[Renard, Alice] La colère et l'envie
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[Renard, Alice] La colère et l'envie
[Renard, Alice] La colère et l'envie
[Renard, Alice]
La colère et l’envie
Editions Louise d’Ormesson 24 août 2023
159 pages
Quatrième de couverture
Isor n’est pas une enfant comme les autres. Idiote. Attardée. Différente. Spéciale. Ils sont nombreux à avoir donné leur avis. Mais leur aide, Isor et ses parents peuvent toujours l’attendre. Une vie en huis-clos se construit autour de cette petite fille entière, sans filtre, mutique, refusant toutes les normes. Puis Isor rencontre Lucien, un voisin septuagénaire. Entre ces âmes farouches, le coup de foudre est immédiat, ils se réinventent une vie à deux. Alors qu’Isor a seize ans, Lucien a un grave accident. L’adolescente fugue aussitôt en Sicile accomplir une mission pour son ami mourant. En chemin, elle rencontre enfin un monde assez vaste pour elle.
La Colère et l’Envie est le portrait d’une enfant qui n’entre pas dans les cases. De son entourage démuni. C’est aussi et surtout une histoire profondément humaine
Mon avis
La première partie, ce sont les parents qui racontent leur fille, en de courts paragraphes, c’est douloureux, car ils ne comprennent pas le comportement de Isor, leur fille de treize ans. Ils sont désorientés, ils ne savent que faire lors de ses colères chroniques et son silence oppressant, leur amour pour leur fille, le désarroi et la souffrance de ne pouvoir accéder à son intériorité.
C’est lors de la deuxième partie, lorsque l’enfant rencontre le vieux voisin, qu’elle s’ouvre au monde, seigneur qu’elle belle, la mutique qui éclot au monde avec ses fautes de syntaxe et vocabulaire, illuminant ses phrases d’une poésie solaire et comme elle ses pensées sont jolies lorsqu’elle s’écrie « Me sens pleine de bourgeons qui s’éclosent, je porte toutes les promesses de la terre à bout de bras, je cours, je vais me rouler dans toutes ces fleurs, enfin je vis, que la saison est belle…..4,5/5
La colère et l’envie
Editions Louise d’Ormesson 24 août 2023
159 pages
Quatrième de couverture
Isor n’est pas une enfant comme les autres. Idiote. Attardée. Différente. Spéciale. Ils sont nombreux à avoir donné leur avis. Mais leur aide, Isor et ses parents peuvent toujours l’attendre. Une vie en huis-clos se construit autour de cette petite fille entière, sans filtre, mutique, refusant toutes les normes. Puis Isor rencontre Lucien, un voisin septuagénaire. Entre ces âmes farouches, le coup de foudre est immédiat, ils se réinventent une vie à deux. Alors qu’Isor a seize ans, Lucien a un grave accident. L’adolescente fugue aussitôt en Sicile accomplir une mission pour son ami mourant. En chemin, elle rencontre enfin un monde assez vaste pour elle.
La Colère et l’Envie est le portrait d’une enfant qui n’entre pas dans les cases. De son entourage démuni. C’est aussi et surtout une histoire profondément humaine
Mon avis
La première partie, ce sont les parents qui racontent leur fille, en de courts paragraphes, c’est douloureux, car ils ne comprennent pas le comportement de Isor, leur fille de treize ans. Ils sont désorientés, ils ne savent que faire lors de ses colères chroniques et son silence oppressant, leur amour pour leur fille, le désarroi et la souffrance de ne pouvoir accéder à son intériorité.
C’est lors de la deuxième partie, lorsque l’enfant rencontre le vieux voisin, qu’elle s’ouvre au monde, seigneur qu’elle belle, la mutique qui éclot au monde avec ses fautes de syntaxe et vocabulaire, illuminant ses phrases d’une poésie solaire et comme elle ses pensées sont jolies lorsqu’elle s’écrie « Me sens pleine de bourgeons qui s’éclosent, je porte toutes les promesses de la terre à bout de bras, je cours, je vais me rouler dans toutes ces fleurs, enfin je vis, que la saison est belle…..4,5/5
lalyre- Grand sage du forum
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Re: [Renard, Alice] La colère et l'envie
Merci Lalyre pour cette critique qui me donne bien envie !
