[Josse, Gaëlle] La nuit des pères
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[Josse, Gaëlle] La nuit des pères
La nuit des pères
Auteur : Gaëlle Josse
Éditions : Noir sur Blanc (18 Août 2022)
ISBN : 9782882507488
192 pages
Quatrième de couverture
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l'oubli. Après de longues années d'absence, elle appréhende ce retour. C'est l'ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer. Entre eux trois, pendant quelques jours, l'histoire familiale va se nouer et se dénouer.
Mon avis
Deux enfants, un seul Papa et pourtant « La nuit des pères », comme s’il y en avait plusieurs. Sans doute parce que le paternel ne s’est jamais comporté de la même façon avec son fils et avec sa fille, comme s’il était « deux ».
Ils sont nés et ont habité dans un petit village des Alpes où le père était guide de montagne. Lui, c’est Olivier, il est resté sur place et travaille là-bas, il est proche de son Papa qui est veuf. Elle, c’est Isabelle, presque étouffée par les sommets, elle a fui et a construit sa vie ailleurs ne gardant que peu de contacts avec ceux qui n’ont pas bougé. A-t-elle choisi son activité professionnelle parce qu’elle voulait aller à l’opposé de ce lieu ?
Son frère lui a demandé de venir car leur père commence à perdre pied. C’est difficile pour elle, elle n’a pas vraiment envie car sa relation avec lui n’a jamais été simple mais c’est son devoir et elle se rend sur place.
Qu’est ce que ce séjour va mettre en avant ? Comment ces trois êtres vont-ils se retrouver, passer du temps ensemble, trouveront-ils un équilibre, chacun sa place ? Y-aura-t-il des révélations ? Ils vont tous prendre la parole, révéler les non-dits, les mensonges, les choses tues pour protéger les autres. La vérité pointera son nez petit à petit au fil des pages.
C’est avec infiniment de délicatesse, de son écriture comme une dentelle, que Gaëlle Josse tisse l’histoire familiale. Est-ce qu’il faut tout dire ? Est-ce que les hommes et les femmes peuvent grandir lorsqu’il y a dans leur passé une béance, un manque, que ce soit d’amour, de compréhension, d’écoute ?
Un récit bouleversant porté par un style lumineux et des personnages aux caractères forts.
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Cassiopée- Admin
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Re: [Josse, Gaëlle] La nuit des pères
Lu dans le cadre du Prix des lecteurs 2023-2024 de mon lycée.
Mon avis :
Je ne peux pas dire que j'aie abordé ce roman assez court avec un présupposé, et ce du fait sans doute de sa couverture dans l'édition J'ai Lu, qui donne une note mystérieuse et un peu mythique au livre :
De ce fait j'ai oublié au départ de ce roman qu'il était de Gaëlle Josse, et que je n'ai été convaincue par aucun des deux livres lus jusque-là. J'ai réussi à faire l'effort de le terminer, mais je n'aurais pas cru peiner autant pour lire 186 pages.
Le thème est puissant : un père aimé comme sans retour par son fils Olivier, et sa fille Isabelle, et bien sûr par son épouse, mais si malmené par la vie qu'il héberge une colère sourde, invivable pour les siens, hébétés et tétanisés par la peur en permanence. Il n'est pas violent dans le sens où il ne les frappe pas, mais il paraît si dur et sans pitié, rien ne trouve grâce à ses yeux. Sa fille se sent désaimée et le conflit enfle, jusqu'à ce qu'elle quitte la maison pour ne plus revenir, alors qu'Olivier reste près de ses parents.
Mais cette fois-ci plus d'échappatoire : Olivier contacte sa sœur et lui demande de revenir passer quelques jours, car leur père va mal, il a des absences, perd la mémoire... Isabelle ne se remet pas du deuil de son mari Vincent, qui l'accompagnait sur ses tournages de documentaires sur les fonds marins, qui est mort en plongeant une dernière fois, sur sa demande. Tout en elle craque, et la perspective de revoir celui qui l'a tant fait souffrir autrefois n'est pas des plus joyeuses. Pourtant, ils arrivent à se retrouver plus facilement, les moments ensemble sont assez pleins et épanouissants. Un accord, une amnistie seraient-ils possibles ? Apprendront-ils enfin quelle épine est plantée dans le cœur de leur père et l'empêche de vivre, de profiter de sa vie et de l'amour des siens ?
