopée à travers le temps et le monde, où l’Histoire et le fantastique se conjuguent dans une même poésie de l’horreur et du gothique, Notre part de nuit est un grand livre, d’une puissance, d’un souffle et d’une originalité renversants. Mariana Enriquez repousse les limites du roman et impose sa voix magistrale, quelque part entre Silvina Ocampo, Cormac McCarthy et Stephen King.
Mon avis
Je ne sais pas si c'est un grand livre mais c'est certainement un gros livre avec ses 760 pages.
Étant en Amérique du Sud, l'atmosphère comme le climat est humide et glauque. Il y a de l'horreur soutenue comme il se doit par les riches et les puissants.
Le mélange des époques s'est avéré, pour moi, difficile à digérer.
Ce roman m'a fait penser à Gabriel Garcia Marquez dont j'ai commencé quatre romans et n'en ai pas terminé un seul. Ce roman-ci est meilleur, d'après moi, que ceux de Marquez. Pour Marquez, j'ai commencé à trois reprises son Cent ans de Solitude mais n'ai jamais réussi à le terminer.
Ma cote: 6.5/10.
Citation
"... il ne nettoyait pas la cuisine, ne changeait pas ses draps, ne débarrassait pas la table, et il ne lui venait pas l'idée de donner un coup de main le week-end pour passer la serpillière. C'est un gosse de riches, disait Julieta ..."
(Mariana Enriquez, "Notre part de nuit")
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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Genre littéraire préféré : Roman historique
Date d'inscription : 07/01/2012
Re: [Enriquez, Mariana] Notre part de nuit
Idem pour Gabriel Garcia Marquez, j'en ai commencé un, je ne sais même plus lequel... jamais plus !
Pistou 117- Grand sage du forum
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Localisation : LILLE
Genre littéraire préféré : De tout, partout...
Date d'inscription : 09/06/2010
Re: [Enriquez, Mariana] Notre part de nuit
Merci Pistou. Merci! Heureux, très heureux de ne pas être le seul. XX
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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Nombre de messages : 3269
Age : 72
Localisation : Québec
Emploi/loisirs : Retraité
Genre littéraire préféré : Roman historique
Date d'inscription : 07/01/2012
Re: [Enriquez, Mariana] Notre part de nuit
Le Mal règne en Argentine : pendant que la population paye un lourd tribut à la dictature, perdant le décompte de ses morts et de ses disparus, deux très riches et toutes-puissantes familles d’origine britannique profitent des soubresauts politiques pour asseoir leur mainmise sur le pays et y mener leurs exactions en toute impunité. Elles sont à la tête de l’Ordre, une secte multipliant les sacrifices humains à l’Obscurité, force occulte dévoratrice, dans l’espoir d’obtenir en échange une forme d’immortalité qui leur permettrait de se réincarner de génération en génération. Pour communiquer avec cette puissance obscure, elles utilisent sous la contrainte les pouvoirs de Juan, medium qu’une grave malformation cardiaque affaiblit toutefois de plus en plus, et qu’elles veulent forcer à investir le corps de son fils Gaspar pour continuer à bénéficier de ses services. Mais Juan est bien décidé à soustraire son fils de l’emprise de l’Ordre…
Métaphore de la guerre sale en Argentine, avec son lot de tortures, d’assassinats, de disparitions forcées et de vols d’enfants, un régime de terreur auquel la répression par l’Etat de la lutte entre les groupes armés de la guérilla et des militaires a longtemps servi d’alibi, empêchant les questionnements sur les conditions politiques qui l’ont rendu possible et sur les responsabilités de la société civile dans le climat qui a favorisé cette violence, ce très long roman de près de huit cents pages est profondément déroutant.
Articulé en six parties centrées sur le père Juan, sur la mère Rosario, enfin sur le fils Gaspar, se déroulant de manière non linéaire entre les années soixante et quatre-vingt-dix, le livre foisonne et se déploie en un mouvement lent et ample que l’on pourra juger confus avant d’en voir peu à peu émerger le dessin d’ensemble. Il faut d’abord se familiariser avec les multiples personnages, comprendre les étranges visées de cette secte qui nous promène entre horreur et délire mystico-fantastique, en une succession de tableaux dignes des plus cauchemardesques représentations de l’Enfer de Bruegel ou de Jérôme Bosch, comme si seules ces visions surnaturelles et apocalyptiques pouvaient rendre compte de l’innommable réalité vécue par les Argentins.