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Jeetca- Grand sage du forum
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Re: [Renard, Alice] La colère et l'envie
Isor n’a jamais été une enfant comme les autres. Mutique, ne semblant s’intéresser au monde que de manière purement sensorielle, régulièrement en proie à de sauvages et dévastatrices crises de violence mais ne cochant les cases d’aucun diagnostic médical, elle n’a jamais été scolarisée et vit recluse auprès de ses parents désemparés, dans un appartement qu’il leur a fallu quasiment capitonner et que leur entourage a fui depuis longtemps. Un praticien a avancé l’idée que, loin d’être idiote et infirme, elle pourrait, si elle voulait. Elle pourrait, mais elle ne veut pas…
Alors, leur vie avance, chaotique et infernale, comme nous la laisse percevoir, dans la première partie du récit, la solitaire alternance des apartés du père et de la mère. Entre la rage et la révolte chez l’un, l’amour qui étouffe de la frustration de ne pas comprendre chez l’autre, c’est par le regard d’autrui et par le constat désespéré de tout ce qu’elle n’est pas et qui la rend si insupportablement insaisissable et étrangère, en un mot inadaptée, qu’à treize ans, se dessine en creux une Isor toute d’« anormalité ». Jusqu’au jour où un incident oblige les parents à solliciter l’aide de leur voisin, un septuagénaire depuis longtemps résigné à la tristesse de sa solitude. A travers sa voix à lui, stupéfaite et bientôt comblée qu’un être puisse, contre toute attente, dégeler son coeur perclus de manque et de chagrin, émerge peu à peu de sa gangue d’opacité une Isor insoupçonnée. Qu’a donc décelé l’adolescente si instinctive, qui, chez ce vieil homme mis au rebut du monde, lui a soudain donné envie d’abattre les murs qui l’enserraient dans son inextricable intériorité ? Ne manquera plus à sa métamorphose que le dernier déclic, celui du grand âge et de la maladie de son ami, pour que la jeune fille brise définitivement ses entraves et trouve la motivation de vivre, enfin, ailleurs qu’en elle-même.
Diagnostiquée surdouée à l’âge de six ans, Alice Renard déclare dans une interview avoir mis beaucoup d’elle-même dans son personnage d’Isor. « C’est comme une version de moi, poussée à l'extrême, qui m'a permis de faire une catharsis. » En tous les cas, si exagération il y a, l’on n’y verra nullement l’une de ces narrations doucereusement miraculeuses, si irritantes au regard de l’immense majorité des handicaps « ordinaires » oubliés dans leur néant. Alice Renard écrit du plus profond d’elle-même et son récit a les justes accents de l’honnêteté et de la sincérité. Une justesse sans faille accompagne sa restitution des regards sur cette enfant différente que les médecins ne savent classer ni ses parents réconcilier avec une existence « vivable ». Isor ne répond à aucune attente, ne se plie à aucune règle et, au risque de passer pour déficiente, semble décidée à ne jamais intégrer un monde trop en décalage avec son univers intérieur. Son absence irradie pourtant la présence, et toute sa façon d’être, entière, libre, animale, débordant d’émotions non contenues toujours prêtes à exploser aux points de friction avec le monde extérieur, peut apparaître, soit totalement incompréhensible et ingérable, soit d’une incomparable intensité, brutale, sans concession, mais toujours on ne peut plus authentique. « Isor peut être très différente d’un jour à l’autre, mais elle reste toujours elle-même, sincère, incapable de tricher. Elle ne peut pas se contenir à une seule personne, à une seule apparence. Elle est plusieurs, elle est trop vaste. C’est sa manière à elle de saisir le monde du mieux qu’elle peut. »
Premier roman très maîtrisé d’une toute jeune auteur de vingt-et-un ans que sa propre expérience a menée à s’intéresser de près à la neurodiversité et à l’hypersensibilité, L’envie et la colère n’est que justesse et poésie dans sa manière d’évoquer la difficulté à être au monde de ceux que leurs particularités neurologiques font dévier des normes sociétales. Un livre bouleversant, prix Méduse 2023. (4/5)
Alors, leur vie avance, chaotique et infernale, comme nous la laisse percevoir, dans la première partie du récit, la solitaire alternance des apartés du père et de la mère. Entre la rage et la révolte chez l’un, l’amour qui étouffe de la frustration de ne pas comprendre chez l’autre, c’est par le regard d’autrui et par le constat désespéré de tout ce qu’elle n’est pas et qui la rend si insupportablement insaisissable et étrangère, en un mot inadaptée, qu’à treize ans, se dessine en creux une Isor toute d’« anormalité ». Jusqu’au jour où un incident oblige les parents à solliciter l’aide de leur voisin, un septuagénaire depuis longtemps résigné à la tristesse de sa solitude. A travers sa voix à lui, stupéfaite et bientôt comblée qu’un être puisse, contre toute attente, dégeler son coeur perclus de manque et de chagrin, émerge peu à peu de sa gangue d’opacité une Isor insoupçonnée. Qu’a donc décelé l’adolescente si instinctive, qui, chez ce vieil homme mis au rebut du monde, lui a soudain donné envie d’abattre les murs qui l’enserraient dans son inextricable intériorité ? Ne manquera plus à sa métamorphose que le dernier déclic, celui du grand âge et de la maladie de son ami, pour que la jeune fille brise définitivement ses entraves et trouve la motivation de vivre, enfin, ailleurs qu’en elle-même.
