[Nothomb, Amélie] Psychopompe
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[Nothomb, Amélie] Psychopompe
PSYCHOPOMPE d'Amélie Nothomb
Editions Albin Michel
Epoque contemporaine, 162 pages
Date de parution : 23 août 2023
Epoque contemporaine, 162 pages
Date de parution : 23 août 2023
Quatrième de couverture :
« Ecrire, c’est voler.»
Mon avis :
Je pensais que la critique avait déjà été faite et je n'ai pas pris de notes... Je vais donc tenter brièvement de vous transmettre mon engouement pour cette lecture.
Comme à chaque fois, la quatrième de couverture reste une énigme chez Amélie Nothomb.
Ce livre est une belle traversée dans les airs. Alors qu’il nous semble qu’Amélie nous emmène vers sa passion pour les oiseaux, elle nous embarque surtout dans son amour pour l’écriture. Pour moi, ce livre est l’un des plus aboutis de l’autrice. Elle y mène une poésie musicale du chant aviaire et des mots. Elle aborde des sujets tout en délicatesse et métaphores, comme lorsqu’elle évoque le viol qu’elle a subi adolescente. Mais comme d’habitude, elle le fait d’une telle façon que ce n’est ni pathétique, ni larmoyant. Et puis, peut-être que comme moi, vous découvrirez le rôle du psychopompe.Enfin, pour ceux qui apprécient son écriture, bien évidemment on se délecte toujours autant avec le choix précis des mots choisis et son humour incisif. Un vrai coup de cœur.
lilalys- Grand expert du forum
-
Nombre de messages : 1137
Localisation : France
Date d'inscription : 11/10/2018
Re: [Nothomb, Amélie] Psychopompe
Étrange Nothomb!
J’aime le personnage, à la fois fragile et loufoque, tragique et comique. Mais parfois l’écrivain m’agace. Sa découverte des oiseaux ne m’a pas fascinée. Je n’y ai pas trouvé un grand intérêt.
Est-ce pour masquer ce drame, ce viol dont elle est victime alors qu’elle n’est encore qu’une enfant? Elle sera certainement « sauvée » par l’écriture, elle décide sans doute de s’envoler en écrivant.
Je vois dans ce roman une façon de se rapprocher de ce père décédé pendant le confinement et auquel elle n’a pas pu dire adieu.
Je me rend bien compte que j’essaie de trouver des raisons à ce roman que je n’ai pas aimé.
Les lectures de Joëlle.
J’aime le personnage, à la fois fragile et loufoque, tragique et comique. Mais parfois l’écrivain m’agace. Sa découverte des oiseaux ne m’a pas fascinée. Je n’y ai pas trouvé un grand intérêt.
Est-ce pour masquer ce drame, ce viol dont elle est victime alors qu’elle n’est encore qu’une enfant? Elle sera certainement « sauvée » par l’écriture, elle décide sans doute de s’envoler en écrivant.
Je vois dans ce roman une façon de se rapprocher de ce père décédé pendant le confinement et auquel elle n’a pas pu dire adieu.
Je me rend bien compte que j’essaie de trouver des raisons à ce roman que je n’ai pas aimé.
Les lectures de Joëlle.
joëlle- Modérateur
-
Nombre de messages : 9708
Localisation : .
Date d'inscription : 30/09/2013
Re: [Nothomb, Amélie] Psychopompe
Après Soif et Premier sang, consacrés l’un au Fils (le Christ), l’autre au Père (le sien), Amélie Nothomb clôt sa trilogie christique avec le Saint-Esprit, figuré par un oiseau psychopompe (elle-même), passeur d’âmes entre la vie et la mort.
Tout commence, sur un ton léger, par l’enfance cosmopolite de cette fille de diplomates qui, du Japon à la Thaïlande en passant par la Chine, le Bengladesh ou la Birmanie, se prendrait presque pour l’un de ces oiseaux qu’elle se plaît depuis toujours à observer. Ainsi le fabuleux engoulevent oreillard, aux oreilles pointues le faisant sembler, à ses yeux d’enfant, un dragon courroucé de devoir de temps à autre se poser. Mais l’oeuf qu’est encore la narratrice est brisé par un viol, à ses douze ans, lors d’un bain de mer au Bengladesh. La fulgurance de la scène, tout entière contenue dans « Les mains de la mer s’emparèrent de moi », s’éteint dans un quasi non-dit, une ellipse refermée par sa mère en moins de mots encore : « pauvre petite ».
