[Renard, Lucie] Une place au soleil

Description (source Amazon) :

Ben a dix ans lorsqu’un accident fatal fauche la jeune vie de son frère jumeau. Ravagée par la douleur, sa famille se disloque, mettant Ben face à des choix lourds à porter. A dix-sept ans, un air de rock dans les oreilles, Ben cherche la voie du bonheur entre le lycée, les jolies filles, un job d’été et Erwan, son pote de toujours.
Sixième roman de Lucie Renard, c’est une histoire d’avant les smartphones, les SMS, les snaps et Youtube. C’est un roman du temps où les Twix étaient des Raiders et où on enregistrait des cassettes pour son walkman. C’est l’histoire d’un jeune homme ordinaire aux parents un peu hippies et un peu perdus, qui cherche sa place au soleil .


Mon avis :

Lucie Renard nous plonge dans un drame familial. Le pire qui existe à mon sens : perdre un des enfants d'une famille.
Un jour, vous avez un frère, un fils. Puis d'un coup, il n'est plus là. Comment continuer à vivre avec cette absence qui prend toute la place ?
Comment imaginer un futur dans ces conditions ?

Dans ce roman, l'autrice a laissé la parole à Ben, à deux périodes de sa vie. Celle de l'accident, en pleine tempête.
Puis quelques années plus tard, au crépuscule de l'enfance, période charnière dans la construction d'un individu.
Cette construction est très bien choisie, on voit ainsi les conséquences à long terme, avec des années de recul. C'est non seulement un point de vue intéressant, mais un recul nécessaire pour le lecteur tellement la souffrance de cette famille est forte.
"Je découvrirais aussi que certaines promesses étaient fragiles et que la vie pouvait les détruire d’un tournemain."

Après la mort de son frère, Ben est confronté à quelque chose d'horrible pour un si petit garçon, qui plus est qui vient de perdre son jumeau : la solitude. Elle m'a serré le cœur tout le long de ce roman.
"Je voulais simplement que quelqu’un soit près de moi, remplisse ce vide immense que je ressentais."
"Il existait selon moi deux types de solitudes : celle qui est douce et agréable parce qu’elle permet de profiter d’un moment tranquille pour faire ce dont on a envie et celle qui s’abat sur vous comme une tempête dans le désert alors que vous auriez tant voulu un ami ou n’importe qui pour vous confier."

J'ai souvent eu envie de détester ses parents. Pour différentes raisons, mais je vais essayer d'être discrète pour ne pas divulgâcher l'histoire. Mais je sais aussi que si ça m'était arrivé, je ne sais pas si j'aurais aussi réussi à mettre ma souffrance assez de côté pour m'occuper du survivant.
"La seule chose que je ne comprenais pas, c’était pourquoi ma mère faisait comme si moi non plus, je n’existais plus. J’étais là, pourtant, bien vivant."
"Je serrai fort mes genoux contre moi, faible rempart face à mon incompréhension, face à ce gouffre béant de rejet et d’amertume devant lequel je me trouvais et qui semblait prêt à m’aspirer."

J'ai adoré découvrir l'adolescent qui devient adulte. Qui fait des erreurs (qu'on lui pardonne aisément vu le contexte), qui tâtonne sur l’échiquier de la vie. Qui cherche qui il est, en dehors du statut de jumeau resté en vie. Qui cherche sa place au soleil.
"Parfois, on apprend à vivre avec un trou immense au fond de soi, et on n’en a même pas conscience. On s’adapte, on avance, on survit. Mais parfois aussi, on s’arrête, on réalise que ce qu’on prenait simplement pour une vague tristesse est une plaie beaucoup plus profonde qui s’appelle le manque."

L'histoire est loin d'être gaie, mais pourtant, Lucie la teinte de lumière, de douceur et d'espoir. Notamment grâce à Suzanne, Michel, Daniel, Erwan, Clémentine, Hanah... Qui sont juste merveilleux, mais je vous laisse les découvrir.

Merci, Lucie, pour cette histoire qui m'a atteinte en plein cœur et dont j'ai surligné des dizaines de passages que j'ai trouvé forts.

Sans surprise vu mon avis, je vote coup de

Merci Nisa pour ta critique pleines d'émotions 

Bel avis @Nisa, c'est un sujet touchant.

Merci Nisa, ce roman a l'air bouleversant.
Je le note dans ma LAL

Merci les filles
Oui, j'ai été bouleversée par cette lecture, par ce petit garçon