Aussi dérouté qu’horrifié, le lecteur nauséeux se prend à détester Juan autant que celui-ci se déteste lui-même, jusqu’à ce que les raisons de son comportement terriblement brutal avec son fils finissent par dévoiler tout ce que l’homme cache de honte et de refus de transmettre l’abomination à laquelle il s'est retrouvé à contribuer. De son sacrifice émerge au final un formidable acte d’amour, une impulsion vers un avenir meilleur, pour peu que Gaspar, en partie protégé des compromissions paternelles, sache se tourner vers la lumière en évitant d’ouvrir à son tour la porte menant à la perdition.
Lecture horrifique d’une incommensurable noirceur débouchant malgré tout sur l’espoir, Notre part de nuit raconte le cauchemar empreint de culpabilité d’une génération argentine perdue dans l’enfer sans issue de l’oppression et de la terreur, et qui, consciente d’y avoir perdu son âme, n’a plus qu’une obsession : permettre à ses enfants d’envisager une vie meilleure, peut-être, un jour… Un livre puissant, dérangeant et marquant, qui mérite l’effort de sa lecture, il faut le dire, assez pesante. (3,5/5)
Métaphore de la guerre sale en Argentine, avec son lot de tortures, d’assassinats, de disparitions forcées et de vols d’enfants, un régime de terreur auquel la répression par l’Etat de la lutte entre les groupes armés de la guérilla et des militaires a longtemps servi d’alibi, empêchant les questionnements sur les conditions politiques qui l’ont rendu possible et sur les responsabilités de la société civile dans le climat qui a favorisé cette violence, ce très long roman de près de huit cents pages est profondément déroutant.
Articulé en six parties centrées sur le père Juan, sur la mère Rosario, enfin sur le fils Gaspar, se déroulant de manière non linéaire entre les années soixante et quatre-vingt-dix, le livre foisonne et se déploie en un mouvement lent et ample que l’on pourra juger confus avant d’en voir peu à peu émerger le dessin d’ensemble. Il faut d’abord se familiariser avec les multiples personnages, comprendre les étranges visées de cette secte qui nous promène entre horreur et délire mystico-fantastique, en une succession de tableaux dignes des plus cauchemardesques représentations de l’Enfer de Bruegel ou de Jérôme Bosch, comme si seules ces visions surnaturelles et apocalyptiques pouvaient rendre compte de l’innommable réalité vécue par les Argentins.
Aussi dérouté qu’horrifié, le lecteur nauséeux se prend à détester Juan autant que celui-ci se déteste lui-même, jusqu’à ce que les raisons de son comportement terriblement brutal avec son fils finissent par dévoiler tout ce que l’homme cache de honte et de refus de transmettre l’abomination à laquelle il s'est retrouvé à contribuer. De son sacrifice émerge au final un formidable acte d’amour, une impulsion vers un avenir meilleur, pour peu que Gaspar, en partie protégé des compromissions paternelles, sache se tourner vers la lumière en évitant d’ouvrir à son tour la porte menant à la perdition.
Lecture horrifique d’une incommensurable noirceur débouchant malgré tout sur l’espoir, Notre part de nuit raconte le cauchemar empreint de culpabilité d’une génération argentine perdue dans l’enfer sans issue de l’oppression et de la terreur, et qui, consciente d’y avoir perdu son âme, n’a plus qu’une obsession : permettre à ses enfants d’envisager une vie meilleure, peut-être, un jour… Un livre puissant, dérangeant et marquant, qui mérite l’effort de sa lecture, il faut le dire, assez pesante. (3,5/5)
Re: [Enriquez, Mariana] Notre part de nuit
Cannetille, toujours aussi impressionnante! Merci pour ce résumé très éclairé de cette histoire sombre. XX
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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Nombre de messages : 3269
Age : 72
Localisation : Québec
Emploi/loisirs : Retraité
Genre littéraire préféré : Roman historique
Date d'inscription : 07/01/2012
Re: [Enriquez, Mariana] Notre part de nuit
J'ai souffert pendant cette lecture : pas l'idéal pour des vacances...
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