[MacDonald, Patricia] Un coupable trop parfait

Challenge Partage-Lecture Boulimique 12 :

J’avais déjà lu un roman de Patricia MacDonald, et je n’avais pas été convaincue par son intrigue. J’ai ce même sentiment ici. Sans doute ai-je lu tant de romans policiers américains qu’il est très difficile pour moi maintenant de trouver une intrigue qui me surprenne vraiment.

Dès le début, je me suis montrée soupçonneuse. En dépit d’un prologue douloureux, Keely et sa famille recomposée donnent une image de la perfection. Mark est un homme irréprochable, un mari parfait, un père attentif, un beau-père aimant. Il n’a aucun défaut, ni physique, ni moral, autant dire qu’il m’a semblé immédiatement suspect. J’ai franchement imaginé le pire concernant ses motivations car il avait choisi une femme particulièrement vulnérable. Rien n’est épargné à Keely. Son premier mariage était rythmé par les crises de migraine de son mari, toute sérennité en était banie, tout moyen de se projeter dans l'avenir aussi, et le drame final était imprévisible. Elle doit faire face à la détresse de son fils et à sa propre douleur. Dans ce tourbillon d’émotion, elle n’a guère le temps de s’interroger sur les raisons qui ont poussé Mark vers elle, et c’est tout naturellement qu’elle va tomber amoureuse de la seule personne qui lui est entièrement dévouée et qui connaissait son mari. Après son mariage, son isolement continue. Je dirai presque qu’elle vit dans une prison dorée et qu’elle ne s’en aperçoit pas. Elle ne travaille plus, pour s’occuper de sa fille, elle a déménagé, elle est donc coupée de ses amis, de ses anciens collègues et de sa famille, elle n’a plus comme refuge que l’amour de Mark, et le soutien de sa belle-famille. Elle n’a pas eu un seul moment pour se poser et réfléchir à sa situation. L’accusation porté contre son fils va la forcer à remettre en cause, et très rapidement, tout ce qu’elle tenait pour acquis.

Néanmoins, l’intrigue m’a semble longue, très longue, peuplé de morceaux de bravoure obligatoire. Personne ne manque à l’appel : le procureur, le policier, la méchante voisine, le gentil voisin, l’assistante sociale. Chacun va s’opposer tour à tour à Keely ne lui laissant que peu de répit pour découvrir la vérité. Tous ou presque sont manipulés, ou se laissent influencer par leurs sentiments ou leurs préjugés, qui ne devraient avoir aucune place dans une enquête policière. Parfois, j’ai vraiment trouvé que certaines coïncidences étaient trop grosses. Keely se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment, ce qui permet certes de faire progresser l’intrigue mais nuit à sa crédibilité. Même le dénouement m’a semblé inutilement grandiloquent : il ne faudrait pas grand-chose pour le parodier.

Bref, la lecture de ce roman fut décevante. Il m’a rappelé les intrigues hautement prévisibles de Mary Higgins Clark.
Je terminerai néanmoins sur une note positive : j’ai beaucoup aimé le personnage de Dylan, qui doit assumer seul bien trop de tragédie pour son jeune âge, et celui de Nicole, très mûre pour son âge.