Diagnostiquée surdouée à l’âge de six ans, Alice Renard déclare dans une interview avoir mis beaucoup d’elle-même dans son personnage d’Isor. « C’est comme une version de moi, poussée à l'extrême, qui m'a permis de faire une catharsis. » En tous les cas, si exagération il y a, l’on n’y verra nullement l’une de ces narrations doucereusement miraculeuses, si irritantes au regard de l’immense majorité des handicaps « ordinaires » oubliés dans leur néant. Alice Renard écrit du plus profond d’elle-même et son récit a les justes accents de l’honnêteté et de la sincérité. Une justesse sans faille accompagne sa restitution des regards sur cette enfant différente que les médecins ne savent classer ni ses parents réconcilier avec une existence « vivable ». Isor ne répond à aucune attente, ne se plie à aucune règle et, au risque de passer pour déficiente, semble décidée à ne jamais intégrer un monde trop en décalage avec son univers intérieur. Son absence irradie pourtant la présence, et toute sa façon d’être, entière, libre, animale, débordant d’émotions non contenues toujours prêtes à exploser aux points de friction avec le monde extérieur, peut apparaître, soit totalement incompréhensible et ingérable, soit d’une incomparable intensité, brutale, sans concession, mais toujours on ne peut plus authentique. « Isor peut être très différente d’un jour à l’autre, mais elle reste toujours elle-même, sincère, incapable de tricher. Elle ne peut pas se contenir à une seule personne, à une seule apparence. Elle est plusieurs, elle est trop vaste. C’est sa manière à elle de saisir le monde du mieux qu’elle peut. »
Premier roman très maîtrisé d’une toute jeune auteur de vingt-et-un ans que sa propre expérience a menée à s’intéresser de près à la neurodiversité et à l’hypersensibilité, L’envie et la colère n’est que justesse et poésie dans sa manière d’évoquer la difficulté à être au monde de ceux que leurs particularités neurologiques font dévier des normes sociétales. Un livre bouleversant, prix Méduse 2023. (4/5)
Re: [Renard, Alice] La colère et l'envie
Je l'écoute sous format audio et c'est très original comme style et j'aime assez
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Lectures en cours :
Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli
Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillés
Un loup quelque part d'Amélie Cordonnier.
La pensée du moment :
"Les Hommes sont malheureux parce qu'ils ne réalisent pas les rêves qu'ils ont" Jacques Brel.
Re: [Renard, Alice] La colère et l'envie
Intéressant, je n'avais pas remarqué ce livre.
Rien qu'à lire la description, je trouve bien qu'elle en coche, des cases de diagnostic.
Rien qu'à lire la description, je trouve bien qu'elle en coche, des cases de diagnostic.
elea2020- Grand sage du forum
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Emploi/loisirs : enseignante en reconversion
Genre littéraire préféré : dystopies et classiques, littérature russe
Date d'inscription : 02/01/2020
Re: [Renard, Alice] La colère et l'envie
Oui, comme ça à vue de nez, Elea.
Mais d'un point de vue médical, ce n'est pas toujours simple. J'en sais quelque chose, avec mon fils qui, malgré des années d'examens et de consultations, n'a été reconnu autiste que passé ses vingt-et-un ans.
Mais d'un point de vue médical, ce n'est pas toujours simple. J'en sais quelque chose, avec mon fils qui, malgré des années d'examens et de consultations, n'a été reconnu autiste que passé ses vingt-et-un ans.
Re: [Renard, Alice] La colère et l'envie
Je sais bien : j'ai eu le diagnostic à 50 ans, après m'être sentie toute ma vie une sorte d'alien, tu imagines ?
Mes filles ont un pré-diagnostic par une neuropsychologue également, je voulais qu'elles puissent avoir le choix (un bilan coûte cher).
Je dévie, désolée, mais la description a fait tilt dans ma tête...
J'espère que ton fils vit bien ce diagnostic et que ça l'aide, qu'il a des outils à présent pour s'économiser et moins se fatiguer.
Mes filles ont un pré-diagnostic par une neuropsychologue également, je voulais qu'elles puissent avoir le choix (un bilan coûte cher).
Je dévie, désolée, mais la description a fait tilt dans ma tête...
J'espère que ton fils vit bien ce diagnostic et que ça l'aide, qu'il a des outils à présent pour s'économiser et moins se fatiguer.
elea2020- Grand sage du forum
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