L'Odyssée - Homère [Lemoine, Christophe et Imbiriba, Miguel Lalor]

Résumé de couverture :
À la fin de la guerre de Troie, Ulysse décide de rentrer chez lui à Ithaque, mais le chemin du retour est long et difficile. Confronté à la colère des dieux de l'Olympe, il doit affronter de nombreux dangers : la nymphe Calypso, la princesse Nausicaa, les Cyclopes, la magicienne Circé et les Sirènes. Quand il arrive enfin à Ithaque, il retrouve son fils Télémaque, mais il doit encore se battre pour libérer son royaume des prétendants malveillants afin de retrouver sa chère Pénélope.

Mon avis :
J'ai apprécié et lu (ou relu, mais j'ai sans doute oublié) cette adaptation du classique grec, lu également plusieurs fois : le scénario est habilement revisité pour écourter l'intrigue, sans pour autant édulcorer le propos.

Ainsi, la BD commence à l'intervention d'Athéna pour plaider la cause d'Ulysse auprès de Zeus (lors d'une absence de Poséidon, c'est plus prudent) : le roi des dieux accepte d'envoyer son messager, Hermès, auprès de la nymphe Calypso, afin qu'elle accepte de laisser partir Ulysse, qu'elle a retenu auprès de lui durant 8 ans. Petite différence avec l'original, on ne verra pas Ulysse tout de suite chez Calypso, mais on le retrouve alors qu'il aborde les côtes des Phéaciens, et qu'il est pris en amitié par Nausicaa, fille du roi Alkinoos, lequel acceptera de ramener Ulysse dans sa patrie, Ithaque.

Enfin, après 20 ans d'errance sur les mers et diverses aventures lorsque Ulysse et ses compagnons accostent les terres de rencontre, parfois poussés par le besoin de se réapprovisionner, parfois par la curiosité, Ulysse entrevoit l'espoir du retour à la terre natale. De ces aventures, Ulysse fait le récit au banquet donné par Alkinoos, lequel ne va pas tarder à apprendre quel hôte prestigieux est parvenu jusqu'à sa terre. En effet, au départ de la guerre de Troie, Ulysse a connu certaines mésaventures, mais pas au point qu'il a atteint dans l'île du Cyclope, lorsqu'il a déclenché la colère aveugle et durable de Poséidon, père de Polyphème, ledit Cyclope. Et pourtant... Polyphème était une créature violente, consommatrice de chair humaine - il violait toutes les lois de l'hospitalité en tuant et mangeant plusieurs compagnons d'Ulysse, lequel a répliqué, avec sa ruse bien connue, en aveuglant le géant, puis en fuyant la grotte. Il n'aurait pas dû révéler son vrai nom à Polyphème, de sorte que celui-ci l'a maudit auprès de Poséidon.

Mais c'est trop tard... Ainsi débuteront 2 longues années d'angoisse, d'errance inexpliquée, d'étapes cruelles et meurtrières en havres de repos, parfois plus dangereux que la lutte, avant que Ulysse ne parvienne seul, dépouillé de tout, chez Calypso. Heureusement, après le départ de la demeure de la nymphe, et l'arrivée chez les Phéaciens, Ulysse peut revoir Ithaque, retrouver les rares fidèles qu'il lui reste, et œuvrer pour se débarrasser des prétendants, qui ont assailli Pénélope durant les dix ans du retour de son époux. Plusieurs scènes touchantes de retrouvailles nous attendent, et un bain de sang, car la bataille des prétendants est bel et bien placée sous le signe de l'exploit et de la violence.

Du point de vue du scénario, il ne manque que le voyage de Télémaque à la recherche de son père, sinon tous les épisodes sont évoqués, et l'on trouvera plaisir à voir représentées ces scènes connues, ou bien sûr à les découvrir. La magicienne Circé et l'immortelle Calypso sont de belles femmes, et l'on voit que le héros prend aussi du bon temps derrière ces délais obligés, tandis que Pénélope cherche à résister aux revendications des prétendants. Le trait du dessin est plaisant, plutôt classique, les coloris offrent des harmonies de bleu-vert ou de roux pour les scènes d'intérieur, la colorisation est agréable à l'œil. Un dossier de 8 pages présentant l'essentiel à savoir sur l'œuvre, se trouve en fin de livre. C'est un bon moyen de découvrir ce pilier de la culture antique - et de la nôtre aussi bien, quand on voit le nombre d'expressions passées dans la langue courante. (4/5)

Citations :
- Quel est donc ce chagrin qui envahit ton cœur, étranger, en entendant ce récit ?
- Ô roi, cet Ulysse, fils de Laërte, dont les hommes chantent la gloire... C'est moi !
- Comment ?! Tu es... tu es Ulysse ?!
- Oui, je suis l'enfant d'Ithaque. Et je ne connais point de terre qui me soit plus douce à contempler... Ithaque, que je m'efforce de rejoindre sans y parvenir.
- Raconte. (page 8 )

- Ne t'irrite point contre moi, Ulysse... Mon âme tremblait de voir en toi un imposteur, et seul le véritable Ulysse pouvait connaître le secret de notre lit nuptial... Je demande à Ulysse, l'homme aux mille ruses, de pardonner ma prudence. (page 45).

Qu'elle est douce, la terre qui apparaît aux yeux des naufragés dont Poséidon a perdu en mer le solide navire... Et peu ont échappé à l'océan, et le corps souillé d'écume, ils émergent sur la côte, ayant évité la mort... (page 46)