[Christie, Michael] Lorsque le dernier arbre
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[Christie, Michael] Lorsque le dernier arbre
Titre : Lorsque le dernier arbre (Greenwood)
Auteur : Michael CHRISTIE
Traductrice : Sarah GURCEL
Parution : en anglais (Canada) en 2020, en français en 2021 (Albin Michel)
Pages : 608
Présentation de l'éditeur :
« Le temps ne va pas dans une direction donnée. Il s'accumule, c'est tout – dans le corps, dans le monde –, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacune reposant sur la précédente, impossible sans celle d'avant. Chaque triomphe, chaque désastre inscrit pour toujours dans sa structure. »
D’un futur proche aux années 1930, Michael Christie bâtit, à la manière d’un architecte, la généalogie d’une famille au destin assombri par les secrets et intimement lié à celui des forêts.
2038. Les vagues épidémiques du Grand Dépérissement ont décimé tous les arbres et transformé la planète en désert de poussière. L’un des derniers refuges est une île boisée au large de la Colombie-Britannique, qui accueille des touristes fortunés venus admirer l’ultime forêt primaire. Jacinda y travaille comme de guide, sans véritable espoir d’un avenir meilleur. Jusqu’au jour où un ami lui apprend qu’elle serait la descendante de Harris Greenwood, un magnat du bois à la réputation sulfureuse. Commence alors un récit foisonnant et protéiforme dont les ramifications insoupçonnées font écho aux événements, aux drames et aux bouleversements qui ont façonné notre monde. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre aura été abattu ?
Fresque familiale, roman social et écologique, ce livre aussi impressionnant qu’original fait de son auteur l’un des écrivains canadiens les plus talentueux de sa génération.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Originaire de Vancouver, en Colombie Britannique, Michael Christie avait fait une entrée remarquée sur la scène littéraire avec son premier recueil de nouvelles, Le Jardin du mendiant (Albin Michel, 2012). Traduit dans une quinzaine de langues, Lorsque le dernier arbre a été finaliste du prestigieux Giller Prize et récompensé par le Arthur Ellis Award for Best Novel.
Avis :
Nous sommes en 2038. La planète étouffe sous la poussière depuis que les arbres ont quasiment tous disparu, décimés par des épidémies fongiques. Restent encore quelques rares zones épargnées, comme l’île de Greenwood, au large de Vancouver. Jacinda y gagne modestement sa vie en tant que guide touristique. Mais voilà qu’elle apprend qu’elle serait l’ultime descendante de Harris Greenwood, un homme qui, au prix d’une déforestation radicale, fit fortune dans l’industrie du bois. C’est un siècle d’une histoire familiale chaotique qui se dévoile peu à peu…
Inquiétante vision que celle d’un monde sans arbres ! Le cauchemar envisagé dans ce livre ne paraît pourtant pas complètement fantaisiste et c’est avec un certain trouble qu’on y assiste à l’agonie de géants millénaires, non pas des célèbres séquoias de Californie que tout le monde sait menacés de disparition par les incendies, mais des tout aussi impressionnants pins d’Oregon, dont les plus vieux et les plus volumineux poussent pour de bon sur l’île de Vancouver, et sur l’avenir desquels une invasion d’insectes parasites laisse en effet planer quelques incertitudes. Comment en est-on arrivé à une telle situation ? Là encore, rien d’invraisemblable dans ce roman, mais une histoire passionnante, courant sur quatre générations que, par bonds dans le temps – 2008, 1974, 1934, 1908 –, l’on va découvrir comme les cernes de croissance d’un arbre généalogique.
Commencée au début du XXe siècle par un spectaculaire accident qui réunit deux jeunes garçons comme des frères, la destinée des Greenwood est dès le début à ce point liée aux arbres qu’ils lui doivent jusqu’à leur nom. Et, par-delà les innombrables aléas qui vont modeler cette famille au cours des décennies, les arbres, sur pied ou exploités sous toutes les formes possibles, ne cesseront d’alimenter les passions de génération en génération de Greenwood. Mais quelle est tortueuse, originale et captivante, cette épopée aux rebondissements incessants qui finit par s’ancrer dans l’Ouest canadien, au fil de proximités, de solidarités et d’alliances qui tiendront lieu de liens du sang. Explorant le temps à la manière de la dendrochronologie, le récit éclaire peu à peu le lecteur sur un passé déterminant dont les héritiers ont perdu la mémoire et rejouent sans le savoir des drames et des situations indissolublement liés. C’est ensuite avec une tristesse douce-amère que l’on regagne l’époque de Jacinda, qui, comme tout un chacun dans la vie réelle, ne dispose que de bribes, pour la plupart erronées, pour comprendre l’histoire de ses prédécesseurs.