C'est par le fond, et bien sûr par l'histoire du père, que ce roman est intense et touchant. Ma lecture a été un peu gâchée par la "voix" d'Isabelle, alors même que son histoire fait d'elle une personne hypersensible, blessée au moindre mot, mais aussi énergique et passionnée. Seulement, elle écrit à la première personne, comme pour un journal intime, et non seulement personne - à moins d'être narcissique au plus haut degré - ne se dépeint d'une manière aussi complaisante, mais en plus, QUI écrit avec ce style affecté, voire grandiloquent, dans son journal intime ?! Cela ne tient pas. J'ai mieux aimé l'histoire de leur père, même si son revirement est peu crédible (l'homme qui se tait une vie entière, et qui un soir, alors qu'ils prennent le café ensemble sur la terrasse, raconte tout sans hésitation), ainsi que les mots d'Olivier à la fin. Il n'en reste pas moins que c'est encore l'illustration du fait que les mots sauvent, et les secrets tuent. 3/5
Citations :
Tous ces gestes, ces espaces qui me permettent d'apprivoiser mon arrivée, sa présence, la tienne à venir. (page 18)
J'étais une apparition, celle d'un être familier qui se transforme en présence vénéneuse et méconnaissable, comme dans les films d'horreur. (page 35)
On ne sait jamais ce que l'on donne. C'est cette photo qui m'a donné envie de faire des films, même si mes documentaires n'ont pas grand-chose à voir avec elle. (page 61)
Le curé, le père Éric, nous avait rejoints. Même si tu ne mettais pas les pieds à l'église, vous étiez inexplicablement proches. Il n'était pas rare de le voir passer à la maison prendre le café à l'improviste, alors que nous ne recevions personne, ou bien c'était toi qui t'arrêtais au presbytère lui porter une cagette de fruits ou de légumes, ou des pots de confiture quand maman en confectionnait d'abondance. Je me souviens de votre longue étreinte à la sortie de la messe, puis au cimetière, il avait passé son bras par-dessus ton épaule, comme un frère, vous étiez restés ainsi un interminable moment. (page 117)
(...) j'étais un enfant qu'on ne remarque pas, même pas un cancre, simplement un discret, un invisible, celui qui n'a rien à mettre en avant, qu'il faut aller chercher, et ça m'allait comme ça. Je n'ai jamais rêvé d'une vie extraordinaire. (page 175)
Mon avis :
Je ne peux pas dire que j'aie abordé ce roman assez court avec un présupposé, et ce du fait sans doute de sa couverture dans l'édition J'ai Lu, qui donne une note mystérieuse et un peu mythique au livre :
De ce fait j'ai oublié au départ de ce roman qu'il était de Gaëlle Josse, et que je n'ai été convaincue par aucun des deux livres lus jusque-là. J'ai réussi à faire l'effort de le terminer, mais je n'aurais pas cru peiner autant pour lire 186 pages.
Le thème est puissant : un père aimé comme sans retour par son fils Olivier, et sa fille Isabelle, et bien sûr par son épouse, mais si malmené par la vie qu'il héberge une colère sourde, invivable pour les siens, hébétés et tétanisés par la peur en permanence. Il n'est pas violent dans le sens où il ne les frappe pas, mais il paraît si dur et sans pitié, rien ne trouve grâce à ses yeux. Sa fille se sent désaimée et le conflit enfle, jusqu'à ce qu'elle quitte la maison pour ne plus revenir, alors qu'Olivier reste près de ses parents.
Mais cette fois-ci plus d'échappatoire : Olivier contacte sa sœur et lui demande de revenir passer quelques jours, car leur père va mal, il a des absences, perd la mémoire... Isabelle ne se remet pas du deuil de son mari Vincent, qui l'accompagnait sur ses tournages de documentaires sur les fonds marins, qui est mort en plongeant une dernière fois, sur sa demande. Tout en elle craque, et la perspective de revoir celui qui l'a tant fait souffrir autrefois n'est pas des plus joyeuses. Pourtant, ils arrivent à se retrouver plus facilement, les moments ensemble sont assez pleins et épanouissants. Un accord, une amnistie seraient-ils possibles ? Apprendront-ils enfin quelle épine est plantée dans le cœur de leur père et l'empêche de vivre, de profiter de sa vie et de l'amour des siens ?
C'est par le fond, et bien sûr par l'histoire du père, que ce roman est intense et touchant. Ma lecture a été un peu gâchée par la "voix" d'Isabelle, alors même que son histoire fait d'elle une personne hypersensible, blessée au moindre mot, mais aussi énergique et passionnée. Seulement, elle écrit à la première personne, comme pour un journal intime, et non seulement personne - à moins d'être narcissique au plus haut degré - ne se dépeint d'une manière aussi complaisante, mais en plus, QUI écrit avec ce style affecté, voire grandiloquent, dans son journal intime ?! Cela ne tient pas. J'ai mieux aimé l'histoire de leur père, même si son revirement est peu crédible (l'homme qui se tait une vie entière, et qui un soir, alors qu'ils prennent le café ensemble sur la terrasse, raconte tout sans hésitation), ainsi que les mots d'Olivier à la fin. Il n'en reste pas moins que c'est encore l'illustration du fait que les mots sauvent, et les secrets tuent. 3/5
Citations :
Tous ces gestes, ces espaces qui me permettent d'apprivoiser mon arrivée, sa présence, la tienne à venir. (page 18)
J'étais une apparition, celle d'un être familier qui se transforme en présence vénéneuse et méconnaissable, comme dans les films d'horreur. (page 35)
On ne sait jamais ce que l'on donne. C'est cette photo qui m'a donné envie de faire des films, même si mes documentaires n'ont pas grand-chose à voir avec elle. (page 61)
Le curé, le père Éric, nous avait rejoints. Même si tu ne mettais pas les pieds à l'église, vous étiez inexplicablement proches. Il n'était pas rare de le voir passer à la maison prendre le café à l'improviste, alors que nous ne recevions personne, ou bien c'était toi qui t'arrêtais au presbytère lui porter une cagette de fruits ou de légumes, ou des pots de confiture quand maman en confectionnait d'abondance. Je me souviens de votre longue étreinte à la sortie de la messe, puis au cimetière, il avait passé son bras par-dessus ton épaule, comme un frère, vous étiez restés ainsi un interminable moment. (page 117)
(...) j'étais un enfant qu'on ne remarque pas, même pas un cancre, simplement un discret, un invisible, celui qui n'a rien à mettre en avant, qu'il faut aller chercher, et ça m'allait comme ça. Je n'ai jamais rêvé d'une vie extraordinaire. (page 175)
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