« Quelque chose s’éteignit en moi. On ne me vit plus dans aucune eau. » « La violence des mains de la mer avait arraché la coquille, je n’étais plus l’œuf que j’avais été. Oisillon dépourvu de plumes, il me faudrait accéder au statut d’oiseau. Cela serait monstrueusement difficile. » A cet exact mitan du livre, le ton s’est fait plus grave mais, concis jusqu’à l‘épure, conserve la grâce d’un vol en apesanteur. Pour sortir, tel Orphée psychopompe, des Enfers de l’anorexie, la jeune Amélie Nothomb doit trouver la force de déployer ses ailes d’adulte, et cet envol, c’est l’écriture qui le lui permet. Dès lors, le récit autobiographique se fait exégèse, dégageant rétrospectivement la cohérence de l’oeuvre de l’auteur et s’attachant à une réflexion, elle aussi à l’aune de la métaphore aviaire, sur l’acte d’écrire.
Question pour elle de « vie ou de mort », l’écriture est un vol libre qui « comporte l’énorme péril de la chute », mais « privilège absolu », « grâce » la plus élevée, elle doit, par son style, éviter « tout excédent de bagages », ne « s’embarrasser [que] d’un minimum de matière », pour « empêcher [ses] phrase[s] de sombrer ». Elle que l’écriture a fait revenir des morts - « la morte, c’était la moi d’avant » -, raconte comment son livre Premier sang lui a aussi permis de nouer un dialogue post-mortem avec son père.
Avec ce livre autobiographique qui, à la fois grave et léger, tout en élégance et en épure, s’enveloppe de la métaphore pour un récit à la fois intimiste et éclairant sur les vertus essentielles, salvatrices et psychopompes de l’écriture, c’est une clé ouvrant les espaces les plus secrets de son œuvre que nous offre l’inimitable Amélie Nothomb. (4/5)
Tout commence, sur un ton léger, par l’enfance cosmopolite de cette fille de diplomates qui, du Japon à la Thaïlande en passant par la Chine, le Bengladesh ou la Birmanie, se prendrait presque pour l’un de ces oiseaux qu’elle se plaît depuis toujours à observer. Ainsi le fabuleux engoulevent oreillard, aux oreilles pointues le faisant sembler, à ses yeux d’enfant, un dragon courroucé de devoir de temps à autre se poser. Mais l’oeuf qu’est encore la narratrice est brisé par un viol, à ses douze ans, lors d’un bain de mer au Bengladesh. La fulgurance de la scène, tout entière contenue dans « Les mains de la mer s’emparèrent de moi », s’éteint dans un quasi non-dit, une ellipse refermée par sa mère en moins de mots encore : « pauvre petite ».
« Quelque chose s’éteignit en moi. On ne me vit plus dans aucune eau. » « La violence des mains de la mer avait arraché la coquille, je n’étais plus l’œuf que j’avais été. Oisillon dépourvu de plumes, il me faudrait accéder au statut d’oiseau. Cela serait monstrueusement difficile. » A cet exact mitan du livre, le ton s’est fait plus grave mais, concis jusqu’à l‘épure, conserve la grâce d’un vol en apesanteur. Pour sortir, tel Orphée psychopompe, des Enfers de l’anorexie, la jeune Amélie Nothomb doit trouver la force de déployer ses ailes d’adulte, et cet envol, c’est l’écriture qui le lui permet. Dès lors, le récit autobiographique se fait exégèse, dégageant rétrospectivement la cohérence de l’oeuvre de l’auteur et s’attachant à une réflexion, elle aussi à l’aune de la métaphore aviaire, sur l’acte d’écrire.
Question pour elle de « vie ou de mort », l’écriture est un vol libre qui « comporte l’énorme péril de la chute », mais « privilège absolu », « grâce » la plus élevée, elle doit, par son style, éviter « tout excédent de bagages », ne « s’embarrasser [que] d’un minimum de matière », pour « empêcher [ses] phrase[s] de sombrer ». Elle que l’écriture a fait revenir des morts - « la morte, c’était la moi d’avant » -, raconte comment son livre Premier sang lui a aussi permis de nouer un dialogue post-mortem avec son père.
Avec ce livre autobiographique qui, à la fois grave et léger, tout en élégance et en épure, s’enveloppe de la métaphore pour un récit à la fois intimiste et éclairant sur les vertus essentielles, salvatrices et psychopompes de l’écriture, c’est une clé ouvrant les espaces les plus secrets de son œuvre que nous offre l’inimitable Amélie Nothomb. (4/5)
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