Un souffle aussi puissant qu’original traverse cette fresque familiale et sociale aux résonances écologiques, qui, sans manichéisme et en gardant l’espoir, nous rappelle le péril que l’activité humaine et les appétits industriels font peser sur nos forêts. Alors, comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, souvenons-nous que « Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a vingt ans. À défaut de quoi c’est maintenant. » Coup de coeur. (5/5)
Re: [Christie, Michael] Lorsque le dernier arbre
Lu en septembre 2022. Ce que j'ai écrit à son sujet :
Ce roman m'a vraiment émue par son extraordinaire beauté et sa simplissime grandeur. J'ai tout de suite su que je lisais un excellent livre que j’ai dévoré même si le début semble lent. Michael Christie n'est pas pressé et, tout comme un arbre construit ses couches année après année, il a développé peu à peu ses personnages et construit une intrigue qui devient palpitante.
Le format est ingénieux ! Une illustration montre la coupe transversale d'un arbre, avec des flèches et des dates. Les légendes commencent par l'anneau le plus extérieur, l'année 2038, puis se poursuivent avec les années 2008, 1974, 1934 et 1908 où nous arrivons au cœur de l'arbre. Ensuite les années repartent dans l’autre sens pour revenir à 2038. Chaque année nous raconte la vie des personnages qui vont constituer un arbre généalogique. C’est donc vraiment une affaire d’arbres !
Mais c'est aussi une histoire sur les hommes et leur faculté à se raccrocher au plus infime espoir. Des personnalités particulières, parfois excentriques, saisissantes de vérité, tragiques mais aussi parfaitement ordinaires se révèlent au lecteur.
Christie semble dire que nos vies, que nous pensons singulières, sont en réalité assez insignifiantes. Ce qui importe c’est la façon dont elles peuvent être perçues au fil du temps, au sein d’une famille ou d’une communauté, dans un noeud de connexions comme les racines des arbres peuvent se mêler pour former un réseau d’entraide qui est vital.
Dans cette histoire, un homme riche veut engendrer un héritier à qui il laissera sa fortune ; une femme renoncera à son héritage pour servir ce qu'elle perçoit comme une vocation supérieure ; une veuve donnera une forêt à deux jeunes hommes.
Christie se donne beaucoup de mal pour nous faire réfléchir à la façon dont nous gérons notre héritage et ce que nous laissons à la fin de notre vie. Il le fait de manière percutante, avec habileté et verve.
D'accord avec toi, Cannetille. Un coup de cœur !
Ce roman m'a vraiment émue par son extraordinaire beauté et sa simplissime grandeur. J'ai tout de suite su que je lisais un excellent livre que j’ai dévoré même si le début semble lent. Michael Christie n'est pas pressé et, tout comme un arbre construit ses couches année après année, il a développé peu à peu ses personnages et construit une intrigue qui devient palpitante.
Le format est ingénieux ! Une illustration montre la coupe transversale d'un arbre, avec des flèches et des dates. Les légendes commencent par l'anneau le plus extérieur, l'année 2038, puis se poursuivent avec les années 2008, 1974, 1934 et 1908 où nous arrivons au cœur de l'arbre. Ensuite les années repartent dans l’autre sens pour revenir à 2038. Chaque année nous raconte la vie des personnages qui vont constituer un arbre généalogique. C’est donc vraiment une affaire d’arbres !
Mais c'est aussi une histoire sur les hommes et leur faculté à se raccrocher au plus infime espoir. Des personnalités particulières, parfois excentriques, saisissantes de vérité, tragiques mais aussi parfaitement ordinaires se révèlent au lecteur.
Christie semble dire que nos vies, que nous pensons singulières, sont en réalité assez insignifiantes. Ce qui importe c’est la façon dont elles peuvent être perçues au fil du temps, au sein d’une famille ou d’une communauté, dans un noeud de connexions comme les racines des arbres peuvent se mêler pour former un réseau d’entraide qui est vital.
Dans cette histoire, un homme riche veut engendrer un héritier à qui il laissera sa fortune ; une femme renoncera à son héritage pour servir ce qu'elle perçoit comme une vocation supérieure ; une veuve donnera une forêt à deux jeunes hommes.
Christie se donne beaucoup de mal pour nous faire réfléchir à la façon dont nous gérons notre héritage et ce que nous laissons à la fin de notre vie. Il le fait de manière percutante, avec habileté et verve.
D'accord avec toi, Cannetille. Un coup de cœur !
Dulcie- Grand expert du